Existe-t-il un gouvernement mondial
secret? Probablement pas, mais il y a bien des réseaux d'influence ultra puissants devant lesquels tous les
gouvernements majeurs, peut-être faibles parce que démocratiquement élus, s'inclinent systématiquement.
~ Romain
Guilleaumes (Carnets http://www.romain-guilleaumes.net/
)
Qui
osera approuver ce projet de fou pour 2500 emplois? Ah oui, on prévoit des retombées
de 70 milliards de dollars – qui iront en majeure partie dans les poches des
investisseurs, puis au paradis fiscaux.
Le projet Frontier dans l'intérêt
public malgré ses effets négatifs, juge la commission d'examen
Stéphanie
Rousseau, ICI
Alberta 25 juillet 2019
Le mégaprojet minier Frontier dans les sables bitumineux est
dans l’intérêt public, malgré ses effets négatifs sur l’environnement et les
communautés autochtones, selon la commission d'examen chargée d'étudier le
projet.
«Même
si nous estimons que le projet aura des effets négatifs importants et qu’il y
aura des effets cumulatifs sur certaines composantes environnementales et
communautés autochtones, nous considérons que ces effets se justifient et que
le projet Frontier est dans l’intérêt
public», indique un résumé de la décision de la commission d’examen conjoint
formée de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et l'Agence de
réglementation de l’énergie de l’Alberta.
La commission justifie son évaluation
environnementale par les retombées économiques et la création d'emplois liées à
ce projet.
Le rapport note que le projet «devrait créer
7000 emplois pendant la construction et jusqu’à 2500 emplois pendant la durée
de vie de la mine, soit 41 ans».
La mine devrait en outre susciter des
retombées de «plus de 70 milliards de dollars» pour les trois ordres de
gouvernement.
Un mégaprojet minier
Le projet de mine Frontier est proposé par l’entreprise de Colombie-Britannique Teck Resources *. Son coût est estimé à plus de 20 milliards de dollars.
Devant produire 260 000 barils de bitume par jour, il comprend deux mines à ciel
ouvert, une usine de préparation du minerai, une usine de traitement du bitume,
des installations de préparation et de gestion des résidus, des aires
d’élimination et de stockage des résidus, une prise d’eau fluviale, un
aérodrome et un campement pour les travailleurs.
Photo : David Dodge / The Pembina Institute. Wood
Buffalo National Park.
Un parc à protéger
Il sera situé à quelques kilomètres du parc national de Wood Buffalo, alors que l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) évalue actuellement si le parc doit être placé sur sa liste des sites en péril.
L’organisme
international a donné jusqu’en 2020 au Canada pour prouver qu’il en fait assez
pour protéger ce site unique, après avoir jugé insuffisant le plan présenté par
le gouvernement de Justin Trudeau.
Dans le résumé de son rapport, la commission
juge que la mine «ne devrait pas avoir d’effets mesurables sur le débit ou le
niveau d’eau dans le delta des rivières de la Paix et Athabasca» et que les changements
climatiques auront «des effets négatifs beaucoup plus importants sur le parc
national».
Selon la commission, «Frontier sera aussi un
grand émetteur de gaz à effet de serre» et produira l'équivalent de 4 millions
de tonnes de CO2 par année, mais elle n'établit aucun lien direct entre ces
émissions et les changements climatiques.
Impacts environnementaux majeurs et
irréversibles
Photo: Iron Mountain Daily News / Operation Migration.
Whooping cranes, an endangered and federally protected species, stand nearly
five feet tall and have a wingspan of about 7.5 feet. Le parc national Wood Buffalo est le
dernier endroit où les grues blanches se reproduisent naturellement. Il
accueille aussi un des plus grands troupeaux de bisons.
Le
projet «est susceptible d’entraîner des
effets environnementaux négatifs importants sur les milieux humides, les forêts
anciennes, la biodiversité et les espèces en périls dépendantes des milieux humides
et des forêts anciennes», indique le rapport, qui précise que les lynx, les
caribous des bois et la harde de bisons du lac Ronald seront touchés.
