10 juillet 2019

Plus rien à protéger

Un jour, les politiciens vont se réveiller et constater qu’il n’y a plus rien à défendre parce que nous avons détruit le monde aussi efficacement qu’un holocauste nucléaire le ferait. (Lee Durrell, The State of the Ark, 1986)

Vox pop «L’Europe vue par les Belges» par Guillaume Meurice :
G.M. : Il faut l’avouer, la politique belge reste très compliquée.
Rép. : Mais non, c’est pas compliqué. Y’a que des cons. Qui sont dirigés par des cons. Mais comme on est moins cons qu’eux, on va diriger, tout simplement.
G.M. : Vu comme ça, c’est pas compliqué. Et c’est pas con.  

Il a bien raison ce monsieur...

Le topo d’aujourd’hui, loin d’être comique, est une conséquence directe de la folie des gérants autoproclamés de la planète, obstinés pour ne pas dire bouchés. On devrait les faire nager au milieu du fleuve parmi les cargos citernes et les baleines... après quelques bolées de Drano (marque de débouche-tuyaux), peut-être qu’ils réaliseraient que leurs projets n'ont ni queue ni tête.

Photo : NOAA / Leah Crowe. Baleine franche, 5 juin 2019 :  


J’ai rassemblé quelques données au sujet des baleines. J’oublie pour l’instant les massacres de baleines et de dauphins par les Japonais, les massacres de requins par les Chinois, le retour en force de la pêche au thon non contrôlée, le tourisme de masse en mastodontes océaniques; ainsi que la pollution au plastique, notamment les microbilles, et les microfibres invisibles non filtrées (libérées dans l’eau par millions à chaque brassée de vêtements contenant du plastique comme le polyester et le nylon). Ah oui, j’oubliais : les filets, les cordages et les cages (à homard ou crabes par exemple) sont en plastique : plus solides et résistants. Et comment, ils seront là pour l’éternité.

En passant, je m’en voudrais de ne pas relayer cette bonne nouvelle : nos usines d’épuration d’eau ne sont pas suffisamment perfectionnées pour filtrer les pesticides cancérigènes, mais le cyclophosphamide (un médicament utilisé en chimiothérapie) ne l’est pas non plus. Formidable, car vous buvez à la foi le poison et son remède, c’est de la prévention...

Des médicaments dans l’eau potable
Alain Goupil | La Tribune | 10 juillet 2019

[Selon une étude récente] ...sur un total de 70 produits chimiques examinés, les chercheurs ont pu identifier neuf composés pharmaceutiques et six catégories de pesticides. La caféine, l’atrazine (utilisé en agriculture comme pesticide) et le naproxène ont été les trois contaminants les plus fréquemment détectés dans 29 %, 24 % et 21 % des échantillons. Certains perturbateurs endocriniens, tels que l’atrazine  et le carbamazepine (utilisé notamment dans le traitement de l’épilepsie) ont aussi été identifiés dans le cadre de cette étude.
   Mais La principale découverte réside dans la présence de deux produits pharmaceutiques dont les risques pour la santé humaine sont qualifiés de préoccupants : le cyclophosphamide, un cancérigène connu chez l’humain, et le fongicide thiabendazole. «La cyclophosphamide est un médicament utilisé en chimiothérapie dans le traitement de certains cancers et pour affaiblir le système immunitaire. C’est aussi un médicament cytotoxique (cellules), génotoxique (gènes) et antinéoplasique, même à faible concentration. Nous l’avons détecté à plusieurs reprises et de manière cohérente au cours de cinq mois sur sept, dans plusieurs municipalités», souligne M. Husk.
   – Mais est-ce que l’eau embouteillée représente une alternative valable?
   – Je ne crois pas. L’eau embouteillée vient bien souvent de sources souterraines. On dit qu’elle est traitée, mais est-elle traitée contre tous les contaminants? Je ne crois pas.    


Plongeons donc dans ces eaux troubles où pataugent nos pauvres baleines désorientées qui entrent en collision avec des cargos, s’empêtrent dans des engins de pêche, s’échouent et meurent. Cet été, plusieurs carcasses de baleines noires ont été découvertes en un temps record. Principales causes : collisions et empêtrements.

Baleines en direct, 9 juillet 2019 – Une carcasse de béluga s’est échouée sur les rives du Saint-Laurent le 4 juillet. Elle a été identifiée comme DL0584, une femelle connue des chercheurs depuis 1990. La nécropsie effectuée par l’équipe du vétérinaire Stéphan Lair le confirme. Huit carcasses de bélugas du Saint-Laurent ont été retrouvées jusqu’à maintenant cette année. Ce nombre ne représente pas le nombre réel de décès, mais bien celui des carcasses découvertes.

Bilan baleines noires et bélugas 2019

Les impacts des activités humaines et industrielles sur les cétacées 

À toutes les pollutions connues et visibles en milieux marins s’ajoute la délétère pollution sonore invisible. À l’heure actuelle, le bruit extrême menace toute la vie marine : bruit induit par les tests militaires au sonar, la recherche de pétrole et de gaz, les immenses hélices de bateaux.

Beaucoup de gens ignorent que les êtres vivants sont de véritables tables de résonance, particulièrement, les mammifères, dont nous faisons partie. Le malheur, c’est que nous sommes plutôt inconscients des effets des sons et du bruit dans notre corps. Nous sommes devenus sourds et physiquement désensibilisés. Certains sons et bruits sont porteurs de fréquences destructrices qui ont la capacité de désintégrer la matière, littéralement. Les polluants chimiques ne sont pas les seuls coupables des désordres cellulaires pouvant causer des problèmes cardiaques, des cancers…  

«Les baleines sont des mammifères, ce qui signifie que ce sont des animaux à sang chaud, qu'elles donnent naissance et s’occupent de leur progéniture, comme nous! Leur intelligence se mesure, et elle est même comparable à la nôtre.
   Les cétacées jouent un rôle important dans notre écosystème marin, et il n'y a pas de doute que ces créatures devraient être appréciées et respectées. Malheureusement, l'activité industrielle, les exercices militaires, l’exploration pétrolière et l’expansion du trafic maritime augmentent de plus en plus la pollution sonore subaquatique, à des niveaux extrêmement dangereux.» (Care2  http://www.care2.com )  

Animation didactique (limpide!) :



Silent oceans – Campaign against ocean noise pollution:

Le bruit des océans, le silence des baleines
La semaine verte | ICI Radio-Canada | 8 juin 2019

On croyait les océans silencieux, vierges de presque toute pollution sonore. Mais la réalité est tout autre. Les bruits sous-marins générés par l’homme ont doublé chaque décennie depuis 50 ans, en raison notamment du trafic croissant de la marine marchande. L'impact de cette nouvelle forme de pollution sur les baleines inquiète de plus en plus de scientifiques. Une de nos équipes a suivi des chercheurs qui tentent d'en mesurer les effets dans le Saint-Laurent. (Rivière Saguenay, Golfe Saint-Laurent, fleuve Saint-Laurent)
   Une pollution invisible des plus dommageables. Les mers sont de formidables amplificateurs. Le son voyage quatre fois plus vite dans l’eau que dans l’air et surtout, ils se propagent sur de plus grandes distances. La navigation altère les communications des baleines. On évalue que le bruit dans les océans double à chaque décennie en raison du transport maritime. Au Bic, les excursions d’observation des baleines se fait en plein cœur de l’habitat des bélugas. Sur le plan de l’acoustique, les bélugas vivent dans un milieu industriel. Par ailleurs, le trafic maritime à l’embouchure du Saguenay réduit de deux tiers l’espace acoustique des bélugas. (Journaliste-réalisateur : Gilbert Bégin)  

Vidéo :

