8 novembre 2010

Coups de cafard

Surveillez vos sautes d’humeur et ne vous laissez pas abuser
par vos coups de cafard

Par Richard Carlson


Vos sautes d’humeur peuvent se montrer extrêmement trompeuses. Elles sont capables de vous persuader que votre existence est plus noire qu’en réalité. Quand vous êtes de bonne humeur, le soleil brille. Vous avez de la hauteur, du bon sens et de la sagesse. Les problèmes paraissent moins effrayants et donc plus faciles à résoudre. Les rapports avec votre entourage sont harmonieux, la communication s’opère sans heurts. Et si d’aventure on vous adresse une critique, vous l’enjambez avec l’aisance d’un sauteur de haies.

Quand vous êtes de mauvaise humeur, la vie vous semble au contraire un fardeau insupportable. Vous êtes dans les ténèbres. Vous devenez susceptible, vous interprétez de travers les faits et gestes de votre entourage que vous supposez animé des pires intentions.

Pourquoi cette énorme différence? Simplement parce que les gens ne se rendent pas compte qu’ils sont le jouet de leurs humeurs. Ils s’imaginent que leur vie a basculé en un jour, voire en une heure. Jean-qui-rit le matin pourra aimer sa femme, son travail ou sa voiture, aborder l’avenir avec optimisme et le passé avec le sentiment du devoir accompli; Jean-qui-pleure le soir prétendra détester son travail, verra sa femme comme un boulet, sa voiture comme une poubelle, et sa carrière dans une impasse. Et si vous l’interrogez sur son enfance, il vous répondra sans doute qu’elle fut un long calvaire. Il s’en prendra à ses parents pour expliquer sa misère actuelle.

De tels revirements peuvent paraître absurdes, voire cocasses. Et pourtant nous en sommes tous victimes, à des degrés différents. Gagnés par la déprime, nous perdons tout recul. Nous oublions qu’une heure plus tôt, ou une semaine auparavant, lorsque nous étions joyeux, tout semblait nous sourire. Nous abordons des expériences identiques – la relation à notre conjoint, notre travail, la voiture que nous conduisons, notre potentiel, notre enfance – de façon radicalement différente, au gré de notre humeur! Quand nous sommes au «trente-sixième dessous», plutôt que de mettre nos angoisses sur le compte de cet état psychologique, nous avons tendance à croire que notre vie va soudain à vau-l’eau. Tout se passe comme si nous étions réellement persuadés que le monde vient de s’écrouler autour de nous en l’espace de deux heures.

Or la vie n’est presque jamais aussi sinistre qu’elle le paraît lorsque nous broyons du noir. Plutôt que de vous enfermer dans cette grisaille, en étant persuadé de porter un regard objectif sur votre existence, apprenez à mettre en doute votre jugement. Dites-vous : «Oui, je suis en colère, angoissé, démoralisé. J’ai toujours une attitude négative dans ces cas-là.» Quand vous avez le cafard, apprenez à n’y voir que cela : une phase inéluctable de la condition humaine, qui passera avec le temps, pour peu que vous ne lui donniez pas trop de grain à moudre. Surtout ne choisissez  pas ce moment d’abattement pour vous lancer dans l’examen critique de votre vie! Ce serait un suicide émotionne. Si vous avez un vrai problème, il sera encore là quand vous aurez repris du poil de la bête, et il sera temps de vous en occuper.

Ne prenez pas trop au sérieux vos baisses de régime. La prochaine fois que vous n’aurez pas le moral, dites-vous : «Ça va passer.»
Car ça va passer…

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     J’AI LU, Psychologie

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Ce qu'on nomme le cafard n'est souvent qu'une éclipse de nos illusions et un éclair de notre lucidité.
Alfred Capus

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