«...
la plus haute forme de vertu, la seule que je supporte encore : la ferme
détermination d'être utile.» (Mémoires
d'Hadrien)
L’empereur
romain Hadrien, «cet homme presque sage» fut un initiateur des temps nouveaux,
et l’un des derniers libres esprits de l’Antiquité. Reconnu pour être pacifique,
il rompit avec la politique expansionniste de son prédécesseur Trajan, structura
administrativement l'Empire, consolida certaines frontières et réprima les
révoltes de ses sujets. La pire révolte de son règne, en Judée, fut d’une
violence inouïe et une catastrophe tant pour les vainqueurs que pour les vaincus.
En 129 Hadrien fit une halte à Jérusalem
afin d’établir un plan de reconstruction de la ville. Il souhaitait en faire
une grande métropole selon le modèle romain habituel avec ses temples, ses
marchés, ses bains publics, etc. La population juive s’indigna. Les ouvriers
qui donnèrent le premier coup de pioche furent molestés par la foule. Le projet
initia la dernière grande révolte juive contre Rome, dite de Bar-Kokhba, entre
132 et 135. La dégradation des relations entre les Juifs et les Romains fut
intense et venimeuse. Après la défaite du zélote Simon Bar-Kokhba en 135, Jérusalem fut
rasée et interdite aux Juifs. Les responsables du judaïsme se regroupèrent en
Galilée. Puis, Ælia Capitolina fut rebâtie. La Judée fut jointe à la province
romaine de Syrie pour former celle de Syrie-Palestine, avec deux légions à
demeure, dont une séjournant à Jérusalem.
Sous
la plume de Yourcenar, voici ce que raconte Hadrien sur l’aspect religieux
du conflit (extrait) :
«Les Juifs, stylés par leurs
coreligionnaires de Judée, aigrissaient de leur mieux cette pâte sûre. La
synagogue de Jérusalem me délégua son membre le plus vénéré : Akiba,
vieillard presque nonagénaire, et qui ne savait pas le grec, avait pour mission
de me décider à renoncer aux projets déjà en voie de réalisation à Jérusalem. [...]
Ce fanatique ne se doutait même pas qu’on pût raisonner sur d’autres prémisses
que la sienne; j’offrais à ce peuple méprisé une place parmi les autres dans la
communauté romaine : Jérusalem, par la bouche d’Akiba, me signifiait sa
volonté de rester jusqu’au bout la forteresse d’une race et d’un dieu isolés du
genre humain. (p. 200)
Ce fut à cette époque que Quadratus, un
évêque chrétien, m’envoya une apologie de sa foi. J’avais eu pour principe de
maintenir envers cette secte la ligne de conduite strictement équitable qui
avait été celle de Trajan dans ses meilleurs jours; je venais de rappeler aux
gouverneurs de provinces que la protection des lois s’étend à tous les
citoyens, et que les diffamateurs des chrétiens seraient punis s’ils portaient
contre eux des accusations sans preuves. Mais toute tolérance accordée aux
fanatiques leur fait croire immédiatement à de la sympathie pour leur cause.
(p.228)
L’injonction qui consiste à aimer autrui
comme soi-même est trop contraire à la nature humaine pour être sincèrement
obéie par le vulgaire, qui n’aimera jamais que soi, et ne convient nullement au
sage, qui ne s’aime pas particulièrement soi-même. (p. 229)
Les affaires juives allaient de mal en pis.
Les travaux s’achevaient à Jérusalem malgré l’opposition violente des
groupements de zélotes. Un certain nombre d’erreurs furent commises, réparables
en elles-mêmes, mais les fauteurs de troubles surent en profiter. [...] Les
rabbins s’arrangèrent pour lire de nuit ce que le gouverneur Tinéus Rufus leur
interdisait de lire de jour; cette féroce histoire, où les Perses et le Juifs
rivalisaient d’atrocité, excitait jusqu’à la folie la rage nationale des
Zélotes. Enfin, ce même Tinéus Rufus, homme par ailleurs fort sage, et qui
n’était pas sans s’intéresser aux fables et aux traditions d’Israël, décida
d’étendre à la circoncision, pratique juive, les pénalités sévères de la loi
que j’avais récemment promulguée contre la castration, et qui visait surtout
les sévices perpétrés sur de jeunes esclaves dans un but de lucre ou de
débauche. Il espérait oblitérer ainsi l’un des signes par lesquels Israël
prétend se distinguer du reste du genre humain. Je me rendis d’autant moins
compte du danger de cette mesure, quand j’en reçus avis, que beaucoup de Juifs
éclairés et riches qu’on rencontre à Alexandrie et à Rome ont cessé de
soumettre leurs enfants à une pratique qui les rend ridicules aux bains publics
et dans les gymnases, et s’arrangent pour en dissimuler sur eux-mêmes les
marques. J’ignorais à quel point ces banquiers collectionneurs de vases
myrrhins différaient du véritable Israël.
Je l’ai dit : rien de tout cela n’était
irréparable, mais la haine, le mépris réciproque, la rancune l’étaient. En
principe, le Judaïsme a sa place parmi les religions de l’empire; en fait, Israël se refuse depuis des siècles
à n’être qu’un peuple parmi les peuples, possédant un dieu parmi les dieux.
[...] Aucun peuple sauf Israël, n’a
l’arrogance d’enfermer la vérité tout entière dans les limites étroites d’une
seule conception divine, insultant ainsi à la multiplicité du Dieu qui contient
tout; aucun autre dieu n’a inspiré à ses adorateurs le mépris et la haine de
ceux qui prient à de différents autels. Je n’en tenais que davantage à
faire de Jérusalem une ville comme les autres, où plusieurs races et plusieurs
cultes pourraient exister en paix; j’oubliais trop que dans tout combat entre
le fanatisme et le sens commun, ce dernier a rarement le dessus. (p. 241/242)
Si seize ans du règne d’un prince
passionnément pacifique aboutissaient à la campagne de Palestine, les chances
de paix du monde s’avéraient médiocres dans l’avenir. (p. 248) Je voyais
revenir les codes farouches, les dieux implacables, le despotisme incontesté
des princes barbares, le monde morcelé en états ennemis, éternellement en proie
à l’insécurité. D’autres sentinelles
menacées par les flèches iraient et viendraient sur le chemin de ronde des
cités futures; le jeu stupide, obscène et cruel allait continuer, et l’espèce
en vieillissant y ajouterait sans doute de nouveaux raffinements d’horreur. (p.
250)
Si
les décors et l’arsenal militaire changent, les humains ne changent pas!
Un
exemple – Le Festival de démolition néo-zélote 2019 :
Israël a détruit lundi des logements
appartenant à des Palestiniens qu'il juge illégaux au sud de Jérusalem, à
proximité de la barrière de séparation isolant la Ville sainte de la
Cisjordanie occupée, une opération condamnée par les Palestiniens, l'ONU et les
Européens.
Résidents
et militants ont été évacués et la presse tenue à distance pendant que les
crans d'acier des pelles mécaniques dévoraient plusieurs immeubles à Sour
Baher, quartier à cheval entre Jérusalem et la Cisjordanie, territoire palestinien
occupé depuis 1967 par Israël.
«Je veux mourir ici», criait un homme, après
avoir été évacué de force.
Un immeuble inachevé de huit étages a
également été partiellement détruit aux explosifs, ont constaté les
journalistes de l'AFP.
Les Palestiniens accusent de leur côté
Israël d'utiliser la sécurité comme prétexte pour les contraindre à abandonner
la zone et qualifient cette barrière constituée de barbelés, de clôtures
électroniques et de murs de béton atteignant jusqu'à neuf mètres de haut de
«mur de l'apartheid». (Agence France-Presse 22 juillet 2019)
En passant, condamner ce crime inhumain n'est pas du racisme ni de l'antisémitisme. C'est clair?
En passant, condamner ce crime inhumain n'est pas du racisme ni de l'antisémitisme. C'est clair?
Fin de la parenthèse
Les
réformes économiques de l’empereur Hadrien, telles que décrites par Yourcenar, seraient
aujourd’hui les bienvenues. Mais, nos hommes d’État ne s’en inspirent pas; en réalité,
à moins d’être dé-lobbytomisé, aucun d’eux
n’aurait le courage de les appliquer.
[Extrait]
Une partie de nos maux provient de ce
que trop d’hommes sont honteusement riches, ou désespérément pauvres. Par bonheur, un équilibre tend de nos
jours à s’établir entre ces deux extrêmes : les fortunes colossales
d’empereurs et d’affranchis sont choses du passé; Trimalcion et Néron sont
morts. Mais tout est à faire dans l’ordre d’un intelligent réagencement
économique du monde. En arrivant au pouvoir, j’ai renoncé aux contributions
volontaires faites par les villes à l’empereur, qui ne sont qu’un vol déguisé. [...]
