3 juin 2018

Harper, Trudeau et le schiste albertain

Entendu un canadien anglais de CB dire que la nationalisation de l’oléoduc c’est :
«la goutte qui fait déborder la... vaseJ’adore!!!! :)))  
Graton Vincent @gratonvincent | Jun 1


Al Gore @algore | May 29
Fossil fuels are subsidized 38x more than renewables globally. Now the Canadian government wants to spend billions more of taxpayer dollars to increase its country’s contribution to the climate crisis. This is not in the public interest. We must keep fighting to #StopKM.

Graton Vincent @gratonvincent
Le Monde @JustinTrudeau
Au @g7 de Charlevoix, que diriez-vous de présenter «l’évasion fiscale expliquée avec des hamburgers» lors d’un de vos 5 à 7 international.  


Comme Boucar Diouf, je me disais récemment qu’au moins Stephen Harper ne cachait pas son indifférence, pour ne pas dire son aversion, vis-à-vis de la protection de l’environnement et les sciences. L’homme était un dévoué promoteur du gaz de schiste albertain, qui, après Dieu, vénérait la Reine comme d'autres vénèrent le Pape, et Israël.
   Membre d’un mouvement évangélique protestant, l’Alliance chrétienne et missionnaire, il a toujours discrètement (quand on veut gagner ses élections, il vaut mieux ne pas le dire) encouragé la droite religieuse à se manifester. Devant des militants chrétiens anti-avortement à Ottawa, Harper disait : «Vos croyances, vos valeurs, nos valeurs, sont les vraies valeurs canadiennes!» Ainsi que : «Nous soutenons la définition traditionnelle du mariage, le mariage entre un homme et une femme.»
   Beaucoup de chrétiens évangélistes croient au retour du Messie en terre sainte, mais seulement lorsque tous les juifs seront revenus au pays de leurs ancêtres en Israël (accomplissement d’une promesse de Dieu). «Quand Israël, seul pays au monde dont l’existence est attaquée, est systématiquement visé et condamné, je crois que nous avons le devoir moral de prendre position.» (Stephen Harper, discours sur l’antisémitisme, le 8 novembre 2010)
   L’évangéliste et créationniste Garry Goodyear, à la tête du ministère des Sciences et Technologies sous le règne de Harper, disait que la question de la théorie de l’évolution était une opinion privée... Peut-être que Harper croit que la terre est plate et qu’elle a été créée en 6 jours. C'est son choix. Mais ses coupures dans le domaine de la recherche scientifique, fondées sur des idéologies religieuses, étaient inacceptables. Selon lui, «le pétrole était un don de Dieu qui devait être défendu à tout prix», de sorte que les environnementalistes étaient des ennemis de l’état, de la religion et de la civilisation. Autrement dit, on peut faire n’importe quoi, saccager à volonté, et la science n’a pas d’importance puisque Dieu va prendre la nature en charge... pas un succès à ce jour.

À voir : La droite religieuse au Canada 
Le Canada est sans doute perçu comme l’un des pays les plus laïques au monde, mais à quel point l’est-il vraiment? Ce documentaire s’interroge sur la place de la religion au sein du gouvernement conservateur actuel et sur les répercussions de celle-ci sur les décisions politiques. Réalisateur : Jon Kalina; année de production : 2015.

«Je ne suis pas athée parce je suis fâché contre votre dieu. Je ne suis pas athée parce que j’aime le péché. Je ne suis pas athée parce que je ne veux pas répondre à l’autorité.
   Je suis athée parce que je cherchais la vérité à propos de la réalité. J’ai accepté la nature et ma place dans l’Univers. Je vivrai et je mourrai. Je souhaite que ce monde sache que j’ai fait de mon mieux. J’espère que nos descendants hériteront d’un monde qui pourra maintenir la vie. 
   Je ne crois pas que la religion apportera la paix à l’humanité. Elle vise fondamentalement la fin du monde. Le Jour du jugement. La disparition de notre espèce. Et je me battrai contre ces idées.
   Pour mon enfant ainsi que les vôtres.»
   Mike Autrey
   Atheist Republic.com 

Just’ in peu mieux que Harper
Boucar Diouf

La Presse + | Opinion | 2 juin 2018

En matière de je-m’en-foutisme environnemental, Stephen Harper était difficile à battre. Quand on lui parlait de réduire les émissions, il pensait d’abord à la programmation de Radio-Canada, dont la simple vue du logo lui donnait une crise d’urticaire.

Le gouvernement Harper, c’était une marginalisation sans précédent de l’expertise scientifique œuvrant sur l’impact de la contamination des écosystèmes par les hydrocarbures. C’était la chasse aux spécialistes des contaminants chimiques et de leurs effets sur la biodiversité, de la protection de l’habitat et de la lutte contre les changements climatiques.


C’était le massacre de l’expertise en écotoxicologie au ministère des Pêches et Océans (MPO). C’était les coups de machette à Environnement Canada, à Santé Canada, à Parcs Canada et à Statistiques Canada. C’était la disparition annoncée du programme des 58 lacs expérimentaux (RLE) du Nord-Ouest ontarien, qui, depuis un demi-siècle, permettait entre autres aux scientifiques un monitorage de l’effet des contaminants sur les écosystèmes aquatiques et ont été à la base du traité canado-américain sur les pluies acides en 1991.

La méthode Harper, c’était aussi la fermeture programmée du Laboratoire de recherche atmosphérique en environnement polaire (PEARL) dans l’île d’Ellesmere, qui est un centre d’expertise majeure sur les changements climatiques et l’étude de l’ozone stratosphérique. C’était la fermeture programmée du Laboratoire d’expertise pour l’analyse chimique aquatique (LEACA), à Sainte-Flavie. C’était l’acharnement contre des stations de lutte contre les déversements de pétrole en Colombie-Britannique. C’était une coupe drastique dans le budget de fonctionnement de l’Amundsen, ce navire amiral de la recherche canadienne sur les changements climatiques.

