1. Éducation
– 2. Économie – 3. Santé
La
protection de l’environnement a été effleurée vers la fin du discours
inaugural du premier-ministre : «La survie de notre planète est en jeu, a-t-il
dit. Je ne peux ignorer ce défi de l'urgence climatique et continuer de regarder
mes deux fils dans les yeux.»
Cependant, l’urgence climatique ne coïncide pas du tout avec ses «plans audacieux» à la hauteur de ses «ambitions».
Le 27 novembre, il avait déclaré à La
Presse : Le gouvernement de la
Coalition avenir Québec compte fixer des cibles «plus réalistes» pour la
réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Étonnant? Non. Avec la CAQ, le Québec devient un
«bar ouvert / buffet à volonté» pour les investisseurs et les entreprises (même
les plus polluantes).
Que dire du troisième
lien, qui réunira les rives du fleuve, en passant par l’île d’Orléans «qu’on visite sur la pointe des pieds», comme dit
le poète Christian Vézina.
En 1970, les experts embauchés par le
ministère des Transports avaient conclu qu’un passage par l’île d’Orléans
exigeait «moins d’expropriations». Dans son étude livrée au gouvernement en
2016, l’expert Bruno Massicotte concluait aussi qu’il s’agissait de «la
solution la plus avantageuse vis-à-vis de la faisabilité technique, de
la fonctionnalité et des coûts». François
Legault affirme même que le troisième lien peut devenir «un projet de développement durable», en reliant le
projet de tramway de Québec à la Rive-Sud.
L’idée
est stupide, et c’est une claque à un véritable joyau patrimonial du fleuve!
À lire :
Enfouissement des fils à l’île
d’Orléans : un troisième lien qui surprend
Caricature :
Pascal, Le Devoir 29.11.2018
François
Legault pourfendait la peur du changement dont font preuve les
citoyens.
Nous
avons peur, à raison, de son «paléoconservatisme»
à la Paul Gottfried :
Économie, fiscalité et entreprenariat
L’économie
sera la «deuxième priorité» du gouvernement, a poursuivi M. Legault, en
rappelant que son Conseil des ministres compte un nombre «sans précédent»
d’entrepreneurs, de gestionnaires et d’anciens dirigeants de grandes
entreprises ou d’organisations. «Ils partagent tous l’ambition d’enrichir le
Québec […] et les Québécois», a-t-il assuré, non «pas parce que la richesse est
une fin en soi, mais plutôt parce qu’elle nous donne les moyens de nos ambitions».
François Legault a aussi répété que son
gouvernement va chercher à accroître les investissements des entreprises au
Québec. Il compte y parvenir en remodelant Investissement Québec, pour qu'il
devienne «plus agile, plus volontaire, plus ambitieux, plus entreprenant»,
en modifiant leur régime fiscal et en
allégeant leur fardeau administratif.
Le chef de la Coalition avenir Québec a aussi
ramené sur le tapis son «Projet Saint-Laurent», qui vise à créer des zones d'innovation le long du fleuve. «Ces
zones pourraient regrouper, dans un bel environnement, un port, un pôle ferroviaire,
un campus de recherche et des entreprises innovantes», a-t-il
indiqué.
Un message clair aux investisseurs québécois
et internationaux : « Sortez les projets de vos tiroirs et venez nous
voir. On va vous aider à les réaliser. C'est le temps d'investir!»
Le gouvernement compte aussi maximiser les
échanges commerciaux avec les autres provinces canadiennes, mais aussi avec
l'Afrique, le Mexique et l'Asie.
Le premier ministre souhaite également que
le Québec profite de son «énergie verte, abondante et abordable» pour devenir une véritable «superpuissance énergétique»
pouvant aider les autres provinces et les États américains de la
Nouvelle-Angleterre à se débarrasser du charbon, du gaz ou de l'énergie
nucléaire.
Lorsque le Québec aura réussi à vendre plus
d'électricité, il pourra lancer de
nouveaux projets de barrages hydro-électriques.
Article
intégral :
Quelle
sorte de campus? Quelle sorte
d’entreprises innovantes? Quelle sorte de zones
d’innovation le long du fleuve ou de pôle
ferroviaire? On n’en sait strictement rien. En outre ce gouvernement veut
autoriser les motoneiges au Disneyworld Mont-Tremblant mais aussi dans les réserves
fauniques!
À quoi peut rêver un ancien comptable sinon à accumuler et à sauver de
l’argent?
Conclusion :
nous pouvons compter sur l’escouade
économique de la CAQ pour défigurer le Québec et le mener au suicide
écologique.
