Les abstentionnistes se font souvent
dire que, s'ils ne votent pas, ils n'ont pas le droit de se plaindre. Que
répondez-vous à ça?
Francis Dupuis-Déry : «Cet argument est
fallacieux, car il n'y a aucun lien entre le vote et la liberté d'expression, y
compris la liberté de critiquer le gouvernement. Cela dit, je suis d'accord
avec l'humoriste irrévérencieux George Carlin : Les abstentionnistes n'ont pas participé à l'élection du gouvernement
et nous avons donc le droit de le critiquer, ainsi que l'électorat qui l'a élu.
Les électeurs devraient pour leur part s'excuser de l'avoir élu ou d'avoir
participé au cirque électoral.»
Un
argument qui revient souvent, c'est aussi le rappel que des gens sont morts
pour le droit de vote...
Francis Dupuis-Déry : «Oui, dans
certains pays. Mais les parlementaires ont aussi fait massacrer bien des gens
qui voulaient s'organiser politiquement sans chef et sans Parlement, de manière
autonome et égalitaire. Les parlementaires ont aussi ordonné le massacre de
milliers de civils, y compris des enfants, lors de guerres menées au nom de la
démocratie.»
Article
intégral : Ils refusent de
voter, et voici pourquoi
Par
Thomas Gerbet, 19 octobre 2019
Pour
ma part, le temps et l’argent gaspillés pour cette mascarade me scandalisent. Un
outrage envers les démunis, et envers la minorité intelligente.
Les Canadiens se prétendent plus intelligents que les Américains (réf. élection de Trump), nous verrons si c’est
vrai mardi matin.
Voici un
geste qui en dit long sur l’éthique du vertueux catholique Andrew Scheer. Cela s’ajoute
à la liste des raisons pour lesquelles plusieurs n’en veulent pas comme premier
ministre. Scheer répond rarement par oui ou par non. Si une chose est fausse on le dit; si elle est vraie, on ment avec aplomb comme Trump.
Scheer refuse de confirmer si le PCC a engagé une
firme pour salir le parti de Bernier
Le Parti
populaire du Canada a déposé une plainte auprès d'Élections Canada.
Le chef
conservateur, Andrew Scheer, a refusé à de multiples reprises samedi de dire si
son parti a bel et bien engagé une firme de communications politiques pour
ternir l’image du Parti populaire (PPC) et de son chef, Maxime Bernier.
Pressé par les journalistes d'expliquer les
circonstances qui ont mené le Parti conservateur à faire appel aux services de
l’ancien stratège libéral Warren Kinsella dans la campagne électorale, comme
l'ont révélé CBC/Radio-Canada et le Globe and Mail, Andrew Scheer n’a eu qu’une
seule réponse : «Notre parti ne fera pas de commentaires sur les contrats qu’on
a [conclus] ou non.» Appelé à clarifier pourquoi il refusait de donner plus de
détails, le chef conservateur a répété la même phrase, ajoutant qu’il s’agissait
«d’un enjeu interne du parti». La veille, un porte-parole du Parti conservateur
avait aussi refusé de commenter l'affaire, relayant sensiblement le même
message.
“One day
you'll realize that the people capable of running the country are too smart to
get into politics.” ~ Jim Unger, caricaturiste
À l’émission
Enquête (jeudi 17 octobre 2019) :
Électeurs sous surveillance
Les
partis politiques utilisent nos données numériques personnelles pour nous
influencer. Après des semaines de porte-à-porte et d’annonces publicitaires
pour tenter d’influencer le vote, les Canadiens feront leur choix lundi. Mais
derrière cette campagne sur le terrain se livre une autre bataille loin des
yeux des citoyens : la guerre des données. Que savent les partis politiques à
votre égard et comment utilisent-ils vos renseignements personnels pour tenter
de vous influencer? Pourquoi les partis politiques ne sont-ils pas soumis à une
loi pour protéger vos renseignements personnels? Sans doute avez-vous reçu la
visite ou l'appel d'un candidat ou de ses représentants. Et de nos jours, c'est
plus qu'une démarche de courtoisie comme le démontre le reportage de notre
équipe.
Dans
le même ordre d’idée :
The
Great Hack | Erin Barnett, Karim Amer, Pedro Kos 2019 | 1:53:07 (En anglais)
The Great Hack est un compte-rendu d’anciens
employés de la société Cambridge Analytica qui a utilisé d'énormes quantités de
données personnelles extraites de portails tels que Facebook pour manipuler les
élections en Inde, au Kenya, à Malte, au Mexique, au Royaume-Uni et aux
États-Unis (élection de Donald Trump) au cours de la dernière décennie. Ce
documentaire révèle les stratégies frauduleuses de l’entreprise qui existe toujours mais sous la bannière Emerdata Limited dans le même bureau
de Londres.
Anti-avortement 2.0
La
nouvelle génération de militants anti-avortement a vraiment compris comment
parler aux jeunes. À la grandeur du pays, une nouvelle génération de militants
anti-avortement monte aux barricades. Ils sont plus éduqués, mieux outillés et
surtout plus stratégiques que leurs prédécesseurs. Ils ne réclament pas la
re-criminalisation totale et immédiate de l’avortement. Ils veulent l’éliminer
petit à petit, une bouchée à la fois. Le recul de l’avortement dans plusieurs
pays d’Europe et aux États-Unis les galvanise. Nous sommes allées à la
rencontre de ces militants qui font le pari que les Canadiens sont beaucoup
moins pro-choix qu’on ne le pense.
ou
Péril en la demeure : le fanatisme religieux
conservateur
Nous
n’avons aucune assurance tous risques contre le tsunami chrétien évangélique
nord-américain qui traverse notre poreuse frontière, particulièrement dans les
provinces de l’Ouest et les Maritimes. Andrew Scheer incarne ces idéologies
d’extrême droite. Personne ne croyait que Donald Trump allait emménager à la
Maison-Blanche. Et pourtant...
Les
fanatiques de RightNow et We Need a Law réveillent la guerrière virtuelle
en moi. Prenons le cas d’une fille de 14 ans violée par son père incestueux ou par
le pédophile d’à côté, eh bien elle pourrait ne pas avoir droit à l’avortement.
En Alabama les interruptions de grossesse ont été presque totalement interdites. En Arkansas, les
géniteurs, incluant les violeurs, doivent donner leur permission; s’ils refusent ils peuvent même obtenir
la garde de l’enfant. Quelle indécence! Ce coup de poignard asséné aux femmes
par le féroce bastion républicain de mâles blancs, chrétiens et misogynes, ne
fait que mettre la vie des femmes en péril, car l’interdiction favorisera les
avortements clandestins et les auto-avortements.
Au Canada, l’avortement pour
des raisons thérapeutiques fut légalisé en 1969, puis il fut décriminalisé en 1988, et au Québec, il devint accessible gratuitement via le système de santé en 2006. Auparavant, les
femmes utilisaient des aiguilles à tricoter ou des cintres, ingéraient des
drogues et des produits toxiques pour s’auto-avorter ou allaient voir des
charlatans (des bouchers). Quelle que soit la méthode, dans les années 60
l’avortement était la principale cause d’hospitalisation chez les femmes –
hémorragies, blessures, empoisonnements, graves infections, etc. En 1962 on a
répertorié 57 000 hospitalisations pour cette raison; plusieurs femmes ont même
perdu la vie.
Un droit assiégé
Agnès
Gruda
La
Presse, 13 juillet 2019
Si
notre époque nous enseigne quelque chose, c’est qu’il ne faut tenir aucun droit
pour acquis.
Prenez le droit à l’avortement. Aux
États-Unis, la question semblait réglée depuis le fameux jugement Roe c. Wade
qui a légalisé l’avortement. C’était en 1973 et la question semblait tranchée
une fois pour toutes.
Et pourtant, 46 ans plus tard, le droit pour
une femme de mettre un terme à une grossesse non désirée est attaqué de toutes
parts. Et cette offensive s’accélère à la vitesse grand V. Depuis le début de
l’année, 14 États ont voté des lois limitant l’accès à l’avortement, contre 3
États qui ont adopté des législations protégeant ce droit. Le cas le plus connu
est celui de l’Alabama, qui a adopté en mai dernier la loi anti-avortement la
plus restrictive aux États-Unis, interdisant la quasi-totalité des
interruptions de grossesse, incluant les cas de viol et d’inceste.
Selon l’institut Guttmacher, qui compile des
statistiques sur le contrôle des naissances aux États-Unis, seuls 4 États sur
50 protègent véritablement le droit à l’avortement. Les autres ont introduit
toutes sortes de limites légales et administratives qui ont pour effet de
rogner l’accès à ce service médical. Contournant ainsi la décision Roe c. Wade
dont la pérennité n’est plus assurée, depuis que le président Donald Trump a
nommé deux juges conservateurs à la Cour suprême.
Toute la stratégie des militants
anti-avortement passe par une série de grignotages visant, comme cible ultime,
le renversement de cet arrêt historique.
Ailleurs dans le monde, le droit à
l’avortement connaît aussi d’importants reculs. Il y a deux ans, le Conseil de
l’Europe a tiré la sonnette d’alarme en dénonçant une série de «restrictions
rétrogrades» qui font reculer le droit des femmes en matière d’avortement, mais
aussi de contraception. Au banc des accusés : la Russie, la Pologne, la
Slovaquie, Malte, la Géorgie, l’Arménie et quelques autres.
Le Canada a légalisé [décriminalisé] l’avortement
il y a trois décennies. Les tentatives pour limiter ce droit se sont toutes,
depuis, heurtées à un mur. Mais ce n’est pas faute d’essayer. Le discours
anti-choix existe bel et bien chez nous aussi, se fraie un chemin et poursuit
inlassablement sa quête de légitimation. Notamment chez les conservateurs.
La ministre de l’Éducation de l’Alberta,
Adriana Lagrange, est l’ancienne présidente du mouvement «pro-vie» de Red Deer.
Un député conservateur de l’Ontario, Sam Oosterhoff, a participé en mai dernier
à la traditionnelle manifestation annuelle de ce mouvement, et y a annoncé son
désir de voir l’avortement devenir «impensable» encore de son vivant...
L’homme est dans la jeune vingtaine, ça nous
laisse du temps. N’empêche : le mouvement progresse au sein du Parti
conservateur canadien. Selon un décompte de la Coalition pour le droit à
l’avortement, 85 % des députés
conservateurs qui siègent actuellement aux Communes sont des anti-choix. Pas
40, pas 60, mais 85 %. La très vaste majorité.
Le discours anti-avortement, faussement
revêtu de son étiquette «pro-vie», est de plus en plus décomplexé et son
accessibilité sociale augmente, constate la porte-parole francophone de cette
coalition, Marianne Labrecque. Elle cite les groupes qui militent pour forcer
les jeunes femmes mineures à exiger le consentement parental pour pouvoir mettre
un terme à une grossesse. La multiplication d’organismes qui se présentent
comme des groupes d’aide aux femmes enceintes, mais qui, en réalité, militent
contre le libre-choix. Les nombreux projets de loi privés visant à «donner des
droits au fœtus». Ou encore la démarche judiciaire lancée, au Québec, par la
Dre Roselyne Lebel pour contester les dispositions légales interdisant aux
groupes anti-choix de s’approcher à moins de 50 mètres d’une clinique qui offre
des services d’interruption de grossesse. À l’échelle canadienne, un groupe
très organisé, RightNow, milite pour faire élire des députés anti-choix au
prochain scrutin fédéral, cet automne.
Suite :
Le plus insidieux des Pros
Catherine
Éthier / Opinions (La bise)
Montréal
Métro 11 octobre 2019
Virevents
et pieds pointés. Au moment où j’écris ces menues lignes, le dernier débat des
chefs n’a pas encore eu lieu. Bon, s’imaginer six paninis hurler en même temps
pendant deux heures en espérant avoir transmis à l’électorat leur sentiment
transi à l’égard du fait que leur adversaire est juste un «gnéseux» n’est pas
pure réjouissance.
Des gens qui hurlent en même temps. Voilà
outil qui aide à planter sa graine du 21. Heureusement, HEUREUSEMENT, parfois,
certaines bouches s’expriment en un rare solo et nous éclairent sur le nectar
d’un candidat.
J’aimerais m’attarder à M. Scheer, panini
conservateur. Lors du dernier face-à-face à TVA, ce bon bougre de monsieur a
révélé au monde son exquise capacité à maintenir sourire chérubin qu’importe ce
qui sort de sa petite bouche en cœur.
Tout sourire, quels que soient ses états d'âme...
Au-delà
de son faciès pur bonheur 24/7, c’est un des souffles ravis qui s’est échappé,
de peine et de misère, de la petite bouche de M. Scheer qui m’intéresse, ce
souffle discret où il affirma du bout des lèvres avoir toujours été
«personnellement pro-vie», parce qu’alléguer être anti-avortement, c’est moins
broadcast.
La jolie nuance.
Une nuance qui semble tout changer. La force
d’un chapelet de mots en habit de Pâques qui espère, dans sa robe à frills,
qu’on opinera du canotier en célébrant tout cet espoir et cette pureté baignée
de lumière pour le bien commun. Pro-vie.
Andrew Scheer n’est pas pro-vie. Personne
n’est pro-vie. Andrew Scheer est pro-accouchement. Pro-«t’as quelque chose dans
le bide? C’est à nous».
La réflexion s’arrête là.
Tant que l’enfant conçu sous les cieux de
bébé Jésus est arraché du ventre d’une femme par des forceps, tout va.
Andrew est pro-naissance.
La vie de l’enfant non désiré, pour des
raisons qui appartiennent à chacune, des raisons tragiques, de santé mentale,
de trop-plein, de trop-tôt ou de survie personnelle, TOUTES des raisons
valides, cette vie, la vie dont il devrait être question, Andrew s’en sacre
bien.
Ce qui arrivera à cet enfant, à cette femme,
à cette famille s’il en est une, ça ne taraude pas son sommeil lové dans un
oreiller de plumes d’oie aux longs cils.
La vie brisée d’une femme et son enfant non
désiré pour, j’insiste parce que les 40 dernières années ne semblent pas avoir
fait vibrer son tympan comme il se doit, DES RAISONS QUI LUI APPARTIENNENT ne
sont plus de son ressort une fois le petit wrappé dans un drap de «flanalette»
à la pouponnière.
«Good job», dirait-il, sans daigner croiser
le regard de celle qu’on aura forcée à mettre un enfant au monde contre son
gré.
Le mouvement anti-avortement fait du chemin
aux États-Unis.
Il en fait aussi, tout doucement, dans ses
chaussures de velours pourpre, au Canada.
Au Québec. Des groupes anti-avortement comme
RightNow s’échinent, au moment où j’écris ces lignes, à faire élire des députés
conservateurs «pro-vie», entsoure de la couverte, faisant assidûment résonner
leur discours de porte en porte jusque dans les agoras d’écoles secondaires,
nombreuses, très enthousiastes.
Ça se passe en ce moment. Nous ne sommes pas
à l’abri. Et c’est chose démesurément terrifiante. L’avortement est un droit de
la femme non négociable.
Mon
utérus. Ta gueule.
La
bise.
Programme
Rad Élections 2019
Accès à l'avortement au Canada
Par
Marie-Eve Maheu, 25 sept. 2019
Photo
: Radio-Canada/Frédéric Lacelle auteur de l'image d'entête
Aucun
parti fédéral ne veut rouvrir le débat sur l'avortement. Mais en coulisses, des
militants anti-avortement s'organisent pour faire élire des députés qui vont
défendre leurs valeurs au Parlement. Marie-Ève Maheu s'intéresse à la stratégie
politique de ce mouvement qui se rajeunit et qui s'organise au Canada.
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