L’annulation complète des dettes des particuliers à l’État était une mesure
plus risquée, mais nécessaire pour faire table rase après dix ans d’économie de
guerre. Notre monnaie s’est dangereusement déprimée depuis un siècle :
c’est pourtant au taux de nos pièces d’or que s’évalue l’éternité de
Rome : à nous de leur rendre leur valeur et leur poids solidement mesurés
en choses. Nos terres ne sont cultivées qu’au hasard : seuls, des
districts privilégiés, l’Égypte, l’Afrique, la Toscane, et quelques autres, ont
su se créer des communautés paysannes savamment exercées à la culture du blé et
de la vigne. Un de mes soucis était de soutenir cette classe, d’en tirer des
instructeurs pour des populations villageoises plus primitives ou plus
routinières, moins habiles. J’ai mis fin au scandale des terres
laissées en jachère par des grands propriétaires peu soucieux du bien
public : tout champ non cultivé depuis cinq ans appartient désormais au
laboureur qui se charge d’en tirer parti. Il en va à peu près de même pour les exploitations minières. La
plupart de nos riches font d’énormes dons à l’État, aux institutions publiques,
au prince. Beaucoup agissent ainsi par intérêt, quelques-uns par vertu, presque
tous finalement y gagnent. Mais j’aurais
voulu voir leur générosité prendre d’autres formes que celle de
l’ostentation dans l’aumône, leur
enseigner à augmenter sagement leurs biens dans l’intérêt de la communauté,
comme ils ne l’ont fait jusqu’ici que pour enrichir leurs enfants. C’est dans cet esprit que j’ai pris
moi-même en main la gestion du domaine impérial : personne n’a le droit de
traiter la terre comme l’avare son pot d’or.
Nos marchands sont parfois nos meilleurs
géographes, nos meilleurs astronomes, nos plus savants naturalistes. Nos
banquiers comptent parmi nos plus habiles connaisseurs d’hommes. J’utilisais
les compétences; je luttais de toutes mes forces contre les empiètements. L’appui
donné aux armateurs a décuplé les échanges avec les nations étrangères; j’ai
réussi ainsi à supplémenter à peu de frais la coûteuse flotte impériale : en ce qui concerne les importations de
l’Orient et de l’Afrique, l’Italie est une île, et dépend des courtiers du blé
pour sa substance depuis qu’elle n’y fournit plus elle-même; le seul moyen de
parer aux dangers de cette situation est de traiter ces hommes d’affaires
indispensables en fonctionnaires surveillés de près. Nos vieilles provinces
sont arrivées dans ces dernières années à un état de prospérité qu’il n’est pas
impossible d’augmenter encore, mais il
importe que cette prospérité serve à tous, et non pas seulement à la banque
d’Hérode Atticus ou au petit spéculateur qui accapare toute l’huile d’un
village grec. Aucune loi n’est trop
dure qui permette de réduire le nombre d’intermédiaires dont fourmillent nos
villes : race obscène et ventrue, chuchotant dans toutes les tavernes,
accoudée à tous les comptoirs, prête à saper toute politique qui ne l’avantage
pas sur-le-champ. Une répartition judicieuse des greniers de l’État aide à
enrayer l’inflation scandaleuse des prix en temps de disette, mais je comptais
surtout sur l’organisation des producteurs eux-mêmes, des vignerons gaulois, des pêcheurs du Pont-Euxin dont la misérable pitance est dévorée par
les importateurs de caviar et de poisson salé qui s’engraissent de leurs
travaux et de leurs dangers. Un de mes plus beaux jours fut celui où je persuadai un groupe de marins de
l’Archipel de s’associer en corporation, et de traiter directement avec les
boutiquiers des villes. Je ne me suis jamais senti plus utilement prince. (p.
125/127)
Nous
sommes aux antipodes de ce programme économique équitable avec nos représentants
politiques ultracapitalistes ou ultraconservateurs ou les deux à la fois.
Le Canada compte maintenant six provinces
dont les premier-ministres sont des ultraconservateurs : Dennis King,
Parti progressiste-conservateur, Île-du-Prince-Édouard; Blaine Higgs, Parti progressiste-conservateur,
Nouveau-Brunswick; Doug Ford, Parti progressiste-conservateur, Ontario; Brian
Pallister, Parti progressiste-conservateur, Manitoba; Scott Moe, Parti
saskatchewanais, Saskatchewan; Jason Kenney, Parti conservateur uni, Alberta.
