8 janvier 2011

Miss Météo

Nouvelle rubrique météorologique à inclure au bulletin quotidien : «d’abondantes pluies d’oiseaux et autres animaux sont prévues partout sur le globe en cette journée par ailleurs ensoleillée…»

N’est-il pas rassurant de connaître d’avance le temps qu’il fera afin de planifier des activités appropriées?

De l’acharnement à prévoir l’imprévisible

L’être humain a toujours voulu éradiquer l’incertitude (anxiogène et insupportable) avec un entêtement indéfectible. Notamment en contrôlant son environnement, à savoir les éléments, la nature, les espèces et ainsi de suite. Il croyait ainsi se prémunir contre les désagréments incontournables de l’existence et s’assurer un avenir paisible. Humm, c’est d’un ridicule à pleurer.

Nous ne savions pas où nous allions? Eh bien là, nous le savons… Et paradoxalement, ce sont parfois les rebondissements du contrôle, jumelé aux forces naturelles, qui provoquent plus rapidement les catastrophes de notre futur immédiat.  

Quelques articles congrus à ce propos :
- Oiseaux et poissons morts, un début d’explication?
- En vers et contre tous : Il y a comme une odeur de fin du monde http://www.centpapiers.com/en-vers-et-contre-tous-il-y-a-comme-une-odeur-de-fin-du-monde-j-26/55426

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Toujours deux faces à une médaille.

Le point de vue de Pema Chödrön sur l’incertitude : une invitation à la percevoir autrement.

Pour mieux saisir le propos, jetons d’abord un coup d’œil sur la bodhichitta*.

LA BODHICHITTA ET LE POUVOIR DE GUÉRISON

Le mot sanskrit bodhichitta signifie «cœur noble ou éveillé». Tout comme il y a du beurre dans le lait et de l’huile dans une graine de sésame, le point vulnérable qu’est la bodhichitta est présent en vous et en moi. Il équivaut, jusqu’à un certain point, à notre capacité d’aimer. Peu importe notre détermination à pratiquer le manque de bienveillance, l’égoïsme ou l’avidité, le cœur authentique de la bodhichitta ne peut se perdre. Il est ici dans tout ce qui vit, jamais gâché et parfaitement entier.

On dit que quand les temps sont difficiles, seule la bodhichitta peut amener la guérison. Lorsque l’inspiration n’est pas au rendez-vous, lorsqu’on est prêt à tout laisser tomber, c’est le moment où l’on peut trouver de quoi revenir à la santé dans la tendresse de la douleur elle-même. La bodhichitta est aussi mise, jusqu’à un certain point, sur le même pied que la compassion, la capacité à ressentir la douleur qu’on partage avec ses semblables. Sans s’en rendre compte, on passe son temps à bloquer cette douleur qui nous effraie. Parce qu’on craint par-dessus tout d’être blessé, on dresse des murs de protection faits de stratégies, d’opinions, de préjugés ou d’émotions. Pourtant, comme le bijou enfoui sous terre pendant un million d’années n’est ni décoloré ni brisé, tous les moyens qu’on prend pour se protéger de la douleur ne peuvent affecter ce noble cœur. Le joyau peut être ramené au jour à tout moment, et il sera toujours aussi éclatant, comme si rien ne s’était passé.

La bodhichitta, ou tendresse envers la vie, s’éveille lorsqu’un ne se protège plus de la vulnérabilité de son état, de la fragilité basique de l’existence. Elle s’éveille parce qu’on crée un lien avec la souffrance d’autrui. On s’entraîne aux pratiques de la bodhichitta pour arriver à s’ouvrir au point de laisser entrer en soi la douleur des autres, de la laisser toucher son cœur, et de la transformer en compassion.

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* Glossaire – Bodhichitta (sanskrit): Cœur éveillé de la bienveillance et de la compassion. La bodhichitta ultime est l’état naturel de l’être humain dont il fait l’expérience sous la forme de la bonté primordiale qui le lie à tous les autres êtres. Plusieurs termes la définissent : ouverture, vérité ultime, nature véritable, point vulnérable, cœur tendre, ou simplement ce qui est. La bodhichitta se caractérise par la compassion, l’ouverture inconditionnelle et l’intelligence vive. Elle est dénuée de concepts, d’opinions et ne connaît pas les notions dualistes que sont le «moi» et l’«autre». Quant à la bodhichitta relative, elle se définit comme le courage de prendre conscience de l’existence de ce cœur tendre en utilisant sa capacité d’aimer ses semblables et d’en prendre soin.
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L’AISE ET L’INCERTITUDE

On appelle bodhisattvas ou guerriers/guerrières ceux et celles qui mettent leur cœur dans l’éveil de la bodhichitta. Ce ne sont pas des guerriers qui tuent, ce sont des guerriers de la non-agression qui entendent les pleurs du monde. Les bodhisattva-guerriers vivent des situations éprouvantes pour atténuer la souffrance. Ils consentent à trancher net dans leurs réactions personnelles et leurs tendances à se raconter des histoires, et s’emploient à laisser effleurer l’énergie fondamentalement, non déformée, qu’est la bodhichitta.

Le guerrier accepte de ne jamais savoir ce qui va lui arriver. On peut essayer de maîtriser ce qui ne peut l’être en recherchant la sécurité, le prévisible, sans cesser d’espérer de se sentir à l’aise et en sûreté. En fait, personne ne peut éviter l’incertitude. Ce non-savoir fait partie de l’aventure. C’est aussi ce qui nous effraie.

Où qu’il se trouve, le guerrier peut s’entraîner. Il dispose pour ce faire de divers moyens, tels que la méditation, le tonglen, et la pratique qui consiste à cultiver les quatre qualités illimitées, c’est-à-dire la bienveillance, la compassion, la joie et l’équanimité. À l’aide de ces pratiques, nous trouverons la tendresse de la bodhichitta dans le chagrin et la gratitude, derrière la dureté de la rage et dans le tremblement qui accompagne la peur. Dans la solitude tout comme dans la bonté, on peut découvrir le point sensible de la bonté primordiale. L’entraînement à la bodhichitta ne garantit toutefois pas que tout va bien se terminer. Ce qui se passe, c’est que ce «je» qui veut trouver la sécurité – quelque chose à quoi se cramponner – apprendra enfin à grandir.

Lorsqu’on doute de sa capacité d’être un apprenti-guerrier, on peut réfléchir à cette question : «Je préfère grandir et entrer en rapport avec la vie directement, ou je choisis de vivre et de mourir dans la peur?»

Pema Chödrön
Bient-être et incertitude
Cent huit enseignements
Pocket Spiritualité

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Please remain calm - it's no use all of us being hysterical
at the same time.
(Ashleigh Brilliant)

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