Tel que je l’ai déjà mentionné, la principale raison d’être de ce blog est de questionner notre impact sur le vivant (humains, animaux et nature) en matière de souffrances et de destruction, dans l’espoir d’éveiller une étincelle de compassion chez ceux qui ont encore un cœur «de-béton-taillé».
Bien sûr, il ne s’agit pas de changer le comportement d’autrui avec un revolver braqué sur la tempe. De toute façon, personne ne change avant d’être prêt. Néanmoins, il n’est pas défendu de proposer des alternatives à ce qu’on nous a enseigné. Tout s’apprend, même la compassion. Comme le dit le biologiste Richard Dawkins**, nous naissons tous avec le gène égoïste mais nous ne sommes pas obligés de nous y cramponner pour le restant de notre vie.
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On dit que le chien est le meilleur ami de l’homme, mais l’homme n’est pas forcément le meilleur ami du chien…
Il est malheureusement très répandu d’enchaîner les chiens à une niche (parfois simplement à un poteau) 24h/24h, les exposant ainsi au froid et à la chaleur extrêmes, avec seulement un bol d’eau pour la journée entière.
En juillet 2004, Tammy Sneath Grimes acceptait d’être enchaînée pendant 33 heures dans le cadre de la campagne de sensibilisation/levée de fonds Chain Off organisée par Dogs deserve better. Elle a couché dehors devant une boutique, toujours enchaînée. Elle voulait expérimenter ce que les chiens vivent.
Extraits de son journal de bord – article complet en anglais : http://www.dogsdeservebetter.org/chaineddiary.html
Journal d’une femme enchaînée
Chain Off 2004, State College, PA
3 juillet
2h30 : Je me réveille, je ne peux pas dormir à cause de Chain Off au matin. Je n’ai jamais rien fait d’aussi brave/fou, je sais que ça prendra tout mon courage, parce que 33 heures, c’est long. J’ai essayé en vain de méditer pour me calmer. Mon esprit s’affole.
5h30 : J’abandonne, impossible de dormir ou de méditer. Plus qu’une demi-heure avant la sonnerie du réveille-matin. J’opte pour une vidéo de yoga. C’est parfait, ça me détend. Je m’occupe des chats et des chiens en attente de foyers d’adoption. Je vérifie la liste des choses qui iront dans la camionnette. Je me douche et m’habille. J’ai opté pour une tenue de bureau, jupe, chemisier et talons hauts, pour signifier que les chiens enchaînés sont dignes d’autant d’attention que les autres chiens. Je sais que ce sera physiquement inconfortable, mais je ressens que c’est le bon choix. Mon ami Rocky m’aide à charger l’auto et amène les deux chiens Max et Chloe. Nous quittons pour le Collège à 6h45. Nous aurions aimé amener Luke aussi, mais il serait trop difficile de s’occuper de trois chiens. Chloe et Max ont plus de chances d’être adoptées.
10h00 : Les gens commencent à arriver. Certains on entendu parler de nous à la télé ou à la radio. Bill Perkins a ramassé 400$, incluant sa propre contribution de 120$.
15h00 : Le soleil est vraiment torride et, le jour passant, l’ombre projetée par l’arbre a disparu. Je m’assois sous la bâche. Je me sens maintenant très fatiguée et assoiffée et les heures à venir me semblent un continuum sans fin. Encore 26 heures! Je craque et me tape une bouteille d’eau. Désolée, les chiens, j’ai trop soif! Je suis toujours avec vous en esprit…
16h45 : Nous démontons le kiosque et je monte avec la niche dans la camionnette. Tandis que nous quittons, les enfants nous traitent de «mangeurs de biscuits» (qu’est-ce-que c’est?), et autres noms savoureux.
17h30 : Nous sommes maintenant au centre-ville en face de la librairie Webster, mais ici personne n’est venu exclusivement pour nous rencontrer. Il n’y a que des passants sur le trottoir. Ils ignorent ce que nous faisons là. Ils nous observent, l’air amusé, intrigué ou dégoûté. Je peux en grande partie passer par-dessus, mais parfois je ne peux m’empêcher de me sentir vulnérable et dénudée devant les regards/attitudes interceptés. Un vieil homme, obèse, les cheveux gras, des lunettes épaisses, regarde l’affiche, se rend au kiosque, puis s’arrête pour s’adresser à des gens à proximité : «Avec ce qui se passe en Irak, le prix du lait qui augmente, le prix de l’essence, ils s’attendent qu’on s’en fasse avec ça?» Je suis furieuse, et je suppose que je commence à être fatiguée et grincheuse. J’ai envie de le bourrer de coups, mais je ne le fais pas, seulement dans ma tête. Je le regarde sans dire mot, et finalement il quitte. Je suis ravie de le voir partir!
