6 novembre 2010

Reconnaître la souffrance

La déception, la gêne et tous les aspects de soi-même avec lesquels on n’est pas à l’aise sont une sorte de mort. On a perdu pied complètement, on est incapable de tout maintenir et d’avoir le sentiment de bien dominer la situation. Au lieu de se rendre compte que la mort est nécessaire pour qu’il y ait une naissance, on ne fait que lutter contre la peur de la mort.

Atteindre sa limite n’est pas une sorte de punition. C’est en réalité un signe de santé de se mettre à trembler et à s’effaroucher quand on arrive au lieu où on est sur le point de mourir. Mais le plus souvent on ne décode pas le message : il est temps de cesser de se débattre, il faut regarder en face ce qui semble menaçant. La déception et l’anxiété sont des messages annonçant qu’on est sur le point d’entrer en territoire inconnu.

Three Sisters Mountains

Quand on obtient ce dont on ne voulait pas, quand on n’obtient pas ce qu’on veut, quand on tombe malade, quand on prend de l’âge, au moment de la mort – quand l’une ou l’autre de ces choses arrive dans la vie –, on peut prendre acte de la souffrance comme telle. On peut ensuite être curieux, remarquer ce qui se passe et être attentif à ses réactions. La souffrance est tellement ancrée dans la peur de l’impermanence. La douleur est tellement enracinée dans la vision disproportionnée qu’on se fait de la réalité. Qui donc s’est imaginé que le plaisir pouvait exister sans la douleur? C’est une croyance très répandue sur la planète, et on avale ça. Mais la douleur et le plaisir vont de pair; ils sont inséparables. Ils peuvent être célébrés. Ils sont on ne peut plus ordinaires. La naissance est à la fois pénible et joyeuse. La mort est à la fois pénible et joyeuse. Tout ce qui se termine est aussi le début de quelque chose d’autre. La douleur n’est pas une punition; le plaisir n’est pas une récompense.  

Pema Chödrön
     Bien-être et incertitude, Cent huit enseignements
     Pocket Spiritualité

2 commentaires:

  1. Anonyme6.11.10

    Dans le quotidien aussi, dans la vie devrais-je dire, il y a souvent des deuils à faire pour renaître.
    On trouve également chez certaines personnes cette peur du changement. Je pense que tout le monde la ressent.
    Et c'est pourquoi, certains, préfèrent le confort du "non changement". Sorte de fausse sécurité.
    Et peur également.
    Merci! Bon billet.

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  2. L'être humain préfère s'asseoir sur une sécurité inconfortable plutôt que sur une insécurité confortable.

    «Tout n'est qu'un éclair dans le vaste monde phénoménal.» - Esprit zen/esprit neuf

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