C’était le projet de loi omnibus C-38 qui avait transféré à l’Office national de l’énergie, étroitement lié à son bureau, la compétence première de déterminer les impacts éventuels d’un projet d’oléoduc sur les espèces menacées. C’était l’abrogation du règlement fédéral qui interdisait la circulation de navires de plus de 32 m de large sur le chenal laurentien. La méthode Harper, c’était une honteuse et rétrograde façon de faire qui a amené, en octobre 2014, quelque 815 scientifiques de 32 pays à le critiquer ouvertement pour son ingérence manifeste dans la liberté scientifique et la marginalisation de la recherche fondamentale.

La méthode Harper, c’était une décennie d’agressions idéologiques contre toutes les disciplines scientifiques auxquelles il reprochait probablement de se dresser contre l’industrie en général et celle des hydrocarbures en particulier.

La méthode Harper, c’était l’économie qui devait indiscutablement passer avant les préoccupations environnementales et l’acceptabilité sociale d’un projet. Je suis de ceux à qui cette période rappelle de très mauvais souvenirs.

Mais quand je regarde le premier ministre Trudeau aller, il m’arrive presque de m’ennuyer de la franchise de Stephen Harper. Même ceux qui, comme moi, étaient aux antipodes de sa vision sont forcés d’admettre que lorsqu’il s’agissait d’environnement, Harper avançait à visage découvert. L’environnement, ce n’était pas son truc. Ce qui n’est pas le cas de son successeur pour qui la cause environnementale semble être une préoccupation de façade. Là où Harper choisissait de tout défaire dans le silence, M. Trudeau semble avoir choisi de toujours parler sans rien faire. C’est la fameuse sagesse populaire des bottines qui ne suivent pas les babines.

M. Trudeau, c’est celui qui répète continuellement qu’il n’y a pas de contradiction à se proclamer grand chevalier de la défense de la planète bleue tout en travaillant à décupler l’exploitation des sables bitumineux.

Autrement dit, on peut en même temps tripler sa consommation déjà abusive de fast-food et être le plus en santé de la planète. Le premier ministre Trudeau, c’est cet automobiliste roulant à haute vitesse qui dit vouloir négocier un virage sans ralentir et qui finira certainement par prendre le clos. C’est celui dont la ministre de l’Environnement et du Changement climatique complètement éteinte semble nous démontrer chaque jour que même les convictions les plus profondes peuvent être corrompues par les lignes de parti et la mainmise du pouvoir économique sur le politique.

C’est celui qui, pour mystifier la population, répète sans cesse qu’on n’a pas à choisir entre l’environnement et l’exportation des ressources. Une rhétorique simpliste à laquelle on a envie de répliquer : «Mais si on ne peut choisir entre l’environnement et l’économie, il faut chercher un point d’équilibre. Entre cesser d’exploiter et vouloir décupler la production des sables bitumineux au point d’investir 4,5 milliards de l’argent des contribuables dans l’achat d’un oléoduc à l’avenir douteux, il y a un point de bascule qui s’appelle commencer par garder le statu quo. C’est la meilleure façon de préparer l’indispensable décélération qui permettra de mieux négocier le virage vers d’autres énergies moins polluantes. Être incapable de choisir entre l’économie et l’environnement, au point de vouloir multiplier par trois le flux d’hydrocarbures provenant des sables bitumineux vers le Pacifique quand l’économie canadienne va très bien à leur niveau actuel d’exploitation, c’est choisir égoïstement d’engraisser des géants là où on devrait se soucier de l’avenir de ses petits-enfants.»


Notre bien-aimé humoriste, conteur et biologiste anime une nouvelle série de LA NATURE SELON BOUCAR

À propos
Avec son sens de l'humour et ses connaissances sur la biodiversité, Boucar Diouf s'inspire de la nature pour mieux comprendre les rapports entre les humains. À l'aide de métaphores empruntées à la vie animale et végétale, l'animateur aborde des sujets, en apparence complexes, avec des images simples.
   Ce citoyen du monde a choisi des thèmes qui permettent d'apprendre et de comprendre comment mieux vivre ensemble. Enregistrée devant un public en plein coeur du parc La Fontaine, l'émission propose des réflexions, des discussions et des prestations musicales. Le parc est un lieu idéal pour favoriser des rencontres entre citoyens de tous âges et de toutes provenances.

Say hello to Justin Trudeau, the world's newest oil executive
Bill McKibben 

The Canadian prime minister presents himself as a climate hero. By promising to nationalise the Kinder Morgan pipeline, he reveals his true self. In case anyone wondered, this is how the world ends: with the cutest, progressivest, boybandiest leader in the world going fully in the tank for the oil industry.
   Is this a clever financial decision that will somehow make Canada rich? Certainly not in the long run. Cleaning up the tar sands complex in Alberta – the biggest, ugliest scar on the surface of the earth – is already estimated to cost more than the total revenues generated by all the oil that’s come out of the ground. Meanwhile, when something goes wrong, Canada is now on the hook: when BP tarred the Gulf of Mexico, the US was at least able to exact billions of dollars in fines to help with the cleanup. Canada will get to sue itself.
   No, this is simply a scared prime minister playing politics. He’s worried about the reaction in Alberta if the pipe is not built, and so he has mortgaged his credibility. His predecessor, Stephen Harper, probably would not have dared try – the outcry from environmentalists and First Nations would have been too overwhelming. But Trudeau is banking on the fact that his liberal charm will soothe things over. Since he’s got Trump to point to – a true climate denier – maybe he’ll get away with it.

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