18h30 : Becky etJane m’apportent un quesadilla végé, et j’ai de l’eau.
20h30 : Je ne me sens pas mentalement aussi à l’aise au centre-ville. J’ai de la compagnie et les chiens n’en ont pas autant!
22h00 : Roccky retourne à la maison pour revenir avec la camionnette; un aller-retour de deux heures. Pauvre lui! Il est si coopérant. Je me sens soudain humiliée et déshumanisée avec cette chaîne. J’ai envie de pleurer. Tout fait mal.
23h00 : Les supporteurs sont partis sauf Bob qui reste jusqu’à ce qu’Eric vienne à minuit. Eric et Rocky vont surveiller à tour de rôle pour que je puisse dormir. Je suis mal à l’aise, mais reconnaissante.
4 juillet
Minuit : Je suis tellement fatiguée; le collier me pèse, il m’égratigne le cou. Je sais qu’il y a un trou dans mon bas; et je pue des pieds. J’ai un coup de soleil en dépit de la lotion protectrice, j’ai mal aux lèvres. J’ai tellement envie de mon lit! Rocky a installé un lit de fortune avec un sac de couchage et un oreiller dans l’alcôve du magasin. J’avais dit que je dormirais sur le sol comme le chien enchaîné, mais je renonce – le sol a l’air tellement sale et dur! Tout ce que je veux c’est dormir!
00h30 : Je suis à mi-chemin. Au moins, en ce qui me concerne, il y a une fin; les chiens n’ont pas ce luxe. Je m’endors.
2h15 : Je me réveille parce qu’on vient de fermer les bars et que tous les saoulons retournent chez eux. Ils ne s’occupent pas de moi. J’essaie de me rendormir.
3h00 : Je me réveille et je vois un homme étrange près de l’alcôve. Je ne vois pas Rocky ou Eric. J’ai une drôle d’impression, j’ai peur.
3h30 : Mon cœur s’ouvre, et je me sens en complète communion avec les chiens. Je me suis mise dans leurs chaussures, et j’ai vécu leur quotidien. J’éprouve aussi de la solidarité envers les sans-abris qui dorment aux portes des magasins tandis que les passants évitent de les regarder.
6h30 : Je suis prête, Un homme nettoie la rue. J’entends les oiseaux chanter. Durant ce moment de tranquillité avant que la ville ne s’éveille, j’ai le temps de penser et de ressentir. J’ai envie de pleurer, et je le fais.
C’est tellement injuste que les chiens soient traités avec si peu de respect. Les chiens sauvent des gens, avertissent en cas de crise d’épilepsie, aident des handicapés... Je les aime tellement! Je pleure leur souffrance. Je vois clairement que j’ai nié le côté inhumain de ma condition dès que j’ai été enchaînée. Je ne voulais pas ressentir l’humiliation. Je me souviens maintenant, 23 heures plus tard, que lorsque j’ai attaché la chaîne au collier j’ai éprouvé un sentiment furtif d’humiliation, de victimisation, que j’ai rapidement étouffé parce que je savais que je devais être forte pour les chiens et capable d’interagir avec ceux qui viendraient me voir. Maintenant, je m’en souviens.
Je ressens une immense tristesse et de l’angoisse. Ça fait longtemps que je n’ai pas pleuré autant; je suis toujours trop occupée, je n’ai pas de temps pour de telles choses. Mon corps est secoué par mes pleurs. Ce n’est pas correct! Pourquoi ne le voient-ils pas? Je n’ai même pas souffert tout ce qu’ils souffrent quotidiennement. Je me sens seule, mais je n’ai jamais été vraiment seule.
Les chiens sont presque toujours seuls. En ce moment même, ils se réveillent aussi, seuls. Ils commencent leur journée, pareille à toutes les précédentes, seuls.
7h30 : Je pense que je vais manger tôt aujourd’hui, et ne rien absorber du reste de la journée. En fait, je suis vraiment seule pour la première fois, et je ressens un pincement, de la peur. Peur d’être abandonnée à cette chaîne, peur d’être blessée parce que je ne peux pas fuir. Je me sens de plus en plus unie aux chiens.
J’ai encore envie de pleurer pour les chiens enchaînés. Cette expérience m’a encore plus unie à eux. Les gens continuent de passer et de regarder ailleurs. Exactement comme ils ignorent le triste sort des chiens enchaînés, ils ignorent celui des sans-abris. Leur attitude me dit : «Ça ne me regarde pas. Je n’y peux rien de toute façon. Je ne veux pas m’impliquer.»
Vous ai-je déjà dit que je pue des pieds? Je réalise que je me suis habillée soigneusement autant pour moi que pour les chiens. Je devinais instinctivement que je serais honteuse, démoralisée, déshumanisée en étant enchaînée. M’habiller comme pour aller au travail me procurait un sentiment de dignité et m’aidait à faire face – quoiqu’il arrive. Et ça me faisait réaliser la valeur inhérente des chiens qu’on laisse dehors comme s’ils étaient moins que rien. Ils ont une VALEUR!
La figure me démange, j’ai mal aux lèvres.
8h00 : Nous déménageons au campus de l’université. Un endroit de plus grande visibilité où y a beaucoup de circulation pédestre. Un policier nous demande nos permis.
Après une journée plus rentable au plan de la visibilité et des dons… elle écrit :
17h00 : Je saute dans les airs pour célébrer, et j’enlève la chaîne. Quel bonheur que d’être libre! J’en oublie le collier pour un moment, mais peu après, je réalise que mon cou pèse encore lourd. Terri m’aide à l’enlever.
Recettes ventes et dons : 878 $...
Site : http://www.dogsdeservebetter.org/home.html
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COMMENTAIRE
Aucun être innocent ne mérite d’être enchaîné.
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Beaucoup de gens qui considèrent le respect des animaux comme une impertinence vu les horribles conditions de vie humaine, n’ont pas l’air de comprendre qu’il s’agit d’un miroir. Si nous traitions les animaux avec compassion, nous en ferions autant avec les humains.
Ajout 01/02/11
De la futilité de respecter les animaux
À ce propos, Tammy a écrit :
17h30 : …Un vieil homme regarde l’affiche, se rend au kiosque, puis s’arrête pour s’adresser aux gens à proximité : «Avec ce qui se passe en Irak, le prix du lait qui augmente, le prix de l’essence, ils s’attendent qu’on s’en fasse avec ça?» Je suis furieuse, et je suppose que je commence à être fatiguée et grincheuse.
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Beaucoup de gens qui considèrent le respect des animaux comme une impertinence vu les horribles conditions de vie humaine, n’ont pas l’air de comprendre qu’il s’agit d’un miroir. Si nous traitions les animaux avec compassion, nous en ferions autant avec les humains.
Toutes les théories «spécistes» ou «antispécistes», pour qui veut bien s’y familiariser, n’ont d’autre effet que de nous faire comprendre que les humains n’ont pas de quoi se faire péter les bretelles… et que notre complexe de supériorité nous mènera droit à l’extinction. Le monde matériel est basé sur la survie et l'interdépendance, et aucune espèce n’y échappe :
** «Les animaux développent des astuces pour trouver et attraper de la nourriture; pour éviter de se faire attraper et manger à leur tour; pour éviter la maladie et les accidents; pour se protéger des conditions climatiques; pour trouver des membres du sexe opposé et les convaincre de s’accoupler; et pour assurer les meilleures conditions de vie possibles à leur progéniture.» (Richard Dawkins, The Selfish Gene)
«Le sentiment que les membres d’une espèce méritent une considération morale privilégiée par rapport à ceux d’autres espèces est ancien et profond. Tuer des gens pour d’autres motifs que la guerre reste un crime défendu et sérieusement jugé. Manger des humains (même s’ils sont déjà morts) est le crime le plus prohibé de notre culture. Par contre, nous aimons manger d’autres espèces. Plusieurs frissonnent devant l’exécution judiciaire d’ignobles criminels humains tandis qu’ils approuvent joyeusement l’exécution sans procès d’animaux tout à fait pacifiques. En effet, nous tuons les membres d’autres espèces inoffensives, juste pour nous récréer et nous amuser. Un fœtus humain, qui n’a pas plus de sentiment qu’une amibe, jouit d’une révérence et d’une protection légale qui dépassent largement celles qu’on accorde au chimpanzé adulte. Pourtant, le chimpanzé ressent et pense et – selon les résultats d’une expérience récente – peut même apprendre une forme de langage. Le fœtus appartient à notre propre espèce, et à cause de cela, on lui accorde automatiquement des privilèges et des droits spéciaux. Je ne sais pas si l’éthique «spéciste» est plus valable que l’éthique «raciste». Tout ce que je sais, c’est qu’elle n’a pas de base valide dans la biologie évolutionniste.» (Richard Dawkins, The Selfish Gene, 1976)
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À propos des chiens voyez les articles suivants :
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