Bon,
y’a quelques impuretés, mais comme pour la lie de vin, il faut laisser déposer...
Dans sa chronique «Donner du temps au temps» (05.07.2019),
Josée Blanchette a publié le message d’un exproprié de GNL Énergie Saguenay.
JOBLOG
Souvenirs du Saguenay et peine de
maison bis
Madame,
J’aurais
pu commencer mon message comme dans le film Souvenirs d’Afrique : «J’avais une
plantation en Afrique.» J’aurais pu vous dire : «J’avais une superbe terre au
Saguenay»...
Nous
avons été expropriés l’an dernier. À la même date l’année dernière, je faisais
mes boîtes; je dormais à peu près trois petites heures par nuit.
Une
expropriation pour trois projets tous aussi fous les uns que les autres : GNL
Saguenay, Black Rock et Ariane phosphate, de l’autre côté du Saguenay, face à
notre ancienne demeure. Vraiment, de l’administration Tremblay (le Tartuffe
fou), à l’administration Néron, c’est comme passer de Charybde en Scylla. Rien
de moins. Dans la région la plus polluée
du Canada qui compte quatre alumineries, le département d’oncologie local verra
sa collection de cancers industriels s’étendre, nous qui en avions déjà toute
la panoplie.
Par
la fenêtre, j’ai regardé le bel escalier, les armoires et l’îlot à l’intérieur,
les beaux planchers de bois franc qui ont vu défiler les p’tits pieds des
enfants pendant toutes leurs années de croissance. Puis, j’ai regardé
longuement chaque bel arbre qui nous servait d’ombrelle durant les chaudes
journées d’été. Je suis allé au jardin, méconnaissable, où j’ai récolté
quelques dernières asperges. Je ne veux plus voir. Je ne reviendrai plus.
À
l’heure où j’écris ces lignes, notre demeure gît, quelque part, dans un dépôt
de matériaux secs. Elle fera désormais partie des corps non réclamés, anonymes,
comme dans les morgues des grandes villes insignifiantes. Comme le dit Alain
Denault dans sa Médiocratie, l’État
est en état d’affolement. Le conseil municipal actuel, constitué pour
l’essentiel de «suiveux» et de poules sans tête, continue la parade lancée par
Jean Tremblay et son conseil profondément stipendié. Dans son ouvrage, Deneault
dit : «On s’éloigne de l’appréciation des choses en s’obligeant à passer par la
monnaie pour en mesurer la valeur. La culture de l’argent fait écran […] les
médiocres ont pris le pouvoir.»
Gérard
Note :
Josée Blanchette avait publié un article émouvant intitulé «Les peines de
maisons» (21.06.2019)
Vos peines à vous
Je
vous ai sondés, mes amis FB : 121 commentaires plus tard, vous avez été
nombreux à vous épancher sur vos peines d’amour immobilières. Et le terme
«immobilier» (mobilis, en latin, «qui peut être déplacé») est trop réducteur
pour décrire cet arrachement souvent involontaire, divorce de soi, perte de
repères, des quatre points cardinaux et d’horizons familiers.
Article
intégral
Toujours le même argument absurde : polluer le pays pour dépolluer le monde. Remplacer une énergie fossile par une autre n’est pas une solution. Le gaz naturel, bien que incolore, est une énergie sale extrêmement polluante.
Presse Canadienne : On propose le gaz naturel comme solution de rechange pour produire de l'électricité en libérant moins d'émissions. Mais un rapport indique que la libération fugitive de méthane – comme les petites fuites – à toutes les étapes de l'extraction et de la livraison du gaz contredit cette idée.
Le
méthane est un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone,
dont l'effet de réchauffement est environ 30 fois plus élevé. Le méthane
est également la principale composante du gaz naturel et est responsable du
quart du réchauffement climatique que le monde a connu jusqu'à présent.
«Même
aujourd'hui, on dit encore que le gaz naturel constitue un pont entre les
énergies renouvelables, ce qui est totalement contraire aux faits», a
déclaré Ted Nace, directeur général du Global Energy Monitor.
Gaz naturel à Saguenay : la CAQ
dissipe les doutes
Patrice Bergeron | La Presse Canadienne | 6 juin 2019
Le
gouvernement caquiste a dissipé les doutes, jeudi, quant à son appui au projet
controversé de pipeline et d'usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay
destiné à l'exportation.
Le premier ministre François Legault avait
déjà exprimé un intérêt favorable envers le projet Énergie Saguenay de GNL
Québec, tandis que son ministre de l'Environnement, Benoit Charette, avait
laissé entendre qu'il pouvait dire non au projet.
Or jeudi matin, le ministre des Ressources
naturelles, Jonatan Julien, a exprimé son soutien sans équivoque en Chambre. Il a repris l'argument du promoteur selon
lequel l'usine allait réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans
le monde – une hypothèse qui est pourtant contestée. «Ça va réduire de
manière formidable, formidable, les GES à travers le monde, on va en faire la
démonstration, et c'est sur cette base-là, environnementale, que la décision
sera prise. Mais 14 milliards d'investissements au Québec, on est pour ça, on
est très pour ça.»
Il répondait à la députée de Mercier, Ruba
Ghazal, de Québec solidaire, qui a demandé au gouvernement de cesser de
promouvoir le projet «qui va émettre 17 fois plus de gaz à effet de serre» que
la cimenterie de Port-Daniel en Gaspésie, un autre projet industriel
controversé.
Ainsi, dans ce scénario, la moitié des exportations de l'usine de
GNL (50%) sont destinées à l'Asie, et elles serviraient alors de substitut
au charbon, donc, une réduction de GES.
Une autre part des exportations, 40 %, est destinée à l'Europe : mais
seulement une proportion de 13% servirait à remplacer du charbon, tandis qu'un
autre bloc de 13% remplacerait du nucléaire - donc des émissions supplémentaires
de GES, puisque l'énergie nucléaire n'en émet pas. Le dernier bloc de 13 % servirait uniquement à supplanter du
gaz naturel provenant d'une autre source d'approvisionnement.
Enfin, le solde de 10 % restant en exportations serait destiné au Brésil, où il ne
remplacerait aucune autre source et s'additionnerait simplement au bilan
carbone.
Dans le document, on peut lire que «CIRAIG
ou les membres du comité de revue critique ne sont pas en position d'entériner
le scénario d'exportation».
Le projet dans son ensemble consiste en la
construction d'un gazoduc de 750 km qui irait de l'Ontario transportant du gaz
de l'Ouest jusqu'à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour ensuite
l'exporter à l'étranger par pétrolier.
L'usine doit produire 11 millions de tonnes
de gaz naturel liquéfié par an, soit le double de tout ce que le Québec
consomme en un an.
Lundi, des chercheurs ont publié une lettre
ouverte dans Le Devoir pour appeler le gouvernement à refuser le projet.
Article intégral :
Menaces perçues : l’industrie de
l’énergie a transmis des informations au SCRS
Jim Bronskill | La Presse Canadienne | 8 juillet 2019
Le
Service d'espionnage canadien (SCRS) a régulièrement obtenu des rapports
provenant du secteur de l'énergie sur des menaces perçues, et a conservé ces
informations dans leurs dossiers au cas où elles se révéleraient utiles
ultérieurement, indiquent des documents récemment rendus publics.
Les détails des pratiques du SCRS émergent
dans un dossier présenté par la British Columbia Civil Liberties Association
devant la Cour fédérale du Canada.
Dans une plainte déposée en février 2014
auprès du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité,
l'association avait allégué que le service d'espionnage avait outrepassé son
autorité légale en surveillant les écologistes opposés au projet d'oléoduc
d'Enbridge Northern Gateway, maintenant abandonné.
Elle accusait également le SCRS de partager
des informations sur les opposants avec l'Office national de l'énergie et des
sociétés du secteur pétrolier, dissuadant ainsi les gens de faire entendre leur
point de vue et de s'associer à des groupes environnementaux.
Au cours d'une audience, un responsable du
SCRS dont l'identité est confidentielle a déclaré au comité que des
informations fournies volontairement par des sociétés du secteur de l'énergie
avaient été conservées dans une base de données des services d'espionnage.
Le comité de surveillance a entendu
plusieurs témoins et examiné des centaines de documents faisant le bilan de la
plainte de l'association.
Le comité de surveillance a conclu que le
SCRS avait recueilli des informations sur des groupes pacifiques antipétrole,
mais seulement de manière fortuite lors d'enquêtes sur des menaces légitimes à
l'endroit de projets tels que des oléoducs.
Des groupes de défense de l'environnement et
des groupes militants tels que Leadnow, Dogwood Initiative et le Conseil des
Canadiens sont cités dans les milliers de pages de rapports opérationnels du
SCRS examinés par le comité de surveillance.
Article
intégral :
Diable!
J’ai déjà cité le Conseil des Canadiens et National Observer (qui figure
peut-être sur la liste!). La Gestapo du secteur pétrolier
classera-t-elle les quelque 150 scientifiques qui ont signé cette lettre dans la
catégorie «terroristes verts»? Coupables de
vouloir de l’eau potable et de l’air respirable?
Le projet GNL Québec doit être rejeté
Le Devoir | Libre opinion | 3 juin 2019
Jesse
Greener et Lucie Sauvé
Respectivement
professeur de chimie, Université Laval et professeure, Institut des sciences de
l’environnement, UQAM *
En
cette ère d’urgence climatique et d’effondrement de la biodiversité, nous
estimons que les scientifiques ont le devoir de se prononcer sur les grands
projets qui détermineront l’avenir de notre civilisation. C’est dans cet esprit
que nous intervenons aujourd’hui dans le débat public sur le projet GNL
Québec.
