11 novembre 2010

L'audace

Ce blog est un fourre-tout de commentaires sur l’actualité jumelés à des textes que j’ose croire inspirants. On peut avoir l’impression que certains messages concernent davantage les relations individuelles n’ayant aucun rapport avec la situation planétaire. Néanmoins l’on sait que tout drame extérieur reflète nos propres drames intérieurs, et que les humains vivent en symbiose, même si la majorité d’entre eux l’ignore...

Je planifie rarement ce que je publie; c’est une sorte de cuisine du marché... Parfois le message se rapporte à ce que je vis, mais plus souvent celui-ci émerge d’une question telle que : y aurait-il un message qui puisse aider quelqu’un? Je laisse monter l’intuition, et voilà qu’un auteur émerge spontanément.

Ma biblio inclut des «oldies», et ce matin c’est un vieux Leo Buscaglia qui s’est imposé : «La personnalité» (Le jour éditeur, 1982).


L'audace d'être soi-même en dépit des risques...


En voici quelques passages.

Le rôle de la détermination du moi  

Chacun de nous est une personne distincte. Nous sommes la combinaison subtile de facteurs qui ne sont plus jamais susceptibles de se reproduire. Nous sommes tous singuliers et incomparables. Ce que nous sommes a été largement déterminé par notre hérédité, la société, notre éducation, notre famille et nos amis. Tous ces facteurs ont contribué à enrichir notre vie et à la rendre plus passionnante. Mais ils nous ont aussi apporté des complications, des frustrations et des contradictions, celles-ci ont intégré en nous des exigences au niveau de nos émotions et de nos énergies mentales qui s’imposent à nous durant toute notre existence. C’est ainsi que notre personnalité s’est constituée, d’une part par la richesse et la passion, d’autre part par les frustrations et les «dépressions». Quelque part en nous entre ces deux pôles, réside notre vrai moi.

En tant que personnalité en développement, nous savons que nous avons le droit d’être ce que nous sommes, même si ce que nous sommes est incompatible avec ce que nous avons appris à être. Nous avons le droit de choisir notre propre moi, même si ce moi est différent de celui des autres. Nous avons le droit d’apprécier les choses à notre manière, même si les autres nous désapprouvent. Cela ne veut pas dire, que nous avons le droit de nous imposer aux autres, pas plus, que nous ne souhaitons que les autres s’imposent à nous. Cela veut dire enfin que nous avons le droit de choisir, de nous développer et de vivre en accord avec nous-mêmes, et de partager avec les autres sans avoir à nous excuser.

Voici un poème qui affirme cela puissamment, de la manière la plus simple et d’une façon si impressionnante :
Je ne suis ni un sacrilège ni un privilège
Je peux ne pas être ni compétente ni excellente
Mais je suis présente.

Michèle, la jeune poétesse, y affirme audacieusement :
Mon bonheur, c’est moi,
et pas toi
Pas seulement parce qu’il se peut que tu sois temporaire
mais aussi parce que tu veux que je sois
ce que je ne suis pas.
Je ne puis être heureuse car je change
seulement pour satisfaire ton égoïsme.
De même je ne puis être contente
quand tu me reproches de ne pas penser
selon tes propres pensées,
de ne pas voir comme tu vois.
Tu m’appelles une rebelle
Pourtant chaque fois que j’ai rejeté
tes croyances, tu t’es révolté contre les miennes.
Je n’essaie pas de modeler ton esprit.
Je sais que tu essaies assez fort d’être seulement toi
et je ne peux pas te permettre de me dire qui être
car je me concentre à être moi.

Elle ajoute :
Tu as dit que j’étais transparente
et facile à oublier
mais pourquoi essaies-tu de te servir de ma vie
pour te prouver que tu es?

C’est vrai que nous sommes notre propre bonheur et chaque fois que nous nous éloignons de nous-mêmes, nous sommes conduits au désespoir. Nous ne le trouvons pas dans les autres. Nous ne pouvons pas vivre pour les autres ni les utiliser pour l’affirmation de nous-mêmes. Nous ne pouvons pas toujours être ce que les autres veulent que nous soyons, car ce qu’ils veulent peut ne pas coïncider avec ce que nous sommes, et c’est tout ce dont nous disposons. Nous ne pouvons nous fier qu’à nous-mêmes.

C’est un fait bien simple : nous trouvons peut-être ici la raison essentielle des luttes, des souffrances psychologiques de l’homme. Il est souvent plus facile pour nous de devenir ce que les autres désirent, mais en agissant ainsi, nous renonçons à nos rêves, nous abandonnons nos intérêts et nous les ignorons. Nous éprouvons des sentiments d’abandon, de faiblesse et d’impuissance, sans notre moi authentique. Nous avons tout ce qu’il faut pour devenir ce que nous sommes en réalité et pour réaliser notre moi parfait. Tout ce dont nous avons besoin pour réaliser notre moi, c’est de l’identifier, de le développer et de le vivre dans l’action. Nous devons tout d’abord nous comprendre nous-mêmes, nous accepter avec nos potentialités avant de pouvoir adhérer à la vie ou aux autres.

Nous devons répondre aux appels de la réalisation du moi d’une manière qui soit la bonne, la plus aimante et la plus disciplinée. Nous ne devons avoir aucun désir de contrôler, de posséder ou de dominer ni de permettre aux autres de le faire avec nous. Armés de l’audace de nous tourner vers nous-mêmes et de nous affranchir de la tyrannie de l’extérieur, nous devons choisir notre voie. Nous devons continuer de gagner en sagesse, en force et en liberté d’accepter ou de rejeter, de changer ou de demeurer là sur place, de déranger les autres ou d’être dérangés par eux, de fixer les circonstances ou d’être à leur merci. Nous ne sommes pas des marionnettes manipulées par des forces extérieures : nous devons devenir nous-mêmes une force toute puissante.
(…)
Celui qui essaie d’être lui-même n’y parvient pas sans drame. Des circonstances extérieures à nous continueront toujours de nous frustrer. Nous sommes tellement conditionnés par l’attente du pire que quand nous vivons des moments de paix et d’amour nous ne sommes pas certains de les vivre – l’horreur est juste au coin de la rue pensons-nous. Nous ne pouvons pas arrêter un ouragan, calmer la tempête ou empêcher un être aimé de nous quitter. Notre réaction et notre réponse à ces situations catastrophiques détermineront si nous continuerons à vivre et à accomplir notre épanouissement. Voilà une autre façon de dire qu’une personne qui s’épanouit se sert également de la souffrance et de la joie afin de se déterminer. Ou bien elle abandonne la responsabilité de sa vie à des forces extérieures telles que la société, la famille, les amis ou les amants, ou bien, elle assume la responsabilité à la fois douce et amère de se créer continuellement.

Le rôle de la frustration et de la souffrance

«Chaque moment de lumière et de ténèbres est un miracle.» Walt Whitman

Une personne en plein développement accepte de souffrir comme une inévitable réalité de la vie. En fait, elle doit considérer la souffrance comme un indispensable stimulus de changement. Cela ne veut pas dire qu’elle demande à souffrir où qu’elle attend passivement qu’on la blesse. Elle comprend plutôt que la souffrance ne représente pas seulement un malaise, mais qu’elle peut aussi servir de force positive pour aider à faire croître. Une vie sans souffrance, si une telle vie était possible, ne serait qu’une vie partielle, car la douleur et la joie sont inter-reliées à certains moments, dépendantes l’une de l’autre en certaines circonstances, croissant l’une de l’autre.

Une personne épanouie est consciente que la souffrance émotive est largement causée par elle-même. Elle ne surgit pas, comme on le présume si souvent, de l’action des autres, d’une situation négative ou d’un événement malheureux. Elle est notre réaction personnelle devant ces choses. Ce ne sont pas les autres et les choses qui causent notre malheur. C’est nous-mêmes. Au sens propre, nous sommes directement responsables de notre souffrance. Nous pouvons, ou bien gémir sur notre condition humaine et maudire nos amis, notre famille, la société et Dieu, que nous croyons responsables de tout, ou bien, nous choisissons de l’accepter et de nous vouer à quelque chose de constructif et de personnel afin d’améliorer cette condition. Une décision continuera d’engendrer une souffrance inutile, l’autre y apportera des solutions. Nous pouvons nous sentir désespérément déprimés en pensant à notre vieillesse et à la mort inévitables; nos dépressions peuvent nous priver de connaître d’autres réelles possibilités de la vie; nous pouvons aussi considérer l’existence de ces phénomènes comme des incitations à améliorer maintenant notre qualité de vie.

Un rejet personnel peut être considéré comme une barrière insurmontable et une raison de s’apitoyer et de haïr; ou bien ce rejet est une incitation pour que nous regardions de plus près et de façon plus critique notre comportement; c’est là un moyen pour le corriger et ainsi, de tenter de changer le comportement des autres à notre égard. C’est à nous de faire les choix. Comme Nikos Kazantzaki l’a audacieusement suggéré : «Nous avons nos pinceaux et nos couleurs, peignons un Paradis, et entrons-y.» Ou, si nous choisissons l’enfer, nous devons réaliser que c’est là notre propre choix et donc, nous ne devons pas blâmer nos parents, nos amis, la famille, la société et Dieu. Personne, ni rien, ne peut nous déprimer ou nous causer des souffrances si nous choisissons de ne pas les subir.
(…)
Une personne qui se développe a le courage et la force d’affronter son désespoir. Elle le voit comme un système positif d’alarme qui l’avertit d’agir et de changer; et pas conséquent, le désespoir fait partie intégrante de la croissance. Cette personne sait que la souffrance ne peut pas être évacuée de l’existence. Elle est réelle, elle doit le reconnaître et l’accepter. Ayant fait cela, et ayant appris par elle-même, cette personne est alors libre de (se) pardonner et de ne plus être victime de la souffrance.

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Commentaire : Si l’on transpose le concept à l’humanité dans sa globalité, faut-il s’étonner du chaos actuel? Quel serait le pourcentage d’humains ayant atteint ce niveau de conscience? Un pour cent peut-être?

La cruche à vider déborde de l’ancien et beaucoup de gens refusent d’abandonner ce à quoi ils sont habitués car le changement éveille la peur. Pourtant, c’est une nécessité de l’évolution – individuelle et collective. Mais, nous préférons la sécurité inconfortable à l’insécurité confortable.

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Détachement
«Il est beaucoup plus difficile de ne pas être attaché aux choses que l'on possède que de ne rien posséder. Simplement l'attitude: quand une chose nous vient, la prendre, s'en servir; quand pour une raison quelconque, elle s'en va, la laisser aller et ne pas la regretter.»
La Mère, Ashram Sri Aurobindo  

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