Image :
Benj (coqhebdo)
À Montréal comme à Atlanta...
La
capitale de la Géorgie, Atlanta, reste, encore aujourd’hui, une championne en développement
urbain. C’est l’une des aires urbaines des États-Unis à la plus forte
croissance. Elle a même gagné le titre de métropole internationale. Pourquoi? Son
aéroport Harstfield-Jackson Atlanta International
Airport, le plus grand des États-Unis et du monde, accueille annuellement autour de 100 millions de passagers depuis 2000
(en 2018 : 107 294 029); l’étendue du terminal double (nord et sud) équivaut à 45 terrains de football (630,000 m2)! Pouvez-vous
imaginer le niveau de pollution (GES) et de vacarme? Aïe!
Dans
son road trip à travers la Bible Belt du Sud étatsunien en 1988, Douglas
Kennedy décrit la ville d’Atlanta. La similitude avec Montréal est sidérante.
Atlanta, le principal chantier
mystique du Sud
[Extrait p. 224]
De
fait, Atlanta s’est imposée en quelques années comme l’emblème de la modernité
urbaine du Sud, et l’une des villes les plus importantes du pays. Jadis rasée
par l’armée unioniste, qui a écrit là une des pages les plus sanglantes de la
brutale Guerre de Sécession, elle paraît aujourd’hui
encore entièrement livrée aux promoteurs et aux architectes municipaux, aux
bulldozers et aux bétonnières. En l’approchant par le dédale d’autoroutes
qui l’enserre, on croit voir une arche immense surplomber son étendue, avec
l’avertissement En chantier en tubes fluorescents sur le fronton. Cette ville semble ne pouvoir jamais dire
non à un nouveau projet urbain, toujours prête à ajouter un diamant de
pacotille à sa couronne urbanistique. La
réinvention permanente fait ici office de plan directeur, ainsi qu’une farouche
détermination à effacer au fur et à mesure toutes les traces du passé, même
récent, à la manière d’un riche parvenu prêt à tout pour faire oublier son
humble extraction.
Photo :
Atlanta
Dans
le centre, Peachtree, la grande attraction d’Atlanta, se présente pendant la
journée comme un conglomérat d’immeubles
rutilants et de forteresses hermétiques, pour se transformer en zone de
tous les dangers dès la nuit tombée. En continuant, on traverse les faubourgs les
plus centraux, construits en gravitation autour de galeries marchandes, ces
monuments dédiés à l’éthique de la consommation. Ici, comme dans toutes les
villes qui ont renoncé à leur cœur historique mais prétendent à un certain
raffinement, les temples du mercantilisme
se veulent solennels sous les déguisements architecturaux les plus divers, du
pseudo-Art déco jusqu’à la caricature d’hacienda mexicaine, du néohellénistique
au vaguement Bauhaus. Ce bric-à-brac stylistique témoigne d’une arrogance économique certaine, et d’une philosophie naïvement
optimiste qui pare la vulgarité de l’étiquette «progrès». Il rappelle aussi
qui fait vraiment la loi à Atlanta. ... L’argent à la base de cet
expansionnisme urbain est avant tout entre les mains des Blancs – très
puissants de surcroît. C’est ici que Coca-Cola a son QG mondial, ainsi que la
CNN et de multiples compagnies financières ou d’informatique. En circulant dans
Atlanta, on se rend vite compte que les
penseurs de l’espace urbain ont toujours gardé en tête le prix du terrain, mais
qu’ils ont dès le début oublié ce qui fait l’âme d’une ville, les notions de
communauté, de bon voisinage, de melting-pot social.
Enfin, on atteint la Route 285, l’anneau de
macadam qui enserre Atlanta et dont l’impeccable circularité, la similarité des
espaces qu’elle traverse feraient la joie des sémiologues prêts à disserter sur
«le confinement de la pensée dans le monde capitaliste occidental» ou «la
construction curviligne de l’esprit américain». Plus modestement, cet immense
périphérique m’a paru barbant au possible, et je me suis hâté d’en sortir,
atterrissant dans la banlieue de Decatur. ...
Au
pays de Dieu –
Récits, Douglas Kennedy, Belfond 2004
Titre original : IN GOD’S COUNTRY : Travels
in the Bible Belt, USA, publié par Unwin Hyman 1989
Damné échangeur Turcot
Un
bordel infernal qui dure depuis 2011... Les travaux devraient être terminés en
2020.
Échangeur
Turcot. Photo : La Presse
Quand
Kennedy dit qu’à Atlanta on s’empressait «d’effacer toutes les traces du passé,
même récent, à la manière d’un riche parvenu prêt à tout pour faire oublier son
humble extraction», eh bien c’est pareil à Montréal.
En avril 2015, les fondations d'un atelier
de tannerie datant de la fin du XVIIIe siècle sont mises au jour. Suite à des
fouilles archéologiques, ces vestiges sont détruits en septembre de la même
année.
Le Village des tanneries démoli «en
catimini», s'indigne l'opposition
«Alors
que les archéologues nous avaient indiqué que des fouilles seraient faites
jusqu'au 26 septembre prochain, les pépines sont arrivées ce matin afin de
détruire les vestiges d'un site archéologique québécois d'importance», a indiqué
la conseillère de Saint-Paul-Émard, Anne-Marie Sigouin, qui était sur place ce
matin.
Selon elle, «le silence de Denis Coderre a
permis au MTQ de faire ce qu'il veut avec les vestiges. Avec un petit de peu de
leadership sur cette question, le MTQ aurait eu à préserver une partie des
ruines».
ICI
Radio-Canada nouvelles, 19 septembre 2015
Découvrez l'impressionnant chantier du
REM, le futur métro automatisé
Commencé
il y a près d'un an, l'immense chantier du Réseau express métropolitain (REM)
est en pleine activité. Des milliers de structures sont en cours d'assemblage
dans la région métropolitaine, pour une ouverture progressive de ce métro léger
automatisé, prévue d'ici la fin de l'année 2021.
Depuis début juin, dans l'arrondissement de
Saint-Laurent, à quelques centaines de mètres de la future station Technoparc,
une impressionnante poutre de lancement soutient les premiers voussoirs, pesant
plus de 40 tonnes, qui accueilleront les futurs rails de ce métro.
Au total, plus de 4000 voussoirs vont être
assemblés au cours des prochains mois le long de cette structure aérienne de
13,5 km qui va relier la partie ouest de ce REM, jusqu’à
Sainte-Anne-de-Bellevue.
D’ici la fin de l’année 2021, la partie sud
de ce REM, entre la Gare centrale et Brossard, sera inaugurée. L’année
suivante, le REM circulera jusqu’à la station Du Ruisseau, située aux alentours
de l’autoroute 15 et du boulevard Henri-Bourassa, dans le nord de Montréal.
Enfin, en 2023, le REM sera pleinement
fonctionnel et pourra se rendre à Deux-Montagnes, à Sainte-Anne-de-Bellevue et
à l’aéroport Montréal-Trudeau.
Photo :
La Presse
La station Bassin Peel dévoilée dans
l’année
Si
l’ensemble du projet semble bouclé, une incertitude demeure : l’emplacement de
la station du Bassin Peel, la seule à ne pas avoir été dévoilée.
L’enjeu est important puisque ce secteur de
Griffintown est en plein développement et que la construction d’un stade y est
envisagée dans le cadre d’un retour du baseball majeur à Montréal. Cette
station pourrait ainsi être le point de ralliement de dizaines de milliers de
spectateurs chaque semaine.
À cet endroit, cette station sera aérienne.
Le REM utilisera le nouveau pont Samuel-De Champlain, avant d’emprunter un
tunnel souterrain au niveau de la Gare centrale, jusqu’au tunnel Mont-Royal, en
passant par la station Édouard-Montpetit, en plein cœur de la ville, construite
à 70 mètres sous terre.
Des discussions sont actuellement en cours
avec la Ville de Montréal, ont indiqué les représentants de NouvLR. Une
décision sera prise d’ici la fin de l’année, ont-ils précisé.
Il n’est d’ailleurs pas exclu du côté de
NouvLR que l’inauguration de cette station se fasse après l’ouverture du REM
sur ce tronçon, même si l'objectif demeure une ouverture simultanée.
ICI
Radio-Canada nouvelles, 18 juin 2019 (incl. vidéo)
L’abominable projet Royalmount
Ou
comment défigurer une métropole. Là on tombe dans le style Hongkong.
Hongcouver,
Hongréal... peut-être Hongbec un jour, qui sait?