«La commission reconnaît que le caribou des bois est en déclin dans
l’ensemble de son aire de répartition», souligne le rapport, en ajoutant
que «le projet a le potentiel d’apporter une contribution supplémentaire aux
effets cumulatifs importants déjà existants». Pour diminuer l’impact du projet
sur cette espèce menacée, la commission demande à Teck Resources de finaliser
un plan d'atténuation et de surveillance.
Le
rapport révèle aussi que «le projet Frontier enlèvera tous les milieux humides
de [sa] zone de développement».
«La perte de plus de 14 000 hectares de milieux humides est un effet de
grande ampleur et irréversible», ajoutant que le projet aura «des effets
cumulatifs négatifs importants sur les milieux humides de la région».
Conséquences sur les peuples
autochtones
Le rapport mentionne aussi que les peuples autochtones de la région perdront des terres qu'ils utilisent pour leurs activités traditionnelles et qu’il «n’est pas certain que les groupes autochtones rétabliront les activités d’usage traditionnel sur les terres remises en état après une interruption sur plusieurs générations et vu la perte de liens culturels avec ces terres».
Le rapport note toutefois que «tous les
groupes autochtones qui seraient touchés de façon importante par le projet
Frontier ont signé des ententes avec Teck».
Le gouvernement fédéral doit donner son
approbation en vertu de la Loi sur les pêches et de la Loi sur la protection de
la navigation.
La ministre fédérale de l’environnement,
Catherine McKenna, doit déterminer si le projet est susceptible de causer des
dommages environnementaux négatifs importants, malgré les mesures d'atténuation
exigées.
Si tel est le cas, il appartiendra au
cabinet fédéral de décider si ces effets sont justifiés dans les circonstances.
La décision d’Ottawa doit être rendue en février.
Les groupes environnementaux ont déjà
souligné que la mine est difficile à concilier avec les objectifs de réduction
des émissions de gaz à effet de serre du Canada.
* Teck Resources est une entreprise minière canadienne
spécialisée dans l'extraction, la transformation et la distribution du plomb, du zinc et du charbon. Le 3 juillet 2009, Teck
Resources a accepté une offre d'investissement de 1,74 milliard CAD de la part
de la firme d'investissement chinoise China
Investment Corporation.
La
Chine multiplie les partenariats financiers dans tous les domaines, sur tous les continents. Ainsi avance la «nouvelle
route de la soie» de Xi Jinping, à bulldozeurs. À la lumière de ce qui suit, on
suppose que Jinping résiste, pour l’instant, à envoyer des chars d’assaut à
Hong Kong, à l’instar de Deng Xiaoping à Tiananmen, sans doute par crainte d’un
boycottage international.
«La méthode chinoise consiste à établir des
jalons tels que des grandes réalisations tout au long des itinéraires des
anciennes «routes de la soie», puis de joindre ces points d’ancrage et étendre
ainsi son influence. Détail important :
les traités signés avec les états prévoient que la Chine reste propriétaire des
infrastructures installées dans les pays amis et peut intervenir pour les
protéger en cas de problèmes. On appelle ça «l’ingérence sécuritaire» mais
d’autres y verront une violation possible de la souveraineté nationale. L’objectif
inavoué de Pékin est le même qu’en mer de Chine où l’Empire rouge avance ses
pions sur les différents ilots revendiqués par le Vietnam, les Philippines ou
Taiwan. Il s’agit d’étendre la domination économique et de «protéger» les
terres conquises.
Xi Jinping habille cette initiative d’un
discours poétique et historique, celui de la main tendue et de l’amitié entre
les peuples, destiné à étouffer toute contestation, rappelant qu’il y a plus de
2000 ans, «un émissaire de la dynastie des Hans chargé d’une mission de paix
fut envoyé en Asie centrale, inaugurant ainsi les échanges amicaux avec ces
peuples de l’ouest». Aujourd’hui, la route a bien sûr changé d’aspect. Elle est
aussi maritime. Il faut pouvoir gagner l’Europe par les océans et surtout sécuriser
cet itinéraire menacé par l’instabilité autour des ilots de la mer de Chine ou
les risques de piraterie dans le détroit de Malacca, le golfe d’Aden ou le
détroit d’Ormuz... L’empire de Xi Jinping se voit assez bien devenir le
gendarme qui va sécuriser cet itinéraire. Ça n’est pas de l’expansionnisme nous
dit-on à Pékin mais simplement une nécessité de protéger le commerce. Personne
ne songe d’ailleurs à s’opposer aux «offres» de la Chine.
