30 juillet 2019

La «route de l’agrile»

L’émission de Boucar Diouf portait sur un insecte envahissant et indésirable. Notre industrie forestière, qui déboise entre autres pour le papier-cul des Américains, ne suffisait pas, il nous fallait un insecte pour donner un coup de barre à notre beau projet : zéro arbres.


La nature selon Boucar
ICI Première, 27 juillet 2019

La voracité de l’agrile du frêne est en train d'engendrer une catastrophe écologique, car elle décime les populations de cet arbre. Quel est cet insecte et comment menace-t-il tant le frêne?
   L’agrile du frêne est un coléoptère qui vient d’Asie (Chine, Corée, Mongolie). Il a été détecté une première fois à Détroit et en Ontario en 2002. Il serait cependant arrivé en Amérique du Nord bien plus tôt, vers 1990, par le transport maritime.
   Aujourd’hui, il est présent dans 35 États des États-Unis et dans 5 provinces du Canada, soit au Québec, en Ontario, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.
   L’agrile du frêne commence à s’accoupler une semaine après avoir atteint le stade adulte. La femelle commence à pondre des œufs deux semaines plus tard et les cache sous l’écorce. Elle pond entre 60 et 200 œufs par semaine et vit près de 4 semaines.
   «C’est un insecte coriace, qui, sur le plan biologique, est difficile à travailler dans tous les sens du terme. Ces arbres ne disparaîtront pas tous de la carte du Canada,  mais la population de frênes va tellement descendre rapidement que d’autres espèces compétitrices vont remplacer la forêt.» ~ Pierre Gingras, chroniqueur horticole

L’agrile du frêne et la lutte biologique (transcription) :

Lorsque l’on parle de millions de morts, d’armes biologiques, d’un ennemi qui gagne rapidement du terrain et dévaste tout sur son passage, qui se cache, qui creuse des tunnels et des tranchées pour mieux assiéger et couper les vivres à une population, il n’y a pas à dire, on est en guerre. Par la force du nombre, l’agrile, ce petit coléoptère, nous livre une dure bataille qu’on ne gagnera jamais sans des alliés naturels. Mais dans l’intérêt général, j’espère qu’avant de rendre les armes cet ennemi coriace qui pille les ressources de son refuge jusqu’à causer sa mort va nous donner une bonne image miroir de l’humanité. Et pour cause.
   Pris entre l’arbre tendre de la protection environnementale et l’écorce bien mince mais trop dure du développement économique, l’humain se tue aussi petit à petit à siphonner tout ce qu’il peut d’un écosystème en phase terminale. Nous sommes huit milliards à peser de notre poids collectif sur une branche qui s’approche dangereusement du point de rupture. Quand, ne réalisant pas la gravité de la situation, l’humain aura scié l’unique branche sur laquelle il pouvait s’asseoir, la chute fatale qui nous attend, on ne l’aura pas volée.

Carte de la «route de l’agrile»

Ces bibittes arrivées clandestinement (transcription) :

