19 mars 2014

Je «mâchouille»

Changeons donc de direction!

«À présent, lorsque vous détruisez une forêt, une forêt ancienne en particulier, vous ne faites pas que supprimer des grands arbres et quelques oiseaux qui volent dans les feuillages. Vous mettez en grand danger un nombre important d'espèces sur une surface d'un mile carré autour de vous. Le nombre de ces espèces peut aller jusqu'à des dizaines de milliers. La plupart d'entre elles sont encore inconnues de la science, et nous ne connaissons pas encore le rôle probablement primordial qu'elles jouaient dans la préservation de cet écosystème, comme dans le cas des champignons, des microorganismes et de nombreux insectes.
       Abandonnons immédiatement la notion selon laquelle il suffit de conserver une petite portion de la nature originelle quelque part, et que l'on peut faire ce que l'on veut du reste de la planète. C'est une fausse notion extrêmement dangereuse.»

«La preuve du changement climatique, ayant comme principale cause la pollution industrielle, est maintenant accablante. La rapide disparition des forêts tropicales, des prairies et d’autres habitats où l’on trouve le plus de biodiversité, est tout aussi accablante; on peut le constater en faisant un rapide survol. Les changements globaux causés par la destruction des habitats, les espèces invasives, la surpopulation et l’agro-industrialisation, dans cet ordre d’importance, n’ont pas diminué. La moitié des espèces de plantes et d’animaux  pourraient disparaître, ou à tout le moins faire partie des «morts-vivants» (sur le point de s’éteindre), d’ici la fin du siècle. Nous sommes inutilement en train de transformer l’or que nous ont légué nos ancêtres en fétus de paille, et nos descendants nous mépriserons.»

~ Edward O. Wilson (The Social Conquest of Earth)

Une civilisation de guerres des étoiles avec des émotions de l’âge de pierre

Extraits d’une interview réalisée par Lisa Hymas pour Grist.

Les réseaux sociaux Internet :
L’humanité est entrée dans un nouveau monde avec un cerveau paléolithique. Voici ma formule au sujet de la civilisation terrestre : nous sommes une civilisation de guerres des étoiles et nous avons des émotions de l’âge de pierre. Nous avons des institutions médiévales – pour la plupart, des églises. Et nous avons une technologie semblable à dieu. Et cette technologie divine nous entraîne vers des voies totalement imprévisibles.
       Nous n’avons pas dépassé cette puissante propension à croire que notre groupe est supérieur à d’autres groupes comparables. Par contre, nous sommes en train de nous soustraire du nationalisme instinctif – ça aide. Je crois que nous sommes en train de nous défaire de nos institutions religieuses sinistrement dissolues et oppressives.

La biodiversité* :
C’est étonnant, mais nous sommes en train de détruire ce qui reste de vie. À l’exception des groupes engagés, très peu de gens se sentent concernés. Pour attirer l’attention, il faut parler des grands problèmes comme la pollution et le changement climatique. Ils ne peuvent pas nier la pollution parce qu’on peut leur faire passer un test de goût : «On vient juste de puiser l’eau dans Charles River, allez, buvez!» Mais ils peuvent nier le changement climatique : nous sommes dans le déni cosmique ou global.
       Néanmoins, il y a des changements dans le bon sens. La seule question épineuse est de savoir combien de dommages nous allons encore causer à la biodiversité avant de comprendre. En ce moment je parcours les parcs nationaux de la planète – j’ai été en Équateur, au Mozambique, au sud-ouest du Pacifique et partout en Europe. J’entends écrire une série – ce que devrait être la philosophie de conservation dans les parcs nationaux et les réserves, et comment celle-ci est reliée à notre propre image et à nos propres espoirs d’immortalité en tant qu’espèce.
       Nous devons faire tout notre possible. (…) et utiliser toutes les armes à notre disposition, tout le temps, tout l’arsenal, de la science à l’activisme à l’influence politique, etc. Et penser comme le pionnier évangéliste et fondamentaliste du sud Billy Sunday qui disait : «Je hais le péché. Je le déteste tellement, que je vais le combattre jusqu’à ce que j’aie les bras morts. Quand mes bras ne pourront plus bouger, je vais le mordre. Et quand je n’aurai plus de dents, je vais le mâchouiller avec mes gencives.» Voilà, vous avez une idée. Nous devons tous faire ça. Quand il n’y a rien d’autre à notre portée, on doit mâchouiller.

Aurions-nous des leçons à tirer des fourmis?  
Aucune! Nous avons beaucoup appris de la science des fourmis, mais, pour l’amour du ciel, pas de ce qu’elles font. Les fourmis sont totalement soumises aux lois de l’instinct. Les mâles sont produits durant une seule courte période de l’année, et n’ont qu’une seule fonction, je n’élaborerai pas là-dessus, et une fois que c’est fait, ils meurent. De plus, les fourmis sont l’espèce la plus guerrière de toutes les créatures connues. Elles vivent en parfaite harmonie dans leur propre colonie, mais sont toujours en guerre contre les colonies qu’elles rencontrent. Et pire encore, plusieurs espèces tuent et mangent leurs blessés. Alors, n’imitons surtout pas les fourmis…

Sommes-nous condamnés?
J’aimerais dire non. Je ne serai pas assez stupide pour dire oui. Je dirai donc : non, j’espère. Voici une de mes maximes préférées. Elle est d’Abba Eban, ancien ministre des affaires extérieures d’Israël durant la guerre de 1967 : «Quand tout échoue, les hommes se tournent vers la raison.»
       Je pense que nous sommes réellement et vraiment prêts, pour une fois dans l’histoire humaine, à résoudre nos problèmes en utilisant notre cerveau antérieur.

Source : http://www.ecobuddhism.org/science/popconres/swcsae

* C’est Wilson qui a introduit le terme biodiversité dans la littérature scientifique. 

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Pour mieux comprendre que ce ne sont pas la croissance économique et la destruction systématique des habitats et des autres espèces (pour quelques jobs non durables) qui sauveront l’espèce humaine de l’extinction…

Si vous avez de la difficulté à comprendre ajoutez les sous-titres anglais.

Edward O. Wilson on the Human Condition



E. O. Wilson has revolutionized science and inspired the public more often than any other living biologist. Now he is blending his pioneer work on ants with a new perspective on human development to propose a radical reframing of how evolution works.

First the social insects ruled, from 60 million years ago. Then a species of social mammals took over, from 10 thousand years ago. Both sets of "eusocial" animals mastered the supremely delicate art of encouraging altruism, so that individuals in the groups would act as if they value the goal of the group over their own goals. They would specialize for the group and die for the group. In recent decades the idea of "kin selection" seemed to explain how such an astonishing phenomenon could evolve. Wilson replaces kin selection with "multi-level selection," which incorporates both individual selection (long well understood) and group selection (long considered taboo). Every human and every human society has to learn how to manage adroitly the perpetual ambiguity and conflict between individual needs and group needs. What I need is never the same as what we need.

E. O. Wilson's current book is The Social Conquest of Earth. His previous works include The Superorganism;The Future of Life; Consilience; Biophilia; Sociobiology; and The Insect Societies.

Scientist Edward O. Wilson on troubling environmental issues



American Pulitzer Prize winner Edward O. Wilson's latest book is, The Future of Life. He is worried about the catastrophic rate of extinction of plant and animal species and about the disappearance of natural ecosystems. He is also concerned by the environmental policies of the U.S. His goal is to bring the study of the environment into mainstream science. (Originally aired: April 2002)

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