– la Charte
des droits et libertés de la personne
– la Charte
de la Terre
– la libre
expression
– les
écologistes et les scientifiques authentiques
– les
journalistes rigoureux (qui vérifient et rapportent des faits avérés)
– la justice
et l’équité socioéconomique
– le partage
de la richesse et le bien-commun
Depuis
l’élection de Bolsonaro le scénario amazonien prend l’allure d’une catastrophe humanitaire
et environnementale galopante. Une tragédie, un massacre, dans l'enfer de la maltraitance des humains, des animaux et de la nature. Assassinats d’autochtones et de militants, abattage illégal
d’arbres, monocultures, élevage intensif de bétail. Des empires industriels amassent
des fortunes. En 2017 : 8,75 millions de tonnes de carcasses de bovins –
imaginez 2019...
Un travailleur brésilien qui protégeait
des tribus indigènes assassiné en Amazonie
BBC News 9 septembre 2019
Au Brésil, la
police enquête sur l'assassinat d'un fonctionnaire qui s'était employé à
protéger les autochtones contre les agriculteurs et les bûcherons qui tentaient
de s'emparer de terres.
Maxciel
Pereira dos Santos aurait reçu deux balles dans la tête dans la ville de
Tabatinga, près des frontières du Brésil avec la Colombie et le Pérou.
Les responsables du syndicat ont déclaré que
M. Santos a été abattu devant des membres de sa famille.
Cet assassinat intervient dans un contexte
d'indignation internationale face au rythme de destruction de la forêt
amazonienne au Brésil.
Au moins 80 000 incendies y ont été
enregistrés entre janvier et août de cette année, soit plus du double du nombre
enregistré à la même période l'an dernier.
Le président populiste brésilien Jair
Bolsonaro a fait l'objet de vives critiques nationales et internationales pour
son incapacité à protéger la région.
Il a souvent affirmé son soutien aux
agriculteurs et aux bûcherons travaillant dans la région, tout en critiquant
les défenseurs de l'environnement et en réduisant le budget de l'agence de
protection environnementale du pays.
Meurtre dans une rue très fréquentée
Le syndicat
qui représente le personnel de l'agence brésilienne de protection des
indigènes, Funai, a déclaré que M. Santos avait reçu deux balles dans la tête
alors qu'il conduisait sa moto dans une rue passante.
Des responsables de l'INA ont déclaré qu'il avait
été tué en représailles de son travail dans la réserve de Vale do Javari, où il
a contribué pendant des années à empêcher les chasseurs, les agriculteurs et
les bûcherons d'entrer illégalement dans la région.
La réserve abriterait la plus forte concentration
au monde de tribus indigènes jamais contactées.
M. Santos a servi plus de 12 ans à Funai,
dont cinq en tant que chef des services environnementaux dans la réserve de
Vale do Javari, a déclaré l'INA.
Le syndicat a appelé le gouvernement brésilien
à démontrer que le Brésil «ne tolérera plus la violence contre ceux qui s'engagent,
dans le cadre de l'état de droit, à protéger et promouvoir les droits des
autochtones».
Les
militants brésiliens pour la préservation des territoires et de l'environnement
sont depuis longtemps la cible de l'industrie minière et forestière. Selon
Global Witness, le Brésil a été le pays le plus meurtrier en 2017, avec un
nombre record de 57 militants assassinés sur 201 morts dans le monde.
Le Brésil a été éclipsé l'an dernier par les
Philippines, où 30 militants ont été tués sur 164 dans le monde, selon Global
Witness.
Le mois dernier, des centaines de
fonctionnaires brésiliens travaillant dans le domaine de l'environnement ont
signé une lettre ouverte les avertissant que leur travail avait été entravé par
le président Bolsonaro.
Depuis l'entrée en fonction de M. Bolsonaro
le 1er janvier, l'organe gouvernemental chargé de la protection de la forêt
tropicale a vu son budget réduit de 25 %, tandis que le financement pour la
prévention des incendies de forêt a été réduit de 23 %, selon les données
recueillies par l'agence de presse Reuters.
Au cours de la même période, le nombre
d'amendes infligées à des criminels environnementaux a diminué de 29 % et la
valeur collective des amendes a diminué de 43 %, selon les données Reuters.
Lors d'un sommet qui s'est tenu vendredi en
Colombie, sept pays d'Amérique du Sud ont convenu de mesures pour protéger le
bassin de l'Amazonie.
Photo : menu
du Heart Attack Grill. L’insatiable appétit de l’Homo Carnivorus pour
les «homburgers» et les steaks porte une grande part de responsabilité vis-à-vis des massacres. La chaîne internationale McDonald’s et ses
clients contribuent largement à l’hécatombe.
Parenthèse
Les Chinois
s’enrichissent et réclament du bœuf. Peut-être que la production brésilienne pourrait
satisfaire leur demande pendant un temps. Mais considérant la population chinoise qui approche 1 500 000 000
(croissance en 2019 : 4 964 600), combien d’autres forêts
faudra-t-il déboiser (peut-être la terre au complet) pour fournir le peuple
chinois en viande?
On sait désormais que si
Pékin investit dans un pays, cela signifie dépendance ou mainmise économique
pour le bénéficiaire... En 2014, lors d’une tournée, Xi Jinping multipliait
les accords de coopération avec le Brésil, l’Argentine, le Venezuela et Cuba. La région
est un marché clé pour la Chine. Le commerce bilatéral avec l’Amérique latine atteignait
262 milliards de dollars en 2013. Le
Brésil et l’Argentine sont d’ailleurs devenus les principaux partenaires de
Pékin sur ce continent. Certains analystes y voient une tentative de la Chine
pour élargir son influence dans une région qui a toujours été la «cour arrière»
des États-Unis.
http://blogues.radio-canada.ca/correspondants/2014/07/25/la-chine-a-la-conquete-de-lamerique-latine/
La recette chinoise pour conquérir le
monde d'ici 2049
ICI Radio-Canada Nouvelles
Du Pakistan au Panama, en passant par le Nigeria et la Grèce, la Chine aurait déjà investi au moins 70 milliards de dollars américains pour encourager ces pays à lui ouvrir leurs marchés, à faciliter les échanges et à connecter leurs marchés financiers aux marchés chinois.
Du Pakistan au Panama, en passant par le Nigeria et la Grèce, la Chine aurait déjà investi au moins 70 milliards de dollars américains pour encourager ces pays à lui ouvrir leurs marchés, à faciliter les échanges et à connecter leurs marchés financiers aux marchés chinois.
«C’est un projet qui a pris des dimensions
mondiales et qui reflète le désir de Pékin d’étendre son influence politique et
géostratégique sur une grande portion du monde.
~ Nadège
Rolland, chercheuse au Bureau national de la recherche sur l’Asie à Washington
Les Chinois ne s’en cachent pas : la BRI (Belt
and Road Initiative) devrait leur permettre, d’ici le centenaire de la
Révolution, en 2049, d’atteindre le statut de première puissance mondiale. Ce
que veut la Chine, en plus d’accéder à de nouveaux marchés pour exporter ses
biens manufacturés et d’importer plus facilement des ressources, c’est accroître
ses sphères d’influence et redéfinir les normes et règles internationales.
Les projets ne correspondent pas toujours
aux besoins des pays ou alors les termes des ententes signées avec les
entreprises chinoises ne sont pas nécessairement dans leur intérêt.
En 2017, le gouvernement du Sri Lanka a
remis 80 % de la propriété du port de Hambantota à la Chine, dans le cadre d'un
bail de 99 ans, pour éponger sa dette envers Pékin. Ce n’est pas le seul cas d’un pays
financièrement dépendant de la Chine, incapable de rembourser son emprunt et
coincé avec un éléphant blanc.
Le gouvernement chinois manipule l’espace
informatif pour censurer tout ce qui le fait paraître sous un mauvais jour et
n’hésite pas à faire circuler de fausses nouvelles et de la propagande à son
avantage, en investissant dans des entreprises de presse qui lui seront
favorables et en mobilisant sa diaspora pour contrôler l’information.
La Chine est également une experte de la
cybersurveillance, un domaine dans lequel elle forme les gouvernements des pays
émergents.
La Chine étouffe ainsi l’Union européenne et
les États-Unis en profitant de leurs sociétés ouvertes, tout en veillant à
renforcer le contrôle sur sa propre société fermée et à promouvoir le modèle
autocratique dans différentes régions du monde.
Quelques États ont réussi à s’opposer aux
pressions chinoises, notamment l’Australie. Dans ce pays, les médias et la
société civile ont joué un rôle crucial en exposant les tentatives d’influence
de Pékin, ce qui a poussé le gouvernement à adopter des lois pour mieux encadrer
les agents étrangers.
Article
intégral :
Il est clair que Pékin s’inspire du traité L’Art
de la guerre rédigé
vers le Ve siècle avant J.-C. par le Chinois Sun Tzu qui disait :
«L’art de la guerre est l’art de
duper, et en donnant toujours l’apparence contraire de ce que l’on est, on
augmente les chances de victoire.»
Il recommandait de semer la division en territoire ennemi, de se faire des
complices chez ces ennemis, de répandre l’argent à pleines mains dont on retire
un gros intérêt, de se défier de tous, d’être extrêmement secret et de ne rien
faire à découvert, de multiplier les espions partout, d’avoir une liste des officiers
en service – connaître le nombre de leurs enfants, les noms de leurs parents,
de leurs amis, de leurs domestiques, et d’être instruit de tout ce qui se passe
chez eux. «Quand le temps de faire des sièges sera venu, vous pourrez faire des
conquêtes, sans être obligé de monter à l’assaut, sans coup férir, sans même
tirer l’épée», assure-t-il.
Sautez
à l’Article XIII du traité qui résume
la stratégie de Pékin, le parallèle est fascinant. Aujourd’hui, avec Huawei 5G,
c’est un jeu d’enfant!
Traité intégral : http://art-de-la-guerre.blogspot.ca/
Fin de la parenthèse
Retour au
Brésil. Radio-Canada a publié des archives de reportages réalisés par Jean-Michel
Leprince. Voyez le triste reportage de 2008 où le journaliste conclut en
disant : «c’est la colonisation de
l’Amazonie par le bétail...»
Un correspondant de Radio-Canada
témoigne depuis 30 ans de la déforestation en Amazonie
Radio-Canada,
5 septembre 2019
Cet été, le
monde s’indigne des très importants incendies qui ravagent l’Amazonie. Le
phénomène n’est pas inédit, comme nous le rappellent des reportages du
correspondant de Radio-Canada, Jean-Michel Leprince.
Un phénomène déjà constaté il y a 30
ans...
«Des milliers
d’hectares de forêt tropicale ont déjà été brûlés en Rondonia. Pour faire l’élevage
du bétail d’abord. Pour produire un
steak d’un quart de livre, il faut défricher six mètres carrés de forêt.»
Jean-Michel Leprince, 1989
«Pendant la durée de ce reportage (8 minutes
41 secondes), l’équivalent de 62 terrains de football de forêt a été détruit.
À ce rythme, d’ici 2030, il ne restera plus que la moitié de la forêt
amazonienne.» Jean-Michel Leprince, 2008
En l'espace
de 20 ans, le correspondant de Radio-Canada Jean-Michel Leprince a constaté la
progression de la destruction de la forêt amazonienne.
Pour décrire
la forêt de l’Amazonie, il faut utiliser des superlatifs.
• Elle couvre
6,7 millions de kilomètres carrés. Elle représente 50 % des forêts tropicales
du monde entier.
• Elle
produit 15 % de toute l’eau des rivières et l'on y retrouve 10 % de tous les
animaux et des plantes qui existent sur Terre.
• Cette
immense forêt constitue un des grands puits de CO2 du monde. La végétation
séquestre ce dernier.
• En revanche
quand elles brûlent, les plantes libèrent le CO2 dans l'atmosphère, aggravant
ainsi le réchauffement climatique.
Et l’Amazonie flambe depuis des
décennies...
Il y a 30
ans, le journaliste Jean-Michel Leprince s’est déplacé au Brésil pour y
produire une série de reportages : Le Brésil au-delà de la samba.
Un de ces reportages, présenté au
Téléjournal le 2 novembre 1989, analyse les raisons qui expliquent les
incendies dans la forêt amazonienne.
Jean-Michel Leprince s’est rendu à Porto
Veilho, capitale de l’État brésilien de Rondonia près de la frontière avec la
Bolivie.
Neuf pays se partagent la forêt de
l'Amazonie, mais plus de 60 % de cette dernière se trouve sur le territoire du
Brésil.
Dans l’État de Rondonia, c’est la ruée sur les terres pour produire
principalement du bétail. Les fermiers coupent et brûlent la forêt, une
pratique qui est autorisée par le gouvernement brésilien sur 50 % des
parcelles.
Puis, il y a toute l’activité illégale qui
contribue grandement à la destruction de la forêt. Jean-Michel Leprince
rapporte cependant qu’en 1989, les incendies avaient diminué. Les inspections
avaient augmenté et les amendes imposées aux contrevenants étaient très salées.
Le pire, suggère le journaliste, c’est qu’avec
la déforestation on est entré dans un cercle vicieux. Sous la forêt
amazonienne, le sol est très pauvre. Les fermiers peuvent y faire une ou deux
récoltes. Après, il n’y a plus grand-chose qui pousse. Alors les fermiers
cultivent ailleurs. On pourrait presque ajouter à l'analyse du journaliste «en
brûlant au passage de nouvelles parcelles de forêt».
...et qui n’est pas qu’un feu de
paille
Presque 20
ans plus tard, en 2008, Jean-Michel Leprince retourne en Amazonie. Il se rend
cette fois-ci dans l’État du Mato Grosso limitrophe de celui de Rondonia.
Le reportage qu’il produit est diffusé au
Téléjournal le 12 décembre 2008. Dans ce reportage, Jean-Michel Leprince nous
présente Victoria Da Riva Carvalho qui possède un centre écotouristique en
pleine jungle. «Ils occupent les terres
publiques, volent le bois et le vendent. Puis ils rasent la forêt et mettent
les vaches sur ces terrains. Ces illégaux sont le plus grand problème de
l’Amazonie», affirme-t-elle.
À l’époque, le gouvernement brésilien tente
bien de contrer toutes les activités illégales. Les moyens sont cependant
limités. L’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles
renouvelables (IBAMA), le bras administratif du ministère de l’environnement
national, a peu d’inspecteurs sur le terrain. De plus, ces inspecteurs ne
travaillent pas la fin de semaine. Les contrebandiers transportent donc les
bois précieux coupés illégalement les samedis et les dimanches sans être
inquiétés!
La crise de la déforestation amazonienne
pourrait-elle être résolue?
Deux intervenants dans le reportage de
Jean-Michel Leprince nous proposent des pistes de solution.
Le premier est Gustavo Müller. Il est
inspecteur pour l’IBAMA. Gustavo Müller souligne que c’est la pression exercée par la demande intérieure et internationale
pour les bois précieux qui encourage la contrebande. L’imposition d’une
certification des ressources serait une amorce de solution selon lui.
La deuxième piste est suggérée par Milton
Braga. C’est un gros exploitant agricole de l’État du Mato Grosso. Selon lui,
il n’y a pas assez d’aide de la part du gouvernement brésilien pour les petits
et moyens producteurs pour augmenter leur productivité. Il faut rappeler aussi
qu’à l’époque, seulement 36 % des terres arables du Brésil étaient exploitées.
En 2008, malgré toutes ces agressions, la
forêt amazonienne possédait un allié : le gouvernement fédéral brésilien. Le
Brésil était même à l’époque le seul pays en voie de développement qui avait
pris des engagements chiffrés en matière de protection de l’environnement.
Quel
contraste avec l’administration du président Jair Bolsonaro qui a pris le
pouvoir le 1er janvier 2019.
• Le budget
d'IBAMA a été amputé de 25 %, selon des documents internes du gouvernement
brésilien.
• Celui pour
la prévention des incendies a été réduit de 23 %.
Caricaturiste :
Serge Chapleau, La Presse 28.08.2019
Dans le Far West amazonien, le
face-à-face entre Autochtones et cowboys
Agence France-Presse, 3 septembre 2019
Le hameau,
dans lequel les Uru-eu-wau-wau rôtissent un porc sauvage chassé aux flèches de
bambou, se trouve à quelques kilomètres de l'exploitation où trois cowboys
rassemblent leur bétail, en ce début de soirée de l'Amazonie brésilienne, au
sud de Porto Velho.
«Nous n'avons pas de problèmes avec eux»,
explique à l'AFP Awapy Uru-eu-wau-wau, 38 ans, chef de cette communauté de 19
personnes vivant dans la forêt, au centre de l'État du Rondonia.
Mais ces bons rapports sont inhabituels.
Comme dans beaucoup d'endroits de la plus grande forêt tropicale du monde, la
très riche communauté indigène Uru-eu-wau-wau, d'une superficie de 1,8 million
d'hectares (presque le double du Liban), est menacée par les pilleurs de terres, les commerçants de bois, les
propriétaires terriens et les mineurs qui misent sur la déforestation pour
exploiter ses ressources.
Les quelques centaines d'habitants de la
réserve, divisée en sept hameaux dont certains sont à l'écart, résistent depuis
longtemps avec de maigres moyens. Pour des questions de surveillance et de
protection, ils vivent aux frontières de leur territoire, délimitées au début
des années 1990.
«Je fais face à cette invasion depuis que
j'ai 19 ou 20 ans, et ces types nous menacent parce qu'on leur tient tête. Je n'ai
pas peur de risquer ma vie», affirme Awapy.
Le hameau consiste en une demi-douzaine de
maisons précaires, certaines en bois avec un toit de paille, d'autres en
ciment, au toit en tuiles. Les cinq familles s'approvisionnent principalement
dans la jungle, où elles s'aventurent chaque jour pour chasser et combattre
«les envahisseurs», souvent des groupes organisés, dans des affrontements
parfois violents.
Vus du ciel, les pâturages et les clairières
grandissent à mesure que la déforestation avance, toujours annoncée par des
incendies comme ceux qui ont bouleversé le monde entier ces dernières semaines.
L'absence de l'État transforme ces zones en
vivier pour tout type de gangs et favorise les occupations de terres, souvent
regroupées dans des exploitations de bétail.
Le procureur a formulé plusieurs plaintes
contre des producteurs ruraux pour avoir occupé, divisé en parcelles et vendu
des terres dans cette réserve et dans d'autres endroits.
Les
Uru-eu-wau-wau assurent que les envahisseurs se sentent protégés depuis
l'arrivée au pouvoir en janvier du président Jair Bolsonaro, partisan de
l'ouverture des zones protégées à des activités agricoles et minières et qui
croit que les Autochtones ne veulent pas vivre dans des réserves «comme des
animaux dans un zoo».
«Avant, ce n'était pas comme ça, mais
aujourd'hui ils déboisent tout», s'exclame Awapy, entouré d'Autochtones allongés
dans des hamacs, depuis son «oca», l'habitacle où se réunissent les familles.
À une heure et demie de là, dans la petite
commune de Monte Negro, le secteur
agroalimentaire roule des mécaniques avec un rodéo de taureaux où une vingtaine
de cowboys exhibent leur talent en montant l'animal effrayé pendant
plusieurs secondes d'affilée.
Vêtus
de chapeaux, de jeans bleus et de bottes de cowboy, venus d'énormes propriétés
qui comptent plusieurs milliers de têtes de bétail et qui grignotent la forêt
depuis des décennies, les spectateurs profitent du spectacle.
C'est le Brésil rural et conservateur, fief du bolsonarisme, dont les
habitants appartiennent au «BBB» (boeuf, bible et balles), les puissants
soutiens du secteur agroalimentaire, des Églises évangéliques et le lobby pro-armes
au Congrès, dont l'appui fut vital pour propulser le dirigeant d'extrême droite
au pouvoir.
Les propriétaires terriens sont dans le viseur des militants écologistes,
qui les accusent d'être en partie responsables de la ruine du «trésor»
amazonien, vital à l'avenir de la planète, pour leurs bénéfices propres et au
détriment des territoires publics et des réserves indigènes.
Eux affirment qu'ils n'outrepassent pas les
limites de leurs terrains et rappellent l'importance de la croissance agricole
pour l'économie brésilienne.
«Les gens doivent respecter cela : les
réserves sont les réserves, les Autochtones sont les Autochtones, chacun doit
garder son propre espace et ne pas envahir les autres», assure Marconi
Silvestre, le propriétaire d'une exploitation agricole à Monte Negro, qui a
organisé le rodéo.
Un autre propriétaire venu à la foire vendre
des taureaux reproducteurs affirme sous condition d'anonymat que les
Autochtones eux-mêmes déboisent et vendent du bois et des terrains.
«Ils font la même chose que quand Pedro
Alvares Cabral est arrivé», dit-il en faisant référence au premier Portugais
qui, en 1500, débarqua sur les côtes du futur Brésil. «Ils échangent des
richesses contre des miroirs.»
Plusieurs agriculteurs affirment que les
médias dramatisent les incendies. Ils rejettent la préoccupation internationale
qui a conduit le président français Emmanuel Macron à évoquer une
internationalisation de l'Amazonie.
«L'Amazonie, elle est à nous, dites bien ça
à Macron!», lance l'un d'entre eux à l'AFP.
Photo : la
pure tradition macho-gaucho. Ah, si seulement les bovins de boucherie avaient
encore leurs cornes et n’étaient pas si dociles... Dans la nature, les cornes des
herbivores sont leur arme de défense contre les prédateurs carnivores; en mode
d’élevage elles sont inutiles évidemment. Les herbivores mangent des
plantes; les carnivores mangent des herbivores. Peut-être qu'un jour les carnivores humains mangeront des végétariens...!
Le Brésil est le plus grand exportateur
de viande bovine du monde
L’OBS | 26 novembre 2017
Photographies :
Carolina Arantes
Élevage
intensif, bétail cloné... Depuis 2012, le Brésil est devenu le plus grand
exportateur de viande bovine au monde, devant les Etats-Unis. Et
l’agro-industrie du pays ne compte pas s’arrêter là : elle prévoit de doubler son cheptel, aujourd'hui estimé à 210 millions de bêtes, d’ici à 2025.
Une vache, en
route pour l’abattoir, tente de s’échapper de son enclos. Un steak sur quatre
consommé dans le monde est d’origine brésilienne.
Un veau cloné
tout juste né récupère, enveloppé d’une lumière infrarouge. La croissance du
marché brésilien de la viande, qui représente 25 % du marché international,
s’appuie notamment sur une recherche génétique de pointe. Certains reproducteurs génétiquement modifiés peuvent se vendre jusqu'à
1 million de dollars.
Ces entrecôtes halal, déjà étiquetées par
le ministère de l’Agriculture, sont destinées à l’export. Le Brésil exporte 350 000 tonnes de viande halal chaque année.
Enquête exclusive au cœur de
l’incroyable Far West amazonien
Le tournage
date de 2009. Néanmoins, ce documentaire témoigne de la samba des chainsaws des
exploitants forestiers, miniers et agroalimentaires en Amazonie – et l’on
pourrait dire que ce modèle existe aussi ailleurs dans le monde.
___
En
complément : la note sur la colossale multinationale brésilienne JBS-Friboi, article «L’Amazonie en feu :
sommes-nous tous fautifs?» du 31 août 2019
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