«Les financiers ne font bien leurs affaires
que lorsque l'État les fait mal.»
~
Talleyrand
Photo :
Presse Canadienne. Stephen Harper et la mairesse Colette Roy-Laroche.
Le 15-18
| 3 juillet 2018 – Pour l'ancien préfet
de la MRC du Granit, Maurice Bernier, cinq ans après la tragédie qui a
défiguré le centre-ville de Lac-Mégantic, il est temps que la ville passe à
autre chose. «C’est bien qu’on se souvienne, il fallait qu’on souligne le
cinquième anniversaire, mais je pense que les gens sont un peu tannés d’être
vus comme des victimes», dit-il.
Maurice Bernier croit que l’aménagement
d’une voie de contournement contribuera à la «thérapie collective» des Méganticois
: «Il fallait qu’on fasse quelque chose.»
Mais
il est tout de même convaincu qu’une
enquête publique est nécessaire pour faire toute la lumière sur la tragédie et
répondre aux questions qui sont toujours sans réponse. «Il ne faut pas
qu’on se mette à haïr le train quand on vit une situation comme celle-là,
soutient-il. Il faut vraiment qu’on prenne conscience de ce qui a causé la
tragédie.»
«Dans le fond, ce n’est pas un train qui est
passé à Lac-Mégantic dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013. C’est une série de
stupidités, c’est un manque de courage de la part des politiciens, de la part
des compagnies qui veulent faire de l’argent sur le dos du monde. C’est ça qui
a créé la crise de Lac-Mégantic.» Maurice Bernier, ancien préfet de la MRC du
Granit
Réponse du ministre des Transports :
LA Presse
| 12 avril 2018 – Marc Garneau ferme la
porte à une commission d'enquête sur la tragédie ferroviaire à
Lac-Mégantic, en 2013.
Répondant aux questions des journalistes
lors d'un événement sur un autre dossier à Montréal, jeudi, le ministre fédéral
des Transports a réitéré qu'une telle
commission d'enquête n'était pas nécessaire «parce qu'on connaît déjà ce qui
s'est passé en fins détails».
Mardi, l'Assemblée nationale du Québec avait
demandé à l'unanimité à Ottawa «de déclencher dans les plus brefs délais une
commission d'enquête publique sur les circonstances de la tragédie».
Le Groupe parlementaire québécois – les sept
députés dissidents du Bloc québécois à la Chambre des communes – a repris la
balle au bond le lendemain en écrivant une lettre au premier ministre Justin
Trudeau exigeant une commission d'enquête.
Le procès
des trois boucs-émissaires désignés à
Lac-Mégantic était une mascarade pour réprimer toute tentative d’accuser les
dirigeants de MMA et Canadian Pacific Railway, et encore plus de remonter
jusqu’aux grands gestionnaires de portefeuilles d’entreprises, traders et
magnats de la Bourse tels que Paul Hilal et William Ackman, ayant pour mission
de satisfaire les intérêts des actionnaires à n’importe quel prix, au risque de
sacrifier des vies humaines si nécessaire. (Voyez l’article Mégantic 1 : un désastre causé par des
affairistes véreux)
Conséquemment :
ICI
Radio-Canada Info | 28 juin 2018 – Cinq
ans après l'explosion au centre-ville de Lac-Mégantic, les événements où des wagons partent à la dérive sont en hausse. En 2017, 44 incidents semblables ont été
répertoriés au Bureau de la sécurité des transports (BST), un sommet depuis 10 ans, malgré
l'augmentation du financement et du nombre d'inspecteurs affectés à la sécurité
ferroviaire.
MÉGANTIC,
D’un train à l’autre, 30 juin 2013 – 12
décembre 2013, p. 194-195 :
Point milliaire zéro
Un
tremblement de terre, un deuxième... les citernes déraillent, s’empilent,
s’éventrent, laissent échapper leurs gaz toxiques... des flots de pétrole
liquide et d’infimes gouttelettes enveloppent le centre-ville dans une brume de
feu... un transformateur est fauché, l’électricité flanche, l’obscurité est
totale... au Musi-Café, dans les appartements obscurs, une intense lueur orange
illumine les murs qui fondent... le centre-ville s’embrase, explose... un mur
de feu de plusieurs étages, formé du pétrole liquide et des gaz qui s’échappent
des citernes éventrées, se dirige vers le lac à une vitesse de 4 km/h... le mur
rase tout sur son passage... le lac est une surface de feu... la température du
brasier atteint 3000 degrés Celsius.
