À l'heure
actuelle, quand nous mangeons, nous ne sommes pas conscients de la façon dont
nos choix alimentaires affectent le monde. Nous ne réalisons pas que dans chaque
Big Mac il y a un morceau de forêt tropicale, et qu’à chaque milliard de burgers
vendus une autre centaine d'espèces disparait. Nous ne nous rendons pas compte
que dans le grésillement de nos steaks il y a la destruction des habitats, la
perte de nos terres arables, la pollution de notre eau et l'abattage de nos
forêts. Nous n'entendons pas dans le grésillement les cris de millions de
personnes affamées qui pourraient autrement être nourries. Nous ne savons pas
que nous mangeons notre pétrole, notre climat et l'avenir de la vie sur terre.
Pourtant, une fois que nous réalisons l'impact de notre dépendance à la viande,
quelque chose change en nous. Lorsque nous voyons que manger de la viande
aujourd'hui est un crime écologique, nous savons ce que nous devons faire. Il
ne s'agit pas de faire plus de sacrifices ou d'énormes efforts. Il s'agit de ne
pas résister à la vérité par crainte des changements qu'elle nécessite dans
notre vie.»
~ John
Robbins (Animals’ Voice, 1988)
Blind to the Hypocrisy by Jo Frederiks, a passionate animal
rights advocate, speaking through her art to create awareness of animal
cruelty. She is a fulltime practicing Wildlife artist, exposing the well-hidden
plight of helpless 'livestock' animals.
Pourquoi
n’y a-t-il pas plus de gens préoccupés par les changements climatiques?
Aujourd'hui, les changements climatiques ont peut-être
moins à voir avec la conservation qu'avec le cœur. Les gens connaissent les
faits au sujet des changements climatiques – ou commencent à les connaître – mais ils s'en fichent, tout simplement.
Les
recherches en psychologie de la perception du risque démontrent clairement que connaître
un danger potentiel, aussi monumental soit-il, suscite l'indifférence s'il est
trop abstrait. Une menace lointaine et impersonnelle ne nous fait pas peur,
alors que faire face à une menace immédiate – disons, un incendie par exemple – nous pousserait à l'action. À l'heure actuelle, on n’a pas
l’impression que les changements climatiques «pourraient ruiner notre vie, ou nous
tuer» personnellement.
Soyons
réalistes : pouvez-vous nommer une seule conséquence des changements climatiques
qui aurait un impact sérieux et négatif directement sur vous dans les dix
prochaines années? Probablement pas. La plupart des gens, même les plus renseignés,
ne peuvent pas prévoir. Pensez-vous que les impacts c’est pour dans cinq ou dix
ans?
Nous ne
vivons pas dans une forêt tropicale lointaine, mais la météo nous préoccupe. Nous
voulons que notre système alimentaire soit saint. Nous voulons protéger nos résidences
contre les inondations et avoir accès à de l'eau potable. Croire que “le
changement climatique n’est pas notre problème” ou que “le changement
climatique ne nous affectera pas” est exactement ce qui met toutes ces choses
en péril. Le problème n’est pas pour demain, les changements climatiques nous
affectent déjà.
Certains impacts du changement climatique méritent
notre attention immédiate :
Phénomènes
météorologiques extrêmes
Les phénomènes météorologiques extrêmes tels que
les tornades, les ouragans et les incendies de forêt sont de plus en plus fréquents.
En fait, l'intensité, la fréquence et la durée des ouragans dans l'Atlantique
nord ont tous augmenté depuis les années 1980. Les inondations causées par les
marées ont également décuplé dans plusieurs villes côtières des États-Unis
depuis les années 1960.
Il fait de
plus en plus chaud – vraiment plus chaud
Les températures annuelles moyennes aux États-Unis
ont déjà augmenté de 1,8 degré fahrenheit entre 1901 et 2016. Les villes en
sont les principales victimes, avec une augmentation des températures diurnes
jusqu'à 7 degrés fahrenheit. Cela est particulièrement vrai dans l'est et le sud-est
des États-Unis.
Les pluies
sont plus intenses
Les précipitations dans le Midwest et dans les
plaines du nord et du sud augmentent de façon significative. Les pluies torrentielles
de plus en plus fréquentes provoquent des crues soudaines mortelles, des pénuries
de denrées alimentaires, une dégradation de la qualité de l'eau potable et elles
affectent les pêcheries. Par ailleurs une grande partie de l'ouest, du
sud-ouest et du sud-est subit de graves sécheresses.
