27 juillet 2018

Ignorance, indifférence, hypocrisie?

«Face aux périls qui nous menacent, il est tentant de blâmer les barons de l’industrie forestière, les compagnies pétrolières qui résistent à l'énergie solaire et à d'autres sources d'énergie alternatives; les gens qui s'obstinent à conduire des véhicules qui consomment trop d'essence; et les agences gouvernementales à courte vue qui considèrent l'environnement seulement comme une collection de ressources à exploiter. Mais ce faisant, nous négligeons ce qui est peut-être une des forces motrices parmi les plus puissantes derrière la dévastation de la biosphère : la dépendance à la viande.
   À l'heure actuelle, quand nous mangeons, nous ne sommes pas conscients de la façon dont nos choix alimentaires affectent le monde. Nous ne réalisons pas que dans chaque Big Mac il y a un morceau de forêt tropicale, et qu’à chaque milliard de burgers vendus une autre centaine d'espèces disparait. Nous ne nous rendons pas compte que dans le grésillement de nos steaks il y a la destruction des habitats, la perte de nos terres arables, la pollution de notre eau et l'abattage de nos forêts. Nous n'entendons pas dans le grésillement les cris de millions de personnes affamées qui pourraient autrement être nourries. Nous ne savons pas que nous mangeons notre pétrole, notre climat et l'avenir de la vie sur terre. Pourtant, une fois que nous réalisons l'impact de notre dépendance à la viande, quelque chose change en nous. Lorsque nous voyons que manger de la viande aujourd'hui est un crime écologique, nous savons ce que nous devons faire. Il ne s'agit pas de faire plus de sacrifices ou d'énormes efforts. Il s'agit de ne pas résister à la vérité par crainte des changements qu'elle nécessite dans notre vie.»
~ John Robbins (Animals’ Voice, 1988)

Blind to the Hypocrisy by Jo Frederiks, a passionate animal rights advocate, speaking through her art to create awareness of animal cruelty. She is a fulltime practicing Wildlife artist, exposing the well-hidden plight of helpless 'livestock' animals.

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de gens préoccupés par les changements climatiques?

Aujourd'hui, les changements climatiques ont peut-être moins à voir avec la conservation qu'avec le cœur. Les gens connaissent les faits au sujet des changements climatiques ou commencent à les connaître mais ils s'en fichent, tout simplement.
   Les recherches en psychologie de la perception du risque démontrent clairement que connaître un danger potentiel, aussi monumental soit-il, suscite l'indifférence s'il est trop abstrait. Une menace lointaine et impersonnelle ne nous fait pas peur, alors que faire face à une menace immédiate disons, un incendie par exemple nous pousserait à l'action. À l'heure actuelle, on n’a pas l’impression que les changements climatiques «pourraient ruiner notre vie, ou nous tuer» personnellement.
   Soyons réalistes : pouvez-vous nommer une seule conséquence des changements climatiques qui aurait un impact sérieux et négatif directement sur vous dans les dix prochaines années? Probablement pas. La plupart des gens, même les plus renseignés, ne peuvent pas prévoir. Pensez-vous que les impacts c’est pour dans cinq ou dix ans?
   Nous ne vivons pas dans une forêt tropicale lointaine, mais la météo nous préoccupe. Nous voulons que notre système alimentaire soit saint. Nous voulons protéger nos résidences contre les inondations et avoir accès à de l'eau potable. Croire que “le changement climatique n’est pas notre problème” ou que “le changement climatique ne nous affectera pas” est exactement ce qui met toutes ces choses en péril. Le problème n’est pas pour demain, les changements climatiques nous affectent déjà.

Certains impacts du changement climatique méritent notre attention immédiate :

Phénomènes météorologiques extrêmes
Les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les tornades, les ouragans et les incendies de forêt sont de plus en plus fréquents. En fait, l'intensité, la fréquence et la durée des ouragans dans l'Atlantique nord ont tous augmenté depuis les années 1980. Les inondations causées par les marées ont également décuplé dans plusieurs villes côtières des États-Unis depuis les années 1960.

Il fait de plus en plus chaud – vraiment plus chaud
Les températures annuelles moyennes aux États-Unis ont déjà augmenté de 1,8 degré fahrenheit entre 1901 et 2016. Les villes en sont les principales victimes, avec une augmentation des températures diurnes jusqu'à 7 degrés fahrenheit. Cela est particulièrement vrai dans l'est et le sud-est des États-Unis.


