M. Brault raconte que lors de sa première grève de la faim, on l’avait menacé, forcé à manger et remis aux soins des psychiatres. Incroyable. Je continue à voir certains médecins, infirmiers et législateurs comme des bourreaux – le bourreau est celui qui exécute les peines corporelles ordonnées par une cour de justice; par extension, c’est une personne qui martyrise qqn physiquement ou moralement (Petit Robert).
Visitez le libellé «Euthanasie», entre autres l'article «Des lois absurdes» :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2016/01/lois-absurdes.html
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Se faire violence pour mourir dans la dignité, la troublante histoire de Jean
Par Renée Dumais-Beaudoin
Mardi 12 avril 2016
Si vous avez accès à la zone voyez l’interview avec M. Brault :
http://ici.radio-canada.ca/regions/estrie/2016/04/12/002-faire-violence-mourir-dignite-aide-medicale-mourir-jean-brault.shtml
EXCLUSIF - Jean Brault a opté pour l'aide médicale à mourir. Le chemin parcouru pour y parvenir n'a pas été de tout repos. Il a dû mettre sa santé en péril pour répondre à tous les critères de la nouvelle loi sur les soins de fin de vie en vigueur depuis le 10 décembre 2015. Voici son histoire.
Une grève de la faim aura été nécessaire pour que Jean réponde à cette loi. Cinquante-trois jours sans manger, dont huit sans boire. Une véritable torture, mais un désir profond d'en finir.
«Y avait un docteur qui s'occupait de mon cas qui m'a clairement dit : "T'as tous les critères nécessaires, sauf un où ça peut achopper, c'est le fait que tu sois pas immédiatement mourant."» (Jean Brault)
Exigences requises pour la personne qui désire obtenir l'aide médicale à mourir au Québec
Seule une personne qui satisfait à toutes les conditions suivantes peut obtenir l'aide médicale à mourir :
- être assurée au sens de la Loi sur l'assurance maladie
- être majeur
- être apte à consentir aux soins, c'est-à-dire être en mesure de comprendre la situation et les renseignements transmis par les professionnels de la santé ainsi que de prendre - des décisions
- être en fin de vie
- être atteinte d'une maladie grave et incurable
- avoir une situation médicale qui se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités
- éprouver des souffrances physiques et psychologiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions jugées tolérables
Une loi qui manque d'humanisme
Jean déplore une loi trop restrictive, une loi qui manque d'humanisme. Selon lui, «obliger du monde à quasiment s'automutiler pour pouvoir accéder à une loi qui a été mal pensée, une loi qui est non inclusive, une loi qui rejette, dans le fond, ceux qui seraient les principaux intéressés à utiliser cette loi-là» est incompréhensible.
Un parcours de vie semé d'embûches
En avril 2016, Jean a souligné les 42 ans de son handicap. Alors qu'il n'avait que 19 ans, qu'il était en pleine santé, athlétique, le destin l'attendait au détour. Un caillot atteint la région du cervelet et du tronc cérébral. Il demeure partiellement paralysé et ne peut plus parler. La médecine indique qu'il a peu de chance de retrouver l'usage de ses membres et de la parole. Mais à force d'efforts et de ténacité, il y parvient et réussit à se construire une vie intéressante.
En 2000, tout bascule... une tendinite l'oblige à être hospitalisé pendant un mois, une catastrophe pour ses jambes qui, en l'espace d'une année, perdent le peu de tonus qu'elles avaient. Dès lors, il est cloué à son fauteuil. Découragement et amertume en découlent. «C'est comme la torture de la goutte chinoise, t'en prends, t'en prends, pis t'en prends, mais là, à un moment donné ça fait BANG, fini. Là, j'ai essayé deux fois de mettre fin à mes jours», soutient Jean Brault.
N'en pouvant plus, Jean veut mourir. Il y a cinq ans, il entame une première grève de la faim, mais le système de santé le contraint à y mettre un terme.
Il tente ensuite d'aller en Suisse afin de se prévaloir d'un suicide assisté, où un certificat de santé mentale est nécessaire pour y être accueilli. Il ne l'obtient pas.
L'entrée en vigueur de la loi québécoise sur les soins de fin de vie le 10 décembre dernier lui redonne espoir, voilà enfin sa planche de salut. C'était sans savoir qu'une fois de plus il devrait se faire violence pour y avoir droit.
Image du tournage de l'entrevue exclusive accordée par Jean Brault
Photo : Radio-Canada Estrie
Une deuxième grève de la faim devient sa planche de salut
Sa deuxième grève de la faim le met dans un état critique et un médecin lui annonce enfin qu'il est admissible à l'aide à mourir. Son état est si misérable qu'il est parvenu au seuil de la mort.
L'annonce lui procure un immense soulagement. Il pourra mourir en toute sérénité, chez lui, en observant le paysage qui s'offre à lui depuis des années, depuis qu'il est cloué à ce fauteuil.
J'me sens heureux, j'me sens détendu, j'me sens comme si pour la première fois depuis très, très, très longtemps, quelqu'un m'avait entendu [...] C'est comme une libération totale et absolue. (Jean Brault)
Il a le soutien de ses frères et soeurs et surtout celui de sa mère pour qui il a une très grande estime.
Jean a obtenu ce qu'il souhaitait, dans les conditions qu'il souhaitait. Il est mort le 7 avril dernier en début d'après-midi... 48 heures après nous avoir accordé cette entrevue.
La loi canadienne
Les termes de la loi canadienne devraient être connus vendredi. En janvier dernier, la Cour suprême octroyait quatre mois supplémentaires à Ottawa pour légiférer en matière d'aide médicale à mourir. Pendant cette période, les Canadiens qui souhaitaient obtenir une telle aide pouvaient faire une demande judiciaire.
Cette décision de la Cour suprême n'a pas d'impact sur la Loi concernant les soins de fin de vie au Québec.
Le gouvernement fédéral demandait un sursis de six mois dans ce dossier. Ottawa justifiait sa demande auprès du plus haut tribunal du pays, entre autres, par le fait que le travail dans le dossier de l'aide médicale à mourir a été retardé par les élections fédérales et le changement de gouvernement.
Aide médicale à mourir «maison»
Si jamais on me garde en vie artificiellement
Débranchez-moi...
Puis rebranchez-moi...
Voyez si ça marche.
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«La naissance, l'amour et la mort, il faut le
dire, ne sont pas des maladies. Ce sont les trois grandes articulations du
destin humain. Il ne convient pas que les médecins s'en emparent.» ~ Michel Tournier (1924-2016)
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