Bien avant que la mondialisation des cultures ne soit d’actualité, celle des bibittes se faisait discrètement à l’abri des regards. Mais là, je ne parle pas de celles que votre voisin un peu courailleux  a ramenées de son dernier voyage dans le Sud. Je ne parle pas non plus de ce qui se passe au Village olympique à des milliers de jeunes dans la fleur de l’âge qui décident de donner un autre sens à la devise «plus haut, plus loin, plus fort».
   Sur le continent américain si certaines bestioles ont été invitées et se sont installées, d’autres sont arrivées clandestinement. [...] Prenez la carpe asiatique. Les carpes asiatiques, on les a invitées, elles ne sont pas arrivées comme ça. Elles menacent maintenant le système du Saint-Laurent. Elles ont été introduites dans le Sud des États-Unis dans les années 1970 pour nettoyer les étangs d’élevage de poissons, elles mangeaient les algues et autres parasites. Depuis elles se sont retrouvées jusque dans le Mississipi, puis elles ont monté jusque dans les Grands Lacs, et elles menacent le système du Saint-Laurent. Une invasion qui a des conséquences écologiques et économiques dramatiques. Ça c’est connu. Le problème avec ces carpes, et moi je le dis souvent, le plus gros problème, c’est pas qu’elles sont voraces et énormes, c’est qu’on ne sait pas quoi faire avec ces carpes. Parce que même les Chinois ne les mangent pas. Et quand les Chinois ne mangent pas quelque chose, c’pas une bonne idée de mettre ça à ton menu, ok? (Rires) Savez-vous quoi, comme biologiste, je m’incline devant la grande capacité de la Chine  à valoriser la biomasse terrestre quand vient le temps de manger, ça il faut le saluer. [...] C’est un fait, quand l’homo sapiens commence à trouver un animal délicieux, cette proie peut aller tout de suite s’inscrire sur la liste des espèces en voie de disparition.
   L’agrile du frêne fait partie des bestioles qui sont venues clandestinement en containeurs, de la Chine. Sans prédateur naturel dans son nouveau milieu d’adoption, le coléoptère a trouvé le champ libre pour mettre en place son programme de destruction. Il a décimé des dizaines de millions de frênes et coûté des milliards en programmes de lutte et de prévention.
   Une chose surprenante, encore plus surprenante, sur cet insecte. Une recherche menée par le Département des eaux et forêts américain a démontré que la mortalité humaine était plus élevée dans les endroits où les arbres ont été décimés par ce parasite. Ça veut dire quoi ça? Cette mortalité était marquée par une augmentation des maladies cardiovasculaires et des problèmes respiratoires. On le sait, le pouvoir assassin du coléoptère s’explique entre autres à cause du rôle de premier plan que jouent les arbres dans la dépollution de l’air en milieu urbain. Là où vous avez des arbres, l’air est plus pur. Si l’agrile du frêne arrive et fait disparaître tous les frênes d’un quartier il n’y a plus rien pour tamiser l’air et donc les maladies respiratoires peuvent augmenter et par conséquent la mortalité aussi. Comme quoi, l’agrile du frêne n’a pas fait que décimer des arbres en Amérique, elle a aussi semé la mort sur son passage.

Audiofil

Carte des «routes de la soie» (Le Point.fr)

Impossible d’ignorer la similitude avec l’invasion entrepreneuriale chinoise. Leur arrogance et leur agressivité me rendent furieuse, je n’ai pas honte de le dire. Lorsqu'une espèce (incluant l’humaine) réussit à coloniser un territoire, elle devient alors une espèce invasive, et les conséquences peuvent être catastrophiques. Certaines populations humaines agissent comme des prédateurs invasifs. Quand une catégorie de prédateurs humains s’introduit soudainement dans des environnements où les populations ne connaissent pas leurs techniques de prédation, elles n’arrivent pas à s’adapter. La croissance des échanges internationaux augmente le risque de propagation des espèces humaines invasives.
   Je me souviens des autocars remplis de hordes de Chinois venus explorer les Hautes Laurentides, à Mont-Tremblant par exemple, en vue d’acquérir des propriétés et des terres. C’était au début des années 2000. Aucun savoir-vivre, aucun respect de l’environnement, et des comportements à dresser les cheveux sur la tête, notamment en matière d’hygiène. 
   À une certaine époque, allez dans le Chinatown à Montréal était un parcours de combattant. Les ordures longeaient les façades de restaurants – il ne fallait surtout pas visiter les cuisines – et les ruelles puaient le poisson en décomposition, au grand bonheur des rats et des chats errants. D’ailleurs on disait que les Chinois remplaçaient le poulet par des chats dans leurs menus. Je n’ai aucune difficulté à le croire puisqu’ils mangent leurs chiens et leurs chats dans leur pays. À un moment donné, les inspecteurs municipaux en sécurité sanitaire et alimentaire ont mis le nez dans le quartier et contribué à améliorer la salubrité des lieux. 

Festival annuel de viande de chien Yulin. Une horreur qui ne passerait pas au Canada... 