Les chiffres de la présence chinoise dans le
monde parlent d’eux-mêmes. En 1980 on comptait 250 000 Chinois installés en
dehors des frontières de l’empire rouge. En 2016 ils étaient 50 millions
auxquels on peut ajouter plus de 100 millions de touristes... Le devoir du
régime est donc de les soutenir, de défendre leurs intérêts et leur sécurité.» (Philippe
Rochot / Reportages pour mémoire)
Un
exemple. En 2005, Ineos a racheté Innovene, une filiale de BP spécialisée dans
les dérivés pétroliers (utilisant comme matière première les produits issus des
vapocraqueurs pour synthétiser des polymères notamment). Le 1er juillet 2011, la
compagnie pétrolière chinoise PetroChina
et Ineos ont finalisé un partenariat
dans le négoce et le raffinage en Europe. L’accord se traduit par la
constitution de deux filiales communes entre PetroChina et Ineos pour l’exploitation de la raffinerie de Grangemouth
en Écosse et celle de Lavéra en
France. L’investissement pour l’acquisition par PetroChina s’élève à 1 015
millions de dollars.
Les deux sites restent intégrés dans la
production pétrochimique d'Ineos à la suite de la finalisation. La société-tête
du groupe de PetroChina, China National Petroleum Corporation (CNPC), et Ineos rédigent
un contrat de coopération stratégique pour partager l'expertise et les
technologies de raffinage et pétrochimiques de leurs entreprises respectives.
Raffinerie de Grangemouth, Écosse. Photo: The
ferret, Scotland
L’industrie de la fracturation
hydraulique viole les droits humains
Le Permanent Peoples’ Tribunal, créé en
Italie en 1979 pour défendre les droits de la personne, avait enquêté sur la
fracturation hydraulique et conclu que les compagnies et les gouvernements
avaient failli à leurs devoirs.
En 2018, l’industrie de la fracturation
hydraulique fut accusée de violer les droits de la personne, de menacer la
santé humaine et de saccager la nature par un tribunal international. Ce
tribunal a utilisé comme preuve le géant pétrochimique Ineos et a demandé au gouvernement
écossais de bannir la fracturation. Dix juges de huit pays différents avaient
présenté des centaines de rapports indépendants.
«Les
processus de fracturation contribuent de manière substantielle aux dommages
anthropiques, y compris le changement climatique et le réchauffement de la
planète, et impliquent des violations massives d'une série de droits humains
fondamentaux et procéduraux et des droits de la nature.»
Les juges ont également critiqué les
gouvernements du monde entier pour leur incapacité à réglementer l'industrie et
à protéger les communautés et la nature. «Ils n'ont pas réagi rapidement et
efficacement aux dangers du changement climatique que représente la fracturation»,
ont-ils déclaré.
L’avocate Lisa Mead, basée à Moray et
directrice du groupe environnemental Earth
Law Alliance a témoigné. «Nous avons rassemblé et soumis une masse de
preuves démontrant les impacts négatifs sur la nature et sur la santé humaine. La
fracturation et d'autres formes d'extraction non conventionnelle de pétrole et
de gaz sont des activités très dangereuses et dommageables. L'homme et la
nature en subissent de graves conséquences négatives, en particulier aux États-Unis,
au Canada et en Australie.»
Mead a présenté des mémoires sur la
pollution climatique, les eaux usées toxiques et les risques pour
l'environnement naturel. Elle a accusé l'industrie de faire de l'argent au
détriment de la santé des gens et de «menacer notre avenir sur cette planète».
Fracking
violates human rights, says international tribunal
Rob Edwards on June 11, 2018
Les ministres écossais appuient Ineos
En
2019, le gouvernement écossais a soutenu l’appel du géant pétrochimique de
Grangemouth, Ineos, qui refusait de se soumettre aux nouvelles restrictions
sévères sur la pollution sonore due au torchage.
Les ministres ont rejeté la requête de
l'Agence écossaise de protection de l'environnement (Sepa) visant à protéger la
santé des personnes vivant près du terminal pétrolier et gazier de Kinneil,
dans le Firth of Forth.
Au lieu de cela, ils ont conclu que les
restrictions de Sepa étaient «déraisonnables», «irrationnelles» et ne tenaient
pas compte de l'impact sur l'activité de l'entreprise.
La décision du gouvernement a été qualifiée
de «terrible» et condamnée par les écologistes, Le gouvernement a tout de même admis
qu'Ineos devrait «faire des efforts» pour réduire le bruit du torchage.
Le Furet a rapporté en mai 2018 qu'Ineos
essayait de bloquer la requête de Sepa visant à limiter le bruit du torchage
nocturne à Kinneil à moins de 54 décibels. Ineos a acheté le terminal
vieillissant de la multinationale pétrolière BP pour 186 millions de livres
sterling en octobre 2017.
Friends
of the Earth Scotland a souligné que la restriction obligatoire du bruit
nocturne était devenue volontaire. «C'est
une décision terrible qui place les intérêts économiques d'Ineos avant la protection
de la communauté locale», a déclaré un militant du groupe environnemental,
Gavin Thomson. «Il est difficile de croire qu'Ineos prendra cela au sérieux
alors qu'elle ne respecte même pas les limites déjà imposées par la loi.»
Ineos a également menacé de fermer une usine
de fabrication à Middlesbrough, à moins d'être autorisé à d’ajourner le respect
des règles de l'Union européenne pour prévenir la pollution de l'air et de
l'eau.
Ineos est une entreprise de combustibles
fossiles en expansion, dirigée par l'un des hommes les plus riches du
Royaume-Uni, Jim Ratcliffe [1], qui
exploite la majeure partie du réseau d'oléoducs de Grangemouth et de Forties
North Sea, et a développé d'importants projets de fracturation dans le centre
de l'Écosse et en Angleterre.
Scottish
ministers back Ineos on noise pollution from flaring
Rob Edwards on March 27, 2019
[1]
Jim Ratcliffe, le troisième homme le plus riche de Grande-Bretagne, mène une
nouvelle bataille de planification pour obtenir l'autorisation de transformer
un «cottage en tôle» abandonné en une maison de trois chambres à coucher pour son «gardien permanent» chargé de protéger et d'entretenir sa résidence côtière de
6 millions de livres sur la côte de Solent, dans le parc national New Forest. Il
avait obtenu la permission de construire sa propre résidence côtière, Thorns
Beach House, après une bataille de six ans avec les autorités de planification
et les écologistes.
Collage :
Joe Webb http://www.joewebbart.com/
Le patrimoine de Ratcliffe s’élevait à 21 milliards de livres sterling en 2018. L’homme d’affaires a pris publiquement position pour le Brexit et milite pour la baisse des impôts et la déréglementation. Il a récemment décidé selon la presse de transférer son patrimoine à Monaco, la principauté étant connue pour son système fiscal avantageux pour les plus fortunés – les étrangers sont exonérés d'impôts. Il aurait aussi déménagé le siège social de son entreprise en Suisse pour des raisons fiscales. Cet exil monégasque s'accompagne selon le Sunday Times de la mise en place d'un montage d'optimisation fiscale qui devrait lui permettre, ainsi qu'à deux d'autres dirigeants, de réduire leur facture fiscale d'un montant pouvant atteindre jusqu'à 4 milliards de livres. Chiffre d’affaires annuel d’Ineos : 60 milliards de dollars, provenant de 171 sites d’exploitation dans 24 pays (février 2019). La première syllabe de son nom de famille fait image...
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