Malgré la vive opposition au projet, tant
des urbanistes et ingénieurs que des environnementalistes, l’administration
Plante l’a approuvé, sous réserve de quelques petites modifications. Il s’agit
d’un monstre énergivore et émetteur de GES situé à la jonction des autoroutes
15 et 40, qui entraînera des congestions routières hors de proportion dans une
zone déjà très critique.
Une
protubérance cancéreuse pire que le DIX30 au cœur de Montréal. Le centre
commercial devrait inclure cinq hôtels, entre 4 et 6 tours à bureaux (logeant
15 000 employés), 200 commerces, 100 restaurants/bars, un théâtre, un
cinéma, deux salles de spectacle, un aquarium et un parc aquatique.
Complètement fou! On est à des années
lumière de la consommation responsable, de la protection de l’environnement, du
commerce indépendant, de l’achat local et des commerces de quartier.
Comment le promoteur privé Carbonleo a-t-il réussi à convaincre la Ville de Montréal? Les
alléchantes entrées fiscales pour les arrondissements concernés font partie du jeu
bien sûr. Mais doivent-elles prendre le dessus sur toute forme de raison?! Peut-on
encore «acheter» des votes de fonctionnaires municipaux? On est en droit de se
le demander...
Les
projets mercantiles et stériles des promoteurs élargissent le fossé entre
riches et pauvres. Il est évident qu’ils veulent nettoyer les alentours des
espaces qu’ils achètent. Parfois, certaines villes exigent que des logements
sociaux et des écoles soient intégrés. Mais ces impératifs disparaissent des
contrats comme par magie.
À la frontière de Westmount... un
quartier qui dérange
Le
projet de réaménagement de l’Hôpital pour enfants de Montréal, confié aux acheteurs/promoteurs
Devimco et Hight-Rise Montreal (HRM), devait initialement inclure une école, un
centre communautaire une tour de logement social – il ne s’agit pas d’HLM, mais
de logements pour familles à prix abordable.
En mars 2018, le promoteur disait que 80 % de ses condos étaient vendus et
qu’il n’y avait donc plus de place pour une école primaire.
L’organisme communautaire Interaction
du quartier Peter-McGill espérait que les promoteurs changeraient d’idée.
Journal
de Montréal, 3 juillet 2019 :
La
mairesse de Montréal, Valérie Plante, a invité aujourd'hui le promoteur
High-Rise Montreal «à honorer sa part du contrat social» et à construire les
logements sociaux promis sur le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour
enfants (Children’s).
En matinée, notre Bureau d’enquête révélait
que les négociations entre la Ville de Montréal et le promoteur piétinent dans
ce dossier. Le prix d’achat de l’édifice de 175 logements est le principal
point de discorde.
Mais pour la mairesse, il est «hors de
question» de laisser tomber les logements sociaux pour familles ou même de les
construire ailleurs. «Je vais laisser les négociations se faire, mais pour moi,
ça devrait se faire sur le site, comme il avait été convenu au préalable»,
soutient Mme Plante.
En 2016, le gouvernement du Québec a vendu
le Montreal Children’s Hospital pour 25 millions $ à des promoteurs privés,
soit un prix bien inférieur à celui de l’évaluation municipale.
Les promoteurs souhaitaient bâtir cinq tours
à condos. Mais selon le zonage municipal, le terrain ne pouvait pas accueillir
de résidences.
Pour
faire accepter leur projet, les promoteurs Devimco et High-Rise Montreal (HRM)
ont promis des mesures comme un centre communautaire et des logements sociaux
pour familles. La construction d’une école primaire avait aussi été évoquée.
Sur
ces bases, la Ville a modifié le zonage, autorisé la démolition de l’ancien
hôpital et donné un permis de construction.
Or, un peu plus d’un an après que le projet
d’école a avorté, notre Bureau d’enquête a appris que celui de logements
sociaux est aussi en péril.
HRM a
déjà indiqué à la direction de l’habitation de la Ville qu’elle préférerait
payer une pénalité de 6,2 M$ plutôt que construire des logements sociaux.
L’entreprise des hommes d’affaires Philipp
Kerub et Sarto Blouin a aussi spécifié à la Ville avoir un plan B pour
l’édifice qui abriterait les logements sociaux. Il pourrait s’agir d’autres
condos ou même d’un hôtel. Une entreprise hôtelière aurait déjà démontré de
l’intérêt.
L’an dernier, la Commission scolaire de
Montréal et la Ville n’ont pas réussi à s’entendre avec Devimco sur la
construction d’une école, notamment en raison du prix de location réclamé par
le promoteur.