Le niveau
de la mer augmente
Jusqu'à présent, globalement, le niveau des océans
a déjà augmenté d'environ 8 pouces (20 cm) selon les relevés qui ont commencé en
1880. Les scientifiques prévoient qu'il augmentera de 4 pieds (1,22 m) d'ici
2100. Sur une note similaire, l'Arctique pourrait être complètement dépourvu de
glace en été, d’ici le milieu de ce siècle. Mais vous le savez sans doute.
Certains impacts nous affectent déjà plus
directement :
Bière et
café
De nombreuses brasseries sont confrontées à des
pénuries d'eau fraîche et propre pour le brassage. En outre, de fortes pluies
en Australie et une sécheresse en Angleterre ont endommagé les cultures d'orge
et de houblon. L’approvisionnement en café rencontre des problèmes similaires de
production.
Le prix des
denrées alimentaires est en hausse
Les changements climatiques affectent l'offre
agricole mondiale. Les phénomènes météorologiques extrêmes ont déjà gravement affecté
l'approvisionnement alimentaire en Afrique et en Amérique centrale, provoquant des
troubles civils. Pourquoi? Les éléments essentiels de la vie quotidienne sont
soudainement inabordables.
De nombreux
propriétaires ne peuvent plus assurer leurs résidences
Confrontés à plusieurs séries de pertes dues à des
tempêtes violentes, de nombreux assureurs ont radicalement modifié leurs politiques
d’assurance. Les primes, pour ceux qui vivent en Caroline du Sud ou en Floride
par exemple, ont grimpé en flèche.
Nos lacs et
nos forêts disparaissent
De vastes étendues de forêts de pins ont été
dévastées par le scolyte des pins et les incendies. Merci à la hausse globale des
températures, les lits des lacs à travers les États-Unis sont en train de
s'assécher. Le tiers des grands lacs et des grandes rivières du monde
s’assèchent, affectant l'approvisionnement en eau douce pour plus de 3
milliards de personnes.
Lauren
Bowen
L'impact de l'homme sur la terre n'a jamais été
aussi grand. Aux États-Unis, l'un des pays les plus industrialisés du monde, on
commence à en prendre conscience de la fragilité de la terre, malgré
l'indifférence officielle. Vraiment?!
L’élevage
intensif du bétail à l'américaine
Aux États-Unis, les cultures de soja/maïs réservées
à l'élevage bovin intensif, accaparent
une grande partie des terres agricoles et sont une source de pollution désastreuse.
Malheureusement, beaucoup de pays les imitent. L’addiction aux hamburgers
nécessite des quantités astronomiques de viande de bœuf pour fournir les
chaînes de resto-burgers désormais implantés dans le monde entier.
Pour
produire la nourriture destinée au bétail, les États-Unis ont déboisé plus de
260 millions d’acres de forêt entre 1967 et 1988. «People have to eat», était
l’argument massue de l’industrie. En 1960, les Américains ont commencé à
importer de la viande de bœuf de l’Amérique centrale et de l’Amérique du sud.
Pour satisfaire à la demande de pâturages, ces pays ont sacrifié 130 000
milles carrés (336 700 km carrés) de leur précieuse forêt vierge tropicale.
En 1988, il ne restait plus que 75 000 milles carrés (194 250 km
carrés) de ce joyau de la réserve mondiale de biodiversité. Elles ont été
rapidement détruites pour nourrir le bétail du marché américain de fastfood.
Selon le Conseil des importateurs de viande d’Amérique, à l’époque les
Américains importaient 10 % de leur consommation de bœuf, dont plus de 90 % de
l’Amérique centrale et de l’Amérique latine. En 1985, ils ont importé
100 000 tonnes de viande du Costa Rica, du Salvador, du Guatemala, du
Honduras, du Nicaragua et du Panama. Le Conseil spécifiait que toute la viande
aboutissait dans les restaurants de hamburgers. Ce faisant, les populations
locales ont été réduites à la famine car ils n’avaient plus accès aux produits de
base qui servaient désormais à nourrir le bétail. Quant aux tribus autochtones,
elles ont été rayées de la carte. La chaine de destruction touche toutes les
espèces animales et la nature dont elles dépendent.
