Parfois je me dis que ce doit être le désespoir qui pousse l’humanité à s’autodétruire de telle sorte; comme si une force obscure était de la partie...
Cet
après-midi, j’admirais les canards sur l’eau, les feuilles et les bourgeons
naissants, les merles et toutes ces beautés qui ravissent notre cœur.
Bucolique.
Un
irrésistible sentiment de gratitude est monté. Aussi énorme que mon envie de
pleurer. J’ai ouvert les écluses, et ce n’est pas un euphémisme.
Je
ressentais le besoin de dire MERCI à la Terre.
Merci
de nous avoir permis de vivre tant d’expériences au cours de nos vies
successives.
Merci
d’avoir toléré toutes nos folies et aberrations.
Merci
d’avoir créé de la beauté, en dépit de notre indécrottable propension à la
détruire systématiquement.
Quelle
patience!
Elle
en a vu de toutes les couleurs – des splendides et des horribles.
Les
humains prennent la terre pour une «chose» à leur service comme tout le reste.
Étant donné qu’ils croient être les seuls à posséder une intelligence, il ne
leur vient pas à l’idée que la terre pourrait être le corps physique d’une
intelligence passablement plus vaste que celle qui anime nos éphémères enveloppes
biologiques. Incroyable quand même d’être aussi ignorants, suffisants et
arrogants. Conséquemment, nous n’imaginons pas que cette intelligence puisse avoir son propre agenda d’évolution qui
pourrait inclure l’élimination de ses parasites à la manière du chien qui
secoue ses puces…
Je profite de cette réflexion pour ramener Rachel Carson sur
le green de golf – some people live on green…
Les détracteurs de son livre «Le printemps
silencieux » ne manquent pas. Notamment ce pro-DDT, J. Gordon Edwards, considère
le livre de Carson comme une fraude et la rend responsable de plus de morts que
la dernière guerre mondiale à cause du bannissement de l’insecticide DDT :
Cet entomologiste se plaignait de ce que Carson
semblait plus concernée par le sort des animaux que celui des humains pour qui
les insecticides étaient inoffensifs. Donnons
le bénéfice du doute à ce pauvre homme, c’était en 1992… il pourrait avoir
changé d’avis – s’il n’est pas mort. Ignorait-il que nous faisons partie d’une
chaine alimentaire où nous nous mangeons tous les uns les autres, et que les
résidus de pesticides/insecticides s’additionnent d’un organisme à l’autre, et que
l’humain ramasse le paquet en bout de ligne?
La science
est une arme à deux tranchants.
***
Extrait de «Ces étranges pluies» - Article
complet :
Pas besoin d’un focus group pour réaliser que
les rebondissements se multiplient. La cartographie planétaire changera peut-être
dramatiquement sous peu, entrainant des disparitions à tous les niveaux. Les
sismographes s’inquiètent de la possibilité d’un tremblement de terre majeur
sur la faille New Madrid, ce qui aurait pour conséquence de vidanger les Grands
Lacs vers le bassin du fleuve Mississippi. Une grande perte en eau douce
s’ensuivrait affectant les villes adjacentes ainsi qu’une large périphérie.
Déjà dans les années 60, certains biologistes
et scientifiques sonnaient l’alarme. Je pense notamment à Rachel Carson dont le
livre Silent Spring prédisait que l'empoisonnement graduel et irréversible des
écosystèmes rendrait la terre impropre à toute vie. Son livre publié en 1962
aura 50 ans en 2012; étrange coïncidence, non?
Certaines forces destructrices dites naturelles
– et d’autres découlant de l’intervention humaine que certains qualifieront de
malveillante – accélèrent le processus
de culbute. L’actualité ne cesse de nous en fournir des exemples.
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Printemps
silencieux + 40
Par Tom Berryman
Ces temps-ci, on ne cesse de se faire rabattre
les oreilles par des Rio + 10, Rio + 10, Rio + 10, des Stockholm + 30,
Stockholm + 30 et des Johannesburg 2002, Johannesburg 2002. Allant prendre une
marche de fin d’après-midi à l’île Sainte-Hélène, pour me reposer de ce genre
de vacarme des négociations entre nations, le chant des oiseaux m’a rappelé que
nous en étions déjà à «Silent Spring + 40». Le cauchemar dystopique envisagé
par Rachel Carson ne s’est heureusement pas avéré. Le cri raisonné de la célèbre
océanographe américaine a été partiellement entendu. Les choses et les gens ont
bougé. Quarante ans après la publication de son livre choc, les printemps sont
encore chantés.
L’obligation
de subir nous donne le droit de savoir.
~ Rachel Carson
Le fait
incontournable que le déclin de la faune soit lié à la destinée des êtres
humains est rapporté de plus en plus souvent partout dans le pays. La faune,
fait-on remarquer, régresse parce que sa maison est détruite. Mais la maison de
la faune est aussi notre maison.
~
Rachel Carson, 30 mars 1938, Richmond Times-Dispatch Sunday Magazine
(traduction libre).
Personnellement, je
suis convaincue qu’il n’y a jamais eu un plus grand besoin qu’aujourd’hui pour
des reporters et des interprètes du monde naturel. Le genre humain est allé
très loin dans l’établissement d’un monde artificiel de sa propre création. Il
a cherché à s’isoler, dans des villes d’acier et de béton, des réalités de la
terre, des eaux et de la semence qui germe. Intoxiqué par l’impression de sa
propre puissance, il semble aller de plus en plus loin dans de nouvelles
expérimentations qui le détruisent ainsi que son monde. Il n’y a certainement
pas qu’un seul remède face à cette situation et je ne prétends pas offrir de
panacée. Mais il me semble raisonnable de croire – et en fait, je crois – que
plus clairement nous sommes en mesure de focaliser notre attention sur les
merveilles et les réalités de l’univers qui nous entoure, moins nous avons le
goût de détruire ce monde et notre espèce. L’émerveillement et l’humilité sont
des émotions très nourrissantes et elles n’existent pas côte à côte avec le
désir de détruire.
~
Rachel Carson, New York, 7 avril 1952, extraits de son discours de réception de
la médaille John Burroughs pour son livre The Sea Around Us, paru 10 ans avant
Silent Spring (traduction libre).
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