Le
centre communautaire, de son côté, verra bel et bien le jour. Toutefois, la
Ville devrait payer au propriétaire la rondelette somme de 1,5 M$ par an pour
occuper cet espace.
Y
a-t-il des parvenus qui veulent des familles et des enfants qui jouent dehors
près de leurs condos de luxe? Voyons donc! En passant, le groupe Devimco était
derrière la gentrification du quartier Griffintown.
Avec la gentrification des quartiers et les
agressives tentatives de faire disparaître les classes sociales «indésirables»
du paysage, on verra peut-être des parcs de réfugiés urbains, adjacents aux
quartiers riches ou en périphérie des villes, comme on en voit partout dans le
monde.
Le
photographe Johnny Miller a décidé
de montrer les inégalités sociales en milieu urbain, qui existent côte à côte,
généralement cachées derrière des murs ou des barrières visuelles. L’utilisation
d’un drone change radicalement la perception qu’on peut en avoir au ras du
sol...
«...
Les cicatrices à l'intérieur de notre tissu urbain, si apparentes vues d'en
haut, peuvent provoquer un sentiment de surprise («je ne savais pas que c’était
si grave!»)... Elles révèlent aussi notre complicité vis-à-vis de la privation
systématique des droits. Nous vivons dans des quartiers et participons à des
économies qui renforcent les inégalités. Nous nous habituons à la routine et
tenons pour acquis l'environnement bâti de nos villes. Nous sommes choqués de
voir des cabanes de fer blanc et des maisons de riches en rangées bien ordonnées,
délimitées par des clôtures, des routes et des parcs... Mais c'est à échelle aérienne
qu’on voit la nature systémique des inégalités et son infaillible répétition à
travers les régions géographiques. Ce n'est pas physiologique – c’est de la marginalisation
et de la privation de droits planifiée et intentionnelle.
[...]
Ne vous y trompez pas – Unequal Scenes est un acte de défi. Je défie les structures de
pouvoir traditionnelles qui cachent si bien ces inégalités dans toutes les
directions, sauf directement au-dessus. Si les images provoquent des sentiments
inconfortables de peur, de désespoir ou une prise de conscience déstabilisante
de notre complicité – parfait! c’est leur but.»
Aerial
photos reveal the stark divide between rich and poor
Unequal
Scenes - by Johnny
Miller
Inequalities
in our social fabric are oftentimes hidden, and hard to see from ground level.
Visual barriers, including the structures themselves, prevent us from seeing
the incredible contrasts that exist side by side in our cities.
Unequal Scenes uses a drone to illustrate the inscribed
history of our world in a new way. The scars within our urban fabric, so
apparent from above, can provoke a sense of surprise (“I didn’t know it looked
that bad!”)…But also reveal our complicity in systematic disenfranchisement. We
live within neighborhoods and participate in economies that reinforce
inequality. We habituate ourselves with routines and take for granted the built
environment of our cities. We’re shocked seeing tin shacks and dilapidated
buildings hemmed into neat rows, bounded by the fences, roads, and parks of the
wealthiest few…But it’s the very scale and unerring regularity across
geographic regions which points to the systemic nature of inequality. This is
not organic – this is planned and intentional disenfranchisement.
By placing a non-human photographic actor – in this
case, a remote-controlled drone – above these liminal spaces, a new vantage
point is reached, previously reserved for the government and the very rich. The
drone distances the photographer and the viewer of the photograph, both
physically and mentally, and provokes an analysis of the distant gaze. It
forces us to confront the ethics of representation, and the limitations (and
freedom) of using technology in image-making. How far does the drone need to be
from the ground in order to reach an “ethical” altitude? Who should have access
to the airspace and to the drone technology? Are drone images fundamentally
different than a Google Earth image or a printed map?
Make no mistake – Unequal Scenes is an act of
defiance. I defy the traditional power structures that keep these inequalities
hidden so well from every direction except directly above. If the images
provoke uncomfortable feelings of fear, despair, or an unsettling realization
of complicity – good. They are intended to.
Cape Town, South Africa - June 2018
Toutes les photos du projet:
Papwa Sewgolum Golf Course, Durban
Lake Michelle, Masiphumelele, Cape Town
Kya Sands, Bloubosrand
Sante Fe, Mexico City
Mumbai
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