Les pluies sont plus intenses
Les précipitations dans le Midwest et dans les plaines du nord et du sud augmentent de façon significative. Les pluies torrentielles de plus en plus fréquentes provoquent des crues soudaines mortelles, des pénuries de denrées alimentaires, une dégradation de la qualité de l'eau potable et elles affectent les pêcheries. Par ailleurs une grande partie de l'ouest, du sud-ouest et du sud-est subit de graves sécheresses.

Le niveau de la mer augmente
Jusqu'à présent, globalement, le niveau des océans a déjà augmenté d'environ 8 pouces (20 cm) selon les relevés qui ont commencé en 1880. Les scientifiques prévoient qu'il augmentera de 4 pieds (1,22 m) d'ici 2100. Sur une note similaire, l'Arctique pourrait être complètement dépourvu de glace en été, d’ici le milieu de ce siècle. Mais vous le savez sans doute.

Certains impacts nous affectent déjà plus directement :

Bière et café
De nombreuses brasseries sont confrontées à des pénuries d'eau fraîche et propre pour le brassage. En outre, de fortes pluies en Australie et une sécheresse en Angleterre ont endommagé les cultures d'orge et de houblon. L’approvisionnement en café rencontre des problèmes similaires de production.

Le prix des denrées alimentaires est en hausse
Les changements climatiques affectent l'offre agricole mondiale. Les phénomènes météorologiques extrêmes ont déjà gravement affecté l'approvisionnement alimentaire en Afrique et en Amérique centrale, provoquant des troubles civils. Pourquoi? Les éléments essentiels de la vie quotidienne sont soudainement inabordables.

De nombreux propriétaires ne peuvent plus assurer leurs résidences  
Confrontés à plusieurs séries de pertes dues à des tempêtes violentes, de nombreux assureurs ont radicalement modifié leurs politiques d’assurance. Les primes, pour ceux qui vivent en Caroline du Sud ou en Floride par exemple, ont grimpé en flèche.

Nos lacs et nos forêts disparaissent
De vastes étendues de forêts de pins ont été dévastées par le scolyte des pins et les incendies. Merci à la hausse globale des températures, les lits des lacs à travers les États-Unis sont en train de s'assécher. Le tiers des grands lacs et des grandes rivières du monde s’assèchent, affectant l'approvisionnement en eau douce pour plus de 3 milliards de personnes.

Lauren Bowen

L'impact de l'homme sur la terre n'a jamais été aussi grand. Aux États-Unis, l'un des pays les plus industrialisés du monde, on commence à en prendre conscience de la fragilité de la terre, malgré l'indifférence officielle. Vraiment?!

L’élevage intensif du bétail à l'américaine  

Aux États-Unis, les cultures de soja/maïs réservées à l'élevage bovin intensif, accaparent une grande partie des terres agricoles et sont une source de pollution désastreuse. Malheureusement, beaucoup de pays les imitent. L’addiction aux hamburgers nécessite des quantités astronomiques de viande de bœuf pour fournir les chaînes de resto-burgers désormais implantés dans le monde entier.
   Pour produire la nourriture destinée au bétail, les États-Unis ont déboisé plus de 260 millions d’acres de forêt entre 1967 et 1988. «People have to eat», était l’argument massue de l’industrie. En 1960, les Américains ont commencé à importer de la viande de bœuf de l’Amérique centrale et de l’Amérique du sud. Pour satisfaire à la demande de pâturages, ces pays ont sacrifié 130 000 milles carrés (336 700 km carrés) de leur précieuse forêt vierge tropicale. En 1988, il ne restait plus que 75 000 milles carrés (194 250 km carrés) de ce joyau de la réserve mondiale de biodiversité. Elles ont été rapidement détruites pour nourrir le bétail du marché américain de fastfood. Selon le Conseil des importateurs de viande d’Amérique, à l’époque les Américains importaient 10 % de leur consommation de bœuf, dont plus de 90 % de l’Amérique centrale et de l’Amérique latine. En 1985, ils ont importé 100 000 tonnes de viande du Costa Rica, du Salvador, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua et du Panama. Le Conseil spécifiait que toute la viande aboutissait dans les restaurants de hamburgers. Ce faisant, les populations locales ont été réduites à la famine car ils n’avaient plus accès aux produits de base qui servaient désormais à nourrir le bétail. Quant aux tribus autochtones, elles ont été rayées de la carte. La chaine de destruction touche toutes les espèces animales et la nature dont elles dépendent.
   Autre crime humanitaire et écologique : la privatisation de l’eau. L’eau est en train de devenir une «denrée monnayable». Les mafieux de l’agrobusiness s’emparent de l’eau douce partout dans le monde avec la bénédiction des gouvernements. Nestlé, Coca Cola et d’autres voleurs du genre – accumulent des réserves qu’ils vendront aux plus offrants au marché boursier dans peu de temps. Et nous ne protestons même pas.
   Comme c’est la saison des BBQ, tous les «chefs» participent aux grandes campagnes publicitaires de l’industrie bovine. On n’entend parler que de hamburgers à la radio (ici). Si le prix de l’eau nécessaire pour produire une livre (0,4 kg) de bœuf était ajouté au prix du hamburger, ce dernier coûterait 40 $ la livre – ça pourrait aider à réduire la consommation de cadavre en décomposition.