Autre
crime humanitaire et écologique : la privatisation de l’eau. L’eau est en
train de devenir une «denrée monnayable». Les mafieux de l’agrobusiness s’emparent
de l’eau douce partout dans le monde avec la bénédiction des gouvernements. Nestlé,
Coca Cola et d’autres voleurs du genre – accumulent des réserves qu’ils
vendront aux plus offrants au marché boursier dans peu de temps. Et nous ne
protestons même pas.
Comme c’est
la saison des BBQ, tous les «chefs» participent aux grandes campagnes
publicitaires de l’industrie bovine. On n’entend parler que de hamburgers à la
radio (ici). Si le prix de l’eau nécessaire pour produire une livre (0,4 kg) de
bœuf était ajouté au prix du hamburger, ce dernier coûterait 40 $ la livre – ça
pourrait aider à réduire la consommation de cadavre en décomposition.
À votre avis, y’a pas trop de laitue? En
tout cas le client aura son quota d’antibiotiques, d’hormones de croissance
(supposément bannies), de pesticides et autres substances toxiques.
L’érosion des sols, un phénomène croissant aux
États-Unis dans certains états, a atteint son stade le plus grave : la désertification.
Les archéologues nous disent que l’érosion des sols a joué un rôle déterminant
dans le déclin et la disparition de plusieurs grandes civilisations, dont
celles des Égyptiens, des Grecs et des Mayas. L’érosion détruit la fertilité
des terres et conséquemment les civilisations qui en dépendent.
Les impacts
écologiques de l’élevage bovin intensif
(Bien sûr, les données ci-après s’appliquent à
tous les élevages intensifs, qu’il s’agisse de volailles, porcs, etc.)
Le feedlot
est un parc d’engraissement où sont élevés les bœufs. Les animaux sont
concentrés dans des enclos (environ 80 par hectare) dont ils ne sortiront que
pour être envoyés à l’abattoir. On trouve énormément de parcs comme ceux-là aux
États-Unis, mais il y en a partout dans le monde. Tout est mis en place pour
obtenir un engraissement rapide des animaux, et pour gérer les problèmes causés
par l’entassement massif des individus.
L'exemple de l'élevage intensif : les feedlots au Texas
Quand on parle de développement durable, on ne
peut pas éviter de mentionner la diète des sociétés plus opulentes, riche de
cet aliment hyperprotéique. La viande, en effet, est un des produits les plus
dispendieux, inefficaces et polluants, qui de plus, requiert une consommation
très élevée de ressources naturelles. En particulier l’élevage intensif qui
augmente la productivité et la rentabilité. C’est ainsi que se retrouve, dans
un espace très restreint, un nombre très élevé d’animaux. Cette manière
d’élever les animaux est contre-nature et a largement recourt à l’exploitation
des ressources environnementales.
Un des
exemples les plus significatifs des dommages environnementaux causés par la
production massive de viande est celui de la forêt Amazonienne où 88 % des
zones déboisées sont consacrées au pâturage. Au Brésil, en l’espace de 6 ans, les
exportations de viandes bovines ont augmenté de 600 % – à destination des États-Unis, de l’Europe et de la Chine.
La
pollution des sols et des eaux est aussi liée à l’élevage intensif du bétail et
à la lourde exploitation du terrain au profit des monocultures destinées à nourrir
les animaux. Cette forme de pollution est apparue dans les années 50 à cause du
recourt systématique aux fertilisants chimiques, de synthèse, et aux
pesticides.
La
production repose sur un système inefficace : en seulement un an, 145 millions
de tonnes de céréales et de soja ont été produites aux États-Unis et, de leurs
transformations, on été retirées seulement 21 millions de tonnes de viande et
de sous-produits. Près de 124 millions de tonnes de nourriture gaspillée qui
aurait pu nourrir des populations sous alimentées. La consommation d’eau pour
la production des céréales, l’abreuvage des animaux ainsi que le nettoyage des
étables est un des facteurs de majeure consommation des ressources hydriques
mondiales et cela crée un profond impact sur l’économie des ressources de la
planète. 16 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kilo de viande de
bœuf!
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L’Australie est le royaume de l’élevage intensif
du mouton. Les chaleurs intenses, les sécheresses et les incendies sont très
fréquents depuis des décennies.
