Un convoi de camions s’opposera à Greta Thunberg en Alberta. Glen Carritt, l’organisateur du
convoi «United We Roll» qui s’est rendu à Ottawa en février, a annoncé qu’un
convoi similaire se mettrait en branle à Red Deer, à environ 150 kilomètres au
sud de la capitale albertaine, dans la matinée. Il a indiqué que les camions
devraient arriver à l’Assemblée législative de l’Alberta à midi, au moment où
doit commencer le ralliement contre les changements climatiques en présence de
la jeune militante. Épeurant – à l’instar
du Brésil, l’Alberta est assez orientée ‘Bœuf Bible Balles’.
Ce que les climatosceptiques refusent
de regarder en face :
L’urgence climatique, une réalité au
cœur de l’Arctique
L'Arctique
canadien se réchauffe plus vite que tout autre endroit sur la planète à cause
de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Le Madelinot et
explorateur Mario Cyr, qui sillonne les profondeurs des océans depuis des
décennies, a uni ses efforts à ceux de l'exploratrice canadienne Jill Heinerth pour montrer l'ampleur du désastre
environnemental.
Le documentaire Odyssée sous les glaces
diffusé dimanche dernier à l’émission Découverte, présente leur quête sur la
manière dont les changements climatiques fragilisent les écosystèmes marins de
l’Arctique. Un tournage qui s’est avéré plus difficile que prévu, justement à
cause de la fonte plus rapide des glaces.
«À cause du réchauffement du climat, la
glace disparaît à une vitesse alarmante. Depuis 1980, l’Arctique a perdu 80 %
de ses glaces d’été et 42 % de ses glaces d’hiver.» (Charles Tisseyre)
Article
intégral :
À
cause de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, l’Arctique
canadien se réchauffe plus vite que le reste de la planète. La glace fond à une
vitesse alarmante. Des millions de kilomètres carrés de banquise disparaissent
l’été.
Dans L’Odyssée sous les glaces, nous suivons
deux plongeurs dont la mission est de documenter les bouleversements profonds
qui menacent les écosystèmes de l’Arctique et les populations d’animaux marins
qui y vivent.
Du détroit de Lancaster, à 700 kilomètres au
nord du cercle polaire où s’y retrouve presque toute la faune arctique au
printemps, jusqu’au Groenland, royaume des glaces continentales et des
icebergs, nous découvrons comment les changements climatiques affectent
l’Arctique.
Découverte (aussi disponible sur tou.tv – pas
dans l’extra)
Sites
de l’explorateur Mario Cyr : Les
yeux de la mer
Il
est bien évident qu’on ne peut pas fermer le robinet du pétrole, mais ce n’est
pas le temps de décupler l’exploration et l’exploitation des énergies fossiles,
de polluer notre environnement au maximum pour desservir des marchés asiatiques
et européens. Les politiciens qui prétendent que c’est la solution pour la
transition et résoudre sont irresponsables et complètement dans le champ. Le
temps est venu de nous LIMITER À l’ESSENTIEL.
Voter pour le Parti conservateur du
Canada, c’est voter pour l’écosuicide
L’écrivaine
Margaret Atwood (La servante
écarlate, Les testaments) a lancé
un appel aux Canadiens, dans le Globe and Mail les invitant à faire tout leur
possible pour que le Parti conservateur n’obtienne pas le pouvoir : «Votez
pour le parti qui sait qu’il y a une crise climatique, qui a un plan au moins
semi-viable, et qui pourrait gagner dans votre circonscription.»
Laure Waridel, a aussi lancé un appel au
vote stratégique sur sa page Facebook. «Notre mission, c’est de promouvoir la
transition écologique.» La militante juge que les conservateurs ont un
programme «anti-climat, antisciences, anti-protection de la biodiversité,
anti-santé publique». «On n’a pas quatre ans à perdre. Ça fait 30 ans que je
vois des gouvernements se succéder et ne pas remplir leurs obligations.»
Un
aperçu de ce qui nous attend si les conservateurs d’Andrew Scheer prennent le
pouvoir le 21 octobre
Profitant
de la campagne électorale, le mouvement évangélique canadien, largement
infiltré dans le parti conservateur, veut conquérir la société civile et occuper
les fauteuils du Parlement. Inspiré des Étasuniens, le mouvement
fondamentaliste aspire à faire du Canada un pays distinctement chrétien, «guidé»
par Dieu.
Si le PCC obtient le pouvoir, Andrew Scheer et
ses Crime Ministers provinciaux – Doug Ford, Jason Kenney, Blaine Higgs, Brian
Pallister, Scott Moe – feraient progresser leur mission de contrôle social et
économique d’extrême droite (religieux et fondamentaliste). Ce serait catastrophique. On pourrait
s’attendre à des répercussions négatives sur les droits de la personne, la
recherche scientifique et la lutte contre les changements climatiques. [Même
scénario qu’aux États-Unis avec l’administration Trump/Pence – l’EPA (Environmental
Protection Agency) a perdu la majorité de ses pouvoirs.]
«Les conservateurs entendent réduire les
investissements en infrastructures et les dépenses de fonctionnement du
gouvernement dans une proportion encore plus importante que le gouvernement
Harper. Voilà qui n’augure rien de bon quant à la qualité des services fédéraux
et des relations avec les provinces. Pas question cependant de ralentir le
soutien aux hydrocarbures; au contraire, ils ont promis d’éliminer la taxe sur
le carbone et d’accélérer l’étude des nouveaux projets d’exploitation, sans
oublier la création d’un corridor de l’énergie clairement imaginé pour
faciliter la renaissance du projet Énergie Est.» (Jean-Robert Sansfaçon, Le
Devoir Éditorial | 16 octobre 2019)
Pour
avoir une idée de l’idéologie évangélique de Harper :
À la droite de Harper 1 / 2
Ils mènent une lutte à finir contre
l'avortement et le mariage gai. Ils sont persuadés que nous vivons dans un
univers décadent sous l'emprise du péché. Ils croient que la fin du monde
approche et que le Canada est prédestiné à jouer un rôle de premier plan dans
le retour du Christ sur terre. Ces chrétiens évangéliques ont un accès
privilégié à Ottawa. En outre, plusieurs députés conservateurs, eux-mêmes très
religieux, s'affichent publiquement dans des manifestations de ces chrétiens born again, qui tentent d'influencer des
décisions du gouvernement Harper.
Une
anecdote cocasse à propos d’Andrew Scheer qui entend refaire le Guide
alimentaire canadien, s’il est élu. Une attitude infantilisante, comme si les
Canadiens étaient incapables de choisir à leur guise ce qu’ils mangent. Il a
révélé qu’à la fin de ses journées de campagne en autobus, son épouse et lui
mangent des chips en guise de repas du soir. Il risque une crise cardiaque... Je
suppose que dans son Guide alimentaire, le bœuf serait en tête et les légumes quasi
absents...
Graves reculs à prévoir avec les
conservateurs, même minoritaires
Jean
Baril, Professeur de droit à l’UQAM et auteur du «Guide citoyen du droit
québécois de l’environnement»
Le
Devoir | 16 octobre 2019
Certains
environnementalistes semblent considérer avec détachement la possibilité qu’un
gouvernement conservateur soit élu, surtout s’il est minoritaire. Pour eux, la
présence du Nouveau Parti démocratique, du Bloc et des verts serait alors
suffisante pour nous préserver de graves reculs environnementaux, propres au
Parti conservateur. Je veux rappeler quelques faits et enjeux juridiques qui
démontrent que ce ne serait pas le cas.
Photo:
Graham Hughes / La Presse canadienne. Il y a une réelle urgence climatique,
rappelle l'auteur, et on ne peut perdre deux ou trois ans et reculer plutôt que
prendre des mesures, même imparfaites.
