12 novembre 2012

Popote adaptée

«Donnez-moi de l’oxygène!» disait la chanson.  Ah mais… il faut voir ce qu’on respire. Un nuage orange de dioxyde d’azote par ci, une colonne de fumée d’acétone par là. Si le vent est du bon côté, aucun problème. Il y a quelques années j’ai vu un paraplégique portant un T-shirt sur lequel on pouvait lire : Tout est sous contrôle… 

Je ne suis pas chimiste, mais d’après moi, les gaz volatiles ne se volatilisent pas nécessairement. Les molécules se déposent sur l’eau, pénètrent le sol, se propagent dans l’air, s’accumulent dans les nuages et font le tour du monde. Pas vrai? La chimie industrielle est une arme de destruction efficace; mine de rien, elle s’infiltre partout et empoisonne tout.

Bref, étant donné que les océans, c’est fini, que les terres arables, c’est fini, je me dis qu’il faut faire preuve d’imagination pour nous ajuster en matière de bouffe. Les étagères de librairies débordent d’ouvrages sur la gastronomie, mais personne ne nous propose des façons d’y combiner les résidus toxiques. J’ai donc pensé à des recettes adaptées à notre nouvelle réalité.


Une idée de menu de Nôwel (à classer dans humour s.v.p.) :
 
Apéritifs
Champagne Nuage d’azote à bulles sauteuses  
ou
Lagon Gris écumeux
ou
Cocktail explosif Nucléo
 
Potages
Velouté d’algues bleues
ou
Crème de maïs OGM gélifiée
 
Entrées
Caviar nappé de mayoschiste
ou
Raviole de foie, émulsion de gras trans  
ou
Nid d’oiseau aux sauterelles moléculaires
 
Main
Pavé de saumon Mercure  
ou
Oie des Neiges et bulles de chevrotine 
ou
Cerf grillé et boules de sapin gélifiées
ou
Tartare de dauphin pétrolé
 
Légumes et verdure
Pommes de terre Roundup rissolées
Émulsion phosphatée de légumes du jour
Salade décomposée
 
Vins millésimés
Blanc de Jaunes E-102
Rosisco E-123
 
Desserts
Fondue au Chocopétro coulant  
ou
Mousse volcanique cendrée  
ou
Bûche chocolatée aux pépites d’amiante
 
Exit
Billes de Brew de café
Thé en spray
Eaux-de-mort

COMMENTAIRE

La gastronomie dite moléculaire semble reprendre du ruban. Bizarrement cette façon labo de dé-cuisiner pour cuisiner (ou de déconstruire pour reconstruire) utilise, entre autres, des cartouches de gaz pour siphonner les aliments, de l’azote liquide pour en gélifier d’autres, des injections, et ainsi de suite. De la sculpture alimentaire parfois digne des mobiles de Calder.

On dirait qu’on ne sait plus quoi inventer pour satisfaire aux caprices des blasés de la gastronomie ne sachant pas comment dépenser leur fortune. En moyenne, les menus de dégustation peuvent couter entre 180 et 400 dollars par personne.

Tristement pour ceux qui aiment le gout des aliments «tels quels», la plupart des fruits et légumes ont maintenant perdu leur saveur originelle puisqu’ils sont saturés d’engrais chimiques, de pesticides et autres poisons.

It’s a plague.

Il y a des luxes d’une indécence impossible à avaler.

 
 
 
 
 

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