Quarante-sept
morts.
Il n’y
aura pas de détails. Ici, on se tait.
Simplement
honorer la mémoire des victimes.
Rappeler
les nuits tragiques des survivants.
Rappeler
aussi l’agonie de ceux et celles qui, le corps intact
mais
l’âme brûlée, ne survivront pas.
Les
suicidés.
Respect
et paix.
Nos
excuses aussi, pour n’avoir rien vu, rien prévu,
rien
prévenu...
~ Anne-Marie
Saint-Cerny
Photo :
Paul Chiasson / Presse Canadienne
Déversements récents :
– Le 22
juin 2018 : Un train de
marchandises albertain composé de wagons-citernes transportant du pétrole a
déraillé et déversé 230 000 gallons (870
619 litres) de pétrole brut dans l'eau d'une rivière servant à fournir de
l'eau potable aux communautés environnantes. À Doon dans le comté de Lyon, au
nord-ouest de l'État de l'Iowa, le pétrole déversé s'est retrouvé dans les eaux
de la rivière Little Rock et a fait son chemin jusqu'à Rock Valley. États-Unis.
Photo :
déversement du convoi pétrolier albertain en Iowa.
– Le 22
juin 2018 : BP Canada déverse 136 000 litres de boue toxique au large d'Halifax. BP Canada
a indiqué, vendredi soir, être responsable d'un déversement de fluides de
forage survenu sur l'une de ses plateformes d'exploration de gisements
pétroliers au large des côtes de la Nouvelle-Écosse.
La fuite survenue sur la plateforme de
forage West Aquarius, située à 330 kilomètres d'Halifax, a été maîtrisée
vendredi. L'entreprise indique que le liquide s'est répandu dans l'océan en
provenance de conduites situées environ à 30 mètres sous le niveau de la mer.
L'événement se serait produit dans une zone à risque située non loin de la zone
de protection marine du Gully et de l'Île de Sable.
Radio-Canada
avec La Presse canadienne et CBC News | Le 23 juin 2018
Principaux déversements et fuites de pétrole
entre 1966 et 2018 (hallucinant!)
:
Photo :
Adrian Wyld / CP. Manifestation contre l’exploitation des sables bitumineux
devant le Parlement d’Ottawa (2010).
«Je suis
chez moi, et hors de moi. En encourageant le développement à outrance des
industries pétrolières albertaines, Stephen Harper, le chef d’État du Canada,
met l’humanité en péril. L’humanité de ma province natale, et l’humanité tout
court. ... À long terme, le potentiel pétrolier des ces sables est estimé à 170
milliards de barils extractibles, soit suffisamment pour nourrir en or noir, au
rythme insensé où nous le consommons, pendant deux siècles et demi encore. ...
Mais ce que l’on extrait des sables, grâce à différentes techniques coûteuses
et très polluantes, est bel et bien du bitume; pour transformer cette substance
gluante, puante et extrêmement corrosive, il faut encore l’acheminer jusqu’à
des raffineries en Chine, au Texas ou au Québec par le truchement de pipelines
tentaculaires et forcément fuyants; ainsi les portions de la nappe phréatique
épargnées par la fracturation hydraulique pourront-elles être empoisonnées à
leur tour. ... Ces vastes réserves ont déclenché depuis les années 2000 un vrai
délire de développement industriel. Suncor et Syncrude, Shell Chevron Marathon,
Cavalier, Teck BP, CNRL, Imperial Exxon, Southern Pacific, Cenovus, Grizzly,
Koch, PetroChina, Stone, Total... des dizaines de compagnies s’arrachent des
parts du gâteau.» ~ Nancy Huston
Source : BRUT La ruée vers l’or noir; David Dufresne, Nancy Huston, Naomi Klein, Melina Laboucan-Massimo et Rudy Wiebe; Lux Éditeur, 2015
Justin Trudeau, l’homme du changement...
Les
paradis fiscaux privent le Canada de sommes substantielles d’impôt sur le
revenu, et à ce que je sache, on n'a pas encore vu de fonctionnaires à la chasse au
trésor sous les cocotiers... En outre, le gouvernement Trudeau a flambé 4,5 milliards de
dollars pour le pipeline Trans Mountain. Pour comble d’insulte, chaque citoyen
canadien donne involontairement 100 $ par année aux pétrolières!