Bon, je ne mets pas tous les Chinois dans le même panier. Parmi les 1 384 688 986 d’individus (juillet 2018), il doit sûrement y en avoir quelques milliers qui ont du bon sens. On dit que la population a diminué – c’est peut-être parce qu’ils déménagent par bandes en d’autres pays oû ils pourront se reproduire à volonté...

Inconscient, sadique, cruel
Comment peut-on imaginer une chose aussi stupide?!

Des animaux piégés vivants dans des porte-clés pour le divertissement, vendus 1,50 $ en Chine

China Watch Canada | 20 juin 2019

Une étrange tendance s'est répandue en Chine, et de nombreuses personnes dans d'autres régions du monde sont horrifiées. Les défenseurs des droits des animaux sont particulièrement contrariés par le fait que les Chinois gardent des poissons, des tortues et d'autres amphibiens vivants comme souvenir sur leurs porte-clés.
   Ces breloques sont simplement de petits sacs en plastique qui contiennent juste assez d'eau pour permettre à l'animal de survivre.
   Le sac contient également une petite quantité d'oxygène cristallisé et d'autres nutriments pour garder les animaux à peine en vie. Cependant, la créature est piégée dans une minuscule prison pour le plaisir de son propriétaire.

Si tu ne peux pas différencier le bien du mal, c’est que tu manques de sensibilité et d'empathie. Ça s’apprend. Mais ce n’est probablement pas au programme scolaire chinois, pas plus que le respect des droits de la personne et de l’environnement.  

Les animaux ne survivent en fait que peu de temps dans leur petite prison, donc si le propriétaire veut que son animal survive, il doit couper le sac de plastique et le libérer.
Malheureusement, tout le monde ne se donne pas cette peine. Certaines personnes laissent simplement mourir les animaux et les jettent ensuite.
   Ces étranges souvenirs sont souvent vendus à l'extérieur des gares de train et de métro pour aussi peu que 1,50 $.


Voici un excellent article de Manon Cornellier au sujet du conflit «diplomatique» entre le Canada et la Chine. Nous n’avons pas de prisons chinoises, du moins pas encore, et la madame Meng vit dans l’une de ses deux résidences de luxe à Vancouver. Alors, pas de quoi s’énerver. Jinping n’a qu’à demander à Trump de lâcher prise sur sa demande d’extradition. Quoiqu’il soit, rien n’empêchera la Chine de poursuivre son expansion ici et ailleurs. Elle s’attaque à l’Arctique. Et aussi au Grand Nord du Québec, notamment par le biais de sa haute technologie Huawei 5G. Ce qui lui fournira une base extraordinaire d’espionnage et de surveillance; une confortable emprise sur tout le Canada. Et tandis que tout le monde s’inquiète du péril musulman, personne ne s’alarme du péril chinois qui rampe comme l’agrile du frêne sous l’écorce de l’arbre. Nous n’avons pas les yeux vis-à-vis des trous. Plus j'en apprends sur les comportements chinois, plus mon estime décroît à la vitesse 5G. 

Carte de la «route de la soie polaire»

Les limites du charme
Manon Cornellier | Le Devoir 29 juillet 2019

La filiale canadienne du géant chinois des télécommunications Huawei est sur les dents. La crise diplomatique entre la Chine et le Canada, provoquée par l’arrestation de la directrice financière Meng Wenzhou à la suite d’une demande d’extradition américaine, mine la position commerciale de l’entreprise et son image dans l’opinion publique. En plus, Ottawa tarde à se prononcer sur la participation de Huawei au développement du réseau sans fil de cinquième génération (5G) canadien.

Pour tenter de renverser la vapeur, Huawei Canada a lancé une opération charme, avec publicité, lobbying et, surtout, l’annonce lundi dernier de son soutien au déploiement, d’ici 2025, de services haute vitesse sans fil dans au moins 70 communautés nordiques, dont 50 dans le Nord-du-Québec.

Pour ces collectivités, c’est évidemment une bonne nouvelle. Dans son rapport de l’automne dernier sur la connectivité des régions rurales et éloignées, le vérificateur général soulignait qu’en 2016, seulement 39 % des Canadiens de ces régions avaient accès à l’Internet haute vitesse, soit 5,4 millions de personnes dépendantes d’un service plus lent. Le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie déplorait aussi ce fossé numérique dans ses rapports du printemps 2018 et de juin dernier.

Depuis des années, le gouvernement fédéral, le CRTC, les provinces et l’entreprise privée promettent d’y voir, mais malgré les demandes répétées de comités consultatif et parlementaire, Ottawa tarde à se doter d’une stratégie digne de ce nom. Il a des programmes, a promis des investissements, dont environ 6 milliards sur 10 ans inscrits dans le dernier budget. Il s’y fixe d’ailleurs pour cible de connecter à des services haute vitesse 95 % des ménages canadiens d’ici 2026 et 100 % d’ici 2030. Mais dans sa réponse au comité parlementaire, il ne fait pas mention d’une stratégie, préférant une approche dite englobante axée sur le marché et reposant sur des investissements privés et publics.

L’annonce de Huawei fait donc son affaire, puisqu’elle contribue à l’atteinte de ses objectifs. Elle est d’autant plus utile que le vérificateur général avait conclu que la politique du ministère de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie était inefficace à la lumière des sommes engagées et en l’absence d’une vraie stratégie assurant une optimisation des dépenses publiques.

Mais quel est l’intérêt véritable de Huawei dans cette affaire? Est-on face à une entreprise simplement désireuse d’entrer dans les bonnes grâces des Canadiens ou à une compagnie qui exploite une faille canadienne pour faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire charmer d’un côté et, de l’autre, servir les intérêts du gouvernement chinois?

La question se pose, et Ottawa devrait être aux aguets avant de permettre à l’entreprise chinoise une position quasi monopolistique dans des communautés trop petites pour attirer la concurrence en matière de technologie sans fil. La Chine a des visées sur l’Arctique, comme le décrivait bien un reportage de Radio-Canada au printemps dernier.

Le gouvernement chinois ne s’en cache d’ailleurs pas. En janvier 2018, il a publié un livre blanc décrivant ses ambitions d’édification d’une «route de la soie polaire» qui mise sur l’ouverture des voies maritimes arctiques pour, entre autres, accéder aux ressources. Ses entrepreneurs sont déjà actifs dans l’Arctique canadien et au Groenland. Des communautés inuit ont été approchées avec des propositions d’investissements dans des infrastructures importantes.

Huawei est une entreprise chinoise, soumise à la loi chinoise. La réponse musclée de Pékin à l’arrestation en décembre dernier de Mme Meng démontre l’importance stratégique de ce fleuron industriel pour les autorités chinoises. La détention arbitraire de deux Canadiens accusés faussement d’espionnage et les représailles commerciales contre des produits agricoles d’ici ne visent qu’à forcer le Canada à refuser l’extradition de cette femme qui fait face à des accusations de fraude aux États-Unis.

Le vice-président des affaires commerciales de Huawei Canada, l’ancien conseiller conservateur Alykhan Velshi, a déploré lundi dernier le traitement réservé aux deux Canadiens incarcérés et a insisté sur l’indépendance de son entreprise. Malheureusement pour lui, ce n’est pas au Canada qu’il trouvera solution à ses problèmes; la source de ses ennuis est à Pékin et pas ailleurs.  


Ndlr : Le néodémocrate albertain Brian Topp avait déjà fait part de ses inquiétudes face au nombre d'investisseurs étrangers dans le secteur énergétique : «La seule stratégie énergétique, industrielle et commerciale du Canada c'est de ne pas en avoir et d'inviter les pays étrangers à venir se servir dans nos ressources brutes pour en profiter chez eux», écrivait-il dans une tribune publiée dans la presse en 2012, où il citait entre autres les pratiques de la Chine, des États-Unis et du Brésil.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire