«L'enfer
est vide, tous les démons sont ici.» ~ William Shakespeare
Dans la
mire :
1. On
sait que le FMI n’a pas de cœur. Alors, ce qui s’est passé en Haïti était
inhumain : le gallon américain d’essence, qui représentait une
demi-journée de travail, passait soudainement à l’équivalent d’une journée de
travail (51 % pourcent d’augmentation!).
En début d'après-midi vendredi le 6 juillet,
les ministères de l'Économie, des Finances, du Commerce et de l'Industrie
avaient annoncé une augmentation des prix de l'essence de 38 %, celui du diesel
de 47 % et celui du kérosène de 51 %, applicable le samedi 7 juillet à minuit.
Le nouveau cadre de référence entre le Fonds
monétaire international (FMI) et Haïti, signé en février, impliquait la
cessation de la subvention publique des produits pétroliers, source conséquente
du déficit budgétaire de l'État.
Cette importante hausse a été perçue comme
insupportable par la majorité de la population qui fait face à une pauvreté
extrême, un chômage de masse et une inflation supérieure à 13 % pour la troisième
année consécutive. Le président haïtien Jovenel Moïse a appelé samedi soir les
manifestants à quitter les rues, paralysées par des vagues de violences depuis
vendredi après-midi, car il avait «corrigé ce qu'il y avait à corriger», à
savoir suspendre la décision d'augmenter les prix des produits pétroliers.
(La
Presse, juillet 2018)
2. Selon
les experts d'une commission non partisane, le Joint Commitee on Taxation, la réforme fiscale de Donald Trump
pourrait ajouter 1000 milliards de dollars à la dette publique qui dépasse déjà
les 20 000 milliards de dollars. Cette réforme préconisait, entre autres, une
baisse du taux d'impôt sur les sociétés, un taux plus bas pour les profits
reversés aux actionnaires, un régime plus favorable pour les profits
enregistrés à l'étranger – ce régime aboutit à une situation ubuesque où les
grands groupes américains thésaurisent des milliards de dollars à l'étranger si
bien qu'au total, c'est un magot de 1000 à 3000 milliards de dollars qui est
gardé au chaud par les grands groupes. Apple, par exemple, possède un trésor de
guerre de plus de 250 milliards de dollars.
3. À
quelques semaines du déclenchement officiel de la campagne électorale
provinciale, le Collectif pour un Québec
sans pauvreté demande aux partis politiques de faire connaître leurs
propositions en matière de lutte à la pauvreté. Le Collectif a fait parvenir
une lettre aux quatre formations représentées à l'Assemblée nationale, leur
demandant de divulguer leurs engagements pour éradiquer la pauvreté, avant la
fin du mois d'août. Les réponses obtenues seront alors dévoilées au grand
public. (La Presse Canadienne)
Ministre : Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité.
~ Ambrose
Bierce (Le dictionnaire du Diable)
«La responsabilité du choix, c’est aussi oser décider de quel côté on se situe dans une société injuste, traversée de conflits et marquée par l’indignité. C’est pourquoi nous sommes tous des êtres politiques, que nous le voulions ou non. Nous vivons dans une dimension politique fondamentale. Par le fait même d’exister, nous passons un contrat avec tous nos contemporains, mais aussi avec les générations futures.
«La responsabilité du choix, c’est aussi oser décider de quel côté on se situe dans une société injuste, traversée de conflits et marquée par l’indignité. C’est pourquoi nous sommes tous des êtres politiques, que nous le voulions ou non. Nous vivons dans une dimension politique fondamentale. Par le fait même d’exister, nous passons un contrat avec tous nos contemporains, mais aussi avec les générations futures.
Qu’est-ce qui conditionne nos décisions?
Qu’est-ce qui oriente les choix que nous faisons, les idées qui sont les
nôtres, ce que nous trouvons par exemple inadmissible? Que choisissons-nous de
défendre, et que choisissons-nous de rejeter?
Avoir la possibilité de choisir ce à quoi on
consacre son existence est un grand privilège.
Je suis profondément révolté devant les nouvelles formes d’esclavage et l’exploitation effrénée de la planète. Notre instinct de destruction nous conduira inévitablement à l’anéantissement de notre espèce.
Je suis profondément révolté devant les nouvelles formes d’esclavage et l’exploitation effrénée de la planète. Notre instinct de destruction nous conduira inévitablement à l’anéantissement de notre espèce.
La vie des humains est lisible à travers
leurs déchets. Les décharges sont un miroir où se laissent déchiffrer des
millénaires de vie quotidienne. [...] Les décharges de notre temps se
présentent autrement et racontent d’autres histoires. Le plus grand dépotoir du
monde, à l’heure actuelle, n’est pas situé sur la terre ferme mais dans l’océan
Pacifique, entre la côte californienne et Hawaï. Des millions de tonnes de
détritus à la dérive. ... Les déchets se composent de plastique et ont une
demi-vie infiniment longue. [...]
