8 juillet 2019

Le «drink» de la dernière heure

Bientôt dans toutes les succursales : GNL Québec Gin à base de gaz naturel liquéfié. Parfait pour vos cocktails dinatoires VIP. Sera testé auprès des consommateurs du Saguenay. Tchin-tchin!

Bon, y’a quelques impuretés, mais comme pour la lie de vin, il faut laisser déposer...


Dans sa chronique «Donner du temps au temps» (05.07.2019), Josée Blanchette a publié le message d’un exproprié de GNL Énergie Saguenay. 


JOBLOG

Souvenirs du Saguenay et peine de maison bis

Madame,

J’aurais pu commencer mon message comme dans le film Souvenirs d’Afrique : «J’avais une plantation en Afrique.» J’aurais pu vous dire : «J’avais une superbe terre au Saguenay»...

Nous avons été expropriés l’an dernier. À la même date l’année dernière, je faisais mes boîtes; je dormais à peu près trois petites heures par nuit.

Une expropriation pour trois projets tous aussi fous les uns que les autres : GNL Saguenay, Black Rock et Ariane phosphate, de l’autre côté du Saguenay, face à notre ancienne demeure. Vraiment, de l’administration Tremblay (le Tartuffe fou), à l’administration Néron, c’est comme passer de Charybde en Scylla. Rien de moins. Dans la région la plus polluée du Canada qui compte quatre alumineries, le département d’oncologie local verra sa collection de cancers industriels s’étendre, nous qui en avions déjà toute la panoplie.

Par la fenêtre, j’ai regardé le bel escalier, les armoires et l’îlot à l’intérieur, les beaux planchers de bois franc qui ont vu défiler les p’tits pieds des enfants pendant toutes leurs années de croissance. Puis, j’ai regardé longuement chaque bel arbre qui nous servait d’ombrelle durant les chaudes journées d’été. Je suis allé au jardin, méconnaissable, où j’ai récolté quelques dernières asperges. Je ne veux plus voir. Je ne reviendrai plus.

À l’heure où j’écris ces lignes, notre demeure gît, quelque part, dans un dépôt de matériaux secs. Elle fera désormais partie des corps non réclamés, anonymes, comme dans les morgues des grandes villes insignifiantes. Comme le dit Alain Denault dans sa Médiocratie, l’État est en état d’affolement. Le conseil municipal actuel, constitué pour l’essentiel de «suiveux» et de poules sans tête, continue la parade lancée par Jean Tremblay et son conseil profondément stipendié. Dans son ouvrage, Deneault dit : «On s’éloigne de l’appréciation des choses en s’obligeant à passer par la monnaie pour en mesurer la valeur. La culture de l’argent fait écran […] les médiocres ont pris le pouvoir.»

Gérard

Note : Josée Blanchette avait publié un article émouvant intitulé «Les peines de maisons» (21.06.2019)

Vos peines à vous
Je vous ai sondés, mes amis FB : 121 commentaires plus tard, vous avez été nombreux à vous épancher sur vos peines d’amour immobilières. Et le terme «immobilier» (mobilis, en latin, «qui peut être déplacé») est trop réducteur pour décrire cet arrachement souvent involontaire, divorce de soi, perte de repères, des quatre points cardinaux et d’horizons familiers.

Article intégral


Toujours le même argument absurde : polluer le pays pour dépolluer le monde. Remplacer une énergie fossile par une autre n’est pas une solution. Le gaz naturel, bien que incolore, est une énergie sale extrêmement polluante.

Presse Canadienne : On propose le gaz naturel comme solution de rechange pour produire de l'électricité en libérant moins d'émissions. Mais un rapport indique que la libération fugitive de méthane – comme les petites fuites – à toutes les étapes de l'extraction et de la livraison du gaz contredit cette idée.
   Le méthane est un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone, dont l'effet de réchauffement est environ 30 fois plus élevé. Le méthane est également la principale composante du gaz naturel et est responsable du quart du réchauffement climatique que le monde a connu jusqu'à présent.
   «Même aujourd'hui, on dit encore que le gaz naturel constitue un pont entre les énergies renouvelables, ce qui est totalement contraire aux faits», a déclaré Ted Nace, directeur général du Global Energy Monitor.  

Gaz naturel à Saguenay : la CAQ dissipe les doutes

Patrice Bergeron | La Presse Canadienne | 6 juin 2019

Le gouvernement caquiste a dissipé les doutes, jeudi, quant à son appui au projet controversé de pipeline et d'usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay destiné à l'exportation.
   Le premier ministre François Legault avait déjà exprimé un intérêt favorable envers le projet Énergie Saguenay de GNL Québec, tandis que son ministre de l'Environnement, Benoit Charette, avait laissé entendre qu'il pouvait dire non au projet.
   Or jeudi matin, le ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a exprimé son soutien sans équivoque en Chambre. Il a repris l'argument du promoteur selon lequel l'usine allait réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde – une hypothèse qui est pourtant contestée. «Ça va réduire de manière formidable, formidable, les GES à travers le monde, on va en faire la démonstration, et c'est sur cette base-là, environnementale, que la décision sera prise. Mais 14 milliards d'investissements au Québec, on est pour ça, on est très pour ça.»
   Il répondait à la députée de Mercier, Ruba Ghazal, de Québec solidaire, qui a demandé au gouvernement de cesser de promouvoir le projet «qui va émettre 17 fois plus de gaz à effet de serre» que la cimenterie de Port-Daniel en Gaspésie, un autre projet industriel controversé.
   Ainsi, dans ce scénario, la moitié des exportations de l'usine de GNL (50%) sont destinées à l'Asie, et elles serviraient alors de substitut au charbon, donc, une réduction de GES.
   Une autre part des exportations, 40 %, est destinée à l'Europe : mais seulement une proportion de 13% servirait à remplacer du charbon, tandis qu'un autre bloc de 13% remplacerait du nucléaire - donc des émissions supplémentaires de GES, puisque l'énergie nucléaire n'en émet pas. Le dernier bloc de 13 % servirait uniquement à supplanter du gaz naturel provenant d'une autre source d'approvisionnement.
   Enfin, le solde de 10 % restant en exportations serait destiné au Brésil, où il ne remplacerait aucune autre source et s'additionnerait simplement au bilan carbone.
   Dans le document, on peut lire que «CIRAIG ou les membres du comité de revue critique ne sont pas en position d'entériner le scénario d'exportation».
   Le projet dans son ensemble consiste en la construction d'un gazoduc de 750 km qui irait de l'Ontario transportant du gaz de l'Ouest jusqu'à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour ensuite l'exporter à l'étranger par pétrolier.
   L'usine doit produire 11 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, soit le double de tout ce que le Québec consomme en un an.
   Lundi, des chercheurs ont publié une lettre ouverte dans Le Devoir pour appeler le gouvernement à refuser le projet.

Article intégral :

Menaces perçues : l’industrie de l’énergie a transmis des informations au SCRS  

Jim Bronskill | La Presse Canadienne | 8 juillet 2019

Le Service d'espionnage canadien (SCRS) a régulièrement obtenu des rapports provenant du secteur de l'énergie sur des menaces perçues, et a conservé ces informations dans leurs dossiers au cas où elles se révéleraient utiles ultérieurement, indiquent des documents récemment rendus publics. 
   Les détails des pratiques du SCRS émergent dans un dossier présenté par la British Columbia Civil Liberties Association devant la Cour fédérale du Canada.
   Dans une plainte déposée en février 2014 auprès du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, l'association avait allégué que le service d'espionnage avait outrepassé son autorité légale en surveillant les écologistes opposés au projet d'oléoduc d'Enbridge Northern Gateway, maintenant abandonné.
   Elle accusait également le SCRS de partager des informations sur les opposants avec l'Office national de l'énergie et des sociétés du secteur pétrolier, dissuadant ainsi les gens de faire entendre leur point de vue et de s'associer à des groupes environnementaux.
    Au cours d'une audience, un responsable du SCRS dont l'identité est confidentielle a déclaré au comité que des informations fournies volontairement par des sociétés du secteur de l'énergie avaient été conservées dans une base de données des services d'espionnage.
   Le comité de surveillance a entendu plusieurs témoins et examiné des centaines de documents faisant le bilan de la plainte de l'association.
   Le comité de surveillance a conclu que le SCRS avait recueilli des informations sur des groupes pacifiques antipétrole, mais seulement de manière fortuite lors d'enquêtes sur des menaces légitimes à l'endroit de projets tels que des oléoducs.
   Des groupes de défense de l'environnement et des groupes militants tels que Leadnow, Dogwood Initiative et le Conseil des Canadiens sont cités dans les milliers de pages de rapports opérationnels du SCRS examinés par le comité de surveillance.

Article intégral :

Diable! J’ai déjà cité le Conseil des Canadiens et National Observer (qui figure peut-être sur la liste!). La Gestapo du secteur pétrolier classera-t-elle les quelque 150 scientifiques qui ont signé cette lettre dans la catégorie «terroristes verts»? Coupables de vouloir de l’eau potable et de l’air respirable?

But ultime des «terroristes bruns» : une voie pétrolière (maritime et terrestre) a mari usque ad mare... Dans leur bible, seul le pétrole (et ses dérivés) peut créer de l'emploi et de la richesse. 

Le projet GNL Québec doit être rejeté

Le Devoir | Libre opinion | 3 juin 2019

Jesse Greener et Lucie Sauvé
Respectivement professeur de chimie, Université Laval et professeure, Institut des sciences de l’environnement, UQAM *

En cette ère d’urgence climatique et d’effondrement de la biodiversité, nous estimons que les scientifiques ont le devoir de se prononcer sur les grands projets qui détermineront l’avenir de notre civilisation. C’est dans cet esprit que nous intervenons aujourd’hui dans le débat public sur le projet GNL Québec.
   GNL Québec est un mégaprojet comprenant un pipeline de 782 km (le projet Gazoduq), une usine de gaz naturel liquéfié (le projet Énergie Saguenay) et un terminal maritime où des super-méthaniers chargeraient le gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’exporter vers les marchés étrangers via le fjord du Saguenay et le fleuve Saint-Laurent. Ses promoteurs soutiennent qu’il contribuerait à la lutte contre le réchauffement climatique grâce à l’hydroélectricité qui serait utilisée pour la liquéfaction du gaz et au fait que le gaz exporté remplacerait le charbon et le mazout «en Europe, en Asie et ailleurs».
   En réalité, ce projet ne contribuerait pas à lutter contre le changement climatique. Il favoriserait l’extraction quotidienne de 44 millions de mètres cubes de gaz naturel dans les Prairies canadiennes, ce qui représente 2,6 fois la consommation quotidienne de l’ensemble du Québec. Le Canada, qui est déjà le 5e exportateur de gaz naturel en importance au monde, verrait ses exportations nettes de gaz naturel grimper de 27 % si ce projet allait de l’avant.
   Selon une analyse du cycle de vie de ce gaz commandée par les promoteurs, de son extraction jusqu’à sa sortie de l’usine de liquéfaction, il engendrerait plus de 7,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) par an. Cela signifie que les émissions totales associées à ce projet au Canada seraient comparables au total des réductions d’émissions de GES au Québec depuis 1990. Une incertitude de taille dans ces calculs concerne la quantité d’émissions fugitives de gaz (fuites) survenant durant son extraction, tout au long de la chaîne de transport et après la fermeture des puits. Comme le gaz naturel est constitué essentiellement de méthane, un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le CO2 sur un horizon de 20 ans, la contribution de ces fuites au réchauffement planétaire est énorme, et il est donc possible que les émissions totales de GES associées à ce projet soient considérablement plus élevées que les meilleures estimations disponibles.
   En outre, le promoteur se garde bien de souligner les grandes quantités de CO2 générées en aval par la combustion du gaz qu’il exporterait. Selon nos calculs, cette combustion ajouterait environ 30 millions de tonnes de CO2 par an, en supposant qu’il n’y ait pas d’émissions fugitives. Ce total augmente considérablement quand on tient compte de l’impact des émissions fugitives survenant dans des conditions normales d’exploitation.
   Qui plus est, GNL Québec n’aurait aucun contrôle sur l’utilisation finale de ce gaz, et il n’y a aucune preuve que son utilisation remplacerait le charbon ou le mazout. Il est tout aussi probable que ce gaz puisse remplacer les sources d’énergie renouvelables, ce qui ne ferait que renforcer la dépendance mondiale à l’égard des combustibles fossiles, et ralentir le développement des technologies énergétiques de rechange dont nous avons désespérément besoin.

Menace sérieuse
Nous rappelons que, pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faut réduire d’ici 2030 les émissions de GES d’environ 45 % par rapport à 2010 et avoir atteint la carboneutralité d’ici 2050. Pour y parvenir, il est essentiel de réduire le nombre d’infrastructures liées aux combustibles fossiles et non d’en construire davantage.
   Le projet GNL Québec constitue également une menace sérieuse pour la biodiversité. En traversant les milieux naturels du Nord-du-Québec, de l’Abitibi-Témiscamingue au fjord du Saguenay, le pipeline Gazoduq fragmenterait l’habitat de 17 espèces vulnérables, menacées ou en voie de disparition. Il croiserait les bassins versants des rivières Harricana, Nottaway, Moose, Outaouais, Saint-Maurice et Saguenay. Enfin, l’exportation du gaz liquéfié exigerait chaque semaine 6 à 8 passages de super-méthaniers dans le fjord. Le bruit sous-marin assourdissant de ces géants des mers mettrait en péril la survie du béluga du Saint-Laurent dans le seul refuge acoustique protégé dont il dispose encore.
   Pris dans son ensemble, ce projet viendrait donc altérer encore davantage les écosystèmes terrestres et marins dont dépend la vie sur Terre, alors même que les experts mandatés par l’ONU ont récemment confirmé un taux d’extinction des espèces «sans précédent» et qui s’accélère, érodant «les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier».

Ces faits s’accordent très mal avec la prétention que GNL Québec ferait partie des solutions à l’urgence écologique. Ils indiquent plutôt que ce projet contribuerait à l’aggraver. Nous estimons par conséquent que le projet GNL Québec est incompatible avec la notion de transition énergétique et doit être rejeté.

* Ce texte est appuyé par environ 150 scientifiques

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