GNL Québec est un mégaprojet comprenant un
pipeline de 782 km (le projet Gazoduq), une usine de gaz naturel liquéfié (le
projet Énergie Saguenay) et un terminal maritime où des super-méthaniers
chargeraient le gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’exporter vers les marchés
étrangers via le fjord du Saguenay et le fleuve Saint-Laurent. Ses promoteurs
soutiennent qu’il contribuerait à la lutte contre le réchauffement climatique
grâce à l’hydroélectricité qui serait utilisée pour la liquéfaction du gaz et
au fait que le gaz exporté remplacerait le charbon et le mazout «en Europe, en
Asie et ailleurs».
En réalité, ce projet ne contribuerait pas à
lutter contre le changement climatique. Il favoriserait l’extraction
quotidienne de 44 millions de mètres cubes de gaz naturel dans les Prairies
canadiennes, ce qui représente 2,6 fois la consommation quotidienne de
l’ensemble du Québec. Le Canada, qui est déjà le 5e exportateur de gaz naturel
en importance au monde, verrait ses exportations nettes de gaz naturel grimper
de 27 % si ce projet allait de l’avant.
Selon une analyse du cycle de vie de ce gaz
commandée par les promoteurs, de son extraction jusqu’à sa sortie de l’usine de
liquéfaction, il engendrerait plus de 7,8 millions de tonnes de gaz à
effet de serre (GES) par an. Cela signifie que les émissions totales
associées à ce projet au Canada seraient comparables au total des réductions
d’émissions de GES au Québec depuis 1990. Une incertitude de taille dans ces
calculs concerne la quantité d’émissions fugitives de gaz (fuites) survenant
durant son extraction, tout au long de la chaîne de transport et après la
fermeture des puits. Comme le gaz naturel est constitué essentiellement de
méthane, un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le CO2 sur un
horizon de 20 ans, la contribution de ces fuites au réchauffement planétaire
est énorme, et il est donc possible que les émissions totales de GES associées
à ce projet soient considérablement plus élevées que les meilleures estimations
disponibles.
En outre, le promoteur se garde bien de
souligner les grandes quantités de CO2 générées en aval par la combustion du
gaz qu’il exporterait. Selon nos calculs, cette combustion ajouterait environ
30 millions de tonnes de CO2 par an, en supposant qu’il n’y ait pas d’émissions
fugitives. Ce total augmente considérablement quand on tient compte de l’impact
des émissions fugitives survenant dans des conditions normales d’exploitation.
Qui plus est, GNL Québec n’aurait aucun
contrôle sur l’utilisation finale de ce gaz, et il n’y a aucune preuve que son
utilisation remplacerait le charbon ou le mazout. Il est tout aussi probable que
ce gaz puisse remplacer les sources d’énergie renouvelables, ce qui ne ferait
que renforcer la dépendance mondiale à l’égard des combustibles fossiles, et
ralentir le développement des technologies énergétiques de rechange dont nous
avons désespérément besoin.
Menace sérieuse
Nous
rappelons que, pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faut
réduire d’ici 2030 les émissions de GES d’environ 45 % par rapport à 2010 et
avoir atteint la carboneutralité d’ici 2050. Pour y parvenir, il est essentiel
de réduire le nombre d’infrastructures liées aux combustibles fossiles et non
d’en construire davantage.
Le
projet GNL Québec constitue également une
menace sérieuse pour la biodiversité. En traversant les milieux naturels du
Nord-du-Québec, de l’Abitibi-Témiscamingue au fjord du Saguenay, le pipeline
Gazoduq fragmenterait l’habitat de 17 espèces vulnérables, menacées ou en voie
de disparition. Il croiserait les bassins versants des rivières Harricana,
Nottaway, Moose, Outaouais, Saint-Maurice et Saguenay. Enfin, l’exportation du
gaz liquéfié exigerait chaque semaine 6 à 8 passages de super-méthaniers dans
le fjord. Le bruit sous-marin assourdissant de ces géants des mers mettrait en
péril la survie du béluga du Saint-Laurent dans le seul refuge acoustique
protégé dont il dispose encore.
Pris
dans son ensemble, ce projet viendrait donc altérer encore davantage les
écosystèmes terrestres et marins dont dépend la vie sur Terre, alors même que
les experts mandatés par l’ONU ont récemment confirmé un taux d’extinction des
espèces «sans précédent» et qui s’accélère, érodant «les fondements mêmes de
nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et
la qualité de vie dans le monde entier».
Ces
faits s’accordent très mal avec la prétention que GNL Québec ferait partie des
solutions à l’urgence écologique. Ils indiquent plutôt que ce projet
contribuerait à l’aggraver. Nous estimons par conséquent que le projet GNL
Québec est incompatible avec la notion de transition énergétique et doit être
rejeté.
*
Ce texte est appuyé par environ 150 scientifiques
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