2 novembre 2012

La chimérique sécurité


Enracinement adaptatif…
Rien n’est solide
 
S’éloigner de son expérience, s’éloigner du moment présent au moyen de toutes ses habitudes et stratégies, ne fait qu’augmenter la nervosité, l’insatisfaction et le malheur. L’aise qu’on associe à la concrétisation, à l’action de rendre les choses solides, est si transitoire, si brève.
 
Habiter son expérience – qu’il s’agisse de s’ouvrir à une expérience d’amour et de compassion ou de se refermer dans un moment de ressentiment ou de séparation – donne un immense sentiment de liberté : rien n’est solide. Il y a quelque chose dans ce «rien n’est solide» qui commence à correspondre à la liberté. Entretemps, on découvre qu’il est préférable de se sentir pleinement présent à sa vie que de déraper en s’évertuant à tout rendre solide et sûr, à laisser libre cours à ses fantasmes ou aux habitudes auxquelles on est un peu accro. On voit bien que d’entrer en rapport avec son expérience en acceptant d’y faire face est plus sain que de lui résister en déguerpissant. Être présent, même si ça fait mal, c’est mieux que d’éviter les choses. À mesure qu’on s’exerce ainsi à entrer dans le moment présent, l’inexistence d’un terrain ferme devient plus familière, cet état de fraicheur toujours à notre disposition. Prendre ses distances par rapport au confort et à la sécurité, sauter dans l’inconnu, le non-balisé, l’ébranlement, c’est ce qu’on appelle la libération.
 
La vérité dérange
 
La différence entre le théisme et le non-théisme n’est pas liée au fait de croire ou de ne pas croire en Dieu. C’est une question qui nous concerne tous : les bouddhistes et les non-bouddhistes. Le théisme, c’est une conviction fortement ancrée qu’il existe une main à tenir : si on sait faire juste ce qu’il faut, quelqu’un va y être sensible et nous prendre sous son aile. Cela veut dire qu’on s’imagine qu’on aura toujours une baby-sitter à portée de la main, en cas de besoin. Nous avons tous tendance à nous démettre de nos responsabilités et à déléguer notre pouvoir à quelque chose d’extérieur.
 
Le non-théisme, au contraire, consiste à se détendre dans l’ambigüité et l’incertitude du moment présent, sans rien chercher pour se protéger. On pense parfois que les enseignements bouddhiques sont à l’extérieur de soi-même, quelque chose auquel il faut croire, et qu’il faut être à la hauteur de la voie. Pourtant, le dharma n’est pas une croyance ni un dogme. C’est apprécier pleinement l’impermanence et le changement. Les enseignements se désintègrent lorsqu’on cherche à les saisir. Il faut en faire l’expérience sans fonder d’espoirs. Nombre d’être aussi courageux que compatissants en ont fait l’expérience et les ont propagés. Le message est intrépide; le dharma n’a jamais été destiné à devenir une croyance à laquelle on adhère aveuglément. Le dharma ne procure absolument rien à quoi on peut s’accrocher.
 
Le non-théisme, c’est se rendre compte enfin qu’il n’y a pas de baby-sitter sur laquelle on peut compter. Juste au moment où on en a une bonne, on la perd. Le non-théisme, c’est prendre conscience qu’il n’y a pas que les baby-sitters qui vont et viennent. Toute la vie est comme ça. C’est ça la vérité, et la vérité dérange.
 
Pema Chödrön
Bien-être et incertitude; Cent huit enseignements
 
COMMENTAIRE
 
Nous gaspillons beaucoup d’énergie, de temps, de travail et d’argent (certains consacrent des fortunes en assurances tous-risques), et nous monopolisons des tas de gens en vue d’obtenir la sécurité affective, financière, etc., et nous parer contre tout bouleversement ou changement, jusqu’au jour où nous réalisons que, en effet, la sécurité est un mythe; elle n’existe tout simplement pas. Car comme on l’a vu ces jours derniers, tout peut être emporté en une nuit.
 
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de donner dans la témérité et la négligence, ni d’éviter la solidarité et l’entraide.
 
La conséquence la plus désolante concernant la peur atavique de perdre notre fausse sécurité (essentiellement liée à la peur de la mort) reste qu’elle en pousse plusieurs à se conduire comme des brutes sans cœur.

Au fond, la PEUR de perdre et de mourir nous fait mentir, trahir et manipuler, nous paralyse, et nous empêche carrément de VIVRE.
«C’est de ta peur dont j’ai peur.» ~ William Shakespeare

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Pensées du jour :
 
«Trahir est plus facile qu’être trahi. Pourquoi? On trouve des excuses quand on trahit, mais quand on est trahi on cherche des raisons.»
«Le bonheur est un entracte entre deux plages de déception. C’est pour ça qu’on l’apprécie quand on l’a et qu’on le cherche quand on ne l’a pas.»
~ Fabienne Larouche

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