Cette
déclaration est adaptable aux chefs de tous les partis (fédéraux et provinciaux) :
«Et n’oubliez
pas, après chaque promesse... des conditions s’appliquent, détails après les
élections, l’offre est en vigueur pour une durée limitée et peut être modifiée
ou annulée sans préavis.»
Caricature :
Serge Chapleau, La Presse 24.08.2019
«Regardez la
tyrannie du parti – ce qu'on appelle allégeance au parti, loyauté au parti. C’est
un piège inventé par des hommes à des fins égoïstes qui transforme les
électeurs en biens meubles, esclaves, lapins, et pendant tout ce temps leurs
maîtres hurlent des obscénités sur la liberté, l'indépendance, la liberté
d'opinion et d'expression, totalement inconscients de cette fantastique
contradiction...» ~ Mark Twain (in The
Character of Man)
La seule
façon de connaître la véritable «ligne d’un parti» (discipline, règles, standards)
est de consulter les liste des lobbies qui sillonnent les ministères (agriculture,
santé, foresterie, pétrochimie, recherche, etc.) et les municipalités. Ministres,
députés, sénateurs et fonctionnaires travaillent en fait pour les entreprises
privées, sous la table.
Caricature : André-Philippe Côté, Le Soleil 01.09.2019
«Le bon sens est devenu si rare qu'il
devrait être considéré comme un superpouvoir.»
À retenir pendant
la campagne électorale : ce texte qui résume le système
politico-judiciaire corrompu dans lequel nous vivons.
L’action se
déroule dans l’état de la Floride. Deux avocats sont chargés d’enquêter sur une
magistrate présumée corrompue. Elle serait mêlée à la construction d’un casino
sur une réserve indienne sous l’emprise de la Coast Mafia, qui se sert
largement dans la caisse. Elle reçoit sa part du butin et ferme les yeux sur
ces activités illicites. Certains élus, fonctionnaires et shérifs sont aussi compromis.
North Dunes était sa dernière conquête dans
son empire du golf. Un trente-six trous, avec lacs, étangs, appartements de
luxe, et des maisons plus luxueuses encore, le tout construit autour d’un
centre d’affaires avec un parc et une salle de spectacle, à un kilomètre de la
plage.
– Vous avez le soutien de tout le monde?
– Quatre contre un. Poley fait de
l’obstruction évidemment.
– Pourquoi ne pas le mettre hors jeu?
– Ce n’est pas nécessaire. Il ne faut pas
que ça paraisse tout cuit. Quatre voix contre une, c’est bien. C’est crédible.
Les dessous-de-table n’étaient pas
absolument nécessaires dans cette partie du pays. Quel que soit le projet, du lotissement privé haut de gamme au centre
commercial de troisième zone, il suffisait de produire une brochure élégante
jetant de la poudre aux yeux, avec écrit partout «développement économique»,
en laissant entendre des rentrées fiscales et de la création d’emplois, pour
que tous les responsables et élus s’empressent de sortir leur tampon. Si
quelqu’un évoquait des problèmes écologiques, du clientélisme, ou le risque de
classes surchargées, par l’accroissement soudain de population, il suffisait de
les étiqueter gauchistes, écolos, ou
pire «nordistes». Vonn était devenu maître dans cet art de la
discréditation.
– Je suis
remontée onze ans en arrière, et ai étudié
trente-trois projets d’aménagement dans le comté de Brunswick. Tout y
passe : parcours de golf, centres commerciaux, lotissements, une galerie
marchande à Sea Stall, et même un cinéma multiplex avec quatorze salles. La
Nylan Title des Bahamas apparaît souvent. Mais ce n’est pas la seule. Il y a
aussi une dizaine d’autres sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux,
propriétaires elles-mêmes d’autres sociétés offshore, ainsi qu’une ribambelle
de cabinets sous contrôle de compagnies étrangères. ... Une opération de cette
ampleur, je n’ai jamais vu ça.
– Au cas où
vous ne seriez pas au courant, il n’y a pratiquement aucun contrôle quand on
voyage en jet privé. Pas de scan des bagages, pas de fouilles corporelles. Faut
croire que nos petits génies à la
Sécurité intérieure se disent que les riches n’ont aucune envie de faire sauter
leur propre jet en vol. Bref, on peut prendre cinquante kilos d’héroïne et
l’emmener partout dans le pays.
Source :
L’informateur, John Grisham; Éditions
Jean-Claude Lattès, 2017
(The Whistler; Doubleday 2016)
En lisant
cela, j’ai pensé au projet Royal Mount (jumelé au REM) qui défigurera irrémédiablement
Montréal et entraînera des nuisances logistiques et routières hors de
proportion, sans parler de l’augmentation des GES. Pourquoi l’administration municipale
a-t-elle approuvé la construction de ce monstre? L’appât des retombées
économiques prévalent sur la jugeote et les conséquences désastreuses
immédiates et à long terme...
Artiste : Isaac Cordal, Follow the leaders, Allemagne 2011. http://cementeclipses.com/portfolio/ En
passant, la crise climatique n’existe pas.
Un beau scandale revient à la une des médias. Question à 60 millions de dollars :
pourquoi confier la construction d’un traversier à un chantier naval italien de
mauvaise réputation?!
Des lanceurs d’alerte dévoilent les
vices de construction du traversier F.-A.-Gauthier –
Les coûts imprévus s’élèvent à 60 millions de dollars, a appris Enquête
Vices de
construction, contrôle de qualité déficient, représailles contre ceux qui
sonnent l’alarme… Pour la première fois, d’ex-employés de la Société des
traversiers du Québec dénoncent les conditions dans lesquelles a été construit
le F-A.-Gauthier. Les déboires de ce traversier, qui fait la liaison entre
Matane et la Côte-Nord, font la manchette depuis des mois.
En 2013, René Lebrun [le lanceur d’alerte] a
été déployé pendant plus d’un an au chantier du constructeur Fincantieri, près
de Naples. Le géant naval a fait la plus basse soumission pour construire le
traversier qui allait remplacer le Camille-Marcoux, arrivé en fin de vie utile
en 2015.
«Vraiment, nous étions en sous-nombre.
Normalement, en Italie, pour superviser la construction d'un tel navire, il
aurait fallu être à peu près une douzaine d'inspecteurs», dit l’inspecteur René
Lebrun.
Au chantier, René Lebrun et Martin
Saint-Pierre travaillaient sous les ordres du chargé de projet Luc Martin. Ce
consultant était l’homme de confiance de la direction de la Société des
traversiers du Québec pendant la construction en Italie.
La STQ se défend d’avoir fait des
représailles contre ses employés qui dénonçaient des vices de qualité au
chantier de Fincantieri.
La Société des traversiers du Québec fait
une interprétation restrictive de la loi sur l’accès aux documents des
organismes publics. Par exemple, Enquête a tenté d’obtenir, sans succès,
plusieurs documents concernant la construction du F.-A.-Gauthier en Italie. La
STQ fait valoir que ces documents appartiennent en partie à Fincantieri, le
chantier naval. [...]
Article
intégral :
Les
représentants de notre système judiciaire kafkaïen cherchent à regagner la
confiance du public – bonne chance!
Tôt ou tard, dit-on, la vérité sortira
et la justice l’emportera.
(Rires)
Prenons par
exemple ce fameux arrêt Jordan qu’on
dirait conçu pour protéger les criminels, tant économiques que politiques. En
tout cas, cette procédure inclut par essence un mépris flagrant de l’application
de la justice.
Brièvement, les magistrats peuvent invoquer
l’arrêt Jordan pour mettre un terme aux longues procédures judiciaires si le
procès ne peut avoir lieu dans un délai de 18 mois à la Cour du Québec et de 30
mois à la Cour supérieure. La Couronne doit déposer la totalité de la preuve au
moment où les accusations sont formellement déposées, et cela peut parfois
prendre beaucoup de temps pour les rassembler. Vu la lourdeur et l’inefficacité
du système, le manque de ressources, de juges et de salles de cour (en
particulier au Québec), les criminels peuvent échapper à la justice pour cause
de délais déraisonnables.
Autrement dit : tu commets un crime (on
s’entend qu’il ne s’agit pas du vol d’un sac de chips chez le dépanneur), tu
t’arranges pour que les procédures traînent longtemps et t’es quitte! En fait,
t’as pas besoin de rien faire, le système s’en occupe. Pas de procès, donc pas
de condamnation. Sympa, non?!
C’est ainsi
qu’une juge a décrété l’arrêt des procédures contre Paolo Catania. Près de 1000
chefs d'accusation sont tombés d'un seul coup lorsque la magistrate Magali
Lepage, de la Cour du Québec, a invoqué l'arrêt Jordan pour ordonner l'arrêt
des procédures intentées contre les anciens dirigeants de Construction Frank
Catania. En tant que dirigeant de l'entreprise fondée par son père, Paolo
Catania, qui est toujours actif dans le milieu de la construction, était le
personnage central de ce procès, mais ses associés André Fortin, Pasquale
Fedele, David Chartrand, Martin D'Aoust et Pascal Patrice faisaient aussi l'objet
de divers chefs d'accusation.
Paolo Catania et son entreprise ont été accusés
d’avoir obtenu, entre 2005 et 2009, des crédits et des remboursements de taxes
grâce à un stratagème de fausses factures, une fraude fiscale de l’ordre de 1,2
million commise au détriment du fisc québécois, ce qui se doublait d’une fraude
de 700 000 $ relative à la taxe d’accise fédérale. Revenu Québec réclamait aux
accusés des amendes de 12 à 25 millions, assorties de peines d’emprisonnement
ferme. Les défendeurs ont plaidé non coupables. On ne saura jamais le fin mot
de l’histoire. La magistrate Magali Lepage reproche à la poursuite «un climat
de désorganisation certaine qui frôle dangereusement l’irrévérence», et à l’Agence
de s’être fait tirer l’oreille pour divulguer la preuve aux procureurs des
accusés, tout en se lançant dans des procédures exceptionnelles qui reportaient
à 2020 le début du procès sur le fond, soit sept ans après la signification des
chefs d’accusation.
Une enquête avait déjà mené à l'arrestation,
en mai 2012, de Paolo Catania et de ses associés en lien avec le scandale du
Faubourg Contrecoeur, un projet immobilier de l'Est de l'île. L'ex-président du
comité exécutif de la Ville de Montréal Frank Zampino avait également été
interpellé et accusé.
Tous
ont finalement été acquittés par le juge Yvan Poulin le 2 mai 2018 des accusations
de fraude, d'abus de confiance et de complot qui avaient été portées contre
eux.
Un autre exemple
de paralysie judiciaire : le cas de l’ancienne vice-première ministre du
Québec sous le régime libéral de Jean Charest, Nathalie Normandeau. Arrêtée en mars 2016 à la suite d’une enquête
de l’UPAC * (Unité permanente anticorruption), elle attend son procès, mais
bénéficie de l’arrêt Jordan en rapport à des chefs d’accusation la concernant personnellement.
Radio-Canada
/ Presse Canadienne/ Le Devoir, 31 août 2019 :
Soucieux d'optimiser les délais du processus
judiciaire, le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) abandonne
plusieurs chefs d’«accusation portés contre Nathalie Normandeau et ses cinq coaccusés,
Marc-Yvan Côté, Mario W. Martel, France Michaud, Bruno Lortie, François Roussy.
Dans le cas de Nathalie Normandeau, la
poursuite abandonne 5 des 8 chefs d’accusation qui la concernaient personnellement.
À chaque accusation qui tombe, les Québécois
perdent espoir que justice soit rendue. Les institutions comme le DPCP et
l’UPAC jouent leur crédibilité sur ce dossier.
Mme Normandeau et ses coaccusés subiront
tout de même un procès puisqu’ils font toujours face à des accusations d’abus
de confiance, de fraude envers le gouvernement, de souscription de la part
d’entrepreneurs à une caisse électorale et d’actes de corruption dans les
affaires municipales. «Il y a actuellement encore sept chefs d’accusation très
sérieux contre ces gens-là et si éventuellement il y a des condamnations, je pense
que justice aura été rendue», a affirmé le procureur Richard Rougeau. Ce qui
joue dans notre décision, c’est la décision
Jordan et la décision Cody. La
Cour suprême nous a demandé d’être le plus efficace possible, de tenter de
gérer les délais. C’est sûr que cet aspect du dossier a été pris en
considération. Je ne vous dis pas que c’est la seule des raisons ou la plus
importante, mais c’est certainement quelque chose qui fait partie à tous les
jours de la réflexion des procureurs de la Couronne.»
«Ça fait un an et demi qu'on veut qu'un
juge, que quelqu'un apprécie cette situation et détermine s'il doit y avoir
procès ou non», a réagi Me Maxime Roy [avocat de Nathalie Normandeau] exaspéré
de devoir attendre.
[L’un des co-accusés] Marc-Yvan Côté a
réclamé un arrêt des procédures en raison des fuites médiatiques qui l'auraient
privé de son droit à une défense pleine et entière. Le Bureau des enquêtes
indépendantes fait toujours des vérifications.
Devant la
commission Charbonneau, l'ancienne ministre des Affaires municipales s'était
dite «révoltée» par les firmes de génie qui auraient «magouillé dans son dos et
celui de son ministère pour obtenir des contrats». (Rires)
* Ne comptez
plus sur l’Unité permanente anticorruption (UPAC) pour endiguer la corruption
dans les plus hautes sphères de la politique québécoise. Le corps policier qui
devait achever le travail laissé en suspens par la commission Charbonneau, sur
les allégations de financement illégal du PLQ, est en totale déroute. [...]
Les récents scandales qui ont plombé non
seulement l’UPAC, mais aussi la SQ [Sûreté du Québec] et le SPVM [Service de
Police de la Ville de Montréal] présentent des similitudes. De un, les
rivalités internes sont si toxiques qu’elles conduisent des personnes en
situation d’autorité à déclencher des enquêtes criminelles dans le but de faire
taire les dissidents. De deux, la reddition de comptes est absente, au motif
qu’on ne commente pas les enquêtes en cours. Cette réserve est compréhensible
jusqu’à un certain point, mais lorsque les enquêtes s’éternisent sans
perspectives d’en arriver au dépôt d’accusations, surtout dans les cas de
corruption politique, le silence contribue à alimenter l’incompréhension et le
scepticisme du public sur l’efficacité du dispositif de lutte contre la
corruption. De trois, les corps policiers ont fait un travail inégal de
recrutement et d’encadrement des témoins repentis, ce qui a contribué par
exemple à l’acquittement du président du comité exécutif à la Ville de
Montréal, Frank Zampino, et de l’entrepreneur Paolo Catania. De quatre,
l’absence d’expertise en matière de crimes économiques, renforcée par la
désuétude du Code criminel sur les affaires de collusion, a amenuisé la valeur
probante des enquêtes. [...]
Lutte contre la corruption : une
amère déception
Un autre fleuron de paralysie judiciaire : SNC-Lavalin
Après avoir multiplié les démarches pour s’éviter de faire face à la
justice, SNC-Lavalin devra subir un procès criminel pour corruption d’agents
publics étrangers et fraude en Libye, a tranché mercredi un juge. Le géant
québécois de l’ingénierie a rapidement annoncé qu’il plaidera non coupable
puisqu’il entend être acquitté.
Au terme de l’enquête préliminaire,
dont une ordonnance de non-publication empêche les médias de rapporter la
preuve qui y a été présentée, le juge Claude Leblond de la Cour du Québec a
déterminé que la preuve est suffisante pour justifier la tenue d’un procès
contre les entités Groupe SNC-Lavalin inc., SNC-Lavalin International inc. et
SNC-Lavalin Construction inc.
La firme fait face à deux
accusations dans ce dossier, soit corruption d’agents publics étrangers et
fraude de 2001 à 2011. Selon les accusations portées par la Gendarmerie royale
du Canada (GRC) en 2015, la firme aurait versé une somme de près de
48 millions à des agents libyens dans le but d’influencer les décisions de
leur gouvernement dirigé à l’époque par Mouammar Kadhafi. [...]
CONCLUSION
Les gens mentent par crainte de perdre
la face, pour obtenir ce qu’ils veulent, et pour esquiver la responsabilité, la
punition et le jugement.
Un seul mensonge découvert suffit pour créer
le doute sur chaque vérité exprimée. La phrase «je n'ai rien à cacher» rappelle
le vieil adage «plus quelqu'un clame son honnêteté haut et fort, plus vite on
peut compter l'argent». De la même manière, si quelqu’un commence sa phrase en
disant «pour être parfaitement honnête», vous pouvez parier que ce qui suit est
de la dissimulation ou du mensonge pur et simple.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire