22 décembre 2017

Le «NOUI» canadien aux GES

Notre ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, ne semble pas comprendre qu’on ne peut pas dire oui à deux choses diamétralement opposées ou contradictoires. Par exemple, on ne peut pas marcher pendant qu’on conduit une voiture. Qui dit augmentation de la production des sables bitumineux, dit augmentation de la production de GES. Mais le rôle de la ministre est de suivre la ligne (ou le pipeline) du parti; «c’est une poupée qui fait non...non...non...non...» aux gaz à effet de serre, mais «qui fait oui...oui...oui...oui...» à l’industrie pétrolière et gazière.

Avant, maintenant (Alberta)

«Aucun pays ne trouverait 173 milliards de barils de pétrole dans son sous-sol et les laisserait là. La ressource sera exploitée», déclarait M. Trudeau à la conférence CERAWeek, réunissant des dirigeants de l'industrie internationale de l'énergie et des représentants gouvernementaux en mars 2017.
    L'autorisation accordée par le président américain Trump pour construire l'oléoduc Keystone constitue une bénédiction pour le pétrole des sables bitumineux canadiens, qui s'écoulera vers les raffineries américaines et arrivera, à terme, sur le marché.
    M. Trudeau a aussi approuvé le projet de prolongement de l'oléoduc Trans Mountain. En contrepartie, Kinder Morgan, a accepté de payer annuellement au gouvernement de la Colombie-Britannique entre 25 et 50 M$, montants qui alimenteront un fonds de protection de l'environnement.
    Le paradoxe de la taxe carbone : «payer peu pour polluer davantage et faire plus de profits», voilà le hic.

Le Canada n’aurait pas dû signer l’Accord de Paris. Quand on ne peut pas tenir sa parole, il vaut mieux se taire. Donald Trump a d’exécrables comportements, mais au moins on sait à quoi s’attendre, il a ouvertement affirmé qu’il n’avait pas l’intention de réduire sa production d’énergies fossiles, mais plutôt de l’augmenter.


La France appelle le Canada à renoncer à exploiter ses énergies fossiles

Alexandre Shields à Paris | 15 décembre 2017

L’Association canadienne des producteurs pétroliers prévoit que la production quotidienne de pétrole passera de 3,8 millions barils aujourd’hui à 5,1 millions de barils en 2030.

Le gouvernement français d’Emmanuel Macron estime que le Canada devra faire preuve de «courage» et renoncer à exploiter ses énergies fossiles, au nom de l’engagement international à lutter contre les changements climatiques. C’est ce qu’a déclaré l’Élysée au Devoir en marge du One Planet Summit de Paris.
    «La situation du Canada est une illustration du courage qu’il faut avoir aujourd’hui pour renoncer à certaines richesses qui se trouvent sous nos pieds», a ainsi soutenu «la présidence de la République française».
    «C’est tellement tentant d’utiliser ces ressources, surtout que vous avez de tout au Canada. Vous avez du gaz naturel, vous avez du pétrole, vous avez les sables bitumineux. Ce sont des milliards de dollars qui dorment», a ajouté l’Élysée.
    Uniquement pour le pétrole, l’Association canadienne des producteurs pétroliers prévoit que la production quotidienne passera de 3,8 millions barils aujourd’hui à 5,1 millions de barils en 2030. Cela équivaut à plus de 1,8 milliard de barils par année. La plus grande part de cette croissance doit provenir des sables bitumineux, dont la production quotidienne doit passer de 2,4 millions de barils, l’an dernier, à 3,7 millions de barils en 2030. Il s’agit d’une hausse d’un peu plus de 50 %.
    «En même temps, a ajouté la présidence française, vous savez que si vous continuez à exploiter ces ressources, vous allez augmenter les émissions de gaz à effet de serre. […] Vous avez donc toutes ces ressources auxquelles il faut renoncer. Ça, c’est le courage des dirigeants qui doit être de dire : “Quelles sont les stratégies à prendre pour ‘décarboner’ notre économie?”» L’Élysée a d’ailleurs reconnu que le Canada «est dans une situation qui est très difficile».
    «Il y a une conscience climatique qui est très élevée au Canada, a-t-on toutefois souligné au lendemain du One Planet Summit de Paris. Les gens voient les effets du réchauffement climatique dans le Grand Nord, dans les océans.»
    La présidence de la République a fait référence à la fonte du pergélisol de l’Arctique, une situation qui risque de libérer des quantités très importantes de méthane au cours des prochaines décennies. Or, ce gaz à effet de serre, qui n’a jamais été pris en compte dans les prévisions climatiques sur lesquelles s’appuient les engagements de l’Accord de Paris, peut être au moins 30 fois plus puissant que le CO, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
[...]

Les craintes

«On sait que la situation est déjà très grave, a-t-on fait valoir au Devoir. Mais la crainte des scientifiques, c’est que la situation devienne de plus en plus grave, en raison de l’effet d’emballement des changements climatiques. [...] La bataille n’est peut-être pas perdue d’avance, mais elle est très difficile.» [...]
    Plusieurs intervenants ont profité de l’occasion pour plaider en faveur d’une sortie rapide des énergies fossiles. «Les énergies fossiles appartiennent au modèle économique du passé. Elles ne sont plus la solution, elles sont le problème.» [...]


Ottawa confiant

Interpellé sur la cohérence d’une exploitation pétrolière accrue dans un contexte de lutte contre les changements climatiques, le cabinet de la ministre de l’Environnement Catherine McKenna a réitéré les engagements pris par le gouvernement Trudeau.
    «Nous sommes engagés à éliminer les subventions aux combustibles fossiles pour 2025. Cela fait partie d’un engagement du G20», a souligné sa porte-parole, Marie-Pascale Des Rosiers, dans une réponse écrite. Dans un rapport publié en mai dernier, le vérificateur général avait toutefois souligné que le gouvernement fédéral n’avait toujours pas de «plan» pour parvenir à éliminer ces soutiens, évalués à 1,6 milliard de dollars par année par les groupes environnementaux.
    «Nous sommes engagés et déterminés à atteindre nos cibles, a ajouté le cabinet de Mme Mckenna. C’est pourquoi nous avons mis en place des réglementations strictes sur le méthane ainsi que sur les émissions du secteur pétrolier et gazier. De plus, le gouvernement de l’Alberta a mis un plafond d’émissions fermé sur les sables bitumineux.»
    Comme les émissions de gaz à effet de serre du secteur représentent actuellement environ 70 millions de tonnes par année, ce plafond fixé à 100 millions de tonnes permettra une croissance de la production au cours des prochaines années.
    Plus tôt cette année, devant un parterre de représentants du secteur des énergies fossiles, le premier ministre Justin Trudeau avait par ailleurs déclaré qu’«aucun pays ne laisserait dans son sol 173 milliards de barils de pétrole sans les exploiter». Il faisait ainsi référence aux réserves d’or noir du Canada, les troisièmes en importance dans le monde.

Le Devoir | Actualités sur l'environnement

Le pétrole des sables bitumineux albertains parmi les plus polluants au monde

Publié le jeudi 5 octobre 2017

Le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta est l'un des plus polluants au monde, selon un classement de l'Institut de recherche ARC Energy, de Calgary. Le rapport se veut un guide pour les investisseurs de l'industrie pétrolière.
    «Certaines sortes de pétrole peuvent produire quatre fois plus de gaz à effet de serre que d’autres sortes», a déclaré Jackie Forrest, directrice de recherche à l’Institut.
    Le document précise que sur 75 sources de pétrole dans le monde, celui extrait des sables bitumineux albertains arrive en troisième position des plus polluants, derrière le pétrole indonésien et le pétrole lourd de la Californie. Il produit 24 % de gaz à effet de serre de plus que la moyenne du pétrole raffiné aux États-Unis, peut-on y lire.
[...]

Dieu Pétrole, merci pour l’abondance de plastique!   


«Des bouteilles en plastique échouées sur la plage. Des sacs d'épicerie emmêlés dans les branches d'arbres. Des emballages de bonbons roulant le long des trottoirs du centre-ville – une nuisance quotidienne familière. Malheureusement, ce n’est qu’une infime partie d’un problème de plus en plus grave : la pollution au plastique. On utilise le plastique pour fabriquer d'innombrables produits d’usage quotidien des brosses à dents aux pots de fleurs. Il sert à fabriquer nos téléphones portables, nos contenants de stockage alimentaire, nos ustensiles, nos bouteilles de lotion, nos calendriers, nos chaussures... Quand on se lasse de ces produits, les matières plastiques bon marché vont tout droit à la poubelle, elles ne sont pas recyclées. Elles aboutissent dans les océans où elles s’accumulent, se fragmentent, puis reviennent sur nos plages côtières. Elles contaminent notre eau souterraine, et nos cours d’eau sont remplis de microparticules impossibles à filtrer.»
~ Lauren Bowen

Wikipédia :

La matière de base (la résine) du plastique est un polymère. Les résines des matières plastiques sont issues de produits intermédiaires (éthylène, propylène, acétylène, benzène, etc.) dont les matières premières sont le pétrole (notamment grâce au procédé de vapocraquage du naphta), le gaz naturel et le charbon. Des déchets plastiques très stables peuvent rester des siècles durant dans l'environnement et cheminer dans l’ensemble des organismes.
    La production mondiale de plastiques augmente régulièrement; 1,5 Mt en 1950, 280 Mt en 2011, 311 millions de tonnes en 2014, 322 millions de tonnes en 2015. La production mondiale de plastiques cumulée depuis 1950 se monte à 8,3 milliards de tonnes (6,3 sont des déchets, dont seuls 9 % ont été recyclés, 12 % ont été incinérés et 79 % accumulés dans des décharges ou dans la nature) et pourrait atteindre 25 milliards de tonnes d’ici à 2050, selon une étude publiée 19 juillet 2017 dans la revue Science Advances.
    Le plastique utilisé à des fins éphémères représente plus de 44 % du total; les activités de packaging (emballage) forment la plus grande partie de cet usage «jetable» des plastiques et, au sein du packaging, l’emballage à usage agroalimentaire représente plus de la moitié, en poids, du total.
    En 2012, outre le packaging, les secteurs du bâtiment, de l'automobile, de l'électricité, de l’électronique et de l'agriculture sont des forts consommateurs de plastiques.
Les combustibles fossiles (pétrole en particulier) utilisés pour la fabrication des matières plastiques sont des sources importantes de gaz à effet de serre.
    La mise en œuvre d'une matière plastique utilise souvent des granulés industriels semi-finis. Une quantité importante de ces granulés plastiques se retrouve dans le milieu naturel. Cette matière plastique de synthèse est présente sur les plages de toutes les mers du globe. Ces petites billes, cylindres ou pastilles de plastique sont appelés poétiquement «larmes de sirène». L'origine de ces granulés dans l'environnement est connue : les déversements accidentels, le transport ou les utilisations inappropriées sont en cause.

«D'ici 2050 il y aura plus de plastique dans les mers que de poissons.»
~ Erik Solheim, chef de l'agence de l'ONU pour l'environnement

De nombreux additifs toxiques (plomb, cadmium en particulier) ont été utilisés pour la fabrication de certaines matières plastiques courantes, telles le PVC. La directive 2000/53/EC de l'Union européenne interdit désormais l'utilisation du plomb, cadmium, mercure, chrome VI.
    La combustion volontaire ou accidentelle de matières plastiques libère d'importantes quantités de fumées souvent épaisses et toxiques, ainsi dans certains cas que des produits tels les métaux lourds (plomb, cadmium, etc.) qui servaient à les stabiliser et/ou à les colorer. Selon les pompiers, «dix kilos de plastique qui brûlent, cela fait 25 000 mètres cubes de fumées».
    La combustion de la plupart des matières plastiques libère de nombreux polluants et émanations toxiques, en particulier lorsqu'il s'agit de PVC (organochlorés dont dioxines et furanes, mais aussi des métaux lourds, comme additifs anti-UV et colorants).

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