ÉCONOCIDE
Mise à jour 04.12.2017 – Le projet de loi visant à
réduire l’imposition des riches a été adopté. Les frères Koch (prononcez coke) ont gagné avec en prime : la
fin de l'interdiction pour les groupes religieux et les organisations à but non
lucratif qui ont droit à des soutiens de l’État, de faire du militantisme
politique. Koch Industries Inc. finance de nombreux organismes de propagande climatosceptique
et religieuse via Atlas Network.
Rappelons
que Koch Industries Inc. gère quelque deux millions d’acres dans la zone d’extraction
de sables bitumineux de l’Alberta, ainsi que les projets d’oléoducs Trans
Mountain, Keystone KL, Énergie Est, Northern Gateway; une nouvelle mine
d’extraction de sables bitumineux au nord de Fort McMurray (AL) sera gérée par
Teck Resources. Les principaux domaines d’activités de l’entreprise : pétrole,
gaz, fracturation hydraulique, sables bitumineux, raffinage, dérivés
pétroliers, produits chimiques, élevage de bétail, agrobusiness (engrais et
pesticides), produits forestiers, spéculation, agences privées de forces
armées, etc. Bref, tout ce qui contribue le plus dramatiquement à l’écocide.
Les plus riches Américains pourraient recevoir un cadeau digne des années Reagan
Un texte de Gérald Fillion | Le 1er décembre 2017
ANALYSE –
Les opérateurs de marché, les grands
gestionnaires de fonds, les banques et quantité de multinationales jubilent à
l'idée de voir leurs impôts, ceux des corporations comme des mieux nantis, être
abaissés aux États-Unis. Jamais, depuis les années de Ronald Reagan, les plus
riches Américains n'ont-ils eu droit à un tel cadeau, qui pourrait tomber juste
à temps, ma foi, pour Noël!
Le Dow
Jones s’est envolé de 332 points jeudi, passant la barre des 24 000 pour la
première fois de l’histoire de l’indice. Depuis le début de l’année 2017,
depuis essentiellement l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, cet indice a bondi
de 23 %.
Ce qui
s’est passé jeudi, c’est que John McCain, sénateur républicain de l'Arizona, a
donné son appui à la réforme fiscale des républicains. C’est cet appui qui a
déclenché une envolée boursière spectaculaire, qui s’était déjà amorcée dans
les derniers jours, alors que montait le niveau de confiance quant à l’adoption
de la réforme fiscale.
John
McCain est l’un des plus fervents critiques de Donald Trump depuis le début de
sa présidence, ayant bloqué à plusieurs reprises les tentatives de réforme de
l’Obamacare. Son appui augmente sensiblement les chances de succès pour le
président et le Parti républicain.
Une réforme
qui va créer plus d’inégalités
Ne nous trompons pas, toutefois. Si cette réforme est jouissive pour le
milieu boursier, elle pourrait alimenter, encore une fois, les inégalités aux
États-Unis, qui sont parmi les plus importantes de la planète. Ce sont ces
écarts de richesse qui alimentent le cynisme, la colère et la frustration de
millions d’Américains qui – quelle coïncidence n’est-ce pas? – ont voté, dans
bien des cas, pour Donald Trump.
De
nombreux analystes et économistes affirment que le projet de loi des
républicains s'appuie sur la théorie du ruissellement (trickle-down economics),
qui consiste à réduire l'impôt des riches pour les encourager à injecter de
l'argent dans l'économie afin de le faire «ruisseler» jusqu'aux plus pauvres.
C’était
la théorie qu’affectionnait Ronald Reagan, dans laquelle beaucoup de
républicains ont toujours foi, mais qui a provoqué un accroissement important
des inégalités. «On a eu l’occasion
d’invalider cette théorie, nous a dit le chercheur Nicolas Zorn,
spécialiste des inégalités, à RDI économie jeudi soir. On a eu 30 ans de réformes dans une trentaine de pays développés, où on
a essayé ces réformes-là. Ça ne fonctionne pas, le résultat n’est pas là.»
Le Fonds
monétaire international (FMI) a réalisé une étude qui montre que la croissance
économique est plus forte quand on redistribue la richesse vers les moins
nantis et vers la classe moyenne. Si on baisse les impôts des plus riches, on
déplace des sommes, qui auraient été nécessaires pour des gens qui ont besoin
d’argent ou de services, vers différents placements.
Nicolas
Zorn explique que les plus riches ont
tendance à investir les sommes supplémentaires qui leur sont allouées dans les
marchés financiers. Avec la montée des inégalités, les occasions sont moins
nombreuses, ce qui les amène à investir
davantage en bourse. Et les
entreprises tendent à verser plus de dividendes ou à procéder à des rachats d’actions.
80 % des
bénéfices… au 1 %
Selon le Bureau du budget du Congrès, avec la
réforme fiscale des républicains, en
2027, les gens qui font entre 40 000 $ et 50 000 $ auront payé 5,3 milliards de
dollars américains de plus en impôt. Par contre, les Américains qui gagnent plus d'un million de dollars par année
auront eu droit à des baisses d'impôt totalisant 5,8 milliards.
La réforme fiscale va générer 80 % des
gains d’impôt pour les 1 % les plus riches de la société américaine. Le
président Trump et 11 des 22 membres de son cabinet vont bénéficier des nouvelles
mesures fiscales prévues.
La
réforme va réduire les revenus de l'État américain de 1600 milliards de dollars
sur 10 ans et va stimuler l'économie et les revenus de l'État de 400 milliards
sur une décennie. Les déficits seront plus importants, la dette va s’alourdir.
La réforme prévoit des réductions au
programme Medicare pour les aînés, des compressions dans l’aide sociale, sans
oublier la réforme de l'Obamacare qui pourrait priver 13 millions d'Américains
d'assurance maladie.
Pour avoir
un large appui, les républicains ont inclus dans leur réforme différentes
mesures qui n’ont pas grand lien avec le fondement de la réforme fiscale
annoncée. Par exemple, le projet de loi
prévoit la fin de l'interdiction pour les groupes religieux et les
organisations à but non lucratif, qui ont droit à des soutiens de l’État, de
faire du militantisme politique.
Le ruissellement de la richesse – «La contribution fiscale des plus riches et
des entreprises passera de 70 % à 28 %. Avec cette réforme, la richesse ruissellera
vers les plus riches, aux dépens de la classe moyenne la plus pauvre.» ~ Nicolas Zorn, Institut du Nouveau
Monde (INM), spécialiste des inégalités.
ÉCOCIDE
L’écologiste Derrick Jensen, qui milite depuis longtemps pour dénoncer les problèmes de taille causés par notre civilisation industrielle, proposait cette allégorie :
Imaginez,
disait-il, une demi-douzaine d’urgentistes en train de panser les blessures
d’une personne poignardée par un psychopathe. Ils essaient désespérément de
l’empêcher de se vider de son sang. L’atmosphère est extrêmement tendue car ils
se demandent s’ils réussiront à juguler l’hémorragie et lui éviter la mort.
Néanmoins,
il y a un problème : pendant que les urgentistes appliquent des bandages aussi
vite que possible, le psychopathe continue à poignarder la victime. Pire encore,
le il poignarde tellement vite que les urgentistes n’arrivent à panser les
blessures. Et puis, le psychopathe est très bien payé pour poignarder la
victime, alors que la plupart des urgentistes sont des bénévoles.
Comment
faire pour empêcher la victime de se vider de son sang? N’importe quel individu
sensé, plus soucieux de la santé du blessé que de la santé de l'économie (basée
sur le dépeçage de la victime), vous le dira : l’unique solution est cesser
de poignarder. Aucun pansement ne compensera l'assaut continuel, qui d’ailleurs
s'accélère.
En réalité,
la santé de l'économie dépend de la quantité de sang que perd la victime – la croissance économique
de notre civilisation est basée sur la transformation de l'espace vital en
matières premières – tel que transformer les forêts vivantes en deux par quatre
et les montagnes en charbon.
Les
«pressions imposées par la civilisation industrielle» ont généré les folies de la
haute technologie, la prolifération des guerres, une paupérisation sans
précédent et des carrières sans âme où tout sens éthique est inexistant.
Panser
les blessures est louable et essentiel, mais pour juguler l’hémorragie il faut empêcher
les industriels de poursuivre leur saccage.
OPIOCIDE
«Il est plus
facile de duper les gens que de les convaincre qu'ils ont été dupés.»
~ Mark
Twain
La crise des opioïdes est une habile stratégie
de conquête. Savoir permet de choisir.
Le conseiller
d’un empereur chinois, il y a de cela plusieurs siècles, confia à ce
dernier :
«Si vous voulez détruire un pays, inutile de
lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies. Il suffit de
détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il
faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé
par des voleurs. Il vous sera facile de les vaincre.»
Dans son
traité L’Art de la guerre, rédigé vers le Ve siècle avant J.-C., le
Chinois Sun Tse (Sun Zi ou Sun Tzu, mais son vrai nom était Sun Wu) disait :
«L’art de la guerre est l’art de duper, et
en donnant toujours l’apparence contraire de ce que l’on est, on augmente les
chances de victoire.»
Ainsi, le
dessein de faire la guerre une fois formé, les troupes étant déjà sur pied et
en état de tout entreprendre, ne dédaignez pas d’employer les artifices.
Commencez
par vous mettre au fait de tout ce qui concerne les ennemis; sachez exactement
tous les rapports qu’ils peuvent avoir, leurs liaisons et leurs intérêts
réciproques; n’épargnez pas les grandes sommes d’argent; n’ayez pas plus de
regret à celui que vous ferez passer chez l’étranger, soit pour vous faire des
complices, soit pour vous procurer des connaissances exactes, qu’à celui que
vous emploierez pour la paie de ceux qui sont enrôlés sous vos étendards : plus vous dépenserez, plus vous gagnerez;
c’est un argent que vous placez pour en retirer un gros intérêt.
Ayez
des espions partout, soyez instruit de tout, ne négligez rien de ce que
vous pourrez apprendre; mais, quand vous aurez appris quelque chose, ne la
confiez pas indiscrètement à tous ceux qui vous approchent.
Lorsque vous emploierez quelque artifice,
ce n’est pas en invoquant les Esprits, ni en prévoyant à peu près ce qui doit
ou peut arriver, que vous le ferez réussir; c’est uniquement en sachant
sûrement, par le rapport fidèle de ceux dont vous vous servirez, la disposition
des ennemis, eu égard à ce que vous voulez qu’ils fassent.
[...]
Le
grand secret de venir à bout de tout consiste dans l’art de savoir mettre la
division à propos; division dans les villes et les villages, division
extérieure, division entre les inférieurs et les supérieurs, division de mort,
division de vie.
[...]
La division de vie est celle par laquelle
on répand l’argent à pleines mains envers tous ceux qui, ayant quitté le
service de leur légitime maître, ont passé de votre côté, ou pour combattre
sous vos étendards, ou pour vous rendre d’autres services non moins essentiels.
Si
vous avez su vous faire des complices dans les villes et les villages des
ennemis, vous ne manquerez pas d’y avoir bientôt quantité de gens qui vous
seront entièrement dévoués. Vous saurez par leur moyen les dispositions du
grand nombre des leurs à votre égard, ils vous suggéreront la manière et les
moyens que vous devez employer pour gagner ceux de leurs compatriotes dont vous
aurez le plus à craindre; et quand le
temps de faire des sièges sera venu, vous pourrez faire des conquêtes, sans
être obligé de monter à l’assaut, sans coup férir, sans même tirer l’épée.
Si les ennemis qui sont actuellement
occupés à vous faire la guerre ont à leur service des officiers qui ne sont pas
d’accord entre eux; si de mutuels soupçons, de petites jalousies, des intérêts
personnels les tiennent divisés, vous trouverez aisément les moyens d’en
détacher une partie, car quelque
vertueux qu’ils puissent être d’ailleurs, quelque dévoués qu’ils soient à leur
souverain, l’appât de la vengeance, celui des richesses ou des postes éminents
que vous leur promettez, suffiront amplement pour les gagner; et quand une
fois ces passions seront allumées dans leur cœur, il n’est rien qu’ils ne
tenteront pour les satisfaire.
Si les différents corps qui composent
l’armée des ennemis ne se soutiennent pas entre eux, s’ils sont occupés à
s’observer mutuellement, s’ils cherchent réciproquement à se nuire, il vous
sera aisé d’entretenir leur mésintelligence, de fomenter leurs divisions; vous
les détruirez peu à peu les uns par les autres, sans qu’il soit besoin qu’aucun
d’eux se déclare ouvertement pour votre parti; tous vous serviront sans le vouloir, même sans le savoir.
[...]
Que vous restera-t-il à faire pour vous
rendre maître d’un pays dont les peuples voudraient déjà vous voir en
possession?
Si
vous récompensez ceux qui se seront donnés à vous pour se délivrer des justes
craintes dont ils étaient perpétuellement agités, et pour mettre leurs jours à
couvert; si vous leur donnez de l’emploi, leurs parents, leurs alliés, leur
amis seront autant de sujets que vous acquerrez à votre prince.
Si
vous répandez l’argent à pleines mains, si vous traitez bien tout le monde, si
vous empêchez que vos soldats ne fassent le moindre dégât dans les endroits par
où ils passeront, si les peuples vaincus ne souffrent aucun dommage,
assurez-vous qu’ils sont déjà gagnés, et que le bien qu’ils diront de vous
attirera plus de sujets à votre maître et plus de villes sous sa domination que
les plus brillantes victoires.
Soyez vigilant et éclairé; mais montrez à
l’extérieur beaucoup de sécurité, de simplicité et même d’indifférence; soyez
toujours sur vos gardes, quoique vous paraissiez ne penser à rien; défiez-vous
de tout, quoique vous paraissiez sans défiance; soyez extrêmement secret,
quoiqu’il paraisse que vous ne fassiez rien qu’à découvert; ayez des espions
partout; au lieu de paroles, servez-vous de signaux; voyez par la bouche,
parlez par les yeux; cela n’est pas aisé, cela est très difficile. On est
quelquefois trompé lorsqu’on croit tromper les autres. Il n’y a qu’un homme
d’une prudence consommée, qu’un homme extrêmement éclairé, qu’un sage du
premier ordre qui puisse employer à propos et avec succès l’artifice des
divisions. Si vous n’êtes point tel, vous devez y renoncer; l’usage que vous en
feriez ne tournerait qu’à votre détriment.
[...]
Punissez
sévèrement, récompensez avec largesse : multipliez les espions, ayez-en
partout, dans le propre palais du prince ennemi, dans l’hôtel de ses ministres,
sous les tentes de ses généraux; ayez une liste des principaux officiers qui
sont à son service; sachez leurs noms, leurs surnoms, le nombre de leurs
enfants, de leurs parents, de leurs amis, de leurs domestiques; que rien ne se
passe chez eux que vous n’en soyez instruit.
[...]
Défendre
les États de son souverain, les agrandir, faire chaque jour de nouvelles
conquêtes, exterminer les ennemis, fonder même de nouvelles dynasties, tout
cela peut n’être que l’effet des dissensions employées à propos.
Telle fut la voie qui permit l’avènement
des dynasties Yin et Tcheou, lorsque des serviteurs transfuges contribuèrent à
leur élévation.
[...]
Une
armée sans agents secrets est un homme sans yeux ni oreilles.
Traité
intégral : http://art-de-la-guerre.blogspot.ca/
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