25 décembre 2017

La paix : une menace pour l’économie mondiale

Si tous les budgets des États alloués aux dépenses militaires étaient transférés à la restauration/préservation de la Terre, il y aurait peut-être effectivement un effondrement économique temporaire, mais cela changerait le monde – assurément pour le mieux, car on pourrait éradiquer la pauvreté.

Les dépenses militaires mondiales en 2016 s’élevaient à 1.570.000.000.000. Celles des États-Unis représentaient 40 % du budget mondial; avec Trump, elles ont sûrement pété des scores en 2017. Les détails ahurissants de cette arnaque mondiale :

«Se laisser mourir de faim n’est pas un choix»

[...] Avoir la possibilité de choisir ce à quoi on consacre son existence est un grand privilège. Pour la très grande majorité des habitants de la planète, la vie est fondamentalement une affaire de survie, dans des conditions dramatiques. [...] Au cours des millénaires, très rares sont ceux qui ont pu se consacrer à autre chose qu’à la survie. Ils n’ont certes jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui. La moitié de l’humanité, de nos jours, vit encore sans aucune possibilité de choix. [...] Pouvoir «changer de vie» leur est un luxe inaccessible.
   Ceux qui n’ont pas été contraints de consacrer leur temps à la survie ont aussi généralement été ceux qui détenaient le pouvoir, quelle que soit la forme de société dont on parle. [...] Les révoltes et les révolutions ont toujours eu le même enjeu. Lorsqu’on ne peut survivre alors qu’on s’échine au travail jusqu’au bout de ses forces, il ne reste pas d’autres solution que de se révolter. C’est après le passage à la révolte que la question du «droit à autre chose» s’affirme et se précise. [...]
   Ceux qui vivent dans les marges extrêmes d’une société n’ont aucun choix.
   Se coucher dans la rue pour mourir n’est pas un choix. Se laisser mourir de faim n’est pas un choix. Nous avons aujourd’hui tous les moyens nécessaires pour éradiquer la misère absolue et hisser l’ensemble des êtres humains vivants au-dessus du seuil de malnutrition. Nous choisissons de ne pas le faire. C’est un choix que je ne peux considérer autrement que comme un acte criminel. Mais il n’existe pas de tribunal habilité à poursuivre, à l’échelle globale, les criminels responsables du fait que la faim et la misère ne sont pas combattues à l’aide de toutes les ressources disponibles. Et qui nous entraînent tous à être complices et à avoir notre part de responsabilité dans ce choix. [...]

~ Henning Mankell (SABLE MOUVANT Fragments de ma vie; traduit du suédois par Anna Gibson; Éditions du Seuil, septembre 2015)  

Quel que soit le statut de Jérusalem (la cité à trois têtes!), la vieille bataille pour «quelques arpents de sable» n’est pas à la veille de se terminer. Toutes les tentatives d’accord de paix ont échoué et viré aux bains de sang les unes après les autres (1). Le plus étonnant est qu’Israël, malgré le climat aride, a obtenu des résultats spectaculaires en matière d’agriculture. Ils auraient pu partager leurs connaissances avec les Palestiniens au lieu de les affamer. Mais non.  

«Un vrai ennemi ne te laisse jamais tomber. Le plus difficile, c’est incendier l’enfer.» ~ Stanislaw Jerzy Lec 

Donald Trump is convinced that the Mideast should no longer be driven by violence and that peace is within reach. "I want to see peace with Israel and the Palestinians,” he told Reuters in an interview. “There is no reason there's not peace between Israel and the Palestinians – none whatsoever.” But according to Ghassan Khatib, a professor of political science at Birzeit University in the West Bank, Trump may be underestimating the task at hand. "The main concern for Palestinians is to make him understand that there are two sides ... and that the second side is important," he said.  https://www.nbcnews.com/news

Voulant comprendre l’incompréhensible, j’ai trouvé quelque chose d’accessible à mon niveau de connaissance limité de l’histoire complexe de cette région. Merci à l’auteur de cet article :  

Petite histoire de la Palestine pour les nuls
Par Camille Pollet | le 29 juillet 2014

Non, le conflit israélo-palestinien n’est pas une guerre de religion à proprement parler, même si sa dimension religieuse est fondamentale. Non, le sionisme ne relevait pas du complot. Non, les États-Unis n’ont pas été systématiquement favorables aux initiatives d’Israël. Non, aujourd’hui comme hier, les Palestiniens et les Israéliens n’approuvent pas tous les actions de leurs dirigeants. Non, l’évacuation de la bande de Gaza par les Israéliens en 2005 ne reflétait pas une volonté de dialogue avec les Palestiniens.
    Malgré l’importance du traitement médiatique de ce conflit, j’entends très fréquemment des inexactitudes sur le sujet. Je crois qu’il faut embrasser les 2500 dernières années pour bien comprendre. Ce que je vous propose ici, à grands traits. [...]
Suite :

Si les activités des fêtes grugent tout votre temps, voici un résumé en vidéo :

Un demi-siècle de conflit à Jérusalem expliqué en 5 minutes
Le Monde (2015)

Depuis l'été 2014, les épisodes sanglants se sont multipliés à Jérusalem et les symboles religieux, particulièrement l'esplanade des mosquées, cristallisent les tensions. Pourtant, au-delà d'un conflit entre religions, la lutte pour Jérusalem est avant tout une bataille pour un territoire, dont le découpage est devenu extrêmement complexe au fil des années. Décryptage. 



Si nous le voulons
Mahmoud Darwich*
Traduit par Elias Sanbar

  Nous serons un peuple, si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges et que le mal n’est pas l’apanage des autres.
  Nous serons un peuple lorsque nous ne dirons pas une prière d’action de grâces à la patrie sacrée chaque fois que le pauvre aura trouvé de quoi dîner.
  Nous serons un peuple lorsque nous insulterons le sultan et le chambellan du sultan sans être jugés.
  Nous serons un peuple lorsque le poète pourra faire une description érotique du ventre de la danseuse.
  Nous serons un peuple lorsque nous oublierons ce que nous dit la tribu, que l’individu s’attachera aux petits détails.
  Nous serons un peuple lorsque l’écrivain regardera les étoiles sans dire : notre patrie est encore plus élevée… et plus belle!
  Nous serons un peuple lorsque la police des mœurs protégera la prostituée et la femme adultère contre les bastonnades dans les rues.
  Nous serons un peuple lorsque le Palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades, dans les concours de beauté et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.
  Nous serons un peuple lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la sourate du Rahmân dans un mariage mixte.
  Nous serons un peuple lorsque nous respecterons la justesse et que nous respecterons l’erreur.

Revue Mouvement, oct.-déc. 2008, p 109  
Source de la sélection : http://brisdemots-amaryllis.blogspot.ca/

* Mahmoud Darwich, né le 13 mars 1941 à Al-Birwah (Palestine sous mandat britannique) et mort le 9 août 2008 à Houston (Texas, États-Unis), est une des figures de proue de la poésie palestinienne.

Le «cas» de Raïf Badawi 

On dit qu’il serait sur une liste de pardon royal. À quand sa libération? Le Canada vend des chars d’assaut à l’Arabie saoudite – très mauvaise posture pour donner des leçons sur le respect des droits et libertés...

Ensaf Haidar, l'épouse de Raïf Badawi, s'insurge contre le fait que le gouvernement du Canada lui demande d'écrire une lettre à son beau-père lui demandant de dire au roi d'Arabie saoudite qu'il pardonne à son fils.

Elle affirme que c'est le député libéral fédéral Omar Alghabra qui lui a fait cette demande à la suite d'une rencontre avec l'ambassadeur de l'Arabie saoudite. Selon Mme Haidar, si Raïf Badawi obtenait le pardon de son père, il serait automatiquement libre. «On sait que Raïf est condamné à 10 ans de prison, mais j'ai une copie du jugement qui dit que Raïf est condamné à cinq ans de prison uniquement pour cette affaire de droit privé où son père a porté plainte contre lui pour désobéissance parentale. Comme il a déjà purgé cinq ans et six mois de prison, il devrait être libre à l'heure actuelle», analyse-t-elle.
Texte intégral de Geneviève Proulx :

Colonialisme, tyrannie, oppression

Extrait de Mangeriez-vous votre chat? 25 dilemmes éthiques et ce qu’ils révèlent sur vous; Jeremy Stangroom; Les Éditions de l’Homme, 2015  

Faut-il toujours s’opposer au mal absolu?
La résistance à l’oppression et à la tyrannie vaut-elle tous les sacrifices?

Contexte 

Un peuple vit sous le joug d’oppresseurs. Il a été contraint par la force d’abandonner son mode de vie traditionnel pour adopter sans réserve tous les aspects sociaux, culturels et religieux de la morale des oppresseurs. La majorité s’est résignée. Toutefois, un mouvement de résistance est parvenu à s’organiser pour lancer plusieurs attaques contre les cibles ennemies. Malheureusement, la violence de la riposte a fait des milliers de morts parmi les d’innocents civils. En supposant que le mouvement de libération n’ait vraiment aucune chance de victoire, faut-il considérer la poursuite du combat comme une erreur morale?

Réponse

La question est de savoir si le mouvement de libération doit abandonner le combat contre les affreux oppresseurs. Deux concepts s’affrontent : un calcul d’ordre conséquentialiste et le sentiment qu’il est un devoir moral de s’opposer au mal. En pratique, si vous pensez qu’il est juste de combattre une tyrannie et tout aussi juste d’éviter les actions susceptibles d’engendrer des souffrances, vous êtes devant un dilemme moral, sachant que le fait de s’opposer au mal provoquera un autre mal.

Les craintes des représailles

Prenons plutôt l’exemple d’un fait réel. En juin 1942, Reinhard Heydrich, l’un des grands inspirateurs de la Shoah, meurt des suites de ses blessures après une tentative d’assassinat perpétrée contre lui. En représailles, les nazies réduisent en cendres le village de Lidice, dans l’actuelle République tchèque, fusillant tous les hommes de plus de seize ans et déportant femmes et enfants vers des camps d’extermination (où la plupart d’entre eux trouvèrent la mort). Plus de dix mille autres personnes sont arrêtées, emprisonnées ou tuées. Ce sont les membres de la résistance tchèque qui ont assassiné Heydrich. La question qui vient à l’esprit est la suivante : si les résistants avaient pu imaginer les conséquences de leurs actes, se seraient-ils sentis en droit de les mettre à exécution?
    Un adepte du conséquentialisme répondra qu’ils n’en avaient pas le droit, à moins d’avoir de bonnes raisons de penser que la mort de Heydrich écourte la guerre ou que le coup porté à l’abomination nazie soit au moins équivalent en proportion aux souffrances causées par une éventuelle riposte.

Une question de dignité

Si l’on devait systématiquement baisser les bras devant l’oppresseur par crainte de représailles, celui-ci aurait toute latitude pour exercer son pouvoir de sujétion. En d’autres termes, pour rester dans la logique conséquentialiste, il serait plus judicieux de résister à l’oppresseur, ne serait-ce que pour limiter ses exactions, même si cela doit entraîner des souffrances immédiates.
    En second lieu, le conséquentialisme passe largement à côté d’une somme considérable de réflexions sur le sens de la vie. L’existence humaine – le fait d’être en vie – n’est pas notre seule et unique préoccupation. On peut parfaitement imaginer des situations où certaines personnes préféreront mourir que de supporter qu’on porte atteinte à leur dignité ou à leurs droits les plus élémentaires en tant qu’êtres humains.

Le poids du devoir

Enfin, devant certaines abominations, l’acte de résistance peut être considéré comme un devoir moral qui, sans faire totalement abstraction des conséquences, irait certainement bien au-delà du simple calcul manichéen. Le souvenir de l’Allemagne nazie est encore vivace, mais l’actualité brûlante du monde arabe nous fournit tous les jours des sujets de réflexions du même ordre.

Ndlr : On ne compte plus les peuples victimes du colonialisme – nos Premières nations en sont un exemple. Les réfugiés Rohingyas en sont un autre.

Photo : Reuters/Danish Siddiqi. Des réfugiés Rohingyas tentent d'attraper les denrées des organisations humanitaires.

Un rapport de l'ONG Human Rights Watch estime que les très nombreux viols commis contre des femmes et des filles Rohingyas, ainsi que d'autres atrocités, peuvent être considérés comme des crimes contre l'humanité. Le document a été réalisé sur la base d'entretiens avec des victimes, des organisations humanitaires et des responsables du secteur de la santé du Bangladesh.
    «Le viol a été un outil important et dévastateur dans la campagne de nettoyage ethnique de l'armée birmane contre les Rohingyas», a dénoncé Skye Wheeler, auteur du rapport de l'ONG Human Rights Watch. «Les actes de violence barbares de l'armée birmane ont laissé d'innombrables femmes et filles blessées et traumatisées», a ajouté cette chercheuse. (Source : RTL)

Birmanie: Six questions pour mieux comprendre la tragédie des Rohingyas, victimes de nettoyage ethnique

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(1) Le cul-de-sac de la violence. Neighbours (1952) est le plus célèbre court métrage d'animation de Norman McLaren, pour lequel il remporta un Oscar. Le film raconte l'histoire de deux voisins vivant dans l'amitié et le respect jusqu'à ce qu'une fleur pousse à la ligne mitoyenne de leurs propriétés. S'ensuit une querelle qui mènera les deux voisins au tombeau. 

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