Les
dépenses militaires mondiales en 2016 s’élevaient à 1.570.000.000.000. Celles des États-Unis
représentaient 40 % du budget mondial; avec Trump, elles ont sûrement
pété des scores en 2017. Les détails ahurissants de cette arnaque
mondiale :
«Se laisser mourir de faim n’est pas un
choix»
[...]
Avoir la possibilité de choisir ce à quoi on consacre son existence est un
grand privilège. Pour la très grande majorité des habitants de la planète, la
vie est fondamentalement une affaire de survie, dans des conditions
dramatiques. [...] Au cours des millénaires, très rares sont ceux qui ont pu se
consacrer à autre chose qu’à la survie. Ils n’ont certes jamais été aussi
nombreux qu’aujourd’hui. La moitié de l’humanité, de nos jours, vit encore sans
aucune possibilité de choix. [...] Pouvoir «changer de vie» leur est un luxe
inaccessible.
Ceux qui n’ont pas été contraints de
consacrer leur temps à la survie ont aussi généralement été ceux qui détenaient
le pouvoir, quelle que soit la forme de société dont on parle. [...] Les
révoltes et les révolutions ont toujours eu le même enjeu. Lorsqu’on ne peut
survivre alors qu’on s’échine au travail jusqu’au bout de ses forces, il ne
reste pas d’autres solution que de se révolter. C’est après le passage à la
révolte que la question du «droit à autre chose» s’affirme et se précise. [...]
Ceux
qui vivent dans les marges extrêmes d’une société n’ont aucun choix.
Se
coucher dans la rue pour mourir n’est pas un choix. Se laisser mourir de faim
n’est pas un choix. Nous avons aujourd’hui tous les moyens nécessaires pour
éradiquer la misère absolue et hisser l’ensemble des êtres humains vivants
au-dessus du seuil de malnutrition. Nous choisissons de ne pas le
faire. C’est un choix que je ne peux considérer autrement que comme un
acte criminel. Mais il n’existe pas de tribunal habilité à poursuivre, à
l’échelle globale, les criminels responsables du fait que la faim et la misère
ne sont pas combattues à l’aide de toutes les ressources disponibles. Et
qui nous entraînent tous à être complices et à avoir notre part de
responsabilité dans ce choix. [...]
~ Henning
Mankell (SABLE MOUVANT Fragments de ma vie;
traduit du suédois par Anna Gibson; Éditions du Seuil, septembre 2015)
Quel que
soit le statut de Jérusalem (la cité à trois têtes!), la vieille bataille pour «quelques
arpents de sable» n’est pas à la veille de se terminer. Toutes les tentatives
d’accord de paix ont échoué et viré aux bains de sang les unes après les autres
(1). Le plus étonnant est qu’Israël, malgré le climat aride, a obtenu des
résultats spectaculaires en matière d’agriculture. Ils auraient pu partager
leurs connaissances avec les Palestiniens au lieu de les affamer. Mais non.
«Un vrai ennemi ne te laisse jamais tomber.
Le plus difficile, c’est incendier l’enfer.» ~ Stanislaw
Jerzy Lec
Donald
Trump is convinced that the Mideast
should no longer be driven by violence and that peace is within reach. "I want to see peace with Israel and
the Palestinians,” he told Reuters in an interview. “There is no reason there's not peace between Israel and the
Palestinians – none whatsoever.” But according to Ghassan Khatib, a
professor of political science at Birzeit University in the West Bank, Trump
may be underestimating the task at hand. "The main concern for Palestinians is to
make him understand that there are two sides ... and that the second side is
important," he said. https://www.nbcnews.com/news
Voulant comprendre
l’incompréhensible, j’ai trouvé quelque chose d’accessible à mon niveau de
connaissance limité de l’histoire complexe de cette région. Merci à
l’auteur de cet article :
Petite histoire de la Palestine pour les
nuls
Par
Camille Pollet | le 29 juillet 2014
Non, le
conflit israélo-palestinien n’est pas une guerre de religion à proprement
parler, même si sa dimension religieuse est fondamentale. Non, le sionisme ne
relevait pas du complot. Non, les États-Unis n’ont pas été systématiquement
favorables aux initiatives d’Israël. Non, aujourd’hui comme hier, les Palestiniens
et les Israéliens n’approuvent pas tous les actions de leurs dirigeants. Non,
l’évacuation de la bande de Gaza par les Israéliens en 2005 ne reflétait pas
une volonté de dialogue avec les Palestiniens.
Malgré l’importance du traitement
médiatique de ce conflit, j’entends très fréquemment des inexactitudes sur le
sujet. Je crois qu’il faut embrasser les 2500 dernières années pour bien
comprendre. Ce que je vous propose ici, à grands traits. [...]
Suite :
Si les activités
des fêtes grugent tout votre temps, voici un résumé en vidéo :
Un demi-siècle de conflit à Jérusalem
expliqué en 5 minutes
Le Monde
(2015)
Depuis
l'été 2014, les épisodes sanglants se sont multipliés à Jérusalem et les symboles
religieux, particulièrement l'esplanade des mosquées, cristallisent les
tensions. Pourtant, au-delà d'un conflit entre religions, la lutte pour
Jérusalem est avant tout une bataille pour un territoire, dont le découpage est
devenu extrêmement complexe au fil des années. Décryptage.
Si nous le voulons
Si nous le voulons
Mahmoud Darwich*
Traduit
par Elias Sanbar
Nous serons un peuple, si nous le voulons,
lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges et que le mal n’est pas
l’apanage des autres.
Nous serons un peuple lorsque nous ne dirons
pas une prière d’action de grâces à la patrie sacrée chaque fois que le pauvre
aura trouvé de quoi dîner.
Nous serons un peuple lorsque nous
insulterons le sultan et le chambellan du sultan sans être jugés.
Nous serons un peuple lorsque le poète pourra
faire une description érotique du ventre de la danseuse.
Nous serons un peuple lorsque nous oublierons
ce que nous dit la tribu, que l’individu s’attachera aux petits détails.
Nous serons un peuple lorsque l’écrivain
regardera les étoiles sans dire : notre patrie est encore plus élevée… et plus
belle!
Nous serons un peuple lorsque la police des
mœurs protégera la prostituée et la femme adultère contre les bastonnades dans
les rues.
Nous serons un peuple lorsque le Palestinien
ne se souviendra de son drapeau que sur les stades, dans les concours de beauté
et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.
Nous serons un peuple lorsque le chanteur
sera autorisé à psalmodier un verset de la sourate du Rahmân dans un mariage
mixte.
Nous serons un peuple lorsque nous
respecterons la justesse et que nous respecterons l’erreur.
Revue
Mouvement, oct.-déc. 2008, p 109
Source de
la sélection : http://brisdemots-amaryllis.blogspot.ca/
* Mahmoud
Darwich, né le 13 mars 1941 à Al-Birwah (Palestine sous mandat britannique) et
mort le 9 août 2008 à Houston (Texas, États-Unis), est une des figures de proue
de la poésie palestinienne.
Le «cas»
de Raïf Badawi
On dit qu’il serait sur une liste de pardon royal. À quand sa libération? Le Canada vend des chars d’assaut à l’Arabie saoudite – très mauvaise posture pour donner des leçons sur le respect des droits et libertés...
On dit qu’il serait sur une liste de pardon royal. À quand sa libération? Le Canada vend des chars d’assaut à l’Arabie saoudite – très mauvaise posture pour donner des leçons sur le respect des droits et libertés...
Ensaf Haidar, l'épouse de Raïf Badawi,
s'insurge contre le fait que le gouvernement du Canada lui demande d'écrire une
lettre à son beau-père lui demandant de dire au roi d'Arabie saoudite qu'il
pardonne à son fils.
Elle
affirme que c'est le député libéral fédéral Omar Alghabra qui lui a fait cette
demande à la suite d'une rencontre avec l'ambassadeur de l'Arabie saoudite. Selon
Mme Haidar, si Raïf Badawi obtenait le pardon de son père, il serait
automatiquement libre. «On sait que Raïf est condamné à 10 ans de prison, mais
j'ai une copie du jugement qui dit que Raïf est condamné à cinq ans de prison
uniquement pour cette affaire de droit privé où son père a porté plainte contre
lui pour désobéissance parentale. Comme il a déjà purgé cinq ans et six mois de
prison, il devrait être libre à l'heure actuelle», analyse-t-elle.
Texte intégral
de Geneviève Proulx :
Colonialisme, tyrannie, oppression
Extrait
de Mangeriez-vous votre chat? 25 dilemmes éthiques et ce qu’ils révèlent
sur vous; Jeremy Stangroom; Les Éditions de l’Homme, 2015
Faut-il toujours s’opposer au mal absolu?
La résistance à l’oppression et à la
tyrannie vaut-elle tous les sacrifices?
Contexte
Un peuple
vit sous le joug d’oppresseurs. Il a été contraint
par la force d’abandonner son mode de vie traditionnel pour adopter sans
réserve tous les aspects sociaux, culturels et religieux de la morale des
oppresseurs. La majorité s’est résignée. Toutefois, un mouvement de
résistance est parvenu à s’organiser pour lancer plusieurs attaques contre les
cibles ennemies. Malheureusement, la violence de la riposte a fait des milliers
de morts parmi les d’innocents civils. En supposant que le mouvement de
libération n’ait vraiment aucune chance de victoire, faut-il considérer la
poursuite du combat comme une erreur morale?
Réponse
La
question est de savoir si le mouvement de libération doit abandonner le combat
contre les affreux oppresseurs. Deux concepts s’affrontent : un calcul
d’ordre conséquentialiste et le sentiment qu’il est un devoir moral de
s’opposer au mal. En pratique, si vous pensez qu’il est juste de combattre une
tyrannie et tout aussi juste d’éviter les actions susceptibles d’engendrer des
souffrances, vous êtes devant un dilemme moral, sachant que le fait de
s’opposer au mal provoquera un autre mal.
Les craintes des représailles
Prenons
plutôt l’exemple d’un fait réel. En juin 1942, Reinhard Heydrich, l’un des
grands inspirateurs de la Shoah, meurt des suites de ses blessures après une
tentative d’assassinat perpétrée contre lui. En représailles, les nazies
réduisent en cendres le village de Lidice, dans l’actuelle République tchèque,
fusillant tous les hommes de plus de seize ans et déportant femmes et enfants
vers des camps d’extermination (où la plupart d’entre eux trouvèrent la mort).
Plus de dix mille autres personnes sont arrêtées, emprisonnées ou tuées. Ce
sont les membres de la résistance tchèque qui ont assassiné Heydrich. La
question qui vient à l’esprit est la suivante : si les résistants avaient
pu imaginer les conséquences de leurs actes, se seraient-ils sentis en droit de
les mettre à exécution?
Un adepte du conséquentialisme répondra
qu’ils n’en avaient pas le droit, à moins d’avoir de bonnes raisons de penser
que la mort de Heydrich écourte la guerre ou que le coup porté à l’abomination
nazie soit au moins équivalent en proportion aux souffrances causées par une
éventuelle riposte.
Une question de dignité
Si l’on
devait systématiquement baisser les bras devant l’oppresseur par crainte de
représailles, celui-ci aurait toute latitude pour exercer son pouvoir de
sujétion. En d’autres termes, pour rester dans la logique conséquentialiste, il
serait plus judicieux de résister à l’oppresseur, ne serait-ce que pour limiter
ses exactions, même si cela doit entraîner des souffrances immédiates.
En second lieu, le conséquentialisme passe
largement à côté d’une somme considérable de réflexions sur le sens de la vie.
L’existence humaine – le fait d’être en vie – n’est pas notre seule et unique
préoccupation. On peut parfaitement
imaginer des situations où certaines personnes préféreront mourir que de
supporter qu’on porte atteinte à leur dignité ou à leurs droits les plus
élémentaires en tant qu’êtres humains.
Le poids du devoir
Enfin,
devant certaines abominations, l’acte de résistance peut être considéré comme
un devoir moral qui, sans faire totalement abstraction des conséquences, irait
certainement bien au-delà du simple calcul manichéen. Le souvenir de
l’Allemagne nazie est encore vivace, mais l’actualité brûlante du monde arabe
nous fournit tous les jours des sujets de réflexions du même ordre.
Ndlr :
On ne compte plus les peuples victimes du colonialisme – nos Premières nations
en sont un exemple. Les réfugiés Rohingyas en sont un autre.
Photo :
Reuters/Danish Siddiqi. Des réfugiés Rohingyas tentent d'attraper les denrées des organisations humanitaires.
Un rapport
de l'ONG Human Rights Watch estime que les
très nombreux viols commis contre des femmes et des filles Rohingyas, ainsi que d'autres atrocités, peuvent
être considérés comme des crimes contre
l'humanité. Le document a été réalisé sur la base d'entretiens avec des
victimes, des organisations humanitaires et des responsables du secteur de la
santé du Bangladesh.
«Le viol a été un outil important et
dévastateur dans la campagne de nettoyage ethnique de l'armée birmane contre
les Rohingyas», a dénoncé Skye Wheeler, auteur du rapport de l'ONG Human Rights
Watch. «Les actes de violence barbares de l'armée birmane ont laissé
d'innombrables femmes et filles blessées et traumatisées», a ajouté cette
chercheuse. (Source : RTL)
Birmanie: Six questions pour mieux
comprendre la tragédie des Rohingyas, victimes de nettoyage ethnique
~~~
(1) Le cul-de-sac de la violence. Neighbours (1952) est le plus célèbre
court métrage d'animation de Norman McLaren, pour lequel il remporta un Oscar.
Le film raconte l'histoire de deux voisins vivant dans l'amitié et le respect
jusqu'à ce qu'une fleur pousse à la ligne mitoyenne de leurs propriétés.
S'ensuit une querelle qui mènera les deux voisins au tombeau.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire