6 décembre 2017

Armes à feu : cui bono?

Au Québec, le 6 décembre est devenu une journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes.


Il y a 28 ans, le 6 décembre 1989, une tuerie a eu lieu à l'École polytechnique de Montréal, au Québec (Canada). Marc Lépine, âgé de vingt-cinq ans, ouvre le feu sur vingt-huit personnes, tuant 14 femmes et blessant 14 autres personnes (10 femmes et 4 hommes), avant de se suicider. Le massacre à caractère sexiste a été perpétré en moins de vingt minutes à l'aide d'une carabine semi-automatique obtenue légalement. Il s'agit de la pire tuerie en milieu scolaire de l'histoire du Canada.
   Marc Lépine est né d’un père algérien et d’une mère québécoise en 1964, sous le nom de Gamel Gharbi. Dans une classe, il a déclaré avant de fusiller les étudiantes : «Vous êtes des femmes, vous allez devenir des ingénieures. Vous n'êtes toutes qu'un tas de féministes, je hais les féministes».
   Lépine  avait trois obsessions :
son insuccès auprès des femmes (il prétendait que les femmes avaient ruiné sa vie)
l'électronique  
tout ce qui se rapportait à la guerre.

La vocation première des armes à feu est de tuer.
Saviez-vous qu’une arme automatique peut tirer jusqu’à 700 balles à la minute?
Croyez-vous que les armes peuvent servir à quoi que ce soit de bon?

L’industrie de l’armement compte parmi les plus lucratives de notre beau monde. Rien d’étonnant que les pro-armes luttent bec et ongles contre le registre des armes à feu qui peut aider à en limiter la vente illégale.

Criminalité transnationale organisée : 
mettons fin à leurs activités

Vous trouverez sur ce site des rapports, fiches d’information et autres, portant sur la criminalité organisée, les produits de contrefaçon, la traite des êtres humains et la criminalité environnementale.

Données essentielles

La criminalité transnationale organisée génèrerait 870 milliards de dollars par an selon des estimations. Cela équivaut à plus de six fois le montant de  l'aide au développement officielle ou 7 % des exportations de marchandises mondiales (2009).
   Chaque année, d'innombrables personnes perdent la vie à cause de la criminalité organisée. Les principales raisons en sont les problèmes de santé liés à la drogue, la violence, les morts par armes à feu, les méthodes et les motivations peu scrupuleuses des trafiquants d'êtres humains et de migrants.
   La criminalité transnationale organisée est en constante évolution : c'est une économie qui s'adapte aux marchés et génère de nouvelles formes de délinquance. Il s'agit d'un commerce illicite qui transcende les frontières culturelles, sociales, linguistiques et géographiques et qui ne connaît ni limites, ni règles.
   Le trafic de drogue, le trafic de migrants, la traite des êtres humains, le blanchiment d'argent, le trafic d'armes à feu, le trafic de contrefaçons, le trafic d'animaux sauvages,  le trafic de biens culturels ainsi que certains aspects de la cybercriminalité sont autant d'activités relevant de la criminalité transnationale organisée.

Albert Camus :
   «Il y a une fatalité unique qui est la mort et en dehors de quoi il n'y a plus de fatalité. Dans l'espace de temps qui va de la naissance à la mort, rien n'est fixé : on peut tout changer et même arrêter la guerre et même maintenir la paix, si on le veut assez, beaucoup et longtemps.»  
   «Pourrais-tu, toi, Stepan, les yeux ouverts, tirer à bout portant sur un enfant?»
(Les justes, 1952)

«Ceux qui ne veulent pas tuer doivent parler, et ne dire qu’une seule chose, mais la dire sans répit...»

NOUS AUTRES MEURTRIERS   
Albert Camus, Franchise No 3, novembre / décembre 1946  

Oui, c`est la vérité que nous vivons sans avenir et que le monde d’aujourd`hui ne nous promet plus que la mort ou le silence, la guerre ou la terreur. Mais c’est la vérité aussi que nous ne pouvons pas le supporter parce que nous savons que l’homme est une longue création et que tout ce qui vaut la peine de vivre, amour, intelligence, beauté, demande le temps et la maturité. Et si nous ne pouvons pas le supporter, nous devons le dénoncer. Et la première chose justement est de pousser ce cri de révolte. Car la terreur et la fatalité sont faites pour moitié au moins de l’inertie et de la fatigue des individus en face des principes stupides ou des actions mauvaises dont on continue d`empoisonner le monde. La tentation la plus forte de l’homme est celle de l’inertie. Et parce que le monde n’est plus peuplé par le cri des victimes, beaucoup peuvent penser qu’il  continuera d’aller son train pendant quelques générations encore. Il ira son train, en effet, mais parmi les prisons et les chaînes. Parce qu’il est plus facile de faire son travail quotidien et d’attendre dans une paix aveugle que la mort vienne un jour, les gens croient qu’ils ont assez fait pour le bien de l’homme en ne tuant personne directement. Mais, en vérité, aucun homme ne peut mourir en paix s’il n’a pas fait tout ce qu’il faut pour que les autres vivent et s’il n’a pas cherché ou dit quel est le chemin d’une mort pacifiée. Et d’autres encore, qui n’ont pas envie de penser trop longtemps à la misère humaine, préfèrent en parler d’une façon très générale et dire que cette crise de l’homme est de tous les temps. Mais ce n’est pas une sagesse qui vaut pour le prisonnier ou le condamné. Et, en vérité, nous continuons d`être dans la prison, attendant les mots de l’espoir.

Les mots d’espoir sont le courage, la parole claire et l’amitié. Qu’un seul homme puisse envisager aujourd’hui une nouvelle guerre sans le tremblement de l’indignation et la guerre devient possible. Qu’un seul homme puisse justifier les principes qui conduisent à la guerre et à la terreur et il y aura guerre et terreur. Il faut donc bien que nous disions clairement que nous vivons dans la terreur parce que nous vivons selon la puissance et que nous ne sortirons de la terreur que lorsque nous aurons remplacé les valeurs de puissance par les valeurs d`exemple. Il y a terreur parce que les gens croient ou bien que rien n’a de sens ou bien que seule la réussite historique en a. Il y a terreur parce que les valeurs humaines ont été remplacées par les valeurs du mépris et de l’efficacité, la volonté de liberté par la volonté de domination. On n’a plus raison parce qu’on a la justice et la générosité avec soi. On a raison parce qu’on réussit.  Et plus on réussit, plus on a raison. A la limite, c’est la justification du meurtre.

Tout le monde aujourd’hui veut réussir, par l’argent ou par le jeu. Tout le monde veut triompher. Les nations ne souhaitent pas le succès parce qu’elles ont raison mais elles le veulent pour avoir enfin raison. Aucune d’elles ne veut plus écouter l’autre. Il n’y a plus de dialogues possibles dans un univers où tout le monde est sourd. Demain, ce sera le monologue du vainqueur et le silence de l’esclave. C`est pourquoi les hommes ont raison d’avoir peur, parce que dans un pareil monde c’est toujours par hasard ou par une arbitraire bienveillance que leur vie ou celle de leurs enfants sont épargnées. Et ils ont raison aussi d`avoir honte parce que ceux qui vivent dans un pareil monde sans le condamner de toutes leurs forces (c`est-à-dire presque tous) sont à leur manière aussi meurtriers que les autres.

Il n’y a qu’un seul problème aujourd’hui qui est celui du meurtre, toutes nos disputes sont vaines. Une seule chose importe qui est la paix. Les maîtres du monde sont aujourd’hui incapables de l’assurer parce que leurs principes sont faux et meurtriers. Que du moins, et dans tous les pays, ceux qui refusent le meurtre se réveillent, dénoncent les faux principes et entament pour leur propre compte la réflexion, le dialogue, le démarche exemplaire qui démontreront au moins que  l’histoire est faite pour l’homme et non pas le contraire. Ceux qui ne veulent pas tuer doivent parler, et ne dire qu’une seule chose, mais la dire sans répit, comme un témoin, comme mille témoins qui n’auront de cesse que lorsque le meurtre, à la face du monde sera répudié définitivement.

Un présent inestimable de Catherine Camus (texte presque inédit).
Source : Axel Kahn http://axelkahn.fr/autres-meurtriers-texte-presque-inedit-dalbert-camus/

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En complément :

«J'avais reconnu l'adversaire que j'avais à combattre – le faux héroïsme qui préfère envoyer les autres à la souffrance et à la mort, l'optimisme facile des prophètes sans conscience, politiques aussi bien que militaires, qui, promettant sans scrupules la victoire, prolongent la boucherie; et derrière eux, le choeur stipendié de tous ces ‘phraseurs de guerre’.» (Le monde d’hier)

«Tant qu'ils ne sont pas fin prêts, les despotes qui préparent la guerre n'ont que le mot de paix à la bouche.» (Les Très Riches Heures de l'Humanité)

~ Stefan Zweig  

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