Donc,
des provinces en parfaite harmonie avec la droite chrétienne intégriste de la
«Bible Belt» du sud américain – majoritairement républicaine.
Plusieurs observateurs se demandent si une guerre civile similaire à la Guerre
de Sécession ne pourrait pas surgir.
Un relent de «guerre de sécession» à
la canadienne
Jason
Kenney projette une image de conquérant à l’ambition illimitée. Il ne se soucie
pas du tout de la «crise climatique». Son plan de sauvetage économique pour
l’Alberta consiste à faire de la province une vache pétrolière qui desservira
le marché international – bien qu’il sache que les émissions de GES s’accroîtront
dramatiquement au pays. Il semble croire que le Canada appartient à l’Alberta
et que seul le pétrole peut sauver l’économie du pays. Il manque
d’imagination...
Durant sa campagne électorale, il avait
promis l’ouverture d'un centre de crise (war room) à savoir que le
gouvernement de l'Alberta pourrait
intenter des poursuites et s’opposer aux organisations non gouvernementales et
aux groupes de pression qui contestent les projets de pipelines canadiens.
L’idée avait enthousiasmé, pour ne pas dire enflammé, les sociétés pétrolières
et gazières et leurs dirigeants.
Les «verts» devront-ils étudier des stratégies militaires pour se défendre?
Le
profil «catholique» de Jason Kenney est révélateur. Il a épousé très jeune
l’idéologie de la droite chrétienne. Par exemple, alors qu’il étudiait en
philosophie à l’Université de San Francisco (Californie), il publia un article
où il accusait les catholiques américains d’ignorer les enseignements de
l’église. L’année suivante, en 1988, il s’en prenait aux étudiantes en droit
qui militaient pour le droit à l’avortement. En 1989, il organisait une
pétition pour que l’université californienne soit déclarée «institution
catholique» – l’archevêque refusa.
Ce qui fait du premier-ministre albertain
une voix importante pour la droite chrétienne soutenue par le Parti progressiste-conservateur
[1].
Les premiers ministres divergent sur
le pétrole de l'Ouest au Conseil de la fédération
Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir 12 juillet 2019
...
Une mésentente nuisant à l’unité canadienne, selon le chef du gouvernement albertain,
Jason Kenney.
«Le niveau de frustration et d’aliénation
qui existe en Alberta en ce moment à l’endroit d’Ottawa et de la fédération
est, j’en suis persuadé, certainement à son plus haut niveau de l’histoire
contemporaine de notre pays», a-t-il fait valoir, au terme de la rencontre
estivale des premiers ministres provinciaux et territoriaux, jeudi après-midi. «Trop souvent, il semble que nous avons des
partenaires dans la fédération, y compris à Ottawa, qui veulent nous écraser»,
a-t-il ajouté, aux côtés de ses homologues.
M. Kenney reproche au Québec de barrer la route au pétrole canadien destiné à
l’exportation, et ce, même s’il reçoit,
bon an mal an, des milliards de dollars
en paiements de péréquation provenant de l’Alberta, dont «près» de 13
milliards en 2019.
Qui
écrase qui? Le jour où les Albertains n’auront plus d’eau potable à cause de la
pollution qu’ils génèrent sur leur propre territoire, ils pourront supplier
Dieu de leur en procurer, et si ça ne marche pas, le Québec leur en enverra par
pipeline... en guise de péréquation.
Caricature : Serge Chapleau, La Presse avril 2019
Réclamer plus de pouvoirs en
environnement au détriment de l’environnement?
Alexandre
Shields, Le Devoir 13 juillet 2019
Que
se passerait-il si une pétrolière [Énergie Est / Trans Canada] présentait de
nouveau un tel projet de pipeline? Pour
le premier ministre albertain, Jason Kenney, il est évident que le gouvernement
fédéral dispose de tous les leviers décisionnels pour l’imposer aux provinces
récalcitrantes, dont le Québec. La récente décision de la Cour d’appel de
Colombie-Britannique dans le dossier Trans Mountain semble d’ailleurs lui
donner raison.
_____
[1]
Pourquoi ériger un «mur» entre la religion et l’État?
J’ai
cité les propos d’Hadrien au sujet de la révolte en Judée parce que symboliquement et physiquement Jérusalem est la pierre angulaire de l’idéologie politique
de la droite chrétienne évangélique, américaine et canadienne.