Tous les Canadiens donnent sans le savoir
100 $ par année à l’industrie pétrolière
Stephen
Leahy | VICE, 7 juin 2018
Alors que
vous payez déjà des prix record pour l’essence, vous serez sans aucun doute
heureux d’apprendre que, comme chaque femme, chaque homme et chaque enfant au
Canada, vous faites tous les ans un «don» d’environ 100 $ à des compagnies
pétrolières en bonne santé financière et, dans bien des cas, sous contrôle
étranger. Collectivement, ces dons, sous forme de subventions fédérales et
provinciales, se sont élevés à 3,67
milliards de dollars en moyenne par année en 2015 et 2016. Ce qui fait de
nous les plus généreux parmi les pays du G7, d’après une récente étude.
De plus, deux tiers des Canadiens sont en désaccord avec l’octroi de subventions
aux compagnies pétrolières parce
qu’elles sont polluantes et aggravent les changements climatiques, selon un
sondage dont les résultats ont été publiés lundi. Et presque toute la
population canadienne veut que le gouvernement divulgue le montant des fonds
publics versés aux compagnies pétrolières.
L’achat récent par le gouvernement Trudeau
du pipeline Trans Mountain au montant de 4,5 milliards de dollars
s’accompagnera probablement d’une hausse des subventions à l’industrie, selon
Yanick Touchette. «Le gouvernement n’a pas rendu publique l’analyse économique
de cet achat, alors on ne sait pas à combien s’élèvent les subventions qu’il
implique», ajoute-t-il.
L’étude montre d’ailleurs aussi que le
Canada est au bas de la liste des pays en matière de transparence à propos des
subventions.
Pour mettre en perspective ces 3,67
milliards de dollars de subventions, le gouvernement fédéral et les quatre plus
populeuses provinces donnent environ 29 milliards par année en subventions à
l'ensemble des secteurs de l'économie, selon un rapport de l’Université de
l’Alberta. L’Alberta est de loin la plus généreuse : chaque Albertain a donné
640 $ au cours de l’année financière 2014-2015. C’est aussi la province la plus
transparente à propos de ces subventions, note-t-on dans le rapport.
Article intégral :
DOCUMENTAIRES
(Avec le
recul on voit les effets dévastateurs du mensonge et de la dissimulation)
1. La tragédie de Lac-Mégantic | 17 novembre 2013 | 44 min
Émission Découverte, ICI Radio-Canada Télé
Les
aspects scientifiques et technologiques de la tragédie du Lac Mégantic. Le fil
des événements et l’incendie. Retour sur les événements du 6 juillet dernier et
sur les opérations incendies qui ont permis d’éteindre l'un des plus gros
brasiers d'hydrocarbures en Amérique du Nord. Les freins, le contenant et le
contenu et l’analyse métallurgique. Les enquêteurs du Bureau de la sécurité des
Transports font face à un défi énorme. Dans un site dévasté, ils doivent
trouver les indices afin de trouver les causes de l'accident. - Identification
des victimes. Le brasier qui a suivi le déversement de pétrole a fait craindre
le pire : l'impossibilité d'identifier les victimes. Malgré tout, le bureau du
coroner sera capable de confirmer l’identité de la grande majorité des
victimes. Environnement et contamination. Plus de 115 000 mètres cubes de sols
contaminés doivent être déplacés sur un site temporaire. En quatre mois, la
municipalité est devenue le chantier de tous les superlatifs.
2. Lac-Mégantic : Rapport du BST | 7 décembre 2014 | 43 min
Émission
Découverte, ICI Radio-Canada Télé
Un accès
inédit aux photos et aux vidéos tournées pendant l'enquête du BST à
Lac-Mégantic nous entraîne dans les coulisses de la plus grande enquête
technique du Bureau de la sécurité des transports du Canada. Quelles pistes les
enquêteurs ont-ils suivies? Quels tests ont-ils réalisés pour déterminer ce qui
a conduit à la dérive et au déraillement de ce train chargé de pétrole brut, la
nuit du 6 juillet 2013?
– Sur le plan environnemental, la
catastrophe de Lac-Mégantic est sans précédent. Six millions de litres
d’hydrocarbures ont fui des citernes. On apprendra plus tard qu’il faudra
excaver plus 170 000 mètres cubes de terre souillée du centre-ville. Cet
immense cratère sera comblé avec du sable. Parallèlement à ce remblayage, la
décontamination des sols se déroule sur des plates-formes de traitement
installées tout près du centre-ville. [...]
Pour comprendre les causes mécaniques (photos à l’appui) :
Rapport
d’enquête du Bureau de la sécurité des transports du Canada (2014)
Train de
marchandises MMA-002 de la Montreal, Maine & Atlantic Railway parti à la
dérive et déraillement en voie principale au point
milliaire 0,23 de la subdivision Sherbrooke Lac-Mégantic (Québec), le 6 Juillet
2013
Lac-Mégantic
en chiffres (source : ICI Radio-Canada)
Cinq clés pour comprendre la tragédie de
Lac-Mégantic
Publié le 15 novembre 2013
3. Le transport des hydrocarbures 22 mars 2015 | 43 min
Émission
Découverte, ICI Radio-Canada Télé
Dans le
sous-sol de Cold Lake, Peace River et Fort McMurray, il y a 175 milliards de
barils de pétrole, soit 97 % de la réserve canadienne et la 3e plus grande
réserve au monde. Depuis la catastrophe de Lac-Mégantic, la problématique du
transport des hydrocarbures a pris le devant de la scène. Faudrait-il miser sur
les pipelines au lieu des trains? Quel mode de transport est le plus
sécuritaire? La question n’est pas simple, car elle met en jeu des intérêts
commerciaux énormes, le bien-être des citoyens, l’environnement et une demande
sans fin pour les hydrocarbures, au moment même où le Canada devient une
puissance pétrolière grâce aux sables bitumineux. Découverte fait le point sur
cette question controversée.
Héros sous le choc
Production
- PVP DOC II - Québec, 2014
(Le
documentaire inclut plusieurs témoignages des premiers répondants à
Lac-Mégantic)
Porté par
le comédien Claude Legault, Héros sous le
choc nous offre une incursion dans les coulisses de professions auxquelles
le stress est inhérent. Au cours de leurs interventions, les pompiers, les
policiers et les techniciens paramédicaux sont constamment soumis à la détresse
humaine, et plusieurs d’entre eux vivent avec les séquelles d’un choc
post-traumatique. Comment ces héros font-ils pour affronter la violence,
l’horreur et souvent l’impuissance dans leurs métiers? Dans ce documentaire,
nous suivons les équipes d’intervention sur le terrain et découvrons l’étoffe
de véritables héros et héroïnes du quotidien.
Citation
du jour
«Si les
gens d’aujourd’hui ne sont pas convaincus du caractère fâcheux d’un système qui
les a menés de crise en krach, de faillite en révolte, de révolution en
conflagration; qui gâte la paix, la rend affairée et soucieuse; qui fait de la
guerre un cataclysme universel, presque aussi désastreux pour les vainqueurs
que pour les vaincus; qui ôte son sens à la vie et sa valeur à l’effort; qui
consomme l’enlaidissement du monde et l’abrutissement du peuple; si les gens
d’aujourd’hui accusent n’importe qui des grands maux qui les accablent, en
attribuent la cause à n’importe quoi plutôt qu’au développement de la machine,
c’est qu’il n’est pas de sourd mieux bouché que celui qui ne veut rien
entendre.
S’il est vrai qu’elles [les machines]
produisent l’abondance, comment se fait-il que là où elles règnent, règne
aussi, dans tel quartier bien caché, la misère la plus atroce et la plus
étrange? Comment, si elles produisent l’abondance, ne peuvent-elles produire la
satisfaction? La surproduction et le chômage ont logiquement accompagné le
progrès des machines, tant qu’on n’a pas fait une guerre, trouvé un trou pour y
jeter le trop-plein.
Quand
vous aurez fait de l’État une machine, comment empêcherez-vous un fou
quelconque de s’emparer du guidon et de pousser la machine au précipice? Quand
vous aurez fait de l’État une machine, il faudra que vous lui serviez vous-même
de charbon. La machine enchaîne, la main délivre.»
~ Lanza
del Vasto (Le pèlerinage aux sources,
Chapitre IV, p. 160-169; Le livre de poche 1943)
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