C’est
un gouvernement conservateur qui a retiré le Canada du Protocole de Kyoto et les tribunaux ont confirmé qu’il n’avait pas
besoin de consulter le Parlement ou les provinces pour ce faire ni d’obtenir
leur accord. Un simple avis du ministre des Affaires étrangères au secrétaire
général de l’ONU suffisait. Andrew
Scheer pourrait faire de même avec l’Accord de Paris ou tout autre traité
international relatif à l’environnement, même si son parti était
minoritaire.
Dans les Conférences des parties de la
Convention-cadre sur les changements climatiques, ce ne sont pas les
parlementaires des partis d’opposition qui discutent et négocient, mais les
représentants des gouvernements des États souverains, soit les ministres des
Affaires étrangères ou de l’Environnement, qui seraient des conservateurs, même
dans un gouvernement minoritaire.
Les provinces de l’Ouest contestent
présentement devant les tribunaux la validité constitutionnelle de la taxe
carbone qui cherche à mettre un prix sur les GES et à faire en sorte que les
provinces qui ont adopté d’autres types de mesures, comme le Québec avec son
marché du carbone, ne soient pas pénalisées face à l’inaction des provinces
productrices d’hydrocarbures.
Les cours d’appel de l’Ontario et de la Saskatchewan
ont donné raison au procureur général du Canada et la cause sera entendue par
la Cour suprême l’an prochain. Mais, comme Andrew Scheer veut annuler cette
loi, quelle sera alors la position de son procureur général (le ou la ministre
de la Justice) devant la Cour suprême? Encore une fois, cette position ne
dépend pas du caractère minoritaire ou majoritaire du gouvernement et les
partis d’opposition n’auront rien à dire sur le sujet.
En février 2018, le Sénat canadien, dominé
par les conservateurs, a adopté un projet de loi déclarant que le projet de
pipeline Trans Mountain et les ouvrages connexes étaient d’intérêt général pour
le Canada, en vertu de l’article 92 (10) c) de l’Acte constitutionnel de 1867,
de façon à annihiler les compétences provinciales de la Colombie-Britannique
qui s’oppose à ce projet. Heureusement, cela a été rejeté par la Chambre des
communes. Cependant, les conservateurs sont passés maîtres dans l’art d’inclure
dans des projets de loi d’ordre budgétaire d’autres projets de loi sur des sujets
divers, comme leur projet «mammouth» de 2012. Un gouvernement conservateur minoritaire pourrait tenter de faire la
même chose pour imposer son corridor énergétique, sous prétexte «d’intérêt
national».
Outre ces enjeux juridiques, il faut aussi
se rappeler que les conservateurs minoritaires de Stephen Harper ont pu
gouverner comme s’ils étaient majoritaires parce que les autres partis étaient
engagés dans des courses à la chefferie et ne voulaient pas d’élection. M.
Scheer était alors au Parlement et il sait très bien que, s’il se retrouve à la
tête d’un gouvernement minoritaire, il aura devant lui des partis qui, sauf le
Bloc, se retrouveront probablement avec des courses à la direction et n’oseront
pas provoquer d’élection. Or, il y a une réelle urgence climatique et on ne
peut perdre deux-trois ans et reculer plutôt que de prendre des mesures, même
imparfaites. D’ailleurs, cette urgence climatique aurait dû inciter le
mouvement environnemental à adopter une attitude de «désobéissance civile» en
faisant ouvertement campagne contre l’élection de tout candidat conservateur au
pays, au lieu de se contenter d’une «neutralité» de parade. Pour ma part, dire oui au futur exige de
voter contre les conservateurs pour éviter tout gouvernement dirigé par ce
parti, minoritaire ou pas.
Je
respecte les croyances religieuses des gens, même leurs superstitions et
rituels les plus aberrants, tant que je n’ai pas à les subir par la bande. Cependant,
je ne veux pas vivre dans une théocratie où des élus d’extrême droite entendent
soumettre les citoyens à des lois basées sur leur mythologie religieuse
obsolète. C’est entre la religion et l’état qu’il faut ériger un «mur».
Le projet sociopolitique de la droite
chrétienne
André
Gagné, professeur agrégé au Département d’études théologiques de l’Université
Concordia
Le
Devoir 18 juillet 2019
La bataille qui fait maintenant rage
dans plusieurs États américains sur les droits reproductifs des femmes est le
résultat direct des efforts de la droite chrétienne pour imposer ses valeurs
religieuses dans les sphères de la famille et de la politique. La polarisation autour de
l’avortement aux États-Unis est à un niveau tel que certains des dirigeants de
ces groupes religieux intégristes nourrissent l’idée de l’avènement prochain
d’une seconde guerre civile américaine!
Il ne faut pas penser que certains des
débats générés par la droite chrétienne aux États-Unis n’auront pas
d’incidences au Canada. En effet, la sortie récente du film Unplanned montre bien que cette
coalition politico-religieuse «cherche à changer» les mentalités même au
Canada. C’est pourquoi il importe de prendre garde au combat que se livrent
certains lobbies antiavortement au pays. Des groupes tels Campaign Life Coalition (avec ses 200 000 membres) et RightNow travaillent d’arrache-pied à
faire élire des candidats pro-vie. Ils ont gagné leur pari en soutenant les
candidatures des partis conservateurs provinciaux de l’Ontario et de l’Alberta.
Pour eux, le débat sur l’avortement est un débat sur les droits de la personne.
À l’instar de Sam Oosterhoff, député conservateur du gouvernement Ford pour la
région de Niagara-Ouest, âgé de 21 ans, certains veulent rendre impensable
l’idée même d’avoir un avortement d’ici une trentaine d’années au Canada. Or,
si criminaliser l’avortement au pays est difficile à faire, il est néanmoins
possible pour un gouvernement provincial d’éliminer le financement destiné aux
établissements offrant aux femmes le choix d’obtenir un avortement. [...]
Photo:
Sean Kilpatrick / La Presse canadienne. Une affiche du Christ brandie lors de la
marche pour la vie qui s’est tenue le 9 mai 2019, devant le Parlement, à
Ottawa.
Coalition religieuse
Mais qu’est-ce que la droite
chrétienne? C’est une coalition religieuse aux visées politiques qui est
composée principalement d’évangéliques et de catholiques et protestants
intégristes. Ils
obtiennent aussi parfois l’appui des mormons et de certains groupes juifs
fondamentalistes. Cette coalition se
fédère autour de causes communes telles que l’activisme antiavortement,
l’opposition aux droits des personnes LGBTQ et aux cours d’éducation sexuelle,
la promotion de la prière à l’école et de l’enseignement du créationnisme (ou
du dessein intelligent), la lutte contre
l’euthanasie, et la sauvegarde de la liberté religieuse. L’ordre du jour de
la droite chrétienne se résume essentiellement à ceci : l’idée d’un nationalisme
chrétien où l’établissement des «valeurs» judéo-chrétiennes est le fondement de
la loi du pays. [...]
Pour accomplir ses objectifs, la droite
chrétienne adopte une stratégie que l’on appelle «dominioniste», où les
chrétiens sont appelés à exercer le pouvoir et à dominer le monde, selon leur
interprétation d’une citation du livre de la Genèse (1,26-28). [...]
Ils
visent donc à «changer les mentalités» et la société en influençant les sphères
de la religion, de l’éducation, de l’économie, de la politique, des arts, des
médias et de la famille. [...] Ce projet sociopolitique nécessite la mobilisation
des gens appartenant à des groupes ralliés aux causes de la droite chrétienne.
Alors que nous sommes à l’aube de l’élection
fédérale au Canada, les groupes associés à la droite chrétienne cherchent aussi
à «changer les mentalités» en s’introduisant progressivement dans les différentes
«sphères de la culture» au pays. Ils donneront vraisemblablement leur appui au
parti d’Andrew Scheer, le candidat qui représente le mieux ses propres valeurs
socioconservatrices. En fait, Andrew Scheer est actuellement dans une meilleure
posture que Stephen Harper, puisqu’il y a à ce jour six gouvernements
provinciaux conservateurs ou à tendance conservatrice. Même si Andrew Scheer
dit ne pas vouloir ouvrir à nouveau le débat sur cette question [avortement],
dit-il vrai? Nous le saurons peut-être dans un avenir rapproché.
Article
intégral
On
ne tient jamais compte de la minorité d’athées et d’agnostiques pour qui «Dieu»,
le paradis, le péché et l’enfer n’existent pas. Sans idéaliser l’athéisme, en
général les athées honorent la liberté d’expression, l’égalité entre hommes et
femmes, le raisonnement scientifique, et ils respectent les intellectuels et
les croyants. Chose certaine, les croyants
n’ont pas à craindre une potentielle conquête du monde par les athées.
Quid
des droits des athées?
L’égalité de traitement des
non-croyants avec les croyants reste à achever
Michel
Virard Président, Association humaniste du Québec
Le
Devoir / Libre opinion | 11 juillet 2019
Dans
Le Devoir du lundi 8 juillet, M. Carl Therrien, professeur agrégé à
l’Université de Montréal, département d’histoire de l’art et d’étude
cinématographique, spécialiste des jeux vidéo, accuse nommément l’Association
humaniste du Québec «d’aveuglement quant aux contradictions et déséquilibres
introduits par cette loi [la loi 21]» et «remet en question les prétentions
humanistes de plusieurs intervenants dans ce débat». Au moins cette attaque
frontale a le mérite de la clarté : Carl Therrien a une vision de l’humanisme
qui diffère sensiblement de celle prônée et pratiquée par les organisations
humanistes séculières nées au Québec.
Lorsque la première association humaniste
est née au Québec (Humanist Association of Canada, 1968), c’était le Dr Henry
Morgentaler qui en était cofondateur et premier président. Tout comme
aujourd’hui avec la neutralité de l’État, sa lutte ne faisait pas l’unanimité
ni au Québec ni au Canada. Il avait dû trancher dans une situation délicate :
l’avortement n’est jamais un acte qu’on choisit de gaîté de coeur. C’est
précisément cette capacité d’évaluer les conséquences à long terme d’une action
qui distingue les décisions humanistes de celles inspirées par des codes moraux
inflexibles et myopes. Henry voyait plus loin, il connaissait très bien les
conséquences du refus de l’avortement, que ce soit pour la mère ou pour
l’enfant non désiré. Il avait aussi perçu que la société québécoise de l’époque
refusait désormais l’hypocrisie entourant l’avortement, en pratique permis aux
femmes aisées et interdit aux femmes pauvres. C’est parce que nous voulons voir
plus loin que, comme Henry en son temps, nous avons choisi de soutenir des
mesures, telle celle concernant les signes religieux dans la fonction publique,
qui ne font pas forcément l’unanimité.
Trois objectifs
Lorsque nous avons créé l’Association humaniste du Québec, en 2005, pour avoir une association francophone, nous avions trois objectifs majeurs soutenus par tous nos membres, au-delà de notre mission officielle qui demeure toujours le développement de la pensée critique dans la population du Québec. Il y avait le droit de mourir dans la dignité, la sécularisation de l’État et l’égalité de traitement des non-croyants avec les croyants. Nous avons aidé à la création de l’AQDMD, et le droit de mourir dans la dignité est maintenant une réalité, même si incomplète. Une étape importante de la sécularisation de l’État s’est faite finalement le 16 juin 2019, quoique l’on puisse considérer que le jugement Gascon du 15 avril 2015 soit, en fait, la première vraie description de ce que la neutralité de l’État impose. C’était le jugement qui mettait un terme à la saga du maire de Saguenay, Jean Tremblay, qui était convaincu que « sa liberté de religion » lui permettait d’imposer une prière théiste à tous ceux présents aux sessions du Conseil municipal.
L’égalité de traitement des non-croyants
avec les croyants reste à achever et cela dépend des trois ordres de
gouvernement. L’État québécois nous refuse l’égalité de traitement en matière
de cérémonies de mariage réalisées par nos célébrants (à la différence de
l’Ontario). L’État fédéral continue de nous imposer la «primauté de Dieu» dans
le préambule de sa charte des droits et les municipalités et autres commissions
scolaires continuent de conserver des crucifix là où ils n’ont rien à faire.
Mais surtout le poids fiscal des
activités religieuses continue de s’appliquer aux non-croyants. Et ici je ne parle pas d’activités véritablement
charitables, mais bien d’activités de promotion des mythes religieux.
Toutefois, et c’est là que la loi 21 est immensément importante, la déclaration formelle de la laïcité de
l’État québécois permettra enfin de contester les privilèges fiscaux des
clergés. N’en doutez pas, ce sera la prochaine étape. Récemment, Le Devoir
a d’ailleurs participé à cette prise de conscience par une série magistrale
d’articles sur cette question. M. Therrien nous connaît bien mal s’il pense que
nous sommes satisfaits de la loi 21. Oui, nous l’appuyons car elle représente
clairement une première étape vers une laïcité de fait, mais, comme lui, nous
regrettons les crucifix laissés au bon vouloir de décisions locales, ce qui est
une abdication de la responsabilité de l’État de fournir en environnement
neutre aux citoyens.
Si
l’État n’a pas à financer les cultes, il n’a pas non plus à prêter sa
puissance, son rayonnement, ses moyens, à des mouvements politico-religieux
qui, sous le couvert de la «liberté de religion», entendent usurper son
influence à leur profit. Il faut une bien grande naïveté et une ignorance
crasse de l’Histoire pour croire un instant que les religions soient
intéressées à autre chose que leur propre prééminence. Elles sont parfaitement
capables de manipuler des individus, à leur insu. La loi 21 met un frein à ces
tentatives de perversion de l’État et elle le fait sans même qu’une seule
personne perde son emploi. Je m’étonne que M. Carl Therrien, athée ou
agnostique (selon le jour), vole si vite à la défense d’idéologies qui ne
veulent rien de moins que l'«invisibilisation» des non-croyants. L’AHQ n’a
jamais proposé une laïcité à «géométrie variable» et encore moins une
«catholaïcité». D’habitude, on nous reproche plutôt de proposer une laïcité
sans adjectif et donc sans concession. M. Therrien devrait lire nos mémoires au
gouvernement avant d’entreprendre de crucifier les humanistes séculiers sur la
place publique.
Une version précédente de ce texte,
qui indiquait qu'«une étape importante de la sécularisation de l’État s’est
faite finalement le 16 juillet 2019», a été modifiée.
La laïcité, c’est la démocratie
Instituer
la laïcité de l’État, contrairement à ce que tous ses détracteurs prétendent,
ce n’est pas discriminatoire. Au contraire, c’est le socle de prévalence de la
première des libertés : la liberté de conscience. Celle-ci est au cœur de la
pensée démocratique depuis le siècle des Lumières. Elle n’est nulle autre chose
que le respect du droit de tout citoyen de croire ou de ne pas croire; et pour
faire respecter ce droit, il faut empêcher la prévalence ou l’influence des
croyances religieuses dans l’État et ses organismes publics.
Pour y parvenir, il faut donc séparer les
religions de l’État. Il en va de même pour les enfants à l’école. D’aucune
manière n’ont-ils à subir les croyances religieuses d’enseignants qui décident
d’afficher leur religion comme s’ils étaient eux-mêmes des panneaux
publicitaires. Ce prosélytisme affecte directement la liberté de conscience des
enfants et leurs parents. L’école doit être un lieu de libre pensée pour de
jeunes cerveaux en devenir, condition essentielle pour connaître, s’épanouir et
forger sa propre conscience.
Article :
Élections fédérales 2019 : «Just watch
me!» 2.0
André
Lamoureux, politicologue, Université du Québec à Montréal
La
Presse, 12 octobre 2019
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