26 décembre 2017

La tyrannie confessionnelle

«Parfois, la vérité doit être mise à l’envers pour être vue à l’endroit. Il n’y a ni fossé ni champ de mines dans le monde de la réflexion. Les tyrans et les dictateurs le savent bien. Ils redoutent la liberté que représente la faculté de penser chez leurs concitoyens.
   Est-ce un rêve outrancier que d’imaginer une civilisation à l’échelle mondiale qui ne soit pas fondée sur l’oppression? Outrancier ou non, c’est un rêve nécessaire. Il est clair que la prochaine génération ne sera sans doute pas beaucoup plus avancée que la nôtre. Mais il est possible que ceux qui viendront plus tard soient moins stupides que nous. » ~ Henning Mankell (Sable mouvant, Fragments de ma vie; Éditions du Seuil, 2015)

«Chaque siècle a son moyen-âge.» (Stach)

On se penserait au temps de l’Inquisition. Les gens peuvent bien pratiquer les religions qu'ils veulent, mais il est inadmissible qu'ils tentent de les imposer aux non-croyants.

Des enfants retirés à leur mère pour cause d’athéisme

Une femme musulmane avec ses deux enfants, au Caire, en juin 2017. L'athéisme pourrait bientôt être puni par la loi. Photo : SAMER ABDULLAH / AFP

Il ne fait pas bon être athée en Égypte. Dans un contexte de dénonciation de la croissance de l’athéisme, particulièrement chez les jeunes, une mère a perdu la garde de ses deux enfants en raison de son absence de foi.
   Au Caire, une mère a été privée de ses deux enfants parce qu’athée. C’est le tribunal des affaires familiales de la ville qui a prononcé dimanche 24 décembre ce jugement sans précédent. La décision de justice intervient en pleine campagne de chasse à l’athéisme dans le pays.
   «L’extrémisme et l’athéisme sont les deux faces d’une même pièce». Une affirmation martelée sur plusieurs chaines de télévisions par des ulémas de l’islam dans ce qui ressemble à une campagne nationale contre l’athéisme.
   Campagne déclenchée par un rapport de la très officielle direction générale des Fatwas, qui affirme que l’athéisme est un mal qui se répand de manière alarmante au sein de la jeunesse. Avec la bénédiction de la Grande Mosquée d’al-Azhar, la commission des affaires religieuses du Parlement s’est aussitôt saisie de l’affaire. Elle a décidé d’élaborer une loi qui pénalise l’athéisme.
   Toute personne affirmant publiquement son athéisme ou sa sympathie pour les athées pourrait se retrouver passible d’amende ou de prison. Le projet de loi prévoit une surveillance d’internet et notamment des médias sociaux. Pour les laïcs et les libéraux, cette loi viole la Constitution, qui garantit la liberté de croyance.

Avec notre correspondant au Caire,  Alexandre Buccianti, 24 décembre 2017


Photo : en-tête du site L’observatoire de l’athéophobie   

Un musée de la Bible à Washington
Un reportage de Christian Latreille | Lundi 25 décembre 2017

Un musée consacré à la Bible a ouvert ses portes, il y a quelques semaines, à Washington. Les visiteurs peuvent y accéder gratuitement pour découvrir les secrets du livre le plus connu.  
   Entrer au Musée de la Bible à Washington, c'est pénétrer dans une cathédrale, où l'on découvre l'histoire et l'impact du livre le plus lu et le plus vendu du monde. [...]
   Construit au coût de 500 millions de dollars, le Musée a été financé par la famille Green de l'Oklahoma. Il s'agit de milliardaires évangéliques qui ont fait fortune dans le commerce de détail.

Basically every religion explained in one book title “Revised edition”. 
~ David G. McAfee

La Nativité version 2017

Le 25 décembre, à l’aube, un agriculteur québécois découvre un couple avec un nouveau-né (sans papiers d’identité) dormant dans sa grange. Il appelle la police, qui demande à la DPJ d’assurer la sécurité du bébé. La jeune fille étant mineure et l’homme avoisinant la cinquantaine, celui-ci pourrait être soupçonné de pédophilie ou de détournement de mineure. La jeune fille prétend que le bébé vient de Dieu. La SQ tente de connaître leur identité. Des voisins, alertés par les gyrophares des autos-patrouilles, disent avoir rencontré un homme étrange vêtu de blanc (un extraterrestre?) en se rendant sur les lieux – ils ont peut-être trop bu au party du solstice d'hiver. Trois étrangers guidés vers le couple par GPS, sont arrêtés au poste frontalier de Lacolle pour possession d’or, de colis suspects et de produits illicites. S’agit-il d’un réseau de vente de stupéfiants?  Après examen médical à l’hôpital, la jeune fille est reconnue vierge, de sorte que le couple est placé en garde à vue et pourrait être accusé de rapt d’enfant et demande de rançon. Le premier ministre crée une cellule de crise, craignant un complot de l’UPAC.

Le Chapelet en famille 

En 1950, la chaîne radio CKAC commença à diffuser quotidiennement, à 19 h, la récitation du chapelet avec Mgr Paul-Émile Léger jusqu'à son départ pour l'Afrique en 1967. La diffusion prendra fin en 1970. Le Chapelet en famille était si populaire qu'en 1953 Radio-Canada doit changer l'heure de diffusion du feuilleton Un homme et son péché, initialement présenté à la même heure.
   Certains parents obligeaient leurs enfants à réciter le chapelet à genoux, les bras en croix -- un bon 15 minutes de torture... Débile! Cela fait partie des raisons (il y a pire) pour lesquelles beaucoup de Québécois ne veulent rien savoir des religions -- aucune. À ma connaissance, dans ces années-là, les membres de certaines communautés religieuses devaient encore se flageller pour expier leurs péchés (une vieille coutume moyenâgeuse qui perdurait). Le clergé ne se gênait pas pour mettre son nez dans la vie sexuelle des familles; et la mainmise cléricale n'excluait pas les actes de pédophilie. La religion (ou la peur du péché et de l'enfer) est supposée rendre les gens meilleurs, plus charitables, compatissants, vertueux...


Les raisons de ne pas croire en un dieu sont les mêmes que celles de ne pas croire au Père Noël

Dans une tribune au «Monde», Franck Ramus, spécialiste des sciences cognitives, regrette que la liberté de conscience des enfants soit bafouée.

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Men without beards “cannot be distinguished from women” and can provoke “indecent thoughts” 
an Islamic preacher in Turkey told the religious television station Fatih Medreseleri. 
 

“Men should grow beards. [Beards are] one of the two body parts that separate men from women," Murat Bayaral said Saturday. "For example, if you see a man with long hair from afar, you may think he is a woman if he does not have a beard. Because nowadays, women and men dress similarly. God forbid! You could be possessed by indecent thoughts,” he explained, expressing fear that men might look at members of the same sex with sexual interest.

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Simplement renversant... 

Quelques extraits du dossier discrimination contre les athées (Wikipédia)  

La discrimination contre les athées est une forme d'intolérance religieuse à l'encontre des non-croyants. Elle est parfois désignée sous le nom d'athéophobie.

Afghanistan
La constitution afghane appelle au respect des conventions internationales que le pays a signées, comme la Déclaration universelle des droits de l'homme dont un article prévoit la liberté de religion. Mais elle oblige toute loi à être conforme à l'islam, dont l'interprétation traditionnelle réserve la peine de mort aux musulmans ayant renoncé à leur religion.

Algérie
Un non-musulman ne peut pas se marier avec une femme musulmane (Code de la famille algérien I.II.30). Les apostats sont déshérités (Code de la famille algérien III.I.138).

Arabie saoudite
En Arabie saoudite l'accès aux villes saintes de La Mecque et de Médine est interdit aux athées (comme d'ailleurs à tous les non-musulmans). De plus, le fait pour un ancien musulman de se déclarer athée (apostasie) est passible de la peine de mort par décapitation. Selon le décret royal 44, «l’appel à la pensée athée sous toutes ses formes» relève du terrorisme, et est puni de trois à vingt années de prison.

Égypte
En Égypte, se déclarer athée peut être considéré comme une insulte à l'islam, et conduire à des arrestations. En milieu rural, ou traditionnel, il peut entraîner des crimes dits d'«honneur», l'un des membres de la famille d'une personne se déclarant athée pouvant être désigné pour assassiner la personne, pour laver l'honneur, de ce qui est vu comme une forme de honte.

États-Unis
En 1994, au cours du procès intitulé Board of Education of Kiryas Joel Village School District v. Grumet, la cour suprême de justice statue que «le gouvernement ne devrait pas préférer une religion à une autre, ou la religion à l'irréligion». Le procès Everson v. Board of Education a d'autre part établi que «Ni un État ni le gouvernement fédéral ne peuvent faire entrer en vigueur des lois qui aident une religion particulière, qui aident toutes les religions, ou qui préfèrent une religion à toutes les autres». Cette clause s'applique aussi bien aux États qu'au gouvernement fédéral. Cependant, de nombreuses constitutions étatiques laissent conditionnelle la protection des personnes vis-à-vis de la discrimination religieuse, et notamment sur la question de l'existence d'une divinité, ce qui laisse les athées dépourvus de leur droit à la liberté de religion, ou plus exactement liberté d'irréligion. (Voyez le lien pour plus de détails)

Indonésie
Le droit de ne pas avoir de religion n'est pas reconnu en Indonésie. Toute personne critiquant ou contestant l'une des religions reconnues (islam, christianisme [catholique ou protestant], hindouisme, bouddhisme ou confucianisme), et diffusant cette critique, encourt jusqu'à onze ans de prison. Chaque personne doit faire figurer sa religion sur sa carte d'identité. L'obligation d'être croyant est «le premier pilier de la philosophie d'État en Indonésie Pancasila». Endy Bayuni, rédacteur en chef du Jakarta Post, rapporte que l'obligation légale imposée à chacun d'être croyant a été incorporée à la constitution dans les années 1940, lors de la lutte contre une insurrection communiste. L'athéisme est ensuite réprimé sous le régime du Président Suharto (1967-1998), «qui traita l'athéisme comme ennemi de l'État» en l'assimilant au communisme. Les athées doivent alors se déclarer officiellement membres d'une religion pour échapper aux persécutions. [...] (Voyez le lien pour plus de détails)

Iran
De tradition chiite, l'Iran a condamné à mort des musulmans ayant apostasié sur la base de la charia non codifiée. Des peines sont régulièrement prononcées. Avant 1989, se déclarer athée en Iran conduisait directement à la potence. Depuis la fin des années 1990, la mort n'est plus prononcée pour les athées, mais les peines de prison sont toutes aussi pénibles, et lourdes, pas très enviables, avec des peines de travaux forcés, et l'attitude du régime est tout aussi sévère. Pour confondre un athée, la torture peut toutefois être utilisée et entraîner des «bavures» pouvant déboucher sur la mort d'un individu. De nos jours, être athée en Iran se fait dans la clandestinité, pour éviter des souffrances, et celui qui n'est pas croyant va éviter de le revendiquer, même s'il est notoire qu'il ne fréquente pas la mosquée, ce qui montrerait presque une certaine forme de tolérance. En revanche, si un athée injure la religion musulmane, c'est alors vu comme du blasphème, et entraîne automatiquement la peine de mort.

Malaisie
L’article 11 de la constitution fédérale de Malaisie garantit à chacun le droit de choisir sa religion, mais l’article 3 dispose que l’islam est la religion officielle, et qu’on ne doit pas en prêcher d’autre aux musulmans. La majeure partie des États ont adopté la Loi de contrôle et de restriction, qui prévoit une amende de 10 000 ringgits, ou une peine d’un an de prison, pour ceux qui induisent un musulman à changer de religion. La critique de l’islam est considérée par la loi comme un acte de sédition (Sedition Act hérité de la période coloniale). Il est donc très difficile aux musulmans (essentiellement les Malais considérés comme musulmans de naissance) d’abandonner leur religion car ils doivent pour cela faire entériner leur choix par un tribunal religieux musulman, seule juridiction compétente en la matière depuis 1988. La demande est presque toujours refusée, et une peine peut être imposée pouvant aller jusqu’à la prison ou l'enfermement dans un camp de «réhabilitation» jusqu'au renoncement de leur projet d'officialisation de leur apostasie. [...] La question de l’apostasie fait l’objet de débats animés entre les musulmans libéraux qui estiment qu’il n’y a aucun avantage à maintenir de force un non-croyant dans l’islam, et une forte et active minorité de fondamentalistes désireux d’imposer encore plus de restrictions, comme des peines de prison obligatoires, voire la peine de mort. [...] (Voyez le site pour plus de détails)

Mauritanie
En Mauritanie, le Code pénal de 1984 dit : «Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur et aux mœurs islamiques, ou a violé les lieux sacrés ou aidé à les violer, si cette action ne figure pas dans les crimes emportant la Ghissass ou la Diya, sera punie d'une peine correctionnelle de trois mois à deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 5.000 à 60.000 UM. Tout musulman coupable du crime d'apostasie, soit par parole, soit par action de façon apparente ou évidente, sera invité à se repentir dans un délai de trois jours. S'il ne se repent pas dans ce délai, il est condamné à mort en tant qu'apostat, et ses biens seront confisqués au profit du Trésor. S'il se repent avant l'exécution de cette sentence, le parquet saisira la Cour suprême, à l'effet de sa réhabilitation dans tous ses droits, sans préjudice d'une peine correctionnelle prévue au 1er paragraphe du présent article. «Toute personne coupable du crime d'apostasie (Zendagha) sera, à moins qu'elle ne se repente au préalable, punie de la peine de mort.»

Libye
Le rejet de l'islam peut être sanctionné par la perte de la citoyenneté.

Soudan
Le Soudan, à l'exception du Soudan du Sud, applique la charia qui, selon l'interprétation individuelle, peut condamner à mort les musulmans apostats.

Suède
En Suède, pourtant considéré comme l'un des pays les plus séculiers du monde, il existe des lois qui peuvent être considérées comme discriminatoires contre les athées : dans les écoles publiques, le début de chaque semestre se tient dans une église et un prêtre délivre son sermon; de même, les écoles organisent des sorties à l'église avant certaines périodes de vacances scolaires. Lorsque les athées suédois se sont opposés à cette tradition, les politiciens sont intervenus pour la défendre. Ainsi, le 26 octobre 2006, le ministre suédois de l'éducation, Jan Björklund, fit savoir que «Nous ne devrions pas avoir de règles en Suède qui feraient que les gens ne continueraient pas les débuts d'années scolaires et les cérémonies à l'église. Il n'y aura pas de changements sur ces règles.» [...]

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Sites d’intérêt sur l'athéisme :

L’observatoire de l’athéophobie 

Association humaniste du Québec; La voix des humanistes athées et agnostiques

Athéisme L’Homme debout

The Thinking Atheist

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