Crédit photo
: Andrew Burton / Getty Images. Torchage au gisement de Bakken (Dakota du Nord,
USA)
En
1988, Douglas Kennedy a conclu son voyage dans la Bible Belt par la visite d’une
prison à haute sécurité pour les criminels condamnés à la peine capitale (chaise
électrique). Les méthodes de l’époque étaient loin d’être efficaces!
«L’afflux des deux mille volts le projettera
en avant, captif des courroies. Pendant ces deux minutes de choc électrique
constant, l’occupant de la chaise perdra le contrôle de son organisme ... des
flammes jailliront peut-être des électrodes assujetties à sa tête et à sa
jambe. Il arrive assez fréquemment que la décharge initiale ne soit pas fatale
et qu’il en faille d’autres pour achever le condamné. Dans un cas particulièrement
sinistre, en Alabama, en 1983, pas moins de trois électrocutions à mille neuf
cents volts, administrées au cours de quatorze interminables minutes, ont été
nécessaires pour constater le décès d’un homme condamné pour homicide... Comme
si cela n’avait pas suffi, l’électrode de sa cheville avait fini par griller et
avait dû être remplacée avant la deuxième décharge. Des témoins avaient vu la fumée
s’élever de la tempe gauche et de la jambe.
«C’est comme quand on jette un steak sur le
gril d’un barbecue chauffé à blanc», m’a assuré un habitué du ‘couloir de la mort’ qui avait assisté à
plusieurs exécutions. «Dans tous les cas
[...], la mort survient, mais c’est un processus qui peut être long et
affreusement douloureux. Le temps de l’agonie varie selon les sujets, certains
ayant une plus grande résistance psychologique que d’autres. Je ne pense pas
que quiconque décède instantanément. [...] Cette méthode d’exécution est en
réalité une forme de torture.» L’attente du moment de l’exécution constitue une
torture psychologique des plus redoutables. Les condamnés à la chaise
électrique passent en général cinq and, voire plus, en prison avant de s’y
asseoir, le temps que la machine judiciaire traite leur appel. Il n’est donc
pas surprenant que ces quartiers soient un foyer de dépressions, de crises de
démence. [...] «Tu peux me croire : le criminel en col blanc, tu le
rencontreras pas là-bas.» Plus généralement, dans le monde sans barreaux,
combien sont ceux qui se sentent «condamnés» eux aussi? Prisonniers d’un
couloir de la mort qui a pour nom destin? ~ Douglas Kennedy (Au pays de Dieu – Récits; Belfond
2004)
Nous
pourrions aussi périr englués dans une nappe de pétrole sur terre ou en milieu marin.
La prison pétrolière mondiale n’a aucune frontière.
Une
bolée de substances toxiques de plus pour les baleines et toutes les espèces
marines de l’Atlantique... En janvier
2014, six mille litres de pétrole avaient fui de la plateforme Hibernia.
Terre-Neuve : incident sur une
plateforme pétrolière, déversement en mer
Agence
France Presse Montréal 17 juillet 2019
Le producteur américain
d’hydrocarbures ExxonMobil a annoncé mercredi qu’un mélange d’eau et de pétrole
s’était déversé dans l’Atlantique Nord, à partir de la plateforme Hibernia
située au large de l’île canadienne de Terre-Neuve, formant une nappe de près
de deux hectares.
«Un
mélange d’eau et de pétrole a été déversé depuis l’un des réservoirs de la plateforme
ce matin (mercredi)», a indiqué dans un communiqué HMDC, le consortium
exploitant Hibernia dans lequel ExxonMobil détient 33 %, aux côtés notamment de
Chevron (27 %), de Suncor (20 %) et d’Equinor, ex-Statoil, (5 %).
Après avoir d'abord maintenu les opérations,
il a été décidé en fin de journée d'«arrêter la production de manière
préventive et temporairement », a déclaré Scott Sandlin, président du
consortium.
HMDC a ouvert une enquête et «cherche
actuellement à déterminer le volume de pétrole qui a été rejeté», ajoute le
consortium, soulignant que des estimations préliminaires ont fait état d’une
nappe de 20 mètres de large sur 900 mètres de long qui «se dissipe».
La plateforme Hibernia, située à 315 km à
l’est de Saint-Jean de Terre-Neuve, est entrée en production en 1997. Le
gisement qu’elle exploite, par pompage sous-marin, possède des réserves
estimées à plus de 1,2 milliard de barils de pétrole.
Selon le consortium, il s’agit d’un incident
«isolé» et «tout le personnel de la plateforme est en sécurité».
Après avoir découvert cette nappe, les
employés d’Hibernia ont procédé à «une dispersion mécanique» et ont «déployé
des barrages absorbants» à partir d’un navire.
En outre, ajoute le communiqué, une bouée a
été déployée sur la nappe afin de la suivre dans l’Atlantique Nord.
Cette zone de l'Atlantique Nord étant choyée
par la faune marine, et en particulier par plusieurs espèces menacées de
baleines, des «observateurs animaliers ont été mobilisés», par voies maritime
et aérienne, mais ils n'ont aperçu aucun animal jusqu'à présent, a affirmé le
consortium.
Contacté par l’AFP pour savoir quelle
direction le pétrole avait pris, et s’il y avait un risque pour la faune dans
cette zone où frayent nombre de baleines, ExxonMobil s’est refusé à tout autre
commentaire.
~~~
L’Atlantique
Nord est une des mers les plus dangereuses au monde. L’exploitation des
gisements qui s’y trouvent présente donc des défis et des dangers. D’une part
pour l’environnement et d’autre part pour les personnes qui y travaillent.
La
plate-forme pétrolière Hibernia GBS a la particularité d'être la plus grande
installation de forage maritime jamais construite par l'homme. Cette île de
béton et d'acier repose par 200 mètres de fond et s'élève à cinquante mètres
au-dessus de la surface de l'Atlantique. Située au sud-est de Terre-Neuve, elle
est spécialement conçue pour résister aux impacts des icebergs dérivant l'été.
Et, depuis 1998, près de cent personnes travaillent continuellement sur
Hibernia GBS. Cette plate-forme pharaonique est située dans un couloir d’icebergs,
et près des vestiges du Titanic.
Voyez les étapes de la construction de ce
monstrueux perturbateur environnemental.
Qui
est l’irresponsable qui a donné son aval à Hibernia? L'ancien premier ministresBrian
Mulroney, en 1988! La plateforme Hibernia a été réalisée par un consortium
formé du gouvernement fédéral et de pétrolières. Près de 6 milliards $ de fonds
publics ont été investis dans sa construction.
20 ans plus tard, quatre champs pétrolifères
sont exploités au large de Terre-Neuve-et-Labrador, dont la plateforme Hebron (14
milliards de dollars) achevée en 2016. Néanmoins, l’exploration pétrolière est
en déclin dans la région.
(1) Principaux déversements et fuites de pétrole en 2019
Déversements
et fuites connus (de 1965 à 2019). Sans mauvais jeu de mots, c’est renversant!
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S’allonger
sur un mort peut-il le ressusciter?
(J'ai malheureusement égaré le nom de l'artiste irlandaise qui a créé cette sculpture)
Sommes-nous totalement impuissants?
«En
colonisant les gouvernements, les grandes entreprises fabriquent un monde de
conformité et de consumérisme.
Comment fabriquez-vous un monde édulcoré,
dépolitisé, un consensus construit autour de la consommation et de la
croissance infinie, un monde de rêve
basé sur le matérialisme, la dette et l'atomisation où toutes les relations
peuvent être préfixées d’un signe de dollar, où nous cessons de lutter pour le
changement? Vous déléguez vos pouvoirs à des compagnies dont les profits
dépendent de ce modèle.
Le pouvoir est transféré vers des milieux où
nous n'avons ni voix ni vote. Les politiques internes sont forgées par des
conseillers spécialisés en marketing politique (spin doctors), par des groupes et des comités consultatifs farcis
de lobbyistes. L’état en tire son propre pouvoir de réglementer et de diriger.
Simultanément le vide démocratique au coeur même de la gouvernance mondiale se
remplit (sans l’ombre d’un consentement) de bureaucrates internationaux et de
cadres d'entreprises. Les ONG autorisées à se joindre à eux ne représentent
intelligiblement ni la société civile ni les électorats. (Et je vous en prie,
épargnez-moi le bêtisier sur la démocratie des consommateurs ou des actionnaires
: dans les deux cas, certaines personnes obtiennent plus de votes que d’autres,
et celles qui en obtiennent le plus sont celles qui sont les moins enclines à
pousser en faveur du changement).» ~ George Monbiot (Loved to death)
«Mais
à qui profite la croissance [économique]? Aux gens qui gèrent ou possèdent les
banques et les fonds spéculatifs, aux compagnies minières, aux sociétés de
publicité, aux lobbies d’entreprises, aux fabricants d'armes, aux agents
immobiliers, aux gérants de portefeuilles et de paradis fiscaux. Un marketing
très intense et omniprésent, équivalant à un lavage de cerveau, veut nous
amener à considérer le système comme nécessaire et souhaitable. Un système qui
menace notre sécurité, nous rétrécit et nous appauvrit, mais qu’on nous
présente comme la seule solution possible à tous nos problèmes. Il n'y a pas
d'alternative – nous devons gravir la falaise. Quiconque remet le système en
question est ignoré ou vilipendé.
Qui sont les autres bénéficiaires? Eh bien,
ce sont les plus grands consommateurs dont la façon d’utiliser leur spectaculaire
fortune a des impacts des milliers de fois plus significatifs que celui de la
plupart des gens. Une grande partie du monde naturel est détruit afin que les
très riches puissent monter sur leurs yachts en bois d'acajou, mangent des
sushi au thon rouge, saupoudrent de la corne de rhinocéros sur leurs plats,
atterrissent en jets privés dans des aérodromes sculptés à même des terres
rares; ils consomment en un jour la quantité de carburant fossile que les
citoyens moyens consomment globalement
en un an.
Voilà comment le Grand Polissage Mondial
fait son chemin, détruisant les réserves de la Terre, dérobant tout ce qui est
distinct et inusité (tant dans la culture humaine que dans la nature), faisant
de nous des automates remplaçables au sein d’un effectif mondial homogène,
transformant inexorablement les richesses du monde naturel en monocultures
monotones.
N'est-il pas temps de crier STOP et de nous
servir de l’extraordinaire apprentissage et expertise que nous avons acquis
pour changer la façon dont nous nous organisons? N’est-il pas temps de
contester et d’inverser les tendances qui ont gouverné notre relation à la
planète vivante depuis des milliers d’années, et dont nous sommes en train détruire
les dernières caractéristiques à une vitesse ahurissante? N'est-il pas temps de
contester la croissance illimitée sur une planète limitée? Si ce n'est pas
maintenant, ce sera quand?» ~ George Monbiot (The Kink in the Human Brain)
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