Or l’ours polaire est sur la liste des espèces menacées. En réalité le photographe levait un drapeau rouge, lançait un avertissement : si nous ne faisons rien pour altérer le cours des choses «maintenant», pour lutter concrètement contre les émissions de gaz à effets de serre, ces images seront de plus en plus fréquentes (1).
La nature et les animaux sont l’indice Dow Jones de
notre propre survie.
Rien de mieux pour comprendre que de visiter le
site du photographe http://www.paulnicklen.com/
Quelques réflexions tirées de son site
(traduction-maison).
«Depuis 40 ans, j'ai erré dans les régions
polaires de notre monde. J'ai commencé enfant, grandissant dans une communauté inuites
sur l'île de Baffin, au Canada, où j'ai appris de l'Inuit non seulement comment
survivre dans notre environnement –,
mais aussi à découvrir et aimer l'Arctique pour tout ce qu'il a à offrir.
Plus
tard, en tant que scientifique, j'ai essayé d'utiliser les données pour promouvoir
la conservation. Mais c’est seulement quand je suis devenu photographe polaire
pour Sea Legacy et le magazine National Geographic que j'ai enfin trouvé une
façon de transmettre l'urgence de protéger cet écosystème fragile pour le bien
de toute l'humanité.
En tant
que scientifique, ce que je sais de l'Arctique est terrifiant. En ce moment, il
se réchauffe deux fois plus vite que partout ailleurs sur la planète. En tant que
photographe, je peux observer et documenter ces effets de première main : ces
glaciers, des populations d'espèces sauvages luttant pour leur survie, et des
villes touchées par la hausse du niveau de la mer.
Et comme
le paysage se modifie, en raison du changement climatique, je vois la région
arctique devenir de plus en plus vulnérable. Nous devrions voir la rapide
disparition des glaciers de la mer arctique pour ce que c’est : un signe
imminent de changement catastrophique. Le danger d'un déversement pétrolier
porterait un coup fatal à ce splendide et très important écosystème.
Ma
carrière, en tant que scientifique, photojournaliste et co-fondateur de Sea
Legacy, m'a appris que simplement dire aux gens que la glace fond ne fonctionne
pas. Les températures sont en hausse. Les
animaux luttent, ont faim et se noient. Les niveaux d'eau immergent peu à peu les
villes. Nous ne pouvons plus seulement en parler. Nous devons montrer au monde
à quel point il est nécessaire et urgent de changer à l’aide d’images et d’histoires
et, plus important encore, qu’il faut de puissantes actions.
Au rythme
actuel, l'Arctique sera entièrement vide de glace en 2050. C'est un message difficile
à entendre mais facile à comprendre quand vous voyez les dégâts de la fonte aux
pôles de notre terre. Les espèces dont la survie est sérieusement menacée,
comme le morse du Pacifique, l'ours polaire, la baleine, le rorqual commun, l’eider
de Steller, ainsi que les communautés autochtones dont le mode de vie dépend de
l'écosystème de l'Arctique, bénéficieront grandement de nouvelles protections.»
«The Big Melt – À mesure que le réchauffement se poursuit dans l'Arctique, la
glace fond plus tôt à chaque année. La glace fondant, l’eau tourne au bleu
foncé ou au noir. Les couleurs autres que le blanc absorbent jusqu'à 90 % de
l'énergie du soleil, ce qui accélère le processus de la fonte. C'est ce qu'on
appelle l'effet albédo.»
[Albédo NDLR
: La quantité de rayonnement solaire réfléchi par la surface terrestre
est appelée albédo ou facteur de réflexion, habituellement exprimé en
pourcentage. Plus le rayonnement absorbé par la surface est important et moins
il est réfléchi, plus la surface chauffe. Les objets noirs, tels que l'asphalte
de nos routes ou un T-shirt noir, ont une valeur albédo faible et absorbent
donc une grosse partie des rayons du soleil et se réchauffent fortement. Les
objets blancs ont un albédo élevé et réfléchissent les rayons du soleil
beaucoup plus fortement, de sorte qu'ils se réchauffent moins rapidement. Étant
donné que les grandes surfaces du globe réfléchissent la lumière (eau, calottes
glaciaires, nuage), la Terre a un albédo relativement important de 30 à 35%. À
titre de comparaison, la lune, par sa surface de roches volcaniques, a un
albédo de 7%. L'intervention de l'homme (par exemple, la déforestation à grande
échelle) modifie l'albédo de la planète.]
«Les conséquences sur l'Arctique – Il y a des endroits dans l'Arctique
où la glace a pratiquement disparu pendant les mois d'été. Nous avons trouvé lors d’une expédition plusieurs ours qui avaient
succombé à la pénurie de nourriture et la faim. C’est uniquement en
changeant notre empreinte de carbone sur cette grande terre, que nous pourrons
sauver les ours.»
«Nordauslandet, Svalbard, Norvège – «De grandes chutes d'eau se déversent du cap de glace Nordaustlandet.
L'Arctique se réchauffe deux fois plus
vite que partout ailleurs sur terre. Cette région normalement couverte de
glace toute l'année pourrait devenir complètement libre de glace pendant les
mois d'été d’ici dix à vingt ans.»
«La déforestation, la fonte des glaciers et les autres
impacts induits par l'homme sur ces écosystèmes aboutiront à la disparition de
l'ours. Pendant vingt-mille ans les humains ont co-évolué et cohabité
harmonieusement avec les ours. Les ours ont été nos compagnons sauvages les
plus constants puisqu'ils partagent les mêmes habitats que nous. C’est
seulement au cours des cent dernières années que nous avons déclaré la guerre à
l'ours avec l’introduction des armes à feu. Pour trouver un moyen qui permette
aux gens et aux ours de coexister en harmonie nous devons rendre explicite que
notre destin est fondamentalement relié au destin du monde naturel et des
créatures comme les ours.
Nous
avons besoin d'histoires qui nous connectent à nos émotions et nous aident à adopter
une identité collective orientée vers l'espoir et la responsabilité. Nous avons
besoin d'une histoire dans laquelle nous sommes à la fois des spectateurs et des
intervenants clés. C'est l'histoire que j'essaie de raconter; une histoire dans
laquelle nous sommes tous responsables des écosystèmes naturels dont nous
dépendons et des créatures qui y vivent. J'espère qu'à travers mes images, nous
allons commencer à nous rendre compte que les problèmes des ours sont identiques
à ceux des gens.
Quand
les ours sont à court d'habitat, cela signifie simplement que nous sommes à
court d'habitat. Tandis que les dernières régions sauvages de notre planète,
les endroits où les ours se promènent, continuent à disparaître, ainsi en
va-t-il du potentiel pour l'homme de profiter des services de l'écosystème que fournit
la nature sauvage.
L'eau
que nous buvons, la nourriture que nous mangeons, les fibres dont nous nous
vêtons, les carburants qui nous procurent chaleur et fraîcheur et les
médicaments qui restaurent notre santé proviennent tous d’un enchevêtrement complexe
du vivant. Les arts, les cultures et les religions – les loisirs et l’esthétique, aussi – s’inspirent de la nature.
Pour moi, les ours sont la représentation vivante de ces écosystèmes et leur
sort est lié au nôtre. J'ai eu le privilège de parcourir dans de nombreux
sentiers en compagnie de ces magnifiques animaux. Je n'ai pas de relation
d'amitié spéciale ou spirituelle avec eux, mais je serai à jamais reconnaissant
aux ours qui ont toléré ma présence, m'ont permis de les photographier, et de
partager avec moi une petite partie de leur monde.»
Paul Nicklen est un photographe, cinéaste et
biologiste marin qui a documenté la beauté et le sort de notre planète depuis
plus de vingt ans. En tant que photographe pour le magazine National Geographic,
Nicklen capte l'imagination du public. En tant que co-fondateur de l'organisme
à but non lucratif, Sea Legacy, il propose une ouverture progressive à la
préservation des océans. Sa narration visuelle a inspiré des millions de
personnes à se lever et à défendre les endroits menacés par le changement
climatique.
-----
(1) Les émissions de gaz à effet de serre sont à
l’origine d’un dérèglement du climat sans précédent et liées pour les trois
quarts à la combustion des énergies fossiles.
La Banque Mondiale vient d’annoncer qu’à partir de
2020, elle ne financera plus l’extraction et la production d’énergies fossiles.
Eh bien, dites donc, espérons qu'il ne s'agit pas d'une fake news...
Près de 80 économistes de 20 pays appelaient à la «fin des investissements dans les énergies fossiles» dans une déclaration lancée par l’ONG 350.org, publiée avant le Sommet climat qui se déroule à Paris.
Des dirigeants politiques et d’institutions
financières participent à ce Sommet climat, consacré au financement des
politiques climatiques : «Nous
appelons à la fin immédiate de tout investissement dans de nouveaux projets de
production et d’infrastructures de combustibles fossiles, et encourageons une
hausse significative du financement des énergies renouvelables. Il est temps
que l’ensemble des acteurs économiques mondiaux se tourne pleinement vers des
énergies renouvelables sûres, et les institutions de développement comme les
investisseurs publics et privés ont la responsabilité urgente et l’obligation
morale de montrer la voie», ont déclaré les signataires.
Mais, pendant ce temps-là, nos banques privées et
publiques, et même nos caisses d’épargne, continuent de financer le charbon et
les parapétrolières. Je pense que c’est dans ce domaine qu’on entend les meilleurs
exemples de discours paradoxal en matière de manipulation perverse :
Le Mouvement Desjardins met fin au
moratoire temporaire sur le financement des projets de pipelines et entend maintenir son soutien au projet
Trans Mountain, de Kinder Morgan. L’institution dit toutefois vouloir «jouer un rôle proactif face au défi que
représentent les changements climatiques», tout en poursuivant ses
investissements dans les énergies fossiles. [!!!]
Desjardins
a ainsi annoncé mercredi qu’en vue de futurs investissements dans les secteurs
pétroliers et gaziers, des critères seront pris en compte «afin de favoriser
une finance qui respecte l’environnement et les collectivités».
«Desjardins fait preuve d’incohérence, a
fait valoir le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. En décidant de conserver le prêt de 145 millions de dollars octroyé
pour le projet de pipeline de sables bitumineux de Kinder Morgan, le Mouvement
Desjardins tourne le dos aux Premières Nations qui s’y opposent, en plus de
faire un pied de nez à la lutte contre les changements climatiques.» (Source :
Le Devoir, décembre 2017)
Commentaire d’un internaute (Jean-François
Mellon, Le Devoir) :
Le krach
boursier
Toutes les compagnies liées aux énergies
fossiles, de l’exploitation au transport en passant par la mise en marché et
par l’automobile, vont selon bien des experts subir un krach boursier.
Cela se produira quand la majorité de la
population mondiale, des gouvernements, des
financiers feront une vraie prise de conscience. On s'en va dans le mur à
grande vitesse, il faut, quelles que soient les conséquences, arrêter l’exploitation
des énergies fossiles. On n’aura pas les moyens de faire une transition, ce
sera un krach pour tenter de survivre et de respirer un peu d’air pur (surtout
en Chine et en Inde). Des traités coercitifs avec des dents verront le jour.
Les mascarades comme l'accord de Paris ne seront plus de mise.
La question est quand cela va-t-il arriver? Certains
parlent de 2021, soit demain matin. Desjardins va se trouver avec des prêts
bien mal placés.
Saluons
au Canada les peuples autochtones qui freinent tant qu’ils peuvent Trudeau et
les pétrolières.
https://twitter.com/joshfoxfilm
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