À votre avis, y’a pas trop de laitue? En tout cas le client aura son quota d’antibiotiques, d’hormones de croissance (supposément bannies), de pesticides et autres substances toxiques.

L’érosion des sols, un phénomène croissant aux États-Unis dans certains états, a atteint son stade le plus grave : la désertification. Les archéologues nous disent que l’érosion des sols a joué un rôle déterminant dans le déclin et la disparition de plusieurs grandes civilisations, dont celles des Égyptiens, des Grecs et des Mayas. L’érosion détruit la fertilité des terres et conséquemment les civilisations qui en dépendent.

Les impacts écologiques de l’élevage bovin intensif
(Bien sûr, les données ci-après s’appliquent à tous les élevages intensifs, qu’il s’agisse de volailles, porcs, etc.) 

Le feedlot est un parc d’engraissement où sont élevés les bœufs. Les animaux sont concentrés dans des enclos (environ 80 par hectare) dont ils ne sortiront que pour être envoyés à l’abattoir. On trouve énormément de parcs comme ceux-là aux États-Unis, mais il y en a partout dans le monde. Tout est mis en place pour obtenir un engraissement rapide des animaux, et pour gérer les problèmes causés par l’entassement massif des individus.

L'exemple de l'élevage intensif : les feedlots au Texas

Quand on parle de développement durable, on ne peut pas éviter de mentionner la diète des sociétés plus opulentes, riche de cet aliment hyperprotéique. La viande, en effet, est un des produits les plus dispendieux, inefficaces et polluants, qui de plus, requiert une consommation très élevée de ressources naturelles. En particulier l’élevage intensif qui augmente la productivité et la rentabilité. C’est ainsi que se retrouve, dans un espace très restreint, un nombre très élevé d’animaux. Cette manière d’élever les animaux est contre-nature et a largement recourt à l’exploitation des ressources environnementales.
   Un des exemples les plus significatifs des dommages environnementaux causés par la production massive de viande est celui de la forêt Amazonienne où 88 % des zones déboisées sont consacrées au pâturage. Au Brésil, en l’espace de 6 ans, les exportations de viandes bovines ont augmenté de 600 % à destination des États-Unis, de l’Europe et de la Chine.
   La pollution des sols et des eaux est aussi liée à l’élevage intensif du bétail et à la lourde exploitation du terrain au profit des monocultures destinées à nourrir les animaux. Cette forme de pollution est apparue dans les années 50 à cause du recourt systématique aux fertilisants chimiques, de synthèse, et aux pesticides.
   La production repose sur un système inefficace : en seulement un an, 145 millions de tonnes de céréales et de soja ont été produites aux États-Unis et, de leurs transformations, on été retirées seulement 21 millions de tonnes de viande et de sous-produits. Près de 124 millions de tonnes de nourriture gaspillée qui aurait pu nourrir des populations sous alimentées. La consommation d’eau pour la production des céréales, l’abreuvage des animaux ainsi que le nettoyage des étables est un des facteurs de majeure consommation des ressources hydriques mondiales et cela crée un profond impact sur l’économie des ressources de la planète. 16 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kilo de viande de bœuf!

-----
L’Australie est le royaume de l’élevage intensif du mouton. Les chaleurs intenses, les sécheresses et les incendies sont très fréquents depuis des décennies.

Le silence des agneaux 

Un fermier de NSW (New South Wales) devra abattre 1200 moutons affamés parce qu’il ne peut plus les nourrir ni les abreuver; il les enterrera dans une fausse commune sur sa ferme.  

Photo: Sam Ruttyn. Le fermier Les Jones sur sa propriété à Goolhi, à l'ouest de Gunnedah.

La famille consomme son eau en bouteille, c’est tout ce qu'elle a à boire. Les 12 cours d’eau de la propriété sont soit à sec, soit ils ne contiennent que quelques centimètres d'eau brune, qu'ils ont dû clôturer parce que les moutons s’empêtraient sur les berges boueuses et mouraient. Il n'y a plus aucune zone de pâturage sur la propriété juste de la terre rouge et des touffes d'herbe-rasoir, que les animaux ne peuvent pas manger parce que cela leur taillade la bouche. «Il n'y a pas de nourriture, pas d'eau et lorsque le dernier cours d’eau sera asséché nous n'aurons pas d’autre choix que de quitter.»

~~~
Le barrage qui a cédé au Laos est situé sur un affluent du Mékong dans la province d'Attapeu, dans le sud-est du pays. En s’effondrant, il a libéré cinq milliards de mètres cubes d'eau, l'équivalent de plus de deux millions de piscines olympiques.
   Des dizaines de barrages, financés majoritairement par la Chine, sont actuellement en construction au Laos, notamment sur le Mékong.
   Les organisations environnementales ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes à ce sujet, mettant en avant l'impact des barrages sur le Mékong, sa flore et sa faune, sur les populations rurales, souvent déplacées, et sur les économies locales qui en dépendent.

~~~
Déforestation, agriculture extensive, urbanisation massive = catastrophe écologique. Une conséquence logique. 

Confrontée à des pénuries d'eau, Sao Paulo doit développer ses infrastructures

Un texte de Jean-Michel Leprince
ICI Radio-Canada Nouvelles | Lundi 28 mai 2018 

Photo : Radio-Canada. La forêt «Mata Atlantica» disparaît au profit des terres agricoles.

[Extrait] 

Une saison particulièrement sèche a presque vidé les réservoirs d'eau de la ville de Sao Paulo au Brésil, faisant craindre le pire à ses millions d'habitants. Cette crise survient alors que deux nouveaux systèmes d'approvisionnement viennent d'être inaugurés. Ces infrastructures seront-elles suffisantes?
   Une telle crise de l’eau surprend dans un pays qui possède 13 % des réserves mondiales d’eau douce. Mais le problème date de plusieurs décennies : moins de précipitations, combiné à une population de plus en plus importante et à de mauvaises politiques publiques de gestion de l'eau.

SOS forêts

L’urbanisation massive et l’agriculture extensive ont pratiquement éliminé la « Mata Atlantica », comme on appelle la forêt native de la côte brésilienne.
   «Ce qu’on voit, c’est que la forme de pluie a changé dans ces villes, explique Pedro Roberto Jacobi, professeur à l’Institut énergie et environnement à l’Université de Sao Paulo. À cause de quoi? De la déforestation autour des réservoirs et de l’expansion de l’agriculture dans l’État de Sao Paulo, principalement celle de la canne à sucre pour l’alcool.»
   La seule solution : reboiser. Ce qui se fait, mais encore trop timidement. L’ONG SOS Mata Atlantica en a fait sa mission.
   D’autres vont plus loin encore pour trouver les causes des changements climatiques de Sao Paulo : la déforestation en Amazonie.
   «L'Amazonie exporte de l'humidité et apporte des pluies dans le sud-est, le centre-ouest et le sud du Brésil, mais aussi dans d'autres régions de Bolivie, du Paraguay et d'Argentine, à des milliers de kilomètres, précise Antonio Donato Nobre de l'Institut national de recherches spatiales. La sécheresse exceptionnelle que vit la région sud-est du Brésil, spécialement Sao Paulo, peut déjà être le résultat de la destruction de l'Amazonie.»
   Les scientifiques soulignent également que les fortes pluies en Asie-Pacifique, la température plus élevée des océans et la sécheresse en Californie sont interconnectées et font partie du même déséquilibre mondial.

Article intégral :

---
Dans la même veine «L’humain, trop grand pour échouer?» : 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire