Pourquoi
cette action? «Une action réaliste pour déranger le quotidien qui nous tue. L’urgence
d’être entendu quand seuls les lobbies le sont.»
Photo :
Olivier Jean, La Presse
Mardi soir :
Manifestation d’Extinction Rebellion :
41 arrestations pour entrave à Montréal
Malgré tout,
le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a tenu à préciser qu’il
s’agissait bien d’une manifestation pacifique, et qu’aucune violence n’a été
constatée.
Rappel :
Coup d’éclat pour le climat sur le
pont Jacques-Cartier
Alexandre
Shields
Le Devoir / Environnement
| 8 octobre 2019
Plutôt
méconnue au Québec, l’organisation écologiste internationale Extinction
Rebellion a trouvé le moyen de faire parler d’elle mardi matin.
Les activistes ont escaladé la structure
centrale du pont avant même que le soleil ne se lève, avec l’intention d’y
déployer une banderole dénonçant le projet de pipeline Trans Mountain, racheté
par le gouvernement Trudeau, mais aussi le projet de terminal gazier Énergie
Saguenay, soutenu par le gouvernement Legault.
L’organisation, qui dit compter près de 500
regroupements dans une cinquantaine de pays, exige d’ailleurs une réduction
draconienne des émissions de gaz à effet de serre, «l’arrêt immédiat de la
destruction des écosystèmes océaniques et terrestres» et la mise en place de
mesures pour assurer «une transition juste et équitable».
Qui est Extinction Rebellion? (1)
Alexandre
Shields
La Devoir / Environnement
| 8 octobre 2019
Professeur au
Département de science politique de l’UQAM, le politologue Francis Dupuis-Déri estime qu’il était «prévisible» de voir des organisations
prôner une telle «diversité de tactiques», y compris la désobéissance civile.
Il rappelle que la science climatique nous
prédit une catastrophe de grande ampleur depuis quelques années. Or,
ajoute-t-il, la réaction des décideurs politiques n’est tout simplement pas à
la hauteur. «Dans ce contexte, on peut se demander quelle doit être la réponse
adéquate des citoyens. Lorsqu’on constate l’ampleur du problème, je ne vois pas
pourquoi la réaction ne se traduirait pas par des actions d’éclat.»
«Considérant ce qu’on a vu comme
mobilisation au cours des derniers mois, de la part de la jeunesse, autour de
l’enjeu climatique, il me semble évident que, dans les prochains mois et dans
les prochaines années, il y aura des actions qui vont dépasser la manifestation»,
poursuit Francis Dupuis-Déri.
Des gestes d’éclat pourraient-ils nuire à la
mobilisation pour le climat au Québec? «Il y a des gens qui sont plus sensibles
à des actions de désobéissance civile. On l’a bien vu au Québec, en 2012,
puisque c’était un enjeu très polarisant. Le Québec et les médias n’ont pas une
bonne compréhension de ce qu’est la désobéissance civile. Mais un mouvement
social sera plus large s’il diversifie ses tactiques.»
L’écoterrorisme est-il un réel danger
au Canada?
Alexandre
Milette-Gagnon
ICI
Colombie-Britannique-Yukon | 30 août 2019
[...] Ayant
fait son apparition à la fin des années 1970 pour qualifier une forme
d'opposition à l'industrie forestière et minière, le terme «écoterroriste»
devrait être utilisé avec modération. La visibilité que connaît la cause
environnementale dans les médias et le manque de précision de l'analyse de certaines
données en lien avec l'activité humaine devraient être pris en compte.
«Les populations occidentales sont de plus
en plus réactives, et le système dans lequel nous vivons fait en sorte que nous
voulons tout, tout de suite. [...] Le sentiment d'inaction devient absolument insupportable»,
avance Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le
renseignement (Cf2R) et auteur d'un livre sur le sujet. «Bien sûr, ce qui se
passe en Amazonie est absolument inadmissible [et] la torture sur les animaux
[aussi]», affirme-il.
Le gouvernement fédéral, lui, se tient aux
aguets. Dans son plan de lutte contre le terrorisme publié en 2012, Sécurité
publique Canada a inclus un passage traitant d’actes extrémistes
environnementaux, qui, dit-on, demeurent une réalité au pays, mais sans donner
plus de détails.
Sécurité publique Canada a décliné notre
demande d'entrevue, mais affirme par courriel que «les organismes d’application
de la loi, y compris la Gendarmerie royale canadienne (GRC), surveillent et
répondent de manière constante à toutes les menaces possibles à la sécurité
publique, indépendamment de leur idéologie».
Le professeur en science politique à l'UQAM et
écrivain Francis Dupuis-Déri se fait
critique à l'égard des guides qui comparent l'extrémisme écologique à d'autres
idéologies. Ces parallèles avec les mouvements radicaux religieux ou d'extrême
droite sont ridicules, selon lui.
«Cette comparaison permet d'amalgamer des
choses qui, selon moi, d'un point de vue politique, n'ont absolument aucun
rapport. Si les autorités ont pour
mandat de protéger la population, [il apparaît] clairement [que] ce qui menace
la population [...] ce sont ceux qui produisent cette pollution et non pas les
mouvements écologistes», explique M. Dupuis-Déri.
«Les
écologistes, par principe, respectent la vie humaine, la vie animale et même,
dans certains cas, la vie végétale, croit quant à lui Francis Dupuis-Déri. Il y a des milliers de scientifiques qui
nous disent : "Ça va très très mal". Cela peut engendrer un sentiment
de peur qu'il appelle écoanxiété.»
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(1) Mise en
garde : l’article suggéré pourrait vous déprimer; attendez d’être dans un état
d’esprit relativement optimiste... Tout le monde passe au rouleau-compresseur,
même le média de gauche The Intercept –
là j’avoue que j’ai freiné des quatre fers...
Mais bon, je continue de penser qu’il est
important de savoir ce qui passe dans les coulisses, que l’ignorance infantilise et victimise, et que la connaissance responsabilise et donne le pouvoir de choisir.
Dans cet article intitulé Greta Thunberg, Extinction Rebellion et le
mouvement pour le développement durable, on apprend que le mouvement «Extinction
Rebellion s’inscrit dans la veine de ce courant soi-disant écologique qui
promeut l’idée d’une civilisation techno-industrielle verte, bio, carboneutre
et démocratique, certains locaux ne partagent pas cette perspective illusoire
et indésirable. Perspective très utile, en revanche, pour rassurer les
foules : pas de panique, une civilisation industrielle bio et démocratique
existe, elle finira donc par s’imposer d’elle-même, ou grâce aux activistes qui
réussiront à forcer la main de nos dirigeants. ... Une civilisation
techno-industrielle bio et démocratique, ça n’existe pas.»
On apprend aussi que «Extinction Rebellion
est financé par un groupe de richissimes philanthrocapitalistes états-uniens qui
a fait don de près d’un demi-million d’euros à l’organisation britannique et à
d’autres groupes d’étudiants en grève pour le climat, et promet que des
dizaines de millions d’euros de dons vont suivre dans les prochains temps. L’homme
d’affaire, investisseur, entrepreneur et philanthrope Trevor Neilson affirme
que ce fonds servira à soutenir des actions non-violentes légales : Il fournira des ressources aux activistes
populaires qui cherchent à disrupter [sic] le statu quo de manière non-violente
afin de demander aux gouvernements de déclarer un état d’urgence climatique et
de mettre en place les politiques adéquates pour gérer cette crise.
Ce que tout cela nous montre, c’est
simplement que les ultra-riches, les dominants, continuent de faire en sorte de
contrôler et d’encourager une pseudo-contestation dans le cadre de la société
qu’ils dirigent. Rien de nouveau sous les panneaux solaires photovoltaïques.
Les «politiques adéquates» qu’ils veulent que les gouvernements mettent en
place ne changeront grosso modo rien du tout à la société industrielle
capitaliste dans laquelle nous vivons, n’ont à peu près aucune chance
d’endiguer le désastre en cours, mais rapporterons sans doute beaucoup d’argent
à certains investisseurs, entrepreneurs et hommes d’affaire ayant des intérêts
dans les industries des technologies «vertes», «propres», «renouvelables», dans
le business de la compensation, dans les marchés du carbone, dans l’industrie
de la monoculture d’arbres, ou autre chose du genre. Les objectifs officiels
d’Extinction Rebellion, de la branche originelle du moins (la britannique), ne
sont pas pour rien compatibles avec les objectifs de ces richissimes philanthropes
(«neutralité carbone», «politiques adéquates» que les gouvernements devraient
prendre pour gérer la crise, déclaration d’un «état d’urgence climatique»).
Rien qui menace le moins du monde la société techno-industrielle capitaliste,
ses États et ses entreprises.
Greta
Thunberg et le vaste réseau capitaliste de promotion des illusions vertes –
Peu après son arrivée aux États-Unis à bord du bateau zéro carbone du prince
monégasque Pierre Casiraghi, qui arborait, pour l’occasion, le logo des
Objectifs de développement durable de l’ONU, Greta Thunberg a rencontré la
célèbre journaliste Naomi Klein — une de ses idoles, à l’instar d’Al Gore.
Naomi Klein lui a proposé de participer à
une conférence organisée par le média de gauche progressiste The Intercept,
pour lequel elle travaille. The Intercept est une création de l’organisation
First Look Media, fondée par le milliardaire Pierre Omidyar, à qui l’on doit
eBay.
European Climate Foundation, ou Fondation
européenne pour le climat, une organisation internationale à but (soi-disant)
non lucratif fondée en 2008, dont l’objectif «est de promouvoir des politiques
climatiques et énergétiques qui permettraient [selon elle] de réduire les
émissions de gaz à effet de serre en Europe et l’aideraient à jouer un rôle
international plus important dans la lutte contre le changement climatique».
Cette Fondation européenne pour le climat est, entre autres, financée par le Rockefeller Brothers Fund (qui finance
par ailleurs de nombreuses organisations écolos, dont l’ONG 350(.org)), la Fondation Ikea, Bloomberg Philanthropies, ou encore la Fondation ClimateWorks – elle-même financée par l’ONU, la Fondation Rockefeller, la Fondation Ford, etc.
La grande ONG écolo internationale,
“Conservation International”, est elle-même partenaire de nombreuses
entreprises comme Bank of America, Apple, Hewlett-Packard, HSBC, McDonald’s,
Mitsubishi, Toyota, Chevron, Pacific Gas & Electricity, BP, Shell, Northrop
Grumman, etc.
Et ainsi se suite. Ce qui précède n’est
qu’un minuscule aperçu d’une vaste toile d’intérêts capitalistes, d’un vaste
réseau international de promotion des illusions vertes, de promotion du mythe
d’un capitalisme vert et sympa, d’une société techno-industrielle durable et
équitable.
En revanche, étonnamment, les ONG,
organisations et collectifs écologistes qui s’opposent à l’État, au
capitalisme, et/ou à l’industrialisme, ne reçoivent aucun financement de la
part des ultra-riches et des organisations qu’ils contrôlent, et ne sont pas
les bienvenus dans les médias de masse. La différence entre un pseudo-écologisme
subventionné par les riches et les institutions dominantes, et un véritable
mouvement d’opposition contre ceux qui détruisent le monde.
Quoi qu’il en soit, Greta continue d’écumer
les médias de gauche et progressistes des US où elle propage la bonne parole :
la nécessité de mettre un coup de boost au développement du «développement
durable» (ou capitalisme vert, ou industrialisme vert, c’est la même chose), de
développer massivement les illusions vertes pour tout sauver, la civilisation
industrielle, le climat et les oiseaux.
Cela
dit, il est important de rappeler que manipulée (ou, du moins, fortement
influencée) par son entourage, par ceux qui ont orchestré sa promotion et par
le système techno-industriel capitaliste dans son ensemble (en l’occurrence,
par son aile développement durable), comme nous le sommes un peu tous, il ne
s’agit pas de la blâmer personnellement. Les principaux responsables de cette
mascarade sont les dirigeants et les promoteurs des illusions vertes, du
secteur du développement durable. États, entreprises, fondations privées,
richissimes capitalistes (verts), médias de masse leur appartenant.
En réponse à un
commentaire sur l’article Nicolas Casaux écrit :
16 septembre
2019 à 7 h 53 min
Merci pour cette analyse que je partage
entièrement. J’ai rejoins Extinction Rebellion au Royaume Uni en toute
connaissance de cause de ce greenwashing. Cependant c’est un mouvement qui
permet a de nombreux activistes en herbe de se cultiver, de créer des réseaux,
de s’auto organiser dans une société ultra individualiste consumériste
caricaturale (j’habite Londres). C’est donc un bon début qui va permettre de
politiser et de radicaliser une partie de la population. Indépendamment de ce
que peuvent penser les dirigeants d’ER. À la base, on trouve aussi de nombreux
activistes qui s’opposent à la civilisation industrielle, et peuvent propager
cette critique au sein des militants. [...]
Source :
Greta Thunberg, Extinction Rebellion
et le mouvement durable
Par Nicolas
Casaux
Je suis persuadée
depuis un bon moment que les industries, brunes
et vertes, sont soutenues par les mêmes
multinationales qui financent les deux côtés de la barricade – les écologistes
et les climatosceptiques (à l’instar de l’industrie des armes de guerre qui fournit à la
fois ceux qui attaquent et ceux qui se défendent, c’est plus payant).
Ce qui a achevé de m'en convaincre c’est le
documentaire-choc Burned: Are Trees The
New Coal? sur l’industrie de la biomasse : «L’industrie de la biomasse n’a de vert que les billets de banque que
les spéculateurs en retirent pour répondre à une politique européenne qui n’a
aucun sens. Cette politique fait en sorte que de plus en plus d’arbres sont
abattus aux États-Unis pour fournir l’Angleterre et l’Europe en granules de
bois.» (Derb S. Carter, directeur du North Carolina Southern Environment
Law Center)
Pour en savoir
plus sur la biomasse :
Concernant les
coupes forestières préconisées par la CAQ pour réduire les GES et la
déforestation en Colombie-Britannique pour le marché asiatique :
La goutte qui
fait déborder le vase :
20 pétrolières sont à l'origine du tiers des
GES, selon un chercheur de renommée mondiale
De nouvelles
données révèlent que le tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES)
proviennent de 20 géants du pétrole qui savaient qu'ils causaient des dommages,
selon le chercheur de renommée mondiale Richard Heede.
Selon le chercheur, les 20 compagnies ont
contribué à l'émission de 480 milliards de tonnes d'équivalent dioxyde de
carbone, depuis 1965.
Richard Heede a établi la prémisse que les
producteurs d'énergies fossiles portent la responsabilité des effets néfastes
de leurs produits. Puis, il a entrepris de déterminer ce que ces géants du
pétrole, du gaz et du charbon ont extrait du sol et les émissions de GES qui
ont été produites subséquemment.
Dans son analyse, Richard Heede affirme en
outre que ces entreprises ont poursuivi et accru leurs activités, en dépit du
fait qu'elles connaissaient les effets néfastes qui en résultaient pour la
planète.
«Certes, affirme
le chercheur, c'est l'ensemble des consommateurs, des individus aux
entreprises, qui sont ultimement les émetteurs de gaz carbonique. Mais nous
nous sommes concentrés sur les entreprises d'énergies fossiles qui, à notre
avis, ont produit et mis en marché les carburants fossiles pour des milliards
de consommateurs, en sachant que leur utilisation comme prévu aggraverait la
crise climatique.
Comme on dit :
DE NOS JOURS, POUVOIR FAIRE CONFIANCE À
QUELQU’UN EST UN MIRACLE!
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