18 juin 2018

Ce monde où le respect des droits humains est une anomalie

Donald Trump a eu le culot de faire l’éloge du dictateur nord-coréen Kim Jong-un : «Il parle et son peuple se met au garde-à-vous. Je veux que mon peuple fasse la même chose». Les journalistes de la Maison Blanche l’ont interrogé aussitôt après son entretien avec Steve Doocy. Trump aurait rétorqué : «Je plaisantais, vous ne comprenez pas la moquerie.» Chine, Corée du Nord, Russie, un trio d'alliés menaçants que l’administration Trump ne veut sans doute pas se mettre à dos. «If you can’t beat them, join them», dit l’adage.


Vladimir Poutine a lui-même rendu hommage au dictateur nord-coréen : «C'est un homme politique tout à fait compétent et déjà mature», avait déclaré en janvier 2018 le président russe, lors d'une rencontre avec les rédacteurs en chef des médias russes. «Je pense que Monsieur Kim Jong-un a sans doute gagné cette partie. Il a résolu sa tâche stratégique: il a une charge nucléaire, un missile d'une portée globale – jusqu'à 13 000 km – qui peut atteindre pratiquement n'importe quel coin de la Terre, en tout cas n'importe quel coin du territoire de son probable ennemi», avait-il souligné.

Si nous avions sincèrement l’intention d’améliorer notre monde, il faudrait propager et appliquer les principes de la Charte de la Terre et de la Charte des Droits de l’Homme, sinon c’est foutu. Ils devraient être affichés dans les institutions gouvernementales, les écoles, collèges, universités, entreprises, etc.

Dans la Charte de la Terre, on dit :
   Nous nous trouvons à un moment déterminant de l’histoire de la Terre, le moment où l’humanité doit décider de son avenir. Dans un monde de plus en plus interdépendant et fragile, le futur est à la fois très inquiétant et très prometteur. Pour évoluer, nous devons reconnaître qu’au milieu d’une grande diversité de cultures et de formes de vie nous formons une seule humanité et une seule communauté sur Terre partageant une destinée commune. Nous devons unir nos efforts pour donner naissance à une société mondiale durable, fondée sur le respect de la nature, les droits universels de l’être humain, la justice économique et une culture de la paix. Dans ce but, il est impératif que nous, les Peuples de la Terre, déclarions notre responsabilité les uns envers les autres, envers la communauté de la vie ainsi qu’envers les générations futures.
   Les modes de production et de consommation qui prévalent actuellement causent des dommages considérables à l’environnement, l’épuisement des ressources et la disparition massive de nombreuses espèces. Les communautés locales sont affaiblies. Les bénéfices du développement ne sont pas partagés d’une manière équitable et l’écart entre les riches et les pauvres est de plus en plus grand. L’injustice, la pauvreté, l’ignorance et les conflits violents sont généralisés et causent de grandes souffrances. Une augmentation sans précédent de la population a surchargé les systèmes écologiques et sociaux. Les fondements de la sécurité planétaire sont menacés. Ces tendances sont dangereuses - mais non inévitables. 

Dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme on dit :
   Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde,
   Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme,
   Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression, [...]
   Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande, [...]
   L'Assemblée générale proclame La Présente Déclaration Universelle des Droits de l'Homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des États membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.
   Article 3 Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
   Article 4 Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
   Article 5 Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
   Article 6 Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
   Article 7 Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration ou contre toute provocation à une telle discrimination.
   Article 8 Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.


Les familles migrantes séparées choquent l’Amérique
Laurence Defranoux – Libération, 18 juin 2018

Depuis deux mois, le gouvernement Trump envoie systématiquement les immigrés illégaux en prison, et les mineurs en centre de rétention. Une application stricte de la loi américaine qui scandalise et déplaît jusque dans le camp républicain.

Photo : Getty Images

Saint Paul, qui selon la légende avait dû fuir avec ses parents les violences de l’armée romaine, a dû se retourner dans sa tombe. Jeff Sessions, ministre de la Justice américain, l’a appelé à la rescousse pour justifier la décision de séparer les enfants de leurs parents arrêtés à la frontière : «Je pourrais vous renvoyer à l’apôtre Paul et à son commandement clair et sage […] qu’il faut obéir aux lois du gouvernement, car Dieu les a décrétées afin d’assurer l’ordre.» Avant d’assurer : «Entrer illégalement aux États-Unis est un délit. […] Et avoir des enfants ne vous protège pas.» Depuis, on peut voir à la télévision des débats surréalistes où, Bible en main, les invités se demandent s’il est chrétien de parquer des enfants, parfois âgés de 2 ans, dans des centres de rétention surpeuplés.
   Chaque mois, plusieurs milliers de personnes tentent de pénétrer aux États-Unis par la frontière avec le Mexique, protégée par des clôtures et des obstacles naturels. Nombre d’entre eux fuient la violence qui ravage les pays d’Amérique centrale. D’après une loi déjà en vigueur sous le gouvernement Obama, ceux qui se font arrêter sont envoyés en prison dans l’attente de poursuites criminelles. Mais les autorités précédentes faisaient des exceptions pour ceux qui étaient accompagnés de mineurs, les relâchant avec une citation à comparaître. Une pratique qui, selon des membres du gouvernement Trump, encourageait les migrants à émigrer en famille aux États-Unis.


L’application de la loi est devenue systématique après que, le 7 mai, Jeff Sessions a déclaré que «le département de la Justice des États-Unis allait poursuivre chaque personne qui traverse la frontière du sud-ouest illégalement». «Si vous ne voulez pas que votre enfant soit séparé de vous, alors ne l’emmenez pas», avait prévenu le ministre. Depuis, les parents sont envoyés en prison et les mineurs, qui ne peuvent pas être emprisonnés, en centre de rétention. Selon des chiffres donnés en mai par Kirstjen Nielsen, secrétaire à la sécurité intérieure, le nombre de familles arrêtées à la frontière a bondi de 600 % par rapport au printemps précédent. Et rien qu’en six semaines, entre le 19 avril et le 31 mai, 1995 mineurs ont été séparés des adultes avec lesquels ils voyageaient.
   Depuis plusieurs jours, l’histoire d’un bébé encore nourri au sein séparé de sa mère, ou d’enfants soustraits à leurs parents sous prétexte de les envoyer à la douche, bouleverse l’Amérique. Les autorités nient que ces pratiques existent, et affirment «afficher parmi les plus hautes normes de détention du monde pour les mineurs».

Ancien supermarché

D’après le New York Times, «des milliers d’enfants ont été retirés à leurs parents à la frontière depuis l’an dernier [...], y compris une centaine de moins de 4 ans». En tout, environ 11 000 enfants, arrivés seuls ou non, se trouvent désormais répartis dans une centaine de centres de rétention des États-Unis. Le plus grand, qui compte 1500 garçons de 10 à 17 ans, est installé dans un ancien supermarché Walmart au Texas, les rayons transformés en dortoirs, les stationnements en terrains de sport et les quais de chargement en salle de cinéma. Débordé, le département d’État à la santé a annoncé, jeudi 14 juin, l’installation d’un village de tentes pour 360 jeunes dans la ville frontière de Tornillo. Un centre temporaire de rétention avait été également érigé en 2016 au Texas, sous la présidence Obama. Mais il servait à loger des familles de migrants.
   Faisant semblant de croire que la loi oblige à séparer les familles, Donald Trump, qui avait promis la «tolérance zéro» sur l’immigration durant sa campagne, a déclaré vendredi : «C’est horrible de devoir prendre les enfants. Les démocrates doivent changer leur loi.» Ajoutant un peu plus tard dans un tweet : «Les démocrates forcent la séparation des familles à la frontière avec leur programme législatif horrible et cruel.» Le président américain, qui avait fait de la lutte contre l’immigration clandestine le point fort de sa campagne électorale, compte sur le scandale pour faire voter sa réforme de l’immigration, toujours en discussion au Congrès.
   En mai, une polémique avait déjà éclaté quand un haut responsable avait révélé devant le Sénat américain que, sur 7635 mineurs arrivés seuls à la frontière et placés en foyers d’accueil, les services d’immigration avaient perdu la trace de 1475 enfants.
   Des pédiatres s’inquiètent des traumatismes vécus par les petits privés de leurs parents. Face à la position ultradure du gouvernement, de plus en plus d’élus républicains énoncent publiquement leur malaise. Ce à quoi la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, a rétorqué en déclarant qu’il est «très biblique de faire respecter la loi».


Quelle bande d’abrutis dépourvus de coeur! Diable, la série The Handmaid’s Tale se concrétise de plus en plus.

Jeff Sessions (ou plutôt ses enfants -- le bonhomme ne doit plus être capable de se reproduire...) et Sarah Sanders pourraient être éligibles à un Darwin Award (Prix Darwin). [Les Darwin Awards saluent l'amélioration du génome humain en récompensant ceux et celles qui se sont accidentellement retirés du patrimoine génétique global en mourant à la suite de comportements particulièrement stupides de leur part. Les prix sont donc le plus souvent décernés à titre posthume, mais parfois aussi à des individus devenus stériles pour la même raison. Il y aussi une catégorie de prix «Numb Nuts».] http://www.darwinawards.com/ 

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Tent Cities to Imprison Child Migrants

Photo: John Moore / Getty Images. On comprend que cette photo ait fait le tour du monde. Je crois qu'il n'y a rien de plus triste et de plus révoltant.  

‘Despicable’: Outrage Over Trump's Plans for Tent Cities to Imprison Child Migrants
“U.S. authorities should focus on keeping families together, ensuring due process in asylum adjudications, and protecting the rights of children.”
By Julia Conley, staff writer https://www.commondreams.org/

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Exploitation abusive des ressources pétrolières en Alaska  

Complètement dingue. C’est peut-être l’histoire la plus folle de tous les temps :
Les compagnies pétrolières cherchent une façon de regeler temporairement le pergélisol (en train de fondre) afin de continuer à forer plus de pétrole... et le forage fait fondre le pergélisol! – également éligibles à des Darwin & Numb Nuts Awards

Photo : Mark Thiessen / AP. Des installations comme celle-ci sur le versant nord de l'Alaska sont conçues pour des conditions de gel. Mais comme le pergélisol dégèle, des entreprises créent de nouveaux produits pour aider l'industrie pétrolière à faire face.

[...] «Pour être honnête, le changement climatique est très bon pour notre société», déclare Ed Yarmak qui gère Artic Foundations et dont la moitié de son travail provient des compagnies pétrolières du versant nord. «Notre travail consiste à refroidir les choses.» Par ‘choses’ il entend le pergélisol qui recouvre le versant nord de l'Alaska.
   L'industrie pétrolière a construit un vaste réseau de pipelines et de bâtiments sur du pergélisol, et elle a toujours eu recours à l'ingénierie pour s’ajuster. Les opérateurs pétroliers utilisent le produit de Yarmak depuis les années 1970, mais il dit que la hausse des températures signifie qu’ils ont encore plus besoin de lui.
   «À mesure que le pergélisol dégèle, les portes ne ferment plus, le revêtement mural se fissure et les planchers ne sont plus au niveau. Les choses ne sont pas telles qu’ils les avaient planifiées.»

Oil Industry Copes With Climate Impacts As Permafrost Thaws
Elizabeth Harball | NPR June 11, 2018
Article intégral en anglais :
https://www.npr.org/2018/06/11/617240387/oil-industry-copes-with-climate-impacts-as-permafrost-thaws    

Dans le même filon : Le secret de Woody (Guthrie)

L’histoire se répète avec ses promesses de prospérité et de bonheur grâce au pétrole et autres industries qui tuent tout le vivant. On ne mise que sur le profit à court terme, et la terre n’a pas le temps de panser ses blessures!

Je lisais dans la biographie de Woody, qu’en 1920, un «boom d’or noir» à Okemah, avait fait en sorte que des milliers d’ouvriers, de spéculateurs et prospecteurs avaient envahi la petite ville fermière jadis paisible. Après quelques années, le forage pétrolier cessa soudainement et Okemah subit un dramatique revers économique qui laissa ses habitants «déçus, dégoûtés, plus pauvres et suspicieux».

La vidéo donne peut-être un aperçu de ce qui nous attend.

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