J’en
propose un pour le président américain : Unsavvy Trump
[unsavvy : dépourvu de bon sens ou d’intelligence
politique]
Trump serait
mal avisé d’affubler Poutine d’un quelconque surnom – surtout s’il est vrai que
son nouvel ami Vladimir a favorisé son élection en piratant les données informatiques
du Parti démocrate, notamment de sa rivale Crooked
Hillary. L’inculpation de douze
officiers du renseignement militaire russe (GRU) par le procureur Robert
Mueller – pour conspiration, piratage, vol et huit autres crimes contre les
États-Unis – équivaut à incriminer politiquement le chef d’état russe. Mais l’ancien
directeur du FSB (ex-KGB) est bien armé pour faire face à la musique. Trump
pourrait peut-être le surnommer Big
Rocket Man... Mais, nous venons d’apprendre qu’après sa rencontre avec
Poutine aujourd’hui, Trump aurait dit de lui qu’il était «extrêmement fort et
puissant».
Image :
DonkeyHotey, 2016. Vladimir Putin carrying his buddy Donald Trump.
CV de
Trump en quelques mots bien choisis :
Jonathon Shafi, du regroupement l'Écosse contre Trump, a dit vouloir faire
preuve de solidarité avec les Américains contre Trump. «C'est inacceptable qu'un président parle de tripoter les femmes, de
séparer les enfants de leurs parents et d'encourager les fascistes, les
racistes, les misogynes et les homophobes», a-t-il expliqué. On n'est pas antiaméricains, juste contre
Trump et son régime de discorde.»
Originaire de Californie, mais résident
d'Édimbourg, Eli Roth a dit douter que le président prenne acte de ces
manifestations : «Je ne crois pas
que quoi que ce soit puisse se rendre jusqu'à Donald Trump, mais j'espère que
ces manifestations encouragent les citoyens américains à contester son régime.
Il faut leur montrer qu'il y a des gens en dehors des États-Unis qui
s'intéressent à ce qui se passe et que Trump a un impact sur le reste du monde»,
a souligné l'homme de 56 ans.
(Radio-Canada
avec Agence France-Presse et Associated Press | 14.07.2018)
Pendant que
Trump se donne en spectacle, derrière les coulisses, sa clique de républicains ultra
conservateurs s’acharne à déchiqueter toutes les lois globalement favorables à
la société américaine – en santé, éducation, science, environnement, économie
équitable, droits humains, etc. Résultat : plus d’injustice, de pollution
et de destruction. Par exemple, durant les 18 derniers mois de l’administration
Trump, Scott Pruitt a tenté d’éliminer ou de rogner 70 lois environnementales! God
bless America!
Image :
DonkeyHotey, 2016. Donald Trump’s Big Tent Party has tents for everyone!
«La
politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.»
~ Paul Valéry
~ Paul Valéry
Les
choses seraient peut-être différentes si après la Deuxième Guerre mondiale, on
avait enseigné massivement aux gens à «penser par eux-mêmes». Or on a fait tout
le contraire.
«Si l'on parvenait à comprendre le mécanisme
et les ressorts de la mentalité collective, ne pourrait-on pas contrôler les
masses et les mobiliser à volonté sans qu'elles s'en rendent compte?», disait Walter
Lippmann (Public Opinion, 1922).
Le neveu de Freud, Edward Bernays,
s’empressera de fournir la recette dans un ouvrage intitulé Propaganda; Comment manipuler l'opinion en
démocratie qui remporta un vif succès au siècle dernier. Celui-ci
disait : «Heureusement, la
propagande offre au politicien habile et sincère un instrument de choix pour
modeler et façonner la volonté du peuple.» On le considère comme le père de
la propagande politique institutionnelle et de l'industrie des relations
publiques, ainsi que du consumérisme américain. Pour Bernays, les gens qui ne
pensaient pas comme lui étaient tous stupides... de sorte qu’il fallait confier
le sort des stupides à l’élite
prétendument intelligente. En réalité son système est totalement
antidémocratique.
«La manipulation consciente et intelligente
des habitudes et des opinions des masses est un élément important de la société
démocratique. Ceux qui contrôlent ce mécanisme constituent un gouvernement
invisible qui est le véritable pouvoir dirigeant de notre pays. ... Nous sommes
gouvernés, nos esprits sont moulés, nos goûts formés, nos idées inculquées en
grande partie par des hommes dont nous n'avons jamais entendu parler. C'est le
résultat logique de la façon dont de notre société démocratique est organisée.
Un grand nombre d'êtres humains doivent coopérer s'ils veulent vivre ensemble
dans une société stable. ... Dans presque tous les actes de notre vie
quotidienne, que ce soit dans la sphère politique ou commerciale, dans notre
comportement social ou notre pensée éthique, nous sommes dominés par un nombre de
personnes relativement petit... qui comprennent les processus mentaux et les structures
sociales des masses. Ce sont elles qui tirent les fils qui contrôlent l'esprit
du public.» (Propaganda, 1928)
Le world wide web n’est rien d’autre qu’un
prolongement plus puissant et pervers de la théorie de Bernays. Penser par
soi-même est impossible si l’on ne s’arrête pas pour réfléchir. Le Net est le
royaume de l’impulsivité, de la pensée volatile et dissipée, et de la
propagande de masse automatisée. Et ça marche. Aujourd’hui, avec Internet, les
partis politiques n’ont plus besoin d’agences de publicité pour leurs campagnes
préélectorales. N’importe quel twit *
peut diffuser son baratin home-made sur le web à peu de frais.
*
Twit : Américanisme; vient de l’anglais atwite (to taunt),
narguer. Injure fourre-tout qui s’adresse aux ignorants, idiots, bornés, etc.,
utilisée depuis les années 1980 au Québec. (Dictionnaire
des injures québécoises, Stanké 1996)
Cela dit,
examinons le phénomène Trump sous la loupe d’une philosophe dont les réflexions
sont drôlement pertinentes tandis que les puissants de ce monde jouent au
Monopoly de la même manière que dans les années 1930 et 1960.
Citations :
Hannah Arendt (1906-1975)
Philosophe allemande et professeur de théorie politique, naturalisée américaine
«Le
nationalisme tribal insiste sur le fait que son peuple est entouré d'ennemis.»
Image : Jim Unger
«La
liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas
garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat.» (La Crise de la culture)
«Le
mensonge, lorsqu'il est organisé de façon systématique, constitue une arme
politique extrêmement efficace.»
«La
véracité n'a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a
toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires
politiques.» (Les origines du
totalitarisme)
«Le
mensonge est plus fort que la vérité, car il comble l'attente.»
«Le
pouvoir de la machine réside dans la nécessité, et d’autre part dans
l’admiration que ressentent les peuples pour la nécessité. Le mal trouve son
terreau dans la nécessité et le non-choix au nom de l’avenir.»
«L’irréflexion
(témérité insouciante, confusion sans espoir ou répétition complaisante de
«vérités» devenues banales et vides) me parait une des principales
caractéristiques de notre temps. Ce que je propose est donc très simple : rien
de plus que penser ce que nous faisons.»
«La
société de masse est peut-être encore plus sérieuse, non en raison des masses
elles-mêmes, mais parce que cette société est essentiellement une société de
consommateurs, où le temps du loisir ne sert plus à se perfectionner ou à
acquérir une meilleure position sociale, mais à consommer de plus en plus, à se
divertir de plus en plus... Croire qu'une telle société deviendra plus
«cultivée» avec le temps et le travail de l'éducation, est, je crois, une
erreur fatale... l'attitude de la consommation, implique la ruine de tout ce à
quoi elle touche.» (La Crise de la
culture)
«Le
totalitarisme remplace tous les vrais talents par ces illuminés et ces
imbéciles dont le manque d'intelligence et de créativité reste la meilleure
garantie de leur loyauté.»
«Politiquement,
la faiblesse de l'argument du moindre mal a toujours été que ceux qui
choisissent le moindre mal oublient très vite qu'ils ont choisi le mal.» (Responsabilité et jugement)
«Priver
un individu de ses droits fondamentaux, c’est d’abord le priver de la capacité
du politique. »
«Les
hommes qui ne pensent pas sont comme des somnambules.»
~~~
«En
réaction au besoin humain de se connecter à quelque chose de plus profond et de
plus satisfaisant que les convoitises suicidaires de nos sociétés, des
individus du monde entier font preuve de créativité, de courage et
d’intelligence pour s’extirper de leurs façons de vivre conditionnées. Dans un
sens, on peut les dire à contre-culture, dans un autre sens, ils se sont
engagés à suivre un impératif culturel plus profond, enraciné dans
l’appréciation de la terre, de la vie et de la beauté des choses simples. ...
Suis-je un anarchiste, un fauteur de trouble, un rebelle, un agitateur, parce que
je veux participer à quelque chose de totalement nouveau? Si oui, alors, je
suis un ‘anarchiste, non-violent et compatissant’.»
~ William
Martin, essayiste, traducteur, peintre et poète américain
Peut-on penser par soi-même?
Que veut
dire penser par soi-même? Est-ce penser en dehors de toutes les influences
extérieures? Est-ce confronter ses idées à l’expérience de la vie pratique
quotidienne?
Penser par soi-même est le propre d’une
démarche philosophique, celle qui consiste à chercher la vérité individuellement
pour arriver à mieux se connaître soi-même et les autres et agir en toute
liberté, selon des principes applicables en toutes circonstances.
Penser par soi-même n’est pas un acte
naturel. Cela exige un effort, un travail sur soi pour lutter contre ses
instincts, ne pas s’attacher à ses pensées et ne pas subir les influences
extérieures. Penser par soi-même est d’abord un acte d’un individu responsable
et autonome. Mais où se placer pour penser par soi-même? Dans l’Être ou le
paraître?
Article
intégral :
La philosophie, une réponse à la violence
La
violence règne en permanence dans la vie quotidienne et elle devient
relativement banalisée par les crimes, les guerres, les discours, les images…
Est-elle le fruit d’un comportement naturel qui excuse toute acte violent? Y-a-t’il
une autre alternative à la violence?
Le mot violence vient du grec bia et du latin violentia, qui veut dire l’acte de «violer». La violence implique
toute action contraire à l’ordre (moral, juridique, politique) ou à la
disposition harmonieuse de la nature. Elle porte en elle un élément de chaos,
de transgression et d’imprévisibilité.
La violence : un comportement naturel?
En
langage populaire, la violence désigne une utilisation excessive ou agressive
de la force physique qui conduit à une relation de brutalité ou d’inhumanité
envers l’autre. Mais réduire la violence à un comportement naturel et
instinctif conduit à détruire toute notion de responsabilité humaine et, par
conséquent, à excuser ceux qui pratiquent la violence.
Article
intégral :
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