LORSQUE NOTRE CONNEXION PERSONNELLE
À CE QUI EST MAL DEVIENT CLAIRE,
NOUS AVONS ALORS LE CHOIX :
NOUS POUVONS CONTINUER COMME AVANT
ET VIVRE DU MIEUX POSSIBLE AVEC NOTRE MALHONNÊTETÉ.
OU NOUS POUVONS NOUS EFFORCER DE CHANGER
NOTRE FAÇON DE PENSER ET DE VIVRE.
~ WENDELL BERRY
Quand on observe ce qui se passe on ne s’étonne pas outre mesure du cynisme omniprésent. Voici quelques réflexions d’Eric Fromm sur le défaitisme, et l’indifférence présente tant chez les optimistes que chez les pessimistes (1972).
«L'attitude de la majorité n'est ni la foi ni le désespoir, mais, malheureusement, une totale indifférence vis-à-vis de l'avenir de l'homme. Ceux qui ne sont pas entièrement indifférents, sont soit optimistes ou pessimistes. Les optimistes croient au dogme de la marche continue du ‘progrès’. Ils associent l'accomplissement humain à la réussite technologique, et la liberté de l'homme à la coercition directe et à la liberté du consommateur de choisir entre de nombreux produits prétendument différents. La dignité, la coopération et la bienveillance ne les préoccupent pas; la réalisation technique, la richesse, l'endurance, oui…
Les ‘optimistes’ vivent assez bien, du moins pour l'instant, et ils peuvent [financièrement] se permettre d’être ‘optimistes’. Ou du moins c'est ce qu'ils pensent, car ils sont tellement aliénés que même la menace qui pèse sur l'avenir de leurs petits-enfants ne les touche pas véritablement.
Les ‘pessimistes’ ne sont pas vraiment différents des optimistes. Ils vivent tout aussi confortablement et ne sont pas plus engagés. Le sort de l'humanité ne les inquiète pas davantage que les optimistes. Ils n’éprouvent pas de désespoir; s'ils en éprouvaient, ils ne pourraient pas vivre avec tant d’insouciance. Leur pessimisme vise surtout à les protéger contre toute pulsion intérieure d’agir, en projetant l'idée qu’on ne peut rien faire. Les optimistes se défendent contre la même pulsion intérieure en se persuadant que tout avance dans la bonne direction de toute façon, de sorte qu’il n’y a rien à faire.»
Pour transcender cette double impuissance, Fromm proposait une ‘foi rationnelle’ en la capacité de l'homme de se dégager des circonstances qu’il a lui-même crées et qui semblent fatales.
«Le radicalisme humaniste … vise à libérer l'homme des chaînes de l'illusion; il postule que des changements fondamentaux sont nécessaires, pas seulement dans notre structure politique et économique mais aussi dans nos valeurs, nos conceptions des buts de l’homme, et dans notre comportement personnel.»
«La situation de l'humanité aujourd'hui est trop grave pour nous permettre d'écouter les démagogues (les pires étant les démagogues attirés par la destruction), et même les dirigeants qui utilisent uniquement leur cerveau et dont le coeur est endurci. La pensée critique et radicale ne portera ses fruits que si elle est mêlée à la plus précieuse qualité dont l’homme soit doté – l'amour de la vie.»
~ Erich Fromm (1900-1980)
The Anatomy of Human Destructiveness (1972)
Source :
https://www.brainpickings.org/2016/04/04/erich-fromm-anatomy-of-human-destructiveness/
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Le mouvement pour la paix ne peut réussir que s'il se transcende lui-même en tant que tel pour devenir un mouvement d'humanisme radical; s'il est en mesure de faire appel à l'homme dans sa totalité, c'est-à-dire à l'homme qui souffre du manque de vie engendré par la société industrielle et s'il peut révéler la vision d'une société nouvelle et d'un homme nouveau.
Réussira-t-il à engager les hommes dans la paix, et par là, indirectement, les dirigeants et les hommes au pouvoir? La question reste posée.
Mais je crois que, dans les circonstances actuelles, nous n'avons aucun autre moyen de travailler pour la paix. À long terme, seule une transformation radicale de la société peut engendrer une paix durable.
(E. Fromm)
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