22 avril 2016

N’oublions pas l’expédition de Jean Lemire

En ce Jour de la Terre, et tandis que notre gouvernement et/ou des municipalités approuvent la destruction d'écosystèmes au profit de promoteurs qui veulent construire des cabanes de luxe pour les ultra riches -- ces derniers achètent des terrains en bordure des cours d'eau, des lacs et des montagnes, par exemple dans les Laurentides, en Montérégie et aussi sur l'Île de Montréal pour ne nommer que ces régions. Notre QE (quotient environnemental) collectif étant quasi à zéro, on peut légitimement se demander jusqu'où ira la razzia.

À propos :
Imaginez un long voyage, un très long voyage...

Trois ans d’aventures, de récits, d’émerveillement et de réflexion sur l’état de notre planète. 1000 jours à sillonner les mers et les terres de cette vaste planète pour découvrir l’extraordinaire diversité de la vie et témoigner de son fragile équilibre. Dans le sillage des grandes expéditions d’hier, Jean Lemire et l’équipage du célèbre voilier océanographique Sedna IV a largué les amarres en avril 2012 pour une spectaculaire odyssée de trois ans!



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Nous devons nous contenter d’être des voyageurs virtuels, bien sûr, mais, l’expédition telle que documentée, avec une précision chirurgicale, nous permet de mieux savoir ce qui se passe sur notre planète.

Il n’y a pas de mots pour qualifier ce travail de «moine marin» qui ne doit surtout pas sombrer dans l’oubli. Alors, je vous invite à surfer et à faire circuler largement...  

1000 jours pour la planète
http://sedna.radio-canada.ca/fr/accueil



BIODIVERSITÉ

Pour discuter de ce sujet immense, il importe d’abord d’explorer la signification de quelques mots importants qui apparaitront fréquemment dans ce site. Ces mots correspondant à des idées. Ces idées expriment des réalités. Et ces réalités composent le monde qui nous entoure. 
     Parlons d’abord du mot “biodiversité” lui-même. Comme c’est le cas pour plusieurs notions nouvelles, biodiversité est un bloconyme, c’est-à-dire un mot composé de deux autres mots ou parties de mots. Dans ce cas-ci, nous retrouvons “bio” et “diversité”. Bio vient du grec et signifie “vivant” ou “vie”, tout simplement. Diversité vient du latin et signifie “deux directions” ou “qui va dans des directions opposées”, une image semblable à la croissance de l’arbre dont les branches poussent en divergeant, en se multipliant et en s’éloignant. Biodiversité est également une contraction de l’expression diversité biologique. 
     La biodiversité, c’est donc la diversité de la vie ou, plus fondamentalement, la totalité de toutes les variations de tout le vivant, comme l’a écrit Edward O. Wilson, le chercheur qui a popularisé ce concept à la fin des années 1980s. La biodiversité, c’est la richesse des formes vivantes ; c’est la variété des traits et attributs de la faune et de la flore ; c’est la multiplicité des espèces et des milieux naturels. 
     La biodiversité au sens large se décompose en trois niveaux : (1) la diversité des gènes, (2) la diversité des organismes et (3) la diversité des systèmes écologiques. Les gènes sont similaires à des recettes ou à des plans: ils dictent la façon de construire et de constituer un être vivant. C’est la diversité génétique qui est à l’origine des différences physiques qui vous distinguent d’une autre personne, à moins que vous ne soyez des jumeaux parfaitement identiques. Au sein d’une même espèce, la diversité génétique peut être grande et plus grande sera cette diversité, plus grandes seront ses chances de survie face aux aléas de l’existence. 
     Tout humain appartient à la même espèce, Homo sapiens, et c’est là un aspect du second niveau, la diversité organismique (des organismes). De façon générale, un être vivant est un organisme qui naît, se développe, se nourrit, se reproduit et réagit à son environnement. Les organismes se classent en différentes catégories selon leur histoire et leur forme. L’espèce est la catégorie la plus utilisée pour désigner ce niveau de diversité. Mais il existe d’autres catégories qui permettent de classer les espèces : le règne, l’embranchement, la classe, l’ordre, la famille et le genre. L’on ignore aujourd’hui combien d’espèces habitent la Terre. Près de 1 729 000 espèces ont été découvertes et décrites au cours des dernières 250 années. Une étude récente suggère qu’il y en aurait au total environ 8 700 000 — plus de 85% des espèces demeureraient donc encore inconnues. Peut-être découvrirez-vous un jour l’une d’elles? 


