23 avril 2012

La vie continue

Le joyau, le centre d’intérêt, est l’œil à l’intérieur de l’œil.
~ Jack Kérouac 

Faisons une petite excursion côté arts...

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Dans une salle d’attente de body shop, on a tout son temps pour feuilleter des magazines.

Ainsi ai-je lu un article captivant sur Chuck Close (1940 - ), ce remarquable peintre et photographe américain qu’on pourrait qualifier de chirurgien de l’image puisqu’il déconstruit pour reconstruire. En dépit de son handicap physique, l’artiste n’a pas jamais cessé d’expérimenter et de peaufiner son art.

Ce portraitiste n’est pas un chirurgien plasticien, en ce sens qu’il n’améliore pas son modèle mais qu’il en révèle plutôt les moindres défauts – le vrai visage, avec sa part de beauté et de laideur.

Close disait dans une interview :
«Vous empruntez un système de croyance et vous le suivez. C’est le chemin qui est intéressant; le chemin est l’expérience. Les limites vous permettent de devenir un artiste différent à chaque fois. À titre d’exemple, si vous alliez au Met à New York, vous pourriez conduire, prendre un taxi, marcher ou prendre le métro. Chaque expérience serait totalement différente.»

Sa technique picturale

En premier lieu, il faut mentionner que ses œuvres sont peintes à la main, non pas à l’aide d’une quelconque pixellisation numérique. Il s’agit d’un travail intense, immense,  exigeant beaucoup de patience et de temps. ‘A work of art in progress’, comme on dit.

Les sujets de ses œuvres sont des amis, des membres de sa famille, des artistes ou bien lui-même. Des portraits de face, en gros plan et grand format. Chuck Close utilise des photographies. Préalablement quadrillé, le cliché est ensuite reproduit case par case à plus grande échelle sur une toile. Autrement dit, chaque carré est un tableau en soi et l’ensemble crée une mosaïque de tableaux abstraits qui, vue de loin, duplique le cliché d’origine.
































Bref, de l’impressionnisme débouchant sur de l’hyperréalisme parfois cru comme une photo de passeport, et conséquemment rarement flatteur. [On n’a qu’à penser à nos photos de permis de conduire depuis qu’il est défendu de sourire lors de la prise de photo – facile d’avoir l’air d’un repris de justice ou d’une vieille identité de vie antérieure...] 

À visiter :
http://www.actuart.org/pages/chuck-close-le-topographe-hyperrealiste-des-visages-7253872.html 

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COMMENTAIRE

Je vois un rapprochement avec nos vies : quand nous nous donnons la peine de juxtaposer toutes nos expériences disparates (les petites cases), nous obtenons un portrait global fidèle, dépourvu d’illusion ou de complaisance – le diable se cache dans les détails.

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À une autre époque, la talentueuse peintre Élisabeth Vigée-Lebrun, contrairement à Close, donnait dans le portrait flatteur pour gagner son beurre.

On peut supposer que peindre des rois, courtisans et nobles au Siècle des Lumières requérait inévitablement une dose de complaisance. Côté «ressemblance», j’ignore si l’on peut se fier à toutes ces bouches en cœur charnues quasi omniprésentes à cette période … le botox n’existait pas.
Autoportrait Vigée-Lebrun
Louise de Prusse
























Aujourd’hui, avec la photographie, on peut voir les monarques et les gouvernants dans des instantanés souvent loin d’être valorisants.

Quoiqu’il en soit, ces deux peintres nous démontrent que la renommée peut venir indifféremment par la porte de la vanité ou de la vérité toute nue.

Extrait biographique (adapté de la présentation Wikipédia)

Louise-Élisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842) est une peintre française considérée comme une grande portraitiste à l'égal de Quentin de La Tour ou Jean-Baptiste Greuze. Son père, Louis Vigée, était pastelliste et membre de l’Académie de Saint-Luc.

Le succès d’Élisabeth fut exceptionnel. Ses portraits de femmes, à la fois ressemblants et flatteurs, lui attirèrent la sympathie de la reine. Ce sera la protection de Marie-Antoinette, traduite par un ordre de Louis XVI, qui lui permettra d’être reçue à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 31 mai 1783.

À l’été 1789, Élisabeth Vigée-Lebrun se trouvait à Louveciennes chez la comtesse du Barry, lorsque les deux femmes entendirent le canon tonner dans Paris. L’ancienne favorite se serait écriée : «Du temps du roi Louis XV, les choses ne se seraient pas passées ainsi!» Dans la nuit du 5 au 6 ctobre 1789, Élisabeth quitta la capitale avec sa fille, laissant derrière elle son époux, ses peintures et sa fortune. L’artiste vécut en exil à Rome, Vienne, Londres, et surtout à Saint-Pétersbourg, où elle fit un séjour de plusieurs années favorisé par des commandes de la haute société russe. Elle fut invitée par les grandes cours d’Europe, peignant sans cesse.

En 1800, elle fut rayée de la liste des évincés, mais elle ne rentra à Paris que deux ans plus tard. En 1805, elle peignit Caroline Murat, une des sœurs de Napoléon. «J’ai peint de véritables princesses qui ne m’ont jamais tourmentée et ne m’ont pas fait attendre», dira la peintre quinquagénaire de cette jeune reine parvenue.

En 1809, Élisabeth Vigée-Lebrun, âgée de 54 ans, vivait entre Paris où elle tenait salon, et Louveciennes où elle avait une maison de campagne. Elle publia ses Souvenirs vers 1835. Ils connurent un grand succès et restent un document très intéressant sur les bouleversements de cette époque qu’elle a vécus de si près. Elle a connu les personnages marquants de son époque, tous les artistes de renom et toutes les Cours. Elle mourut à Paris en 1842 et fut enterrée au cimetière de Louveciennes, avec pour épitaphe «Ici, enfin, je repose...».

Elle semble avoir eu une vie plutôt mouvementée en effet. 

Livre : La biographie de Geneviève Haroche-Bouzinac retrace la vie de la peintre et décrit aussi bien sa vie faste au sein de la cour que sa vie privée remplie de tristesse et de déception. Louise Elisabeth Vigée Lebrun, Geneviève Haroche Bouzinac, Flammarion, 2011

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COMMENTAIRE

N’ayant pas les talents d’un Chuck Close ou d’une Vigée Lebrun, nous pouvons néanmoins nous amuser avec des outils de création picturale comme FotoSketcher.
      Ce logiciel portable vraiment génial peut transformer nos photos en un clin d’œil (je l’ai utilisé dans certains messages). Très facile à manier, il comporte plusieurs techniques – dessin au crayon, peinture à l’huile, aquarelle… – avec des options d’ajustement des couleurs, de l’intensité des traits, des contrastes, de la texture papier/toile, etc. Il est possible aussi de dessiner avec la souris. http://www.fotosketcher.com/
      Et puis, rien ne nous empêche de redessiner à la main les photos déjà transformées avec le logiciel – pas de limites à l’imagination et à la créativité!

Et si vous avez de la difficulté à maitriser PhotoShop (c’est mon cas), une version simplifiée, PhotoFiltre, peut vous simplifier la vie.

Ces deux logiciels gratuits peuvent se télécharger sur PC Astuces.  

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