16 juillet 2018

«Unsavvy Trump»

Donald Trump a l’habitude d’attribuer des sobriquets (nicknames) à tout le monde – hommes d’État, journalistes, individus qu’il n’aime pas ou qui l’ont critiqué. Par exemple : Wild Bill pour Bill Clinton; Animal Assad pour Bashar al-Assad; Little Rocket Man pour Kim Jong-un; Justin from Canada pour Justin Trudeau; Crazy Bernie pour Bernie Sanders, McMuffin pour Evan McMullin, et ainsi de suite.

J’en propose un pour le président américain : Unsavvy Trump
[unsavvy : dépourvu de bon sens ou d’intelligence politique]  

Trump serait mal avisé d’affubler Poutine d’un quelconque surnom – surtout s’il est vrai que son nouvel ami Vladimir a favorisé son élection en piratant les données informatiques du Parti démocrate, notamment de sa rivale Crooked Hillary. L’inculpation de douze officiers du renseignement militaire russe (GRU) par le procureur Robert Mueller – pour conspiration, piratage, vol et huit autres crimes contre les États-Unis – équivaut à incriminer politiquement le chef d’état russe. Mais l’ancien directeur du FSB (ex-KGB) est bien armé pour faire face à la musique. Trump pourrait peut-être le surnommer Big Rocket Man... Mais, nous venons d’apprendre qu’après sa rencontre avec Poutine aujourd’hui, Trump aurait dit de lui qu’il était «extrêmement fort et puissant».

Image : DonkeyHotey, 2016. Vladimir Putin carrying his buddy Donald Trump.

CV de Trump en quelques mots bien choisis :
   Jonathon Shafi, du regroupement l'Écosse contre Trump, a dit vouloir faire preuve de solidarité avec les Américains contre Trump. «C'est inacceptable qu'un président parle de tripoter les femmes, de séparer les enfants de leurs parents et d'encourager les fascistes, les racistes, les misogynes et les homophobes», a-t-il expliqué. On n'est pas antiaméricains, juste contre Trump et son régime de discorde.»
   Originaire de Californie, mais résident d'Édimbourg, Eli Roth a dit douter que le président prenne acte de ces manifestations : «Je ne crois pas que quoi que ce soit puisse se rendre jusqu'à Donald Trump, mais j'espère que ces manifestations encouragent les citoyens américains à contester son régime. Il faut leur montrer qu'il y a des gens en dehors des États-Unis qui s'intéressent à ce qui se passe et que Trump a un impact sur le reste du monde», a souligné l'homme de 56 ans.
(Radio-Canada avec Agence France-Presse et Associated Press | 14.07.2018)  

Pendant que Trump se donne en spectacle, derrière les coulisses, sa clique de républicains ultra conservateurs s’acharne à déchiqueter toutes les lois globalement favorables à la société américaine – en santé, éducation, science, environnement, économie équitable, droits humains, etc. Résultat : plus d’injustice, de pollution et de destruction. Par exemple, durant les 18 derniers mois de l’administration Trump, Scott Pruitt a tenté d’éliminer ou de rogner 70 lois environnementales! God bless America!

Image : DonkeyHotey, 2016. Donald Trump’s Big Tent Party has tents for everyone!

«La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.» 
~ Paul Valéry

Les choses seraient peut-être différentes si après la Deuxième Guerre mondiale, on avait enseigné massivement aux gens à «penser par eux-mêmes». Or on a fait tout le contraire.
   «Si l'on parvenait à comprendre le mécanisme et les ressorts de la mentalité collective, ne pourrait-on pas contrôler les masses et les mobiliser à volonté sans qu'elles s'en rendent compte?», disait Walter Lippmann (Public Opinion, 1922).  
   Le neveu de Freud, Edward Bernays, s’empressera de fournir la recette dans un ouvrage intitulé Propaganda; Comment manipuler l'opinion en démocratie qui remporta un vif succès au siècle dernier. Celui-ci disait : «Heureusement, la propagande offre au politicien habile et sincère un instrument de choix pour modeler et façonner la volonté du peuple.» On le considère comme le père de la propagande politique institutionnelle et de l'industrie des relations publiques, ainsi que du consumérisme américain. Pour Bernays, les gens qui ne pensaient pas comme lui étaient tous stupides... de sorte qu’il fallait confier le sort des stupides à l’élite prétendument intelligente. En réalité son système est totalement antidémocratique.
   «La manipulation consciente et intelligente des habitudes et des opinions des masses est un élément important de la société démocratique. Ceux qui contrôlent ce mécanisme constituent un gouvernement invisible qui est le véritable pouvoir dirigeant de notre pays. ... Nous sommes gouvernés, nos esprits sont moulés, nos goûts formés, nos idées inculquées en grande partie par des hommes dont nous n'avons jamais entendu parler. C'est le résultat logique de la façon dont de notre société démocratique est organisée. Un grand nombre d'êtres humains doivent coopérer s'ils veulent vivre ensemble dans une société stable. ... Dans presque tous les actes de notre vie quotidienne, que ce soit dans la sphère politique ou commerciale, dans notre comportement social ou notre pensée éthique, nous sommes dominés par un nombre de personnes relativement petit... qui comprennent les processus mentaux et les structures sociales des masses. Ce sont elles qui tirent les fils qui contrôlent l'esprit du public.» (Propaganda, 1928)

Le world wide web n’est rien d’autre qu’un prolongement plus puissant et pervers de la théorie de Bernays. Penser par soi-même est impossible si l’on ne s’arrête pas pour réfléchir. Le Net est le royaume de l’impulsivité, de la pensée volatile et dissipée, et de la propagande de masse automatisée. Et ça marche. Aujourd’hui, avec Internet, les partis politiques n’ont plus besoin d’agences de publicité pour leurs campagnes préélectorales. N’importe quel twit * peut diffuser son baratin home-made sur le web à peu de frais.

