26 septembre 2019

L’intolérance au discours électoral viscoélastique

Monsieur Legault s’oppose énergiquement à un nouvel oléoduc qui partirait de l’Alberta et traverserait le territoire québécois pour se rendre au Nouveau-Brunswick. Par contre, son gouvernement approuve non seulement l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, mais aussi une usine de liquéfaction de gaz naturel avec son pipeline de 750 km parcourant l’Abitibi et le Témiscamingue, la Haute-Mauricie, le Lac-Saint-Jean, le Saguenay, le Fjord du Saguenay et le Saint-Laurent, qui générera 7,8 millions de tonnes de GES.

De l’économie jusqu’à la nausée

Depuis des décennies, le Québec se vend morceau par morceau pour quelques poignées de dollars à des groupes corporatifs. Pour que l’économie roule bien, l’argent doit circuler. Il circule en effet, mais uniquement entre les propriétaires de multinationales et les paradis fiscaux.
   Je suis plus qu’exaspérée d’entendre le baratin électoral de la brigade des chefs politiques de façade. Leurs discours truffés de «développement économique» donnent envie de vomir car nous savons qu’ils signifient davantage de destruction. Il y a des limites à faire rire de soi.
   Le Canada entier est un buffet «all you can buy». Le degré d’irresponsabilité chez les élus fédéraux et provinciaux est alarmant. D’un côté, ils prônent le passage aux énergies durables (ou vertes), et de l’autre, ils invitent des investisseurs étrangers «anonymes» à financer les projets les plus polluants qui existent, quand ils n’y investissent pas eux-mêmes l’argent des fonds publics. L’ingrédient actif de l’abus de pouvoir est le maintien de la corruption à la base de notre système socioéconomique mondial. C’est ça la mondialisation, c’est ça le libre-échange auquel tous les partis politiques sont à jamais soumis.
   La réelle préservation de l’environnement devrait avoir l’importance qu’elle mérite puisqu’elle déterminera la survie de notre espèce et de toutes les autres.
    Il n’y a pas de pays sur terre où l’on ne souffre pas des impacts de l’exploitation des carburants fossiles et des pesticides. Nous savons que ces industries sont par définition extrêmement polluantes et létales.
  L’équation est pourtant simple : plus on augmente la production, la circulation et l’utilisation de produits toxiques et dangereux, plus les risques d’accidents et de problèmes de santé augmentent.
  
– Qu'avez-vous à dire pour votre défense?
– Je ne me considère pas comme un criminel, votre honneur.
– Comment appelez-vous ça?
– Je prends juste l'argent des gens. ...Et je les aide à le dépenser.
– Pourquoi ne pas vous présenter aux élections? 

Le Mamba noir du Canada (pipeline) : 
https://artdanstout.blogspot.com/2015/12/le-mamba-noir-du-canada.html

Gazoduq/GNL NON MERCI! 





Nature Québec

Le projet de l’entreprise GNL Québec* : un gazoduc qui amènera du gaz naturel de l’Ouest canadien, et une usine de transformation du gaz au Saguenay qui permettra d’exporter le gaz vers l’Europe et l’Asie. Au total, un projet de 14 milliards de dollars – le plus important investissement privé de l’histoire du Québec, rien de moins.
   «C’est le Trans Mountain de l’Est. C’est le nouveau Énergie Est», dit le militant Adrien Guibert-Barthez, co-porte-parole de la Coalition Fjord.
   Mais c’est du gaz naturel liquéfié, une énergie fossile polluante, à la veille d’une campagne électorale qui s’annonce axée sur l’environnement. Et il y a aussi la crainte d’impact environnemental sur le béluga.
   «On ne peut pas faire une chose et son contraire : ce n’est pas parce qu’on investit dans les transports en commun qu’on peut se permettre ce projet-là. Avec l’urgence climatique, on ne peut plus se permettre d’appuyer sur le frein et l’accélérateur en même temps. Au final, ce que le projet recherche, c’est trouver de nouveaux marchés pour le gaz canadien. On ne peut pas augmenter massivement l’offre d’énergie fossile en espérant avoir un gain environnemental. Ça nous apparaît hérétique.» Christian Simard, directeur général de Nature Québec
   «On est pour le projet, c’est bon pour la région, ça amène des jobs, ça crée de la richesse. On peut développer l’expertise, le gaz est en progression constante, la demande est forte, c’est un projet qu’on a la chance d’avoir chez nous, un projet qui va être plus vert qu’ailleurs», dit Richard Martel, député conservateur de Chicoutimi-Le Fjord.
   Le projet créerait jusqu’à 4000 emplois pendant la construction de l’usine (soit pendant quatre ans), puis 300 emplois permanents dans une région aux prises avec un déclin démographique.
   «La lutte contre les changements climatiques, c’est l’essence de notre projet», affirme Stéphanie Fortin, directrice des affaires publiques de GNL Québec. «Ça reste une énergie fossile, on n’est pas en train de faire de la magie, mais on est moins polluant et plus efficace [que les autres usines de gaz naturel liquéfié qui sont alimentées par leur propre gaz naturel]. C’est notre ambition de faire comme l’aluminium vert du Saguenay.»

Vincent Brousseau-Pouliot | La Presse, 6 septembre 2019 | Article intégral :

* GNL Québec est une coentreprise de Canada LNG / Pacific NorthWest LNG géré par le géant énergétique privé Petronas Malaisie œuvrant dans le nord de la Colombie-Britannique; l’entreprise avait proposé une usine de liquéfaction de gaz à Kitimat pour faciliter son expédition vers les marchés asiatiques. PetroChina et Korea Gas étaient prêts à investir ainsi que d'autres entreprises telles que Royal Dutch Shell et Mitsubishi. Ces groupes ne lâcheront pas la poule aux œufs bruns.   

Préparons-nous à subir de fortes pressions de la part de TC Énergie (anciennement Trans Canada). Le promoteur albertain Duane Lauritsen dirige une nouvelle entreprise Canadian Prosperity Pipelines (ou CP3) incorporée au Québec pour relancer le projet d’oléoduc Énergie Est au nom de l’unité nationale. C’est pourquoi il établit sa société là où l’opposition aux pipelines est la plus féroce : au Québec. Pour le dirigeant, l’établissement prochain du siège social de sa compagnie à Montréal démontre l’intérêt pour le Québec. Il croit pouvoir éduquer, informer et convaincre les Québécois de ce qu’il dit être un projet unificateur de l’Ouest et de l’Est du Canada. La tuyauterie du pipeline Prospérité canadienne est à construire d'un bout à l'autre, soit 4500 km de tuyaux; trois tracés sont à l'étude selon le promoteur. Jason Kenney (AL) et Blaine Higgs (N.-B.) jubilent!

Vers un projet Énergie Est 2.0 au Québec?

Le point de vue de quelqu'un qui habite la région.  

Les pseudo-retombées économiques d’Énergie Saguenay

Pierre Dostie, Chicoutimi
Le Devoir 27 juin 2019 | Libre opinion 

Photo: iStock.

Notre région est encore trop dépendante des investisseurs étrangers qui extraient nos ressources pour les exporter sans leur ajouter de la valeur par la transformation sur place. Les efforts que les différents acteurs économiques régionaux déploient depuis plusieurs décennies visent à diversifier notre économie (nouveaux secteurs, notamment l’immatériel, etc.), à transformer nos ressources (bois, aluminium, agroalimentaire, etc.), à créer une économie durable et circulaire, à promouvoir l’entrepreneuriat