Stephen
Harper est un grand ami de l’état d’Israël – il l’a prouvé lors
de sa visite en 2014. Il était accompagné d’une délégation de 300
personnes incluant des ministres, 30 hauts dirigeants d’entreprise, 21 rabbins,
et six représentants de fédérations chrétiennes, dont la Trinity Bible Church, le groupe médiatique Crossroads Christian
Communications et les Pentecostal
Assemblies of Canada (membre de l'Alliance évangélique du Canada). Dans son
discours devant la Knesset il a déclaré : «Le droit à l’existence d’Israël
en tant qu’État juif est absolu et non négociable. Oui, je suis un sincère ami
de l’État d’Israël! Oui, je suis avec vous corps et âme!» Harper profita de
l’occasion pour réaffirmer la position de son gouvernement à l’encontre de
l’Iran.
Stephen Harper, est membre de l’église
évangélique presbytérienne Christian
& Missionary Alliance Church.
Durant son mandat, les chrétiens évangéliques mènent une lutte à finir contre
l'avortement et le mariage gai. Ils sont persuadés que nous vivons dans un
univers décadent sous l'emprise du péché. Ils croient que la fin du monde
approche et que le Canada est prédestiné à jouer un rôle de premier plan dans
le retour du Christ sur terre. Ces chrétiens évangéliques ont eu un accès
privilégié à Ottawa. En outre, plusieurs députés conservateurs, eux-mêmes très
religieux, s'affichaient publiquement dans les manifestations de ces chrétiens born again qui tentaient d'influencer
des décisions du gouvernement Harper. Qu’il s’agisse des droits des femmes, des
sciences, du climat ou de l’appui inconditionnel du Canada au gouvernement
d’Israël, Stephen Harper et ceux qui l’entouraient étaient à l’écoute de la
droite religieuse. De nombreux critiques s’inquiétaient des conséquences de ses
politiques sur les droits de la personne, les changements climatiques et la recherche
scientifique au Canada – et avec raison...
Caricature :
Aprilus, 30 janvier 2012. Harper Land / Armageddon
Understanding
Harper’s Evangelical Mission
Andrew Nikiforuk | The Tyee 14 Sep 2015
Signs mount that Canada’s government is beholden to a
religious agenda averse to science and rational debate
[...] For starters, Christianity Today pegged Harper as “The Smartest Evangelical
Politician You Never Heard Of” in 2006. Harper had a secret formula for not
being likened to George W. Bush or Sarah Palin, said the magazine. It included
“keeping his God talk below the media radar.” And Harper has maintained that
discipline. ...
Next comes
the union made by Big Oil and right-wing evangelicals in Alberta. When the Petroleum Belt linked to the Bible Belt
more than 50 years ago, the province forged a unique Republican-style political
culture. In fact, Harper’s views draw upon and are part of a tradition that
goes back to Ernest Manning and Sunoco president J. Howard Pew of oil sands
fame. [...]
À la droite de Harper 1 de 2
À la droite de Harper 2 de 2
Si
par malheur le dauphin de Harper, Andrew Scheer, prenait le pouvoir en octobre
prochain (tout est possible, puisque Trump a été élu président), on pourrait
s’attendre à un raz-de-marée évangélique et à une révision à la baisse de nos droits
et libertés si durement acquis depuis les années 1960.
Mais qu’est-ce que la droite
chrétienne?
C’est
une coalition religieuse aux visées politiques qui est composée principalement
d’évangéliques et de catholiques et protestants intégristes. Ils obtiennent
aussi parfois l’appui des mormons et de certains groupes juifs
fondamentalistes. Cette coalition se
fédère autour de causes communes telles que l’activisme antiavortement,
l’opposition aux droits des personnes LGBTQ et aux cours d’éducation sexuelle,
la promotion de la prière à l’école et de l’enseignement du créationnisme (ou
du dessein intelligent), la lutte contre
l’euthanasie, et la sauvegarde de la liberté religieuse. L’ordre du jour de
la droite chrétienne se résume essentiellement à ceci : l’idée d’un nationalisme
chrétien où l’établissement des «valeurs» judéo-chrétiennes est le fondement de
la loi du pays. [...] ~ André Gagné, professeur agrégé de l’Université
Concordia
Le
projet sociopolitique de la droite chrétienne :
Pourquoi
la droite chrétienne est-elle si concernée par le sort d’Israël?