Bien entendu, un grand nombre de personnes
travaillent aujourd’hui à contrer l’avancée de la montagne-poubelle. Nous avons
une importante politique de tri et de recyclage qui n’existait pas il y a vingt
ans. Mais ce n’est pas assez, vu que les plus dangereux des déchets, à savoir
le nucléaire à l’échelle globale, ne dispose pas encore de solution viable pour
son stockage définitif. Les plus grands consommateurs de nucléaire, tels que la
Chine et les États-Unis, ont à peine commencé à construire des stations de
stockage provisoires, en attendant d’imaginer des méthodes de stockage
définitif et de les approuver politiquement. Ce qui a lieu, ou non, dans un
pays comme la Corée du Nord, je ne veux même pas y penser. J’y pense néanmoins.
Toutes les civilisations ont laissé des
déchets. Quand un empire tombe, son premier souci n’est pas de faire le ménage.
Mais l’Égypte des pharaons pas plus que la Rome impériale n’ont laissé derrière
elles des déchets mortifères. Nous, oui. »
~ Henning
Mankell (SABLE MOUVANT Fragments de ma vie; Éditions du Seuil, septembre
2015)
Je pense, donc je suis... responsable!
Alain
Etchegoyen (1951-2007), écrivain et philosophe
Entendons-nous
sur ce qu’est la responsabilité. C’est devenu un maître mot, donc il a plus de
valeur que de sens. Être responsable, c’est répondre de ses actes et de leurs
conséquences devant autrui. Être responsable de ses actes devant soi-même
également.
De quoi
et de qui est-on responsable? Le premier territoire, c’est la famille. Qu’elle
soit traditionnelle, décomposée, recomposée, c’est la première responsabilité
que l’on a parce qu’elle est immédiate. On est responsable de ses enfants et de
ses proches. Éduquer les enfants à la responsabilité, cela veut dire de ne pas
se contenter de leur imposer des recettes de comportement, mais leur en montrer
en permanence le sens par rapport aux conséquences de ce comportement.
L’enfant
devient adolescent en s’échappant, en vous échappant. Il grandit sans étayer
sur un tuteur unique. Il agit et réagit à des sollicitations qui viennent de
tous les côtés et de tous les horizons. Combien de fois on entend «il faut
éduquer les enfants à l’écologie, à la paix». Il faut se méfier de souhaiter
pour les autres une pratique que nous ne sommes pas capables de nous imposer.
La responsabilité s’enseigne par l’exemple.
Répondre
de ses actes et de leurs conséquences, n’a jamais été plus difficile à cause de
la multiplicité des influences extérieures : télévision, cinéma, Internet...
Résultat, il faut improviser, quand ce n’est pas tout réinventer, car il n’y a
pas de modèle de ce que nous sommes actuellement ni de ce nous sommes en train
de devenir.
Certains
s’occupent des problèmes mondiaux. Souvent ceux qui recherchent une
responsabilité veulent en réalité un pouvoir. Dans une démocratie, tout le
monde clame : «Moi je désire assumer un poste à responsabilités». Personne ne
dit : «Je veux du pouvoir». Pourtant, lorsqu’il s’agit d’assumer des
responsabilités... il n’y a plus personne en vue.
Le
contraire de la responsabilité c’est la lâcheté.
Répondre
de ses actes est un engagement – juridique et moral – que l’on prend en
accédant à un pouvoir impliquant des responsabilités. C’est aussi vrai dans la
famille que dans l’entreprise, le syndicat ou la vie politique. La
responsabilité est le nouveau principe moral parce que nous sommes tous
aujourd’hui confrontés à des situations auxquelles nous n’avons jamais été
préparés.
On n’est
pas responsable de tout. On est d’abord responsable de soi-même devant les
autres, de ce qu’on fait et de ce qu’on décide les concernant. Ensuite, on est
responsable sur un territoire sur lequel on a un pouvoir. Chacun doit avoir un
espace sur lequel il exerce une responsabilité. Et ce principe aujourd’hui
fonctionne dans tous les domaines. Il est essentiel dans notre société que
chacun ait conscience qu’il joue un rôle, que l’impact de ses actes personnels
a un effet sur un collectif.
Quand
nous sommes désorientés face à une décision ou une action, il faut faire subir
à celle-ci l’épreuve de la responsabilité : de cette décision ou de cette
action, voudrons-nous répondre devant ceux qui sont concernés par elle ou par
ses conséquences? Ce principe exprime notre époque. Ce n’est ni du
prêt-à-penser ni du prêt-à-agir. Il ne donne pas des réponses clés en main. La
vraie morale se moque des traditions qui donneraient des solutions toutes
faites du genre «Ça ne se fait pas!». C’est en ce sens que la vraie morale se
moque de la morale. C’est pourquoi je la compare à la cuisine. Il ne s’agit pas
de suivre des recettes mais de perpétuellement improviser. C’est une morale
plus exaltante que celle de l’ordre et de la conservation.
Le risque
est inséparable de la responsabilité, il en constitue même l’un des premiers
ingrédients.
La vraie morale se moque de la morale, Être
responsable
Éd. Du
Seuil, 1999
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