Les leaders répètent «sans rire» les clichés
de leur «ligne de parti» et allongent des promesses à la guimauve, faciles à
tenir, mais qui pourraient griller au premier feu de camp.
Le PCC promet
plus d’argent de poche – une tirelire
de pièces de 1$ et 2$ sonnantes et pesantes? Ce parti étant nataliste, les familles devraient recevoir
des prestations parentales et de maternité libres d’impôt. Le PLC, promet une majoration
des prestations de la sécurité de la vieillesse et des veuves et des veufs – jusqu’à
729 $ de plus par année dans les
poches des retraités âgés de 75 ans.
Le bon peuple devrait applaudir.
La protection de l’environnement? Mis à part
le Parti vert, aucun espoir d’une évolution minimalement favorable, même si tous
les candidats savent pertinemment que la route des énergies fossiles mène à un planétaricide au premier degré.
Les candidats auront-ils la lucidité, la conscience
et le courage de résister aux grands lobbies industriels (bruns et verts) qui
défendent des intérêts particuliers et corporatistes aux dépens de l’intérêt
général?
L’ignorance infantilise et victimise, la connaissance responsabilise et donne le
pouvoir de choisir.
Photo : Presse canadienne. Six chefs participeront au débat : Justin Trudeau, Andrew Scheer, Jagmeet Singh, Yves-François Blanchet, Elizabeth May et Maxime Bernier, demain 10 octobre 2019, sur Radio-Canada Télé et ses autres plateformes :
Aide-mémoire
pour évaluer les performances des candidats
La communication perverse
La mise en place
de l’emprise utilise des procédés qui donnent l’illusion de la communication –
une communication particulière, non pas faite pour relier, mais pour éloigner
et empêcher l’échange. Cette distorsion de la communication a pour but
d’utiliser l’autre. Pour qu’il continue à ne rien comprendre au processus en
cours et le rendre confus, il faut le manipuler verbalement. Le black-out sur les informations réelles
est essentiel pour réduire la victime à l’impuissance. Même verbale, même cachée, étouffée, la
violence transpire à travers les non-dits, les sous-entendus, les réticences.
Caractéristiques :
• Refuser la
communication directe (éluder, refuser d’écouter)
• Déformer le
langage (rester flou, imprécis)
• Mentir
(sous-entendus et non-dits, dire sans dire pour semer la confusion)
• Manier le
sarcasme, la dérision, le mépris (l’arme du faible)
• User du
paradoxe (semer le doute, divulguer pour déstabiliser, transférer la culpabilité)
• Disqualifier (enfoncer
l’autre pour mieux se rehausser)
• Diviser pour
mieux régner (semer la dissension, provoquer des rivalités)
• Imposer son
pouvoir (dominer sournoisement)
Source :
Le harcèlement moral; la violence
perverse au quotidien, Marie-France Hirigoyen, psychiatre et auteure
Plaidoyer pour l’abstention
Leïla
Jolin-Dahel
Le Devoir /
Politique | 3 octobre 2019
Les citoyens
qui délaissent les urnes seraient en fait plus engagés politiquement que
certains exerçant leur droit de vote tous les quatre ans, d’après Francis
Dupuis-Déri, qui signe un essai se voulant un véritable plaidoyer pour
l’abstention.
«Les abstentionnistes expriment et défendent
leurs idées politiques, que ce soit dans des syndicats, dans des groupes de
quartier, des groupes de gens, de militants anticapitalistes, antiracistes,
écologistes, de femmes», lance-t-il en entrevue au Devoir.
Contrairement au mythe qui veut que les
abstentionnistes fassent preuve d’apathie politique, ces derniers exercent
selon lui plutôt leur réflexion ou leurs actions politiques en s’impliquant
davantage dans leur communauté, avance le professeur de science politique à
l’Université du Québec à Montréal. [...]
Mille raisons de s’abstenir
M.
Dupuis-Déri relève que, tout comme lui, nombre d’abstentionnistes considèrent
que «le peuple est dépossédé de son pouvoir à travers les élections». Ainsi,
le fait de voter devient «faux, un mensonge, une illusion», car une minorité
d’élus décident pour une majorité de gens à leur place.
Parmi les autres raisons invoquées par les
abstentionnistes, l’auteur observe également que des citoyens cessent de voter
parce qu’ils ne se reconnaissent dans aucun parti ou parce qu’ils considèrent
que soit «les politiciens sont un peu tous pareils, soit ils se préoccupent
avant tout de leur propre carrière. Ils ne respectent pas leurs promesses ».
Plusieurs de ces personnes désillusionnées du système parlementaire trouvent
selon lui « ridicule» de continuer de voter «pour le moins pire des partis
par défaut, en se bouchant le nez». [...]
Une réforme qui ne change rien
La semaine
dernière, la Coalition avenir Québec a annoncé qu’elle va demander par
référendum aux Québécois de lui donner le feu vert pour l’instauration d’un
mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire avec listes régionales. Une
proposition que M. Dupuis-Déri qualifie d’«aristocratie élective», qui
revient à porter une élite issue des classes sociales moyennes et supérieures
au pouvoir, qui gouverne en étant élue par une minorité de l’électorat. Il
concède toutefois que ce système réformé serait «plus équilibré» que le
scrutin uninominal majoritaire à un tour, actuellement utilisé au Québec et au
Canada.
S’il n’en tenait qu’à lui, cependant, il n’y
aurait pas de Parlement au Québec. Il plaide pour une société où les
communautés seraient gérées de manière décentralisée, où les décisions seraient
prises de manière autonome dans des assemblées générales. «Pas du tout dans
des termes supercentralisés, superhiérarchisés avec quelqu’un qui prend des
décisions pour sept millions de personnes au Québec et pour 35 millions de
personnes au Canada», signale-t-il.
Pour Francis Dupuis-Déri, la démocratie
existe quand un peuple peut se gouverner directement. Il estime que les
parlementaires ont «usurpé» le mot «démocratie» pour «justifier
l’usurpation du pouvoir du peuple». «Le fait que tous les partis qui
promettent de réformer le mode de scrutin renient leur promesse une fois au
pouvoir démontre très clairement que les parlementaires sont avant tout obsédés
par le pouvoir et les avantages qu’ils en retirent», lâche-t-il.
Nous n’irons plus aux urnes : plaidoyer pour l'abstention
Francis
Dupuis-Déri, Lux éditeur, Montréal, 2019, 192 pages
En complément
Extrait du dernier
texte publié par Jack Kerouac de son vivant. Un article repris en 1993 dans Good Blonde & Others, parut d’abord
sous le titre «Après moi, le déluge», en réponse à un questionnaire, dans le
Chicago Tribune Magazine du 28 septembre 1969.
(À noter que les électeurs n'ont droit
qu'à des soupers spaghetti ou à des hot-dogs quand les candidats s’invitent dans
les comtés pour les courtiser)
Dîner de gala politicard
Mais à
présent, où dois-je me tourner? Oh, je sais, je vais me diriger vers les
«échelons supérieurs» de la Société Américaine [...] et comprendre que
l’apparence fait l’homme, tout comme l’habit fait le moine, et courir à un
dîner de gala politicard.
Président de la Commission des Finances,
Directeurs de la Santé publique, Présidents de Commissions, Directeurs Adjoints
de la Planification Régionale, Directeurs des Centres de Voisinage,
Présidents-directeurs des Banques, Présidents des Sous-comités de Réinsertion,
Planificateurs du Plan d’Occupation des Sols, Membres des Comités d’Éthique,
Entrepreneurs de la Commission des Services Publics, Directeurs de
l’Administration des Autoroutes, journaleux locaux, porte-paroles, plaideurs,
applaudisseurs, assistants et femmes en organdi, 2 500 dollars de nourriture et
5 000 dollars d’alcool et la part du traiteur cadeau, pour un «déjeuner»,
déductible d’impôts, retransmis à la télévision aux nouvelles du soir dans un
spot de 15 secondes pour montrer à quel point ils savent bien faire les choses.
À vos frais.
Ici chaque poignée de main, chaque sourire,
chaque applaudissement foireux rayonne d’hypocrisie, de luxure et de
concupiscence politique, un braiment de niais mélodieusement appuyé par un
ronronnement neurologique horrible de vénalité accompagné par le chœur
d’enclume des couvercles de poubelles cognés sur des filets mignons à peine
touchés et qui ne vont même pas aux chiens, encore moins aux enfants affamés
des «électeurs» absents.
Les invités du banquet, les politicards et
leur entourage souriant en robes et costumes scintillants, tous brasseurs de
paperasse, ploutocrates flagrants avec pattes de derrière et pattes de devant
rassemblées, nouveaux riches de la veille, seraient même encore plus fiers
s’ils pouvaient obtenir des «hippies parasites et non productifs» qu’ils
travaillent à la construction d’une nouvelle route et fassent la cuisine et la
vaisselle à ces galas de bienfaisance de sorte que ces sales paumés puissent au
moins faire quelques contributions en liquide ou, mieux, payer des impôts pour
permettre aux brasseurs de paperasse, de commander plus de papier et de
photocopieuses avec lesquels ils pourraient, maintenant exubérants, former
une commission de «planification» (pour une durée de trois ans, se consacrant à
la pollution, au sexe, choisissez quoi que ce soit de bien sale) tout en
s’asseyant et en admirant la vue sur leur pelouse où tous les arbres que seul
Dieu peut faire ont été abattus en même temps que les nids des oiseaux.
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