«La prochaine fois que vous vous baignerez à l’extérieur par une journée d’été et qu’un bateau passera près de vous, plongez la tête sous l’eau et écoutez. Vous découvrirez que le son du bateau est beaucoup plus fort sous l’eau. Ce phénomène s’explique par le fait que le son voyage beaucoup plus efficacement dans l’eau que dans l’air. Imaginez ce que le vrombissement d’un navire-citerne ou d’un traversier au système de propulsion bruyant qui file à toute allure peut produire chez une baleine; il doit probablement l’irriter ou même la blesser.
   Les baleines sont très sensibles au bruit puisqu’elles communiquent entre elles par les sons et certaines les utilisent même pour chasser leur nourriture. L’ouïe offre une manière beaucoup plus efficace que la vue (le sens le plus utilisé par les humains) pour garder le contact dans l’océan, car la lumière ne peut pas pénétrer dans les profondeurs de l’eau, ce qui empêche les baleines de voir très loin autour d’elles. En utilisant les sons, les baleines peuvent communiquer sur de longues distances, ce qui leur permet de rester en groupe, d’éviter que les jeunes ne s’éloignent, de trouver des partenaires de reproduction et de rester à l’affût des autres animaux dans les environs.»
~ Kim Davies, titulaire de bourse de recherche postdoctorale Liber Ero, département d’océanographie, Université Dalhousie


On ne recense plus que 412 baleines franches à travers le monde
National Geographic, 3 juillet 2019

Les baleines franches de l’Atlantique nord, également appelées baleines noires ou baleines franches boréales, sont en danger critique d’extinction; il ne reste que 412 spécimens dans le monde et leur mortalité croît depuis juin.
   La baleine franche boréale est une espèce à la longévité autrefois insoupçonnée, certains spécimens pouvant vivre jusqu’à 200 ans. «Il nous est arrivé un jour de retrouver une baleine dans laquelle se trouvait une tête de harpon inuit fichée dans la chair, fabriquée au 18e siècle», affirme un chercheur. Cette population à la longévité surprenante se reproduit cependant peu, sa fréquence de reproduction étant d’un baleineau par décennie. «Pendant plusieurs décennies déjà, les naissances arrivaient tout juste à contrebalancer la mortalité naturelle des baleines. Aujourd’hui, on vient rajouter sur une population qui a décru ces dernières décennies, des causes de mortalité supplémentaires, qui existaient déjà certes, mais qui sont aujourd’hui beaucoup plus fréquentes.»
   Seul problème, le golfe du Saint-Laurent est une des principales voies maritimes d’Amérique du Nord, tout comme le golfe du Maine. Les zones de concentration de ces baleines sont donc bien exposées à ce fort trafic maritime, important économiquement, auquel viennent se rajouter les problèmes de prise accidentelle dans des outils de pêche.
   «Il faudrait vraiment ralentir encore plus la vitesse des bateaux et interdire la pratique de certaines pêches, dans des secteurs entiers. Aura-t-on le courage politique de prendre ces mesures pour sauver l’espèce? Je ne sais pas», conclut le chercheur.


Je rêve du jour où les élus cesseront de nous mener en barge...!

Ottawa ouvre la porte à l’exploitation pétrolière dans les «refuges marins»

Le gouvernement Trudeau entend autoriser l’exploitation pétrolière et gazière dans des milieux marins pourtant dûment protégés pour leur importance en matière de biodiversité. Mais pour cela, l’exploitation d’énergies fossiles devra être «conforme aux objectifs de conservation» de ces «refuges marins». Onze de ceux-ci se trouvent en eaux québécoises.
   Le gouvernement fédéral a notamment décidé de maintenir l’autorisation d’«activités économiques» dans les «refuges marins», dont l’exploitation pétrolière et gazière, la pêche commerciale et une éventuelle exploitation minière.

Alexandre Shields | Le Devoir | 25 avril 2019

Visitez le site de Joshua Horwitz, auteur de War of the whales (La guerre des baleines) pour mieux comprendre l'ampleur du problème. Joshua Horwitz est le fondateur des éditions Living Planet Books (Washington, DC), des publications rédigées par des scientifiques, des médecins et des psychologues réputés, concernés par l’avenir de la planète. http://warofthewhales.com/

Résumé du livre par l'auteur : 
 

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