Quadrupèdes au sol, les lémures catta gardent leur queue dans les airs pour ne pas se perdre de vue. Photo : Émile Walsh 

Les espèces vivent dans leurs milieux et développent de nombreuses relations les unes avec les autres. C’est le troisième et dernier niveau, la diversité écologique, c’est-à-dire la variété des habitats où vivent les organismes. L’écosystème est probablement l’aspect de ce niveau de la biodiversité avec lequel nous sommes le plus familiers. Un écosystème est un milieu où les organismes qui y vivent interagissent les uns avec les autres ainsi qu’avec la matière non-vivante (l’air, le sol, l’eau) et l’énergie procurée par le Soleil. Les milieux écologiques se divisent en différents ensembles, petits et grands. Par exemple, les écozones, les biomes, les écorégions et les habitats.

http://sedna.radio-canada.ca/fr/biodiversite/panoramas/291/biodiversite

LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

En quelques mots

Le climat d’une région détermine de façon importante la composition des espèces animales et végétales qui y vivent. Lorsque le climat change rapidement à l’échelle du globe, les espèces n’ont que peu d’options : migrer, s’adapter ou s’éteindre. Les changements climatiques affectent et aggravent toutes les menaces qui pèsent sur la biodiversité, en faisant désormais le principal péril pour les espèces de la terre.

Survol de la situation

Les perturbations climatiques rapides qui affectent la terre et qui sont observées depuis une trentaine d’années bouleversent profondément le monde vivant. Depuis la révolution industrielle, aux alentours de 1750, notre monde est en pleine transformation et le climat change avec lui : la température moyenne à la surface de la planète s’est réchauffée de 0,74 °C. Les projections dans l’avenir portent ce réchauffement de 2,4 ºC à 6,4 ºC d’ici 2100. Quant au principal gaz qui cause ce réchauffement, le dioxyde de carbone, ou CO2, sa concentration sera bientôt de 395 parties par million (ppm), soit 115 ppm de plus qu’avant l’âge industriel (280 ppm). Jamais, au cours des 800 000 dernières années, n’y a-t-il eu autant de CO2 dans l’atmosphère terrestre. Le taux actuel de CO2 pourrait n’avoir jamais été aussi élevé depuis 20 millions d’années, ou même plus, selon certaines études!

MIGRER

Le réchauffement climatique transforme les écosystèmes où vivent les espèces. Les écosystèmes peuvent être affectés de plusieurs manières : – les températures moyennes peuvent réchauffer ou, dans certains cas, refroidir les habitats; – les précipitations moyennes peuvent augmenter ou diminuer; – les périodes moyennes d’ensoleillement peuvent également être modifiées durablement, affectant le régime des températures et des pluies. 
     Dans ces conditions changeantes, les espèces sont portées à bouger pour demeurer dans les milieux auxquels elles se sont adaptées. Il est important de distinguer ces migrations climatiques permanentes des migrations saisonnières que l’on observe chez plusieurs espèces, telles les outardes ou les baleines. Il existe deux grands types de migration vers la fraîcheur liés aux changements climatiques : la migration altitudinale (migrer vers les hauteurs) et la migration latitudinale (migrer vers les pôles). Déjà, les chercheurs de par le monde observent ces deux types de comportements migratoires, chez les oiseaux, les poissons et les insectes notamment. 
     Toutefois, dans un monde où les habitats sont fragmentés et où bien des forêts sont entourées par des routes et des champs agricoles, les migrations pour les espèces terrestres sont plus difficiles qu’elles ne l’étaient jadis.

S’ADAPTER

Un changement rapide des conditions qui prévalent dans un milieu ajoute, dit-on dans le jargon scientifique, des « pressions sélectives » sur les espèces. Cela signifie que certaines espèces mieux aptes ou mieux adaptées que d’autres à leur milieu auront davantage de chance de survivre à ces changements que les autres espèces. De plus, au sein d’une même espèce, les individus qui présentent des traits qui les avantagent par rapport à d’autres individus s’en sortiront probablement mieux qu’eux.
     Ce sont là les grandes lignes de la sélection naturelle, un mécanisme qui façonne profondément la diversité des espèces et dont la découverte remonte au 19e siècle, avec Charles Darwin et Alfred Wallace. 
     Or, l’évolution au gré des adaptations est un phénomène qui prend du temps alors que les changements climatiques actuels se produisent avec une grande rapidité. Un tel rythme n’a jamais été vu, en fait, depuis 55 millions d’années, soit lors de la formation de l’océan Atlantique. Pour survivre dans un environnement qui change rapidement, les espèces doivent, elles aussi, s’adapter rapidement. Cela se produit notamment lorsque les espèces évoluent par hybridation, c’est-à-dire par l’accouplement des membres de deux espèces proches, mais distinctes, comme c’est peut-être le cas pour les ours polaires et les grizzlys. Cependant, si des adaptations peuvent se faire par hybridation à l’échelle des individus, il semble improbable qu’une telle adaptation ne puisse toucher l’espèce tout entière. Les données fossiles montrent que les espèces ont davantage tendance à suivre les climats auxquels elles sont habituées, donc à migrer, plutôt que de demeurer fixes et de tenter de s’adapter à de nouvelles conditions climatiques. 
     Les changements climatiques affectent également la phénologie des milieux naturels, c’est-à-dire le retour cyclique de certains phénomènes tels la fonte des neiges, le bourgeonnement des arbres, la floraison des plantes à fleurs, l’apparition des larves d’insectes, etc. Ces retards ou ces devancements, parfois de plusieurs semaines par rapport aux normales de saisons, constituent des contraintes supplémentaires à l’adaptation des espèces.