Le silence
des agneaux
Un fermier
de NSW (New South Wales) devra
abattre 1200 moutons affamés parce qu’il ne peut plus les nourrir ni les
abreuver; il les enterrera dans une fausse commune sur sa ferme.
Photo: Sam Ruttyn. Le fermier Les Jones sur sa
propriété à Goolhi, à l'ouest de Gunnedah.
La famille consomme son eau en bouteille, c’est
tout ce qu'elle a à boire. Les 12 cours d’eau de la propriété sont soit à sec, soit
ils ne contiennent que quelques centimètres d'eau brune, qu'ils ont dû clôturer
parce que les moutons s’empêtraient sur les berges boueuses et mouraient. Il
n'y a plus aucune zone de pâturage sur la propriété – juste de la terre rouge et des touffes d'herbe-rasoir, que les animaux
ne peuvent pas manger parce que cela leur taillade la bouche. «Il n'y a pas de
nourriture, pas d'eau et lorsque le dernier cours d’eau sera asséché nous
n'aurons pas d’autre choix que de quitter.»
~~~
Le barrage
qui a cédé au Laos est situé sur un affluent du Mékong dans la province
d'Attapeu, dans le sud-est du pays. En s’effondrant, il a libéré cinq milliards de mètres cubes d'eau,
l'équivalent de plus de deux millions de
piscines olympiques.
Des
dizaines de barrages, financés majoritairement par la Chine, sont actuellement
en construction au Laos, notamment sur le Mékong.
Les organisations environnementales ont
exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes à ce sujet, mettant en avant
l'impact des barrages sur le Mékong, sa flore et sa faune, sur les populations
rurales, souvent déplacées, et sur les économies locales qui en dépendent.
~~~
Déforestation, agriculture extensive, urbanisation
massive = catastrophe écologique. Une conséquence logique.
Confrontée
à des pénuries d'eau, Sao Paulo doit développer ses infrastructures
Un texte de Jean-Michel Leprince
ICI Radio-Canada Nouvelles | Lundi 28 mai 2018
Photo : Radio-Canada. La forêt «Mata Atlantica»
disparaît au profit des terres agricoles.
[Extrait]
Une saison
particulièrement sèche a presque vidé les réservoirs d'eau de la ville de Sao
Paulo au Brésil, faisant craindre le pire à ses millions d'habitants. Cette
crise survient alors que deux nouveaux systèmes d'approvisionnement viennent
d'être inaugurés. Ces infrastructures seront-elles suffisantes?
Une telle
crise de l’eau surprend dans un pays qui possède 13 % des réserves mondiales
d’eau douce. Mais le problème date de plusieurs décennies : moins de
précipitations, combiné à une population de plus en plus importante et à de
mauvaises politiques publiques de gestion de l'eau.
SOS forêts
L’urbanisation massive et l’agriculture extensive
ont pratiquement éliminé la « Mata Atlantica », comme on appelle la forêt
native de la côte brésilienne.
«Ce qu’on
voit, c’est que la forme de pluie a changé dans ces villes, explique Pedro
Roberto Jacobi, professeur à l’Institut énergie et environnement à l’Université
de Sao Paulo. À cause de quoi? De la déforestation
autour des réservoirs et de l’expansion
de l’agriculture dans l’État de Sao Paulo, principalement celle de la canne
à sucre pour l’alcool.»
La seule
solution : reboiser. Ce qui se fait, mais encore trop timidement. L’ONG SOS
Mata Atlantica en a fait sa mission.
D’autres
vont plus loin encore pour trouver les causes des changements climatiques de
Sao Paulo : la déforestation en Amazonie.
«L'Amazonie
exporte de l'humidité et apporte des pluies dans le sud-est, le centre-ouest et
le sud du Brésil, mais aussi dans d'autres régions de Bolivie, du Paraguay et
d'Argentine, à des milliers de kilomètres, précise Antonio Donato Nobre de
l'Institut national de recherches spatiales. La sécheresse exceptionnelle que
vit la région sud-est du Brésil, spécialement Sao Paulo, peut déjà être le
résultat de la destruction de l'Amazonie.»
Les
scientifiques soulignent également que les fortes pluies en Asie-Pacifique, la
température plus élevée des océans et la sécheresse en Californie sont
interconnectées et font partie du même déséquilibre mondial.
Article intégral :
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Dans la même veine «L’humain, trop grand pour
échouer?» :
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