Image : Anne Taintor Inc.
«Donner un
nom, c'est risquer un procès pour diffamation, qui a infiniment plus de chances
d'aboutir à une condamnation que des poursuites pour viol, s'indigne
l'artiste Mirion Malle. Le système tout
entier est fait pour effrayer et dissuader les femmes de parler.» Commando
culotte, le blog de Mirion Malle :
http://www.mirionmalle.com/2016/09/limpunite-des-hommes-celebres.html
http://www.mirionmalle.com/2016/09/limpunite-des-hommes-celebres.html
«Par
harcèlement sur le lieu du travail, il faut entendre toute conduite abusive se
manifestant notamment par des comportements, des paroles, des actes, des
gestes, des écrits, pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou
à l’intégrité physique ou psychique d’une personne, mettre en péril l’emploi de
celle-ci ou dégrader le climat de travail.
Le harcèlement sexuel n’est qu’un pas de
plus dans le harcèlement moral. Il concerne les deux sexes mais la plupart des
cas décrits ou plaidés concernent des femmes agressées par des hommes, le plus
souvent leur supérieur hiérarchique.
Il ne s’agit pas tant d’obtenir des faveurs
de nature sexuelle que de marquer son pouvoir de considérer la femme comme son
objet (sexuel). Une femme harcelée
sexuellement est considérée par son agresseur comme étant «à disposition». Elle
doit accepter, et devrait même être flattée, se sentir rehaussée, d’avoir été «choisie»
(1). Le harceleur n’envisage pas que
la femme convoitée puisse dire non. D’ailleurs,
si elle le fait, elle subit en retour des humiliations et des agressions. Il n’est pas rare que l’agresseur dise que
c’est elle qui l’a aguiché, qu’elle était consentante ou demandeuse.
Différents types de harceleurs ont été
décrits – tous ayant en commun un idéal de rôle masculin dominant et des
attitudes négatives envers les femmes et le féminisme – et différentes
catégories de harcèlement sexuel, identifiées :
- le
harcèlement de genre, qui consiste à traiter une femme différemment parce
qu’elle est une femme, avec des remarques ou des comportements sexistes;
- le
chantage sexuel (le seul à être effectivement réprimé en France);
-
l’attention sexuelle non désirée;
-
l’imposition sexuelle;
- l’assaut
sexuel.»
~
Marie-France Hirigoyen, psychiatre (Le
harcèlement moral, la violence perverse au quotidien; Pocket 1998)
(1) Le juge Jean-Paul Braun, de la Cour du Québec,
a tenu des propos similaires en octobre dernier lors d’un procès pour agression
sexuelle – voyez «SexLeak : un problème de taille à résoudre», 28 octobre 2017.
L’ampleur du mouvement de dénonciation actuel peut certainement aider à contrecarrer le bal des vampires – «excusez-moi, mais vos dents sont dans mon cou». Et puis, il existe plusieurs écoles qui offrent des cours 101 d’autodéfense partout au Québec – ce n’est pas un luxe de nos jours!
L’ampleur du mouvement de dénonciation actuel peut certainement aider à contrecarrer le bal des vampires – «excusez-moi, mais vos dents sont dans mon cou». Et puis, il existe plusieurs écoles qui offrent des cours 101 d’autodéfense partout au Québec – ce n’est pas un luxe de nos jours!
7 mythes courants concernant l’autodéfense pour femmes
Je ne suis pas assez forte! Je ne suis pas assez
en forme! Les arts martiaux, c’est pour les hommes! L’autodéfense, c’est pour
les batailleurs! L’autodéfense rend violent et je n’aime pas la violence! Cela
n’arrive qu’aux autres! J’ai passé l’âge! Avez-vous déjà pensé ou dit l’un de
ces énoncés? Alors lisez ce qui suit…
Le CRAN des
femmes
Agression?
Harcèlement? Délais? Un avocat-criminaliste fait le point
Le 19 octobre 2017 | Gravel le matin |
ICI Radio-Canada Première
En marge des allégations d'inconduites sexuelles
ciblant l'animateur et producteur Éric Salvail et l'homme d'affaires Gilbert
Rozon, l'avocat-criminaliste Me Walid Hijazi différencie les différents types
d'accusations et précise qu'il n'y a pas de délais pour porter plainte et déposer
des accusations criminelles.
Si
auparavant, le Code criminel différenciait le viol, l’attentat à la pudeur et l’attouchement,
l’ensemble de ces gestes sont maintenant considérés comme une agression
sexuelle : «La plupart des gestes allégués constitueraient une agression
sexuelle. Un attouchement, un simple
toucher à connotation sexuelle sans le consentement de la personne qui reçoit
ce toucher est une agression sexuelle.»
Me Walid
Hijazi souligne que le harcèlement n’a pas nécessairement une connotation
sexuelle : «Il s’agit de communications répétitives qui, dans la
répétition, deviennent envahissantes et menaçantes [pour la victime].»
Délai
maximal?
Me Walid Hijazi note qu’en droit criminel, il n’y a aucune
limite temporelle pour déposer des accusations. Il ajoute toutefois que le
temps qui passe peut avoir des répercussions sur la qualité de la preuve
recueillie et présentée au tribunal : «Plus le temps avance, plus la
qualité de la preuve se perd. La mémoire est une faculté qui oublie. Il y a des
gens qui ne se souviennent plus ce qui s’est passé, il y a des gens qui
disparaissent. [...] [Il faut être en mesure de colliger une] preuve qui
amènerait un procureur à avoir la conviction morale qu’il sera en mesure de
convaincre un juge et un jury hors de tout doute raisonnable.»
L’avocat
rappelle qu’au Canada, l’accusé est présumé innocent jusqu’à preuve du
contraire.
«Selon les
enquêtes menées par les associations, les femmes qui s’en sortent le mieux sont
celles qui ont pu aller jusqu’au bout d’une démarche juridique. Or, quand il
s’agit de violence psychologique, c’est impossible puisqu’il n’y a pas de
traces, pas de preuves, et que les victimes sont difficilement crues. Dans ce
cas, le travail de reconstruction est plus long, c’est comme si la brèche
restait ouverte.» ~
Marie-France Hirigoyen, psychiatre (Femmes
sous emprise; Pocket 2005)
Allégation
101, par un avocat-criminaliste
Plus on est de fous, plus on lit | Le 10 avril 2017 | ICI Radio-Canada Première
«Une allégation, c'est l'action de citer un fait,
une autorité ou un texte comme preuve de ce que l'on affirme pour s'en
prévaloir», explique Walid Hijazi. À l'heure où les allégations et rumeurs se
transforment trop vite en faits lorsque la machine virale s'en mêle,
l'avocat-criminaliste vient remettre les pendules à l'heure.
Un mot à
double tranchant
Walid Hijazi explique que ce mot spécifique au
vocabulaire juridique correspond à une proposition que l’on avance et que l’on
défend comme vraie, en tant qu’avocat. Dans son métier, pour convaincre la
cour, il peut lancer ce terme à son adversaire pour que les allégations de son
confrère soient considérées comme «de l’ordre du fantasme».
Un terme
qui se déplace
Selon l’avocat-criminaliste, si la justice est
généralement associée à la cour d’un point de vue historique, les réseaux
sociaux font que le tribunal semble changer de plateforme. «Le tribunal de l’opinion
populaire est très fort», poursuit-il. Les géants du web semblent s’emparer
désormais du problème pour que la vérité soit valorisée avant la popularité
dans le référencement.
Pour
Walid Hijazi, les «faits alternatifs» sont des allégations parmi d'autres. Sans
preuve, on essaie de nous convaincre par tous les moyens, et les conséquences
peuvent être dévastatrices. «Les allégations non démontrées peuvent être
meurtrières.»
~~~
L’affaire Gerry Sklavounos / Alice Paquet est un
bon exemple de cul-de-sac parole de l’un
contre celle de l’autre (les agresseurs agissent rarement devant témoin),
avec en toile de fond la notion de consentement telle que décrite par Ambrose
Bierce : le refus féminin est un
refus consentant.
Février 2017 : Le député de Laurier-Dorion
Gerry Sklavounos a fait une déclaration en compagnie de sa femme, comme exigé
par le premier ministre [Philippe
Couillard] pour réintégrer le
caucus libéral après avoir été blanchi des allégations d’agressions sexuelles
qui pesaient sur lui. Il s'est excusé pour des tentatives de «socialisation»
qui auraient pu être mal interprétées. «J'ai peut-être essayé d'être
"friendly", charmeur en faisant un compliment honnête et poli. Mais
je réalise maintenant que ce n'était pas approprié dans un milieu de travail»,
juge-t-il. Il refuse de préciser de quels gestes il dit s'excuser. «J'ai pu
faire des blagues, je suis passionné, donc spontané. Ç'a été un véritable enfer
pour ma famille et moi», avait-il affirmé. (Le Journal de Québec | 9 février 2017)
À l’entendre, on aurait cru que c’était lui la victime. L’homme a une réputation
de harceleur à l'Assemblée nationale. On ne saura pas ce qui s’est réellement passé
entre Alice et Gerry. Néanmoins, les intentions du député ne semblaient pas aussi
équivoques que le refus consentant de
la plaignante. Mais, le summum de l’indécence, de la méchanceté, fut d’exiger
la présence de son épouse au point de presse – une humiliation publique d’un
cynisme insupportable. Sur la plupart des photos publiées dans les médias on pouvait
lire sur le visage de cette femme, le malaise, le désarroi, le doute, peut-être
la honte et le sentiment d’avoir été flouée pendant des années.
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