Harelde boréale (changula hyemalis). Photo : Wolfgang Wander

On a déjà observé des changements dans les dates de floraison et les régimes migratoires, ainsi que dans la répartition des espèces, partout dans le monde. En Europe, le début de la saison de croissance a avancé de 10 jours, en moyenne, au cours des quarante dernières années. Ce type de changements peut affecter toute la chaîne alimentaire et créer des décalages au sein des écosystèmes dans lesquels différentes espèces ont développé des interdépendances synchronisées (lorsque des espèces dépendent l’une de l’autre à un moment bien précis). Les projections indiquent que les changements climatiques provoqueront la modification des aires de répartition des organismes porteurs de maladies, mettant potentiellement en contact ces organismes avec des hôtes qui n’ont pas développé d’immunité contre ces maladies. Les habitats d’eau douce, les zones humides, les mangroves, les récifs coralliens, les écosystèmes arctiques et alpins, les terres arides et semi-arides ainsi que les forêts de brouillard sont particulièrement vulnérables aux impacts des changements climatiques.

S’ÉTEINDRE

L’extinction est le sort qui attend les espèces qui n’auront su ou qui n’auront pu faire face aux menaces qui pèsent sur elles. Et, en fait de menaces, les changements climatiques sont globaux, durables et profonds. L’on commence à documenter les premières espèces dont l’extinction est probablement attribuée aux changements climatiques. C’est le cas de l’escargot d’Aldabra (Rachistia aldabrae). Cet escargot, qui n’existait nulle part ailleurs que sur l’île d’Aldabra, second plus grand atoll corallien de la planète, situé dans la partie ouest de l’archipel des Seychelles, dans l’Océan Indien, s’est éteint dans les années 1990. On attribue sa disparition au niveau élevé de mortalité des bébés en raison des pluies moins fréquentes, elles-mêmes causées par les transformations climatiques qui affectent cette région. 
     De nombreuses espèces sont excessivement vulnérables aux changements de température. C’est particulièrement le cas des espèces polaires et alpines. Ce sont les premiers groupes à avoir subi une contraction de leur habitat et à être confrontés à l’arrivée d’espèces venues des climats plus tempérés. Les espèces marines sont, elles aussi, fort exposées aux risques d’extinction. D’une part, les récifs de corail sont susceptibles d’être foudroyés par des épisodes de blanchiment. D’autre part, l’acidification des océans, une autre conséquence du CO2 émis en quantité par les activités humaines, met en péril la formation de petits organismes carbonés à la base de la chaîne alimentaire. 
     Exemples de menaces liées aux changements climatiques – Sécheresse – Inondation – Désertification – Transformation des écosystèmes (ex. : passer de forêt à savane) – Extinction des climats  – Migrations humaines et conflits autour des ressources (ex. : eau douce) – Acidification des océans. 

Le saviez-vous?

La banquise de l’Arctique se réduit en surface de 12% par décennie. À ce rythme, le pôle Nord pourrait être libre de glace d’ici quelques décennies à peine. Où iront les espèces, comme l’ours polaire, qui dépendent de cette glace pour vivre?

http://sedna.radio-canada.ca/fr/biodiversite/problematiques

20 août 2014 | Jean Lemire

Maître chez nous?

Il n’y a pas que du beau en terres arctiques. Nous avons remonté un fjord magnifique qui mène au paradis des narvals. Une équipe de biologistes est installée au sommet d’une montagne pour compter le nombre de narvals qui empruntent ce carrefour de fjords d’une beauté à couper le souffle. Ils dénombrent en moyenne de 4 000 à 7 000 narvals chaque année à cette période de l’année. Or, au bout d’un de ces fjords, se dressent des grues géantes, qui s’offrent en contraste troublant avec la quiétude des lieux. Un port en eaux profondes est en construction. Une mine gigantesque s’est installée et les prévisions sont terrifiantes: des super bateaux cargo feront dorénavant la navette pour rapporter ce fer vers les villes. 12 mois par année, un bateau tous les 2 jours, brisant ainsi cette glace qui est si importante pour les Inuits au printemps. Et je ne parle pas de l’impact sur les narvals. Et des risques immenses pour la navigation. On appelle cela le progrès… 
     Cette compagnie, étrangère, nous a accueillis avec une appréhension évidente. On ne voulait pas nous voir là! On nous a d’abord dit que nous étions sur un terrain privé! Quand je leur ai mentionné que nous étions sur l’eau, on m’a dit que leur propriété s’étendait à tout le fjord!!!! Ce qui ne fait aucun sens légalement, mais ce qui montre bien le sentiment de propriété de l’exploitant. 
     Maître chez nous, qu’on dit? Cette compagnie du Texas ne semble pas avoir entendu cette expression auparavant…

http://sedna.radio-canada.ca/fr/aventure/blogue-jean-lemire

Pour ajouter à l'horreur : La flotte marchande chinoise incitée à emprunter l'Arctique

http://www.lapresse.ca/environnement/dossiers/changements-climatiques/201604/20/01-4973190-la-flotte-marchande-chinoise-incitee-a-emprunter-larctique.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_changements-climatiques_505_section_POS4


À lire aussi :
http://sedna.radio-canada.ca/fr/aventure/journaux-de-bord

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