Dictionnaire politico-économique
«Plusieurs
grandes entreprises se rendront coupables d’activités douteuses, malgré leurs
politiques de responsabilité sociale. Cela est souvent le cas de grands
projets industriels dont les impacts écologiques ou sociaux peuvent être
potentiellement très grands. Compte tenu de la taille des investissements en
jeu, on dépensera des sommes importantes pour «vendre» les projets aux
populations concernées. Politiciens et gens d’affaires chercheront à s’assurer
de l’acceptabilité
sociale du projet, ce qui, trop souvent, ne se traduit que par une efficace
campagne de relations publiques auprès des parties
prenantes – trompe-l’œil vague, à dessein, désignant à peu près n’importe
quelle personne pouvant être touchée par le projet... [...] Par exemple, des
citoyens et citoyennes d’une communauté pourraient se dire favorable à un
investissement industriel parce qu’il créera de nombreux emplois, argument
généralement mis de l’avant par les promoteurs comme par le gouvernement, mais
fermeraient les yeux sur ses impacts environnementaux à long terme. L’entreprise
TransCanada se débat avec à peu près tous les niveaux de gouvernement au Canada
et aux États-Unis, en plus des groupes de citoyens et militants, pour faire
accepter ses projets d’oléoducs transportant le pétrole extrait des sables
bitumineux d’Alberta. [...] Une enquête de Radio-Canada en novembre 2014
montrait que l’entreprise a embauché l’une des plus grandes firmes de relations
publiques au monde, Edelman, pour faire passer son projet. Le plan préparé
visait à mobiliser 35000 citoyens influents dans leurs communautés afin qu’ils
appuient publiquement le projet, notamment dans les médias sociaux, contre
rémunération. Le recours à cette armée d’influenceurs montre à quel point les
médias sociaux peuvent se mettre au service de la propagande pure et simple,
au-delà des principes d’acceptabilité sociale (TransCanada publie d’ailleurs
annuellement un «Rapport de responsabilité sociale d’entreprise»). Ces
entreprises affirment désirer être de bons citoyens corporatifs, alors qu’elles
ne sont rien d’autres que des entreprises, justement, parfois très peu
respectueuses de la préservation des écosystèmes ou de la qualité de vie des
citoyens.
Pareillement, on affirmera que les projets
industriels doivent respecter les principes du développement durable, expression
vide de sens, s’il en est. Le philosophe Luc Ferry note que personne ne
plaiderait en faveur d’un «développement intenable»
et que l’expression est si floue qu’elle ne dit rien de déterminé. On nage en
pleins bons sentiments, le moindre projet industriel ou commercial se targuant
de respecter le développement durable. Malgré d’innombrables normes ou meilleures
pratiques, on s’en remet généralement à une pétition de principe plutôt
qu’à de véritables actions respectant les écosystèmes. L’économie verte n’est,
plus souvent qu’autrement, qu’une fumisterie – les anglophones dénoncent le
subterfuge par le terme greenwashing, enverdissement en
français. [...]
Enverdissement...
Du développement
durable à l’acceptabilité sociale pour aboutir au concept global de gouvernance,
non seulement les entreprises, mais aussi les
gouvernements, usent de trompe-l’œil qui cherchent à ennoblir le vocabulaire
afin de faire oublier les conséquences concrètes et souvent désastreuses des
projets de développement économique. Cette terminologie de l’entreprise
privée a, en effet, été largement récupérée par la sphère politique. Ces
concepts occultent non seulement des grands pans du réel, mais justifient
également le retrait de la responsabilité publique. [...]
La vie politique se soumet, dès lors, aux
règles du management et de la gestion efficace – et, ultimement, à celles de la
concurrence. On met en concurrence les diverses composantes de l’administration
publique avec les entreprises privées, forçant les organismes gouvernementaux à
singer la logique du secteur privé, mais surtout les coinçant dans un double
rôle insoutenable : adopter les règles du privé tout en prétendant
continuer à servir l’ensemble de la communauté et à préserver le bien
commun. Véritable aporie, le langage lisse et neutre de la gouvernance
évacuera en douce la véritable vie politique de nos sociétés.
Éliminer le politique de la vie publique
implique une annihilation radicale de la dissidence et de la pensée critique,
les dogmes de la gouvernance «revêtant des airs de pensée critique». L’élément
le plus fondamental de la vie démocratique se vide de sa substance, on délibère
à vide. À la délibération, au cœur même de la vie politique, se substitue le
choix du meilleur gestionnaire, celui ou celle qui réussira à appliquer avec le
plus d’efficacité et de rigueur les règles de bonne gouvernance et
l’administration la plus rentable.»
Source de
l’extrait : Les passagers clandestins;
Métaphores et trompe-l‘œil de l’économie; IANIK MARCIL; Éditions Somme
toute 2016 (p. 128/131)
La métaphore du «buffet campagnard»
Emmanuel
Delannoy, Institut Inspire (2013)
Vous
êtes invité à une grande fête, par exemple pour célébrer un mariage, ou une
naissance.
Les convives s’assoient aux tables rondes
installées autour d’un généreux et très appétissant buffet campagnard.
L’ambiance à votre table est sympathique, la conversation s’attarde un peu
quand vous constatez que la file d’attente se forme pour l’accès au buffet.
Vous vous levez donc et rejoignez avec vos amis la file d’attente. Vous
patientez dans la bonne humeur en continuant à discuter.
Mais devant vous, les premiers arrivés au
buffet se goinfrent, se servent et se resservent de généreuses assiettes, et
partent avec les meilleurs bouteilles. Quand vous arrivez au buffet, le
meilleur est déjà parti, et il ne reste plus grand chose.
Choquant, n’est-ce pas?
C’est
pourtant ce que sommes en train de faire à nos enfants et à nos petits enfants.
Ceux qui naissent aujourd’hui n’auront que les miettes du buffet. Ceux qui sont
nés au mauvais endroit n’ont déjà que des miettes.
Ceux
qui émettent le plus de gaz à effet de serre sont ceux qui souffriront le moins
du bouleversement climatique. Ceux qui en émettent le moins seront ceux qui en
souffriront le plus.
Ceux qui se sont goinfrés des énergies
fossiles sont ceux qui auront le plus les moyens technologiques de faire face à
la crise énergétique, en trouvant des solutions de substitution.
Les
populations aisées et urbaines du nord, pour qui la biodiversité n’est qu’un
concept un peu abstrait, à la limite de l’esthétisme, ne souffrent pas trop de
son érosion. Bien moins que ceux qui doivent y puiser chaque jour de quoi
assurer leur subsistance.
Et ainsi à l’avenant. Vous avez dit responsabilité?
Photo:
ICI Radio-Canada. Plus de 17 % des enfants vivent dans la pauvreté au Canada,
dont plus de 37 % d’entre eux sont issus des Premières Nations, selon un
rapport du groupe Campagne 2000. On retrouve quatre circonscriptions
québécoises – toutes Montréalaises – dans les 30 régions où le taux de pauvreté
est le plus élevé : Ville-Marie / Le Sud-Ouest / Île-des-Soeurs, plus de
38 %; Papineau, la circonscription du premier ministre Justin Trudeau, 30 %. (Le
Devoir, 19 juin 2018) M. Legault, qui est si préoccupé par l'éducation et les enfants, pourrait sûrement faire quelque chose - il est plus facile d'étudier quand on a mangé...
Des faits...
Le
monde s’éloigne toujours plus de son objectif climatique avec un fossé
grandissant entre les émissions de gaz à effet de serre et l’ambition de
l’Accord de Paris, alerte mardi l’ONU dans un rapport annuel sévère.
En 2017, les émissions de GES sont reparties
à la hausse, après trois ans de relative stabilité. Et 2018 devrait connaître
la même tendance, avec une augmentation attendue des émissions du secteur de
l’énergie (les trois quarts du total), a déjà prévenu l’Agence internationale
de l’énergie.
Selon le rapport spécial publié en octobre
par les experts climat de l’ONU (GIEC), le monde doit aussi viser l’objectif
1,5 °C – et pas seulement 2 °C – s’il veut se garder d’impacts majeurs, vagues
de chaleur, super-ouragans ou calottes glaciaires déstabilisées. Or à ce stade,
il court vers +4 °C par rapport au niveau préindustriel, à la fin du siècle.
Le PNUE insiste sur l’amélioration de
l’impulsion au niveau national et le rôle à jouer par les gouvernements, par
exemple avec «une politique fiscale soigneusement conçue [...] pour
subventionner des solutions à faibles émissions et taxer les combustibles
fossiles».
«Les
gouvernements doivent vraiment reprendre leurs contributions, et relever leurs
ambitions», souligne M. Drost, du PNUE. «Il y a tant de chemin à parcourir, et
nous devons agir rapidement. Pas dans des décennies, maintenant.»
Catherine
Hours – Agence France-Presse à Paris, 27 novembre 2018
Toutefois...
Affirmant
que le gouvernement canadien met
intentionnellement en danger la vie de ses citoyens les plus jeunes en ne
faisant «pratiquement rien» pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre
(GES), l'organisation Environnement
Jeunesse souhaite intenter une action collective contre Ottawa. Au Canada,
c'est le cabinet d'avocats Trudel Johnston & Lespérance, habitué des
actions collectives, qui porte la cause d'Environnement Jeunesse; l'avocat
Bruce Johnston agit d'ailleurs pro bono.
