Hommage à Mark Twain

Mark Twain, de son vrai nom Samuel Clemens, 1835-1910. En octobre dernier on a souligné le 100^e anniversaire de sa mort.

Ce grand écrivain américain, philosophe et satiriste, était d’une intelligence et d’une lucidité hors du commun. Il a par ailleurs exercé plusieurs autres métiers, notamment celui de capitaine sur le Mississipi, de typographe et de journaliste. Son roman Huckelberry Finn l’a rendu célèbre, mais on apprécie tous ses ouvrages remplis de finesse et d’humour.

J’aurais bien aimé être sa mère, sa femme, l’une de ses filles, son meilleur ami – voire l’un de ses chats juste pour vivre en sa compagnie… Quel homme! Je ne l’aime pas, je l’adore…

Le gentleman à la moustache en bataille était trop intelligent, irrévérencieux et audacieux pour se laisser blanchir comme les piquets de clôture de Tom Sawyer.

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Mark Twain est reconnu comme le premier écrivain américain de souche. L’auteur a toujours évité le style pompeux, et ses personnages – des esclaves et des fugitifs réputés incultes  – étaient plutôt futés. Ses réflexions sur la foi et les religions  en firent un dieu auprès des athées. «L'homme est un Animal Religieux», écrivait Mark Twain. «Il est le seul Animal Religieux. Il est le seul animal à posséder la Vraie Religion – et plusieurs notamment. Il est le seul animal qui aime son voisin comme lui-même et qui lui tranche la gorge si sa théologie n’est pas straight. Il a fait du globe un cimetière en essayant sincèrement d’aplanir le chemin de son frère vers le bonheur et le paradis… Les animaux supérieurs n'ont aucune religion. Et l’on nous dit qu'ils seront exclus de l’Au-delà. Je me bien demande bien pourquoi? Cela semble d’un goût douteux.»

Ceci nous amène vers un des aspects le plus ignoré de l’héritage de Twain : il fut le premier à militer en faveur des droits des animaux (en passant, il a aussi milité en faveur des droits des femmes). Les animaux ont  toujours été au centre de ses écrits, de sa première histoire à ses dernières. Son personnage Huckleberry Finn éclate en sanglots en regardant le corps inanimé d'un oiseau chanteur qu'il a tué pour le sport, se jurant qu’il n’en tuerait plus jamais d’autres. Inspiré par Darwin, Twain observa les animaux partout où il voyagea; mais, à la différence d’autres auteurs, il décrivit plutôt leurs personnalités distinctes, qu’il s’agisse d'un caniche, d'un merle ou d'un chameau. Plusieurs de ses essais connexes sur les animaux, qui n’ont pas été publiés à sa mort, ont été mis en lumière dans une récente biographie intitulée «Mark Twain's Book of Animals». Walt Disney s’inspira de la vision empathique et humaniste de Twain envers les animaux pour créer les films Bambi et Dumbo qui exhibaient la cruauté et la brutalité entourant l’univers de la chasse et du cirque.

Sa passion envers les animaux lui venait de sa mère, Jane, qui adoptait des chats abandonnés en grand nombre, et qui n’hésitait pas à vilipender les hommes qui battaient leurs chevaux sur la rue St Louis avant la Guerre Civile. Twain devint hanté par les chats lui aussi; sa fille Susy disait : «La différence entre papa et maman c’est que maman aime les moralistes et papa aime les chats.» Twain ne pouvait pas passer à côté d’un chat sur la rue sans s'arrêter pour faire sa connaissance. Il était heureux de voir que ses deux filles avaient la même compassion envers les animaux; elles répétaient agressivement les tirades de leur grand-mère aux méchants conducteurs de chariots.

Les sentiments de l’auteur envers les animaux  allaient bien au delà des écrits et des gestes quotidiens. Durant ses dernières années, il a publié de nombreux pamphlets pour différents groupes de protection des animaux – notamment au sujet de la tauromachie et de la vivisection (expérimentation sur des animaux vivants). Twain a écrit : «Peu importe si la Vivisection obtient des résultats utiles à la race humaine ou non. Le fait de savoir que les résultats puissent être profitables n'enlèvera rien à mon hostilité à son égard. La souffrance infligée à des animaux non consentants est à la base de mon hostilité, et ne nécessite aucune autre justification. Ce sentiment fait tellement partie de ma nature et est si profondément enraciné, que je suis sûr que je pourrais regarder un vivisecteur se faire vivisecter avec une sorte de satisfaction mitigée.»

Source : www.twainquotes.com 

Florilège de citations

Tant de sang a été versé par l'Église en raison d'une loi absente de l’Évangile : «tu resteras indifférent à la religion de ton voisin». Pas uniquement tolérant, mais indifférent. Plusieurs religions se réclament de la divinité, mais aucune n'est suffisamment magnanime ou suffisamment  divine pour ajouter cette nouvelle loi à son code. (A Biography) 

La religion est un ensemble de choses que l'homme moyen pense vraies, et dont il aimerait être certain. (Notebook, 1879)

Peu importe qu’il soit blanc, noir, jaune ou indien. Il suffit qu’il soit un homme, il ne peut rien être de pire.

Si vous nourrissez un chien affamé il ne vous mordra pas. C’est la principale différence entre un chien et un humain. (Wilson Pudd'nhead Calendrier)

C'est par favoritisme qu'on entre au paradis. Si c'était au mérite, mon chien y entrerait tout de suite et moi je resterais dehors. (Mark Twain, a Biography)

De toutes les créatures qui ont été faites, l'homme est la plus détestable. De la couvée entière, il est le seul - le seul et unique – à être doué de malice. C'est le plus vil de tous les instincts, des passions et des vices - le plus odieux. Et - de toute la liste – c’est la seule créature dont l’esprit est aussi méchant. (Mark Twain's Autobiography)

Si l'on pouvait croiser l'homme et le chat, cela améliorerait probablement l'homme, mais sûrement pas le chat.

Si un homme aime les chats, je suis son ami et camarade, sans autre forme d’introduction. (An Incident, ‘Who Is Mark Twain?’)

Les gens de gauche inventent sans cesse de nouvelles idées, et quand elles sont usées, les gens de droite les adoptent.

Il faut s'empresser d'acheter de la terre car on n'en fabrique plus.

Octobre est un mois particulièrement dangereux pour spéculer en bourse. Mais il y en a d'autres, particulièrement juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février.

Si on m'interdit de fumer le cigare au ciel, je n'irai pas, tout simplement. C'est tout décidé.

Je n'aime pas l'idée d'avoir à choisir entre le ciel et l'enfer : j'ai des amis dans les deux endroits.

Les murs des cimetières sont une dépense inutile. Ceux qui sont dedans ne peuvent en sortir, et ceux qui sont à l'extérieur ne veulent pas y entrer.

Quand je mourrai, je choisirai le paradis pour le climat, et l'enfer pour la bonne compagnie...

Le lit est l'endroit le plus dangereux du monde. En effet, 99% des gens y meurent.

In religion and politics, people’s beliefs and convictions are in almost every case gotten at second hand, and without examination.

Civilization is a limitless multiplication of unnecessary necessities.

Work consists of whatever a body is obliged to do. Play consists of whatever a body is not obliged to do.

A human being has a natural desire to have more of a good thing than he needs.

The fear of death follows the fear of life.

A man who lives fully is prepared to die at any time.

When we remember we are all mad, the mysteries disappear and life stands explained.

The worst loneliness is not to be comfortable with yourself.

Truth is more of a stranger than fiction.

Forgiveness is the fragrance that the violet sheds on the heel that has crushed it.