* Twit : Américanisme; vient de l’anglais atwite (to taunt), narguer. Injure fourre-tout qui s’adresse aux ignorants, idiots, bornés, etc., utilisée depuis les années 1980 au Québec. (Dictionnaire des injures québécoises, Stanké 1996)

Cela dit, examinons le phénomène Trump sous la loupe d’une philosophe dont les réflexions sont drôlement pertinentes tandis que les puissants de ce monde jouent au Monopoly de la même manière que dans les années 1930 et 1960.

Citations : 
Hannah Arendt (1906-1975) 
Philosophe allemande et professeur de théorie politique, naturalisée américaine

«Le nationalisme tribal insiste sur le fait que son peuple est entouré d'ennemis.»

 
Image : Jim Unger

«La liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat.» (La Crise de la culture)

«Le mensonge, lorsqu'il est organisé de façon systématique, constitue une arme politique extrêmement efficace.»

«La véracité n'a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques.» (Les origines du totalitarisme)

«Le mensonge est plus fort que la vérité, car il comble l'attente.»

«Le pouvoir de la machine réside dans la nécessité, et d’autre part dans l’admiration que ressentent les peuples pour la nécessité. Le mal trouve son terreau dans la nécessité et le non-choix au nom de l’avenir.»

«L’irréflexion (témérité insouciante, confusion sans espoir ou répétition complaisante de «vérités» devenues banales et vides) me parait une des principales caractéristiques de notre temps. Ce que je propose est donc très simple : rien de plus que penser ce que nous faisons.»

«La société de masse est peut-être encore plus sérieuse, non en raison des masses elles-mêmes, mais parce que cette société est essentiellement une société de consommateurs, où le temps du loisir ne sert plus à se perfectionner ou à acquérir une meilleure position sociale, mais à consommer de plus en plus, à se divertir de plus en plus... Croire qu'une telle société deviendra plus «cultivée» avec le temps et le travail de l'éducation, est, je crois, une erreur fatale... l'attitude de la consommation, implique la ruine de tout ce à quoi elle touche.» (La Crise de la culture)

«Le totalitarisme remplace tous les vrais talents par ces illuminés et ces imbéciles dont le manque d'intelligence et de créativité reste la meilleure garantie de leur loyauté.»

«Politiquement, la faiblesse de l'argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu'ils ont choisi le mal.» (Responsabilité et jugement)

«Priver un individu de ses droits fondamentaux, c’est d’abord le priver de la capacité du politique. »

«Les hommes qui ne pensent pas sont comme des somnambules.»

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«En réaction au besoin humain de se connecter à quelque chose de plus profond et de plus satisfaisant que les convoitises suicidaires de nos sociétés, des individus du monde entier font preuve de créativité, de courage et d’intelligence pour s’extirper de leurs façons de vivre conditionnées. Dans un sens, on peut les dire à contre-culture, dans un autre sens, ils se sont engagés à suivre un impératif culturel plus profond, enraciné dans l’appréciation de la terre, de la vie et de la beauté des choses simples. ... Suis-je un anarchiste, un fauteur de trouble, un rebelle, un agitateur, parce que je veux participer à quelque chose de totalement nouveau? Si oui, alors, je suis un ‘anarchiste, non-violent et compatissant’.»
~ William Martin, essayiste, traducteur, peintre et poète américain

Peut-on penser par soi-même?

Que veut dire penser par soi-même? Est-ce penser en dehors de toutes les influences extérieures? Est-ce confronter ses idées à l’expérience de la vie pratique quotidienne?
   Penser par soi-même est le propre d’une démarche philosophique, celle qui consiste à chercher la vérité individuellement pour arriver à mieux se connaître soi-même et les autres et agir en toute liberté, selon des principes applicables en toutes circonstances.
   Penser par soi-même n’est pas un acte naturel. Cela exige un effort, un travail sur soi pour lutter contre ses instincts, ne pas s’attacher à ses pensées et ne pas subir les influences extérieures. Penser par soi-même est d’abord un acte d’un individu responsable et autonome. Mais où se placer pour penser par soi-même? Dans l’Être ou le paraître?

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La philosophie, une réponse à la violence

La violence règne en permanence dans la vie quotidienne et elle devient relativement banalisée par les crimes, les guerres, les discours, les images… Est-elle le fruit d’un comportement naturel qui excuse toute acte violent? Y-a-t’il une autre alternative à la violence?
   Le mot violence vient du grec bia et du latin violentia, qui veut dire l’acte de «violer». La violence implique toute action contraire à l’ordre (moral, juridique, politique) ou à la disposition harmonieuse de la nature. Elle porte en elle un élément de chaos, de transgression et d’imprévisibilité.

La violence : un comportement naturel?
En langage populaire, la violence désigne une utilisation excessive ou agressive de la force physique qui conduit à une relation de brutalité ou d’inhumanité envers l’autre. Mais réduire la violence à un comportement naturel et instinctif conduit à détruire toute notion de responsabilité humaine et, par conséquent, à excuser ceux qui pratiquent la violence.

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