ENvironnement JEUnesse vs Canada
Les jeunes du Québec poursuivent le
gouvernement du Canada pour son inaction dans la lutte contre les changements
climatiques
Le
26 novembre 2018, ENvironnement JEUnesse, représenté pro bono par le cabinet
Trudel Johnston & Lespérance, a déposé une demande d’autorisation à la Cour
supérieure du Québec afin d’exercer une action collective au nom de tous les
jeunes de 35 ans et moins du Québec contre le gouvernement du Canada.
ENvironnement JEUnesse allègue que le
gouvernement du Canada brime les droits fondamentaux d’une génération. Il
contrevient aux droits des jeunes d’une part parce que sa cible de réduction de
gaz à effet de serre n’est pas suffisamment ambitieuse pour éviter des
changements climatiques dangereux, et d’autre part, parce que ses actions ne permettent
pas l’atteinte de cette cible pourtant déjà insuffisante.
Si le
gouvernement continue dans cette voie, cette génération et celles à venir
subiront les conséquences graves des changements climatiques, les privant ainsi
de leur droit à un environnement sain et à la protection de la biodiversité, de
leur droit à la vie et à la sécurité, et de leur droit à l’égalité.
Première étape d’une procédure
judiciaire de plusieurs années
Pour
obtenir l’autorisation de la Cour pour porter la cause devant les tribunaux,
ENvironnement JEUnesse doit d’abord démontrer à la Cour supérieure du Québec
qu’il existe une apparence de droit, c’est-à-dire qu’à première vue, les faits
allégués, s’ils sont prouvés dans un procès au mérite, peuvent justifier les
conclusions recherchées, soit que la cible et les actions insuffisantes pour
lutter contre les changements climatiques briment plusieurs droits
fondamentaux.
Un mouvement mondial
Plusieurs
démarches similaires ont cours à travers le monde, notamment aux Pays-Bas, où
le gouvernement s’est vu forcé de se doter d’un plan concret pour atteindre sa
cible climatique. Ce gouvernement est légalement tenu de réduire ses émissions
de gaz à effet de serre d’au moins 25 % d’ici 2020 par rapport aux niveaux de
1990. Des poursuites similaires ont lieu notamment aux États-Unis, en Belgique,
en Norvège, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, en Suisse, en Colombie et au
Royaume-Uni.
S'impliquer
Nous
exigeons que nos droits et ceux des générations futures soient protégés et
respectés. Nous exigeons que le Canada agisse sans délai pour éviter un
réchauffement climatique dangereux, au-delà de 1,5°C, comme le recommande le
Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Pour y
parvenir, nous avons besoin de vous.
ENvironnement JEUnesse invite toutes les
personnes à s'impliquer afin que le gouvernement du Canada se dote d'une cible
ambitieuse et d'un plan qui permette de l'atteindre. Voici trois actions qui
s'appuient sur la force du nombre.
D'autres actions et initiatives suivront. Ce
n'est que le commencement.
Nous sommes également solidaires avec les
autres initiatives citoyennes pour exiger une action climatique plus forte, dès
maintenant. C'est pourquoi nous vous invitons à lire et à signer le Pacte pour la transition, à appuyer la
déclaration climatique de votre regroupement ou à créer la vôtre, de même qu'à
endosser la Déclaration d'urgence
climatique (la DUC).
Contact
ENvironnement
JEUnesse
50,
rue Sainte-Catherine Ouest, bureau 340
Montréal
(Québec) H2X 3V4
514-252-3016
| 1-866-377-3016 (sans frais)
Déclarations
climatiques (enregistrées) de candidats, juristes, ingénieurs, urbanistes,
restaurateurs, etc. :
Créé
en 1979, ENvironnement JEUnesse (ENJEU) est un organisme d’éducation relative à
l’environnement qui vise à conscientiser les jeunes du Québec aux enjeux
environnementaux, les outiller à travers ses projets éducatifs et les inciter à
agir dans leur milieu. ENvironnement JEUnesse est un réseau qui valorise le
développement de l’esprit critique et qui donne la parole aux jeunes engagés
afin qu’ils fassent connaître leurs préoccupations, leurs positions et leurs
solutions concernant les enjeux environnementaux actuels.
Ce
bouddha a résisté au Camp Fire en Californie. Restons stoïques, c’est peut-être
la seule manière de passer à travers l’effondrement. Il n’y aura pas
d’apocalypse globale instantanée. Nous voyons plutôt de plus en plus de petites et moyennes
apocalypses qui nous tombent dessus comme des plaques de domino.