Restons dans l’entourage de Voltaire, avec Jean-Pierre Claris de Florian, son petit-neveu par alliance reconnu comme un excellent fabuliste.
La fable suivante donne envie de pratiquer cette forme d’écriture qui enrobe les dures vérités de sucre candi, la rendant ainsi plus palatable…
How sweet it is!
La Fable et la Vérité
La vérité, toute nue,
sortit un jour de son puits.
Ses attraits par le temps étaient un peu détruits;
jeune et vieux fuyaient à sa vue.
La pauvre vérité restait là morfondue,
sans trouver un asile où pouvoir habiter.
À ses yeux vient se présenter
la fable, richement vêtue,
portant plumes et diamants,
la plupart faux, mais très brillants.
Eh ! Vous voilà! Bon jour, dit-elle :
que faites-vous ici seule sur un chemin?
La vérité répond : vous le voyez, je gèle;
aux passants je demande en vain
de me donner une retraite,
je leur fais peur à tous : hélas! Je le vois bien,
vieille femme n'obtient plus rien.
Vous êtes pourtant ma cadette,
dit la fable, et, sans vanité,
partout je suis fort bien reçue :
mais aussi, dame vérité,
pourquoi vous montrer toute nue?
Cela n'est pas adroit : tenez, arrangeons-nous;
qu'un même intérêt nous rassemble :
venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble.
Chez le sage, à cause de vous,
je ne serai point rebutée;
à cause de moi, chez les fous
vous ne serez point maltraitée :
servant, par ce moyen, chacun selon son goût,
grâce à votre raison, et grâce à ma folie,
vous verrez, ma sœur, que partout
nous passerons de compagnie.
sortit un jour de son puits.
Ses attraits par le temps étaient un peu détruits;
jeune et vieux fuyaient à sa vue.
La pauvre vérité restait là morfondue,
sans trouver un asile où pouvoir habiter.
À ses yeux vient se présenter
la fable, richement vêtue,
portant plumes et diamants,
la plupart faux, mais très brillants.
Eh ! Vous voilà! Bon jour, dit-elle :
que faites-vous ici seule sur un chemin?
La vérité répond : vous le voyez, je gèle;
aux passants je demande en vain
de me donner une retraite,
je leur fais peur à tous : hélas! Je le vois bien,
vieille femme n'obtient plus rien.
Vous êtes pourtant ma cadette,
dit la fable, et, sans vanité,
partout je suis fort bien reçue :
mais aussi, dame vérité,
pourquoi vous montrer toute nue?
Cela n'est pas adroit : tenez, arrangeons-nous;
qu'un même intérêt nous rassemble :
venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble.
Chez le sage, à cause de vous,
je ne serai point rebutée;
à cause de moi, chez les fous
vous ne serez point maltraitée :
servant, par ce moyen, chacun selon son goût,
grâce à votre raison, et grâce à ma folie,
vous verrez, ma sœur, que partout
nous passerons de compagnie.
Wikipédia :
Issu d'une famille noble et vouée à la carrière des armes, Jean-Pierre Claris de Florian naît au château de Florian, sur la commune de Logrian, près de Sauve dans le Gard, au pied des Basses-Cévennes. Sa mère, d'origine espagnole meurt lorsqu'il est enfant et il est élevé au château. Son oncle ayant épousé la nièce de Voltaire, c'est à dix ans, en juillet 1765 lors d'un séjour à Ferney, qu'il est présenté au célèbre écrivain, son grand-oncle par alliance, qui le surnomme Florianet.
À treize ans, il devient page au service du duc de Penthièvre puis entre quelques années plus tard à l'école royale d'artillerie de Bapaume. À sa sortie, il sert quelque temps comme officier dans le régiment des dragons de Penthièvre. La vie de garnison ne lui convenant pas, il sollicite et obtient une réforme qui lui conserve son grade dans l'armée mais lui permet de suivre l'armée le duc de Penthièvre à Anet et Paris (un petit appartement lui était réservé à l’Hôtel de Toulouse) et de s'adonner entièrement à la poésie. Le duc de Penthièvre, qui lui avait donné à sa cour le titre de gentilhomme ordinaire, resta sa vie durant son ami et son protecteur.
Il est élu membre de l'Académie française en 1788 après avoir vu deux de ses œuvres couronnées par cette institution. Contraint, en tant que noble, de quitter Paris lors de la Révolution française, il se réfugie à Sceaux. Malgré l'appui de son ami François-Antoine de Boissy d'Anglas, il est arrêté en 1794, l'épître dédicatoire de Numa Pompilius qu'il avait écrite à la reine huit ans plus tôt, le desservant devant le Comité de sûreté générale. Remis en liberté le 27 juillet grâce à Boissy d'Anglas, il meurt subitement le 13 septembre, à l'âge de trente-neuf ans, probablement des suites de sa détention.
Jean-Pierre Claris de Florian est particulièrement connu en tant que fabuliste, ses fables étant unanimement considérées comme les meilleures après celles de Jean de la Fontaine. Le critique Dussault (1769-1824) écrit dans ses Annales littéraires : «Tous ceux qui ont fait des fables depuis La Fontaine ont l’air d’avoir bâti de petites huttes sur le modèle et au pied d’un édifice qui s’élève jusqu’aux cieux; la hutte de Florian est construite avec plus d’élégance et de solidité que les autres et les domine de plusieurs degrés».
Cent douze fables de Florian ont été publiées de son vivant et douze de manière posthume. Les morales de certains de ses apologues sont encore citées couramment, comme
«Pour vivre heureux, vivons cachés» (Le Grillon)
«Chacun son métier, les vaches seront bien gardées» (Le Vacher et le Garde-chasse)
«L'asile le plus sûr est le sein d'une mère» (La Mère, l'Enfant et les Sarigues).
Quant aux expressions
«éclairer sa lanterne»
«rira bien qui rira le dernier»
elles sont tirées respectivement des fables Le Singe qui montre la lanterne magique et Les deux Paysans et le Nuage.
Toutefois, il a aussi écrit des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des contes en prose ou en vers, une traduction très libre du Don Quichotte de Cervantès et de nombreux poèmes dont la plupart ont été mis en musique (plus de 200 partitions). La romance la plus connue est Plaisir d’amour. (La chanson Can’t Help Falling In Love popularisée par Elvis Presley en 1961 s’inspirait de la chanson Plaisir d'amour écrite par George Weiss, Hugo Peretti et Luigi Creatore.)
Le poème de Jean-Pierre Claris :
Plaisir d'amour
Plaisir d'amour
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie;
L'eau coule encor, elle a changé pourtant!
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Chagrin d'amour dure toute la vie.
J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie;
L'eau coule encor, elle a changé pourtant!
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Merci! :) J'ai bcp apprécié! xx
RépondreEffacerAllô! J'avoue qu'après avoir mis en ligne j'ai eu un flash - hé!
RépondreEffacer