18 septembre 2019

Le Ground Zero forestier mondial

Parmi les théories complotistes, certaines avancent que des extraterrestres malveillants, voire «sataniques», gouverneraient notre monde. Néanmoins, nous n’avons aucune preuve scientifique de l’existence de tels êtres. À mon avis, les humains n’ont pas besoin d’aide extérieure; ils sont très capables de détruire leur environnement de fond en comble de leur propre chef. En ce moment, il existe une pléthore d’humains malveillants qui s’acharnent à exterminer tout ce qui vit sur terre. On invoque souvent l’avidité comme principale motivation. C’est indéniable. Mais, y aurait-il d’autres raisons moins évidentes? Question sans réponse. Je cherche.

Quoiqu’il en soit, le gros cerveau de l’homo sapiens a échoué son test d’intelligence.

En voici une énième preuve.

Les arbres remplacent le charbon dans les centrales électriques  

Les forêts perdent du terrain à une vitesse foudroyante. Le documentaire choc «Burned: Are Trees the New Coal?» m’a jetée par terre, comme un arbre qu’on abat. Je l’ai regardé par petits segments parce que j’étais trop en colère, frustrée et triste de voir ce qu’il y a de plus beau sur terre rasé – songeant aux animaux, aux oiseaux, aux plantes... qui disparaissent simultanément aux arbres. C’est terrifiant.

En résumé, on rase des forêts entières pour fabriquer des granules de bois qui servent à produire de l’électricité. Ce «nouveau» carburant de remplacement au charbon – propre selon les promoteurs – produit davantage d’émissions de carbone que la combustion de charbon. Destruction durable, devrait-on dire car la névrotique industrie verte n’est pas mieux que la névrotique industrie brune (charbon, pétrole, gaz). Ce sont les mêmes multinationales qui achètent des forêts privées ou de la Couronne et gèrent l’économie basée sur la biomasse. Cette fumisterie fonctionne de la même manière que l’agriculture industrielle (à la Monsanto/Bayer) : des monocultures arboricoles arrosées de pesticides et d’insecticides contaminent irrémédiablement les sols et n’assurent pas la captation de carbone comme les forêts naturelles le font.

Photo : Anna Growthrope PA Wire / AP. On compte 200 centrales de biomasse aux États-Unis, et à peu près 3600 à travers le monde; on en prévoit 5700 d’ici 2025.

BURNED: Are Trees the New Coal?

Par Alan Dater et Lisa Merton 2017 | 1:14:24

Ce qu'on appelle la biomasse est un euphémisme pour désigner la coupe à blanc des forêts et l’incinération de granules de bois pour produire de l’électricité. D’abord, on prétend qu'il s'agit d'une méthode verte, durable et bio de création d'électricité, mais ensuite, et plus mensonger encore, on prétend qu'elle est carboneutre et respectueuse de l'environnement. Comment ce procédé est-il devenu le prétendu sauveur de la production d'électricité et, par extension, du mouvement environnemental?

À chaque étape du processus, l'industrie dévaste les forêts, nuit à la santé des communautés et compromet nos chances de résoudre la crise climatique

L'histoire de la destruction accélérée de nos forêts pour en faire du combustible est peu connue, de même que les failles politiques, les énormes subventions et le blanchiment vert flagrant derrière la production de biomasse.
   Dans le Sud des États-Unis, les forêts sont perturbées à un rythme quatre fois plus élevé que dans les forêts tropicales d'Amérique du Sud. Dogwood Alliance a documenté la pression accrue que l'industrie a exercée sur ces paysages fortement déboisés des États du Sud américain. Chaque année, des dizaines de milliers d'acres de forêts sont abattues, transformées en granules de bois, expédiées à l'étranger par le plus grand fabricant mondial Enviva, et brûlées pour produire de l'électricité.
   BURNED a eu un impact profond sur le travail de Dogwood Alliance et sur la diffusion du message. «J'ai suivi Enviva et l'industrie des granulés de bois pendant des années, et j'ai été témoin de la dévastation. Ce documentaire a permis au public et aux décideurs politiques de se joindre à moi dans les enquêtes de Dogwood Alliance sur les coupes à blanc choquantes, de voir la destruction par eux-mêmes et de se poser la question : à quoi ressemble l'énergie propre?», dit Adam Colette, directeur des programmes de Dogwood Alliance. «Nos forêts valent tellement plus quand elles sont debout que lorsqu’elles sont brûlées pour produire de l'électricité», ajoute-t-il.
   Dans le comté de Southampton, en Virginie, la compagnie Enviva produit 250 000 tonnes métriques de granules de bois par année...


«L’industrie de la biomasse n’a de vert que les billets de banque que les spéculateurs en retirent pour répondre à une politique européenne qui n’a aucun sens. Cette politique fait en sorte que de plus en plus d’arbres sont abattus aux États-Unis pour fournir l’Angleterre et l’Europe en granules de bois.» ~ Derb S. Carter, directeur du North Carolina Southern Environment Law Center
   Sans réfléchir, les états de l’Union européenne ont décidé de réduire leurs émissions de carbone de 20 % d’ici 2020 en remplaçant le charbon par la biomasse. La grande centrale verte, DRAX Power Station, est la plus grande émettrice de dioxyde de carbone du Royaume-Uni et du monde; elle brûle 7 millions de tonnes métriques de granules de bois par année. Puisqu’elle est largement subventionnée par les fonds publics, les contribuables paient pour augmenter les émissions de gaz à effet de serre et la facture énergétique de leur pays.

Tout le monde devrait voir ce documentaire!
Site Dogwood Alliance :
Ou à cette adresse :

L'exploitation forestière en Caroline du Nord est une urgence climatique

Par Sam Davis, 10 septembre 2019

Notre nouveau rapport conjoint avec le Center for Sustainable Economy met l'accent sur la Caroline du Nord et raconte l'ampleur de la catastrophe climatique que représente l'exploitation forestière dans cet état. Nous espérons reproduire cette recherche pour tous les États du Sud des États-Unis, où les taux d'exploitation forestière sont parmi les plus élevés du pays.


Les faits montrent que la destruction des forêts est une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre et qu'elle aggrave la crise climatique.
   Les habitants de la Caroline du Nord et nos voisins du Sud souffrent déjà du fardeau du changement climatique. Ces derniers jours, après avoir dévasté les Bahamas, l'ouragan Dorian a balayé la côte sud-est et apporté de fortes pluies, des inondations, des ondes de tempête et du vent dans toute la région – y compris sur la côte de la Caroline du Nord et sur les bancs extérieurs, où la tempête a frappé le cap Hatteras. Bon nombre de ces collectivités sont encore en train de se remettre de l'ouragan Florence de l'an dernier et de l'ouragan Matthew en 2016.
[...]
Article intégral (anglais) :

«La compensation du CO2 du bois qui brûle est une façon de compter qui m’a toujours dérangé. Je voudrais plaider pour la remise en question de ce mode de calcul, parce que, associé à d’autres arguments qui parent le bois énergie de toutes les vertus, il favorise l’apparition de nouveaux outils utilisant du bois : les centrales électriques à bois et les chaudières à pellets. Et ces machines font tranquillement changer la dimension de l’utilisation du bois énergie : de «locale et ponctuelle» elle devient «industrielle».
   J’ai donc du mal à partager l’optimisme ambiant sur la capacité de la forêt à assumer cette nouvelle charge, sachant que ce n’est pas la seule charge qui menace la forêt.
   Le bois est bien plus précieux qu’un simple combustible, et il me semble aussi déplacé de le mettre dans une chaudière que de mettre de l’électricité dans un convecteur.
   Et le bois d’œuvre a une qualité supplémentaire sur laquelle il n’y a aucune ambiguïté de calcul : il garde le carbone soigneusement stocké. La forêt mondiale est un jardin partagé, il est déjà trop petit pour nous tous.» (Terra Eco, 2015) 

Avant : 

Photo : Nicholas A. Tonelli 

Après :


Burned n’a pas reçu toute l’attention médiatique qu’il mérite de notre côté de la frontière. Aucune province canadienne n’échappe à la mangeuse de forêts qui n’est pas un insecte mais bien une armée de tronçonneuses. En 2014, le Canada comptait 70 centrales de bioénergie. La capacité de production d’énergie à partir de biomasse provient essentiellement des provinces comptant une activité forestière importante : Colombie-Britannique, Ontario, Québec, Alberta et Nouveau-Brunswick.  


La tendance à exploiter les forêts de la Couronne pour la biomasse, à l’insu de la population, gagne du terrain en Nouvelle-Écosse. Plusieurs suggestions pour contrer le manque de transparence des élus et cette façon d’exploiter les forêts ont émergé de la discussion suivant la projection; vous les trouverez sur ce lien :  

Résumé du documentaire par Bev Wigney. 
Source : Nova Scotia Forest Notes, Nov. 19, 2018  

La Nouvelle-Écosse détruit ses forêts en poursuivant l'illusion de la biomasse
Brûler de vieilles forêts de feuillus pour en faire de la biomasse, c'est de la folie. C'est exactement le contraire d'une gestion responsable des forêts.

Le documentaire Burned traite de l'utilisation non durable des forêts pour créer de la biomasse comme alternative «verte» aux combustibles fossiles. La plupart des forêts et des centrales de biomasse présentées dans le film sont situées dans l'est des États-Unis. Les plus grandes usines de transformation de la biomasse sont situées le long de la côte est ou dans la partie Est du golfe du Mexique. La raison de leur emplacement est que la majorité de la biomasse transformée en granules de bois est expédié à partir de divers ports américains vers l'Angleterre et l'Europe.
   L'énormité de l'industrie de la biomasse dépasse l'entendement. Des multinationales créent des filiales de biomasse et achètent des forêts dans de larges zones de prélèvement. Dès le début du film, plusieurs personnes parlent de la façon dont, au «départ», on leur a fait croire que la biomasse utilisait principalement de l'écorce, des branches et du bois mort. Cependant, ce mythe est rapidement dissipé, car il devient évident que les centrales de biomasse ont besoin de beaucoup plus de bois qu'il n'est possible d'en obtenir avec les «résidus» forestiers typiques.
   Par conséquent, de vastes étendues de forêts ont été rasées pour maintenir les camions forestiers en marche – dans certaines usines, on compte jusqu'à 50 chargements de camions par heure

C'est clair qu'il ne s'agit pas de branches, d'écorce et de bois mort... 

La récolte n'est pas écologique. Dans quelques extraits du film, des biologistes discutent de la façon dont les arbres qui ont de la valeur dans un écosystème forestier – comme les arbres creux qui font partie intégrante d'une forêt naturelle – sont considérés comme des «déchets» pouvant servir à la biomasse. Les images des forêts défrichées sont plutôt choquantes – je m'y attendais – mais c'est quand même choquant. Les effets de la déforestation sont abordés – tels que l'impact sur les bassins versants, le lessivage des nutriments du sol et l'érosion du paysage.
   Le film étudie ensuite l'économie de l'industrie de la biomasse. Celle-ci est fortement subventionnée – selon toute vraisemblance – car autrement, elle ne pourrait pas exister. Si la véritable valeur des forêts devait être «payée», l'industrie ne serait pas viable. Ce qui fait que tout fonctionne, c'est qu'il y a énormément de subventions octroyées à l’«énergie verte» – puisque les pays clament à grands cris qu’ils respecteront leurs engagements à réduire leur consommation de carburants fossiles.
   Cependant, il n'y a rien de «vert» à brûler du bois dans les centrales au charbon converties en centrales de biomasse. La même pollution est répandue dans l'air. Le «mythe» de cette forme d'énergie «verte» repose sur l'idée que, pendant que les arbres sont brûlés, leurs arbres de remplacement (en cours de plantation) absorberont le carbone. Mais, comme tous ceux qui connaissent bien les arbres vous le diront, il faut beaucoup de temps pour que les arbres nouvellement plantés puissent capter et stocker le carbone. De plus, les arbres replantés sont des arbres qui ne compensent pas une écologie forestière naturellement diversifiée – ce sont des «espèces» à croissance rapide qui seront une fois de plus récoltées à une date ultérieure.
   Le film se penche ensuite sur les problèmes de pollution associés à la fabrication et à la combustion des granules de la biomasse. Bon nombre des usines qui brûlent de la biomasse brûlent aussi «d’autres choses» – traverses de chemin de fer en bois créosoté, vieux pneus en caoutchouc, aggloméré toxique, déchets de matériaux de construction – tout cela sous la classification douteuse de biomasse. Ce matin, j'ai fait des recherches sur les sites web des usines ENERGY JUSTICE, et plusieurs classent dans la catégorie «biomasse» de multiples matériaux contaminés et cancérigènes. En conclusion, on ne veut surtout pas vivre à proximité d'une de ces centrales.

Commentaire d’un ou une internaute : «J'avais lu les statistiques sur la perte de forêts associée à l'industrie d'exportation de copeaux dans le sud-est des États-Unis, mais le film nous ramène tout droit chez nous. Difficile de croire à quel point nous (notre société industrialisée) accordons peu de valeur à ces magnifiques forêts de basses terres riches en biodiversité, mais c'est crédible, car il en va de même dans notre forêt acadienne en Nouvelle-Écosse. Je n'oublierai jamais les images des citoyens suffoquant de la combustion des traverses de chemin de fer imprégnées de créosote provenant du Canada

En effet. Au Michigan, le brûlage des traverses de bois créosoté produit un constant nuage de poussière toxique qui se répand sur la ville. On voit la suie sur la neige en hiver, elle colle aux vêtements, l’eau est polluée, etc. Une dame arrose son jardin tous les jours pour l’enlever; elle porte un masque parce que la poussière lui brûle les poumons. Un homme dit qu’il n’ouvre pas ses fenêtres parce que la poussière s'infiltre partout dans la maison. Parlez-moi d’énergie verte!

Et comment ces compagnies obtiennent-elles l’acceptation sociale? Toujours avec le même hameçon : les emplois. La santé, on s’en fout.

Lors d’une consultation municipale, après avoir énuméré tous les pays où TRAXYS Group Worldwide a des installations, un citoyen demande : «Pensez-vous que cette multinationale a la moindre considération pour notre bien-être et notre santé?» 

Un autre citoyen avait fait des caluls : «Avec ce contrat, vous permettez à la compagnie de brûler  20 tonnes de traverses créosotées par heure, ce qui représente à peu près 480 tonnes par jour. Ainsi, l'usine au centre-ville peut brûler les chargements de traverses de 19 camions chaque jour. Vous vous moquez de nous ou quoi? Vous avez négocié ça pour nous, pour notre communauté? En pensant à nous? Parlons des pneus : quatre tonnes par heure. C'est 8000 lb de pneus jetés dans la chaudière. Un pneu pèse 20 lb. Divisez 8000 tonnes par 20 et multipliez par 24 : vous permettez à l'usine de brûler près de 10 000 tonnes de pneus par jour. C'est un incinérateur! C'est terrible! Vous devez jetez votre entente à la poubelle, retourner à vos bureaux et refaire vos devoirs. C'est un incinérateur et notre communauté n'en veut pas. Les citoyens de L'Anse n'acceptent pas ça.»

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