– Pascal
Riché, L’OBS 14 mai 2018 : Si Donald Trump aide tant les Israéliens, ce
n’est pas seulement pour plaire à Benjamin Netanyahou. C’est aussi (surtout?)
pour séduire les fondamentalistes chrétiens qui composent une partie de sa base
électorale. Des Américains qui prennent
la Bible au sens littéral. On estime que plus de 80 % des blancs
fréquentant ces églises évangéliques ont voté Trump. Or, depuis une vingtaine
d’année, ces églises défendent bec et ongle Israël. Pas forcément par sympathie pour les Israéliens, mais parce qu’ils préparent
le retour du Messie et la fin du monde. Or, dans le scénario que ces
églises ont dessiné à partir de l’apocalypse de Saint Jean et d’autres textes [de
l’Ancien testament], le peuple juif doit revenir à Jérusalem, y reconstruire le
temple et se battre à mort avec ses voisins. Pour ces églises évangéliques, les
événements actuels au Proche-Orient s'inscrivent dans ce programme prophétique
: l'instauration d’un ordre mondial satanique, le retour du peuple d’Israël à
Jérusalem, la chute de Babylone (est-ce Bagdad, ou, disent certains, Téhéran?),
la grande bataille contre l’Antéchrist («Armageddon»), les désastres naturels
et au final, l’enlèvement au ciel des bons chrétiens et des juifs convertis
("the rapture"). Commenceront alors les temps paradisiaques, avec
Dieu vivant éternellement au milieu des hommes. Petit détail qui a son
importance : dans ce scénario
eschatologique, les deux tiers du peuple d’Israël périssent dans la bataille de
l’Armageddon. Et seuls les survivants qui se convertissent échapperont à
l'enfer. Autrement dit, ces chrétiens flattent les Israéliens… tout en
étant convaincus qu’ils sombreront. D’où les pressions de cette droite
religieuse sur la Maison-Blanche, pour que Trump agisse au Proche-Orient : il s’agit d’accélérer le processus pour
hâter la venue du Christ.
– Christian
Latreille, ICI Radio-Canada 18 octobre 2018 : Les évangéliques américains
représentent une force politique incontournable en vue des élections de
mi-mandat, le 6 novembre. Ils sont plus de 62 millions d'adultes aux États-Unis
qui s'identifient comme évangéliques protestants. Quelque 61 % d'entre eux,
pour la plupart des Blancs, ont appuyé Donald Trump en 2016.
La
«Bible Belt», un bastion du fondamentalisme religieux dans le sud du pays, est
une terre promise pour les républicains, puisque le vote de ces électeurs leur
est assuré dans une douzaine d’États.
En Alabama, dans la petite ville d’Arab, une
centaine d’évangéliques sont venus prier, un soir d’octobre, avec le pasteur
Daniel McGehee à la petite église baptiste du coin. Leur dévotion à
Jésus-Christ est totale et leur foi en Donald Trump, inconditionnelle.
L’actuel président a réussi à convaincre ces
fidèles de voter pour lui en se prononçant contre l’avortement, en nommant des
juges conservateurs à la Cour suprême et en déménageant l’ambassade américaine
en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
La
création d’Israël est l’oeuvre de Dieu, selon la Bible. Les évangéliques
attendaient, depuis longtemps, ce déménagement promis par plusieurs présidents
américains. [...]
Les
évangéliques fidèles à Donald Trump :
Au
fond, la mission des évangéliques est peut-être plus simple qu’on n’imagine. De
par leur idéologie libertarienne, ils sont déterminés à éliminer l’État providence, et pour compenser, ils incitent
les gens vulnérables à se tourner vers l’Église
providence qui fait des miracles – «tu as le pouvoir de sortir de ta merde,
mais uniquement si tu crois en Dieu et suis ses enseignements». Big deal!
Tar sand poop
Il
était une fois un moineau non conformiste qui avait décidé de ne pas voler vers
le sud pour l'hiver. Bientôt, la température devint si froide, qu’à contrecoeur
il se résigna à partir. En peu de temps, de la glace se forma sur ses ailes et
il tomba par terre dans une basse-cour. Une vache passant par là, lâcha une
bouse sur le moineau. L'oiseau crut que c'était la fin. Mais le fumier le
réchauffa et dégela ses ailes. Au chaud et heureux, il commença à chanter.
C'est alors qu'arriva un chat. Il entendit le gazouillis, déblaya le fumier et
mangea l'oiseau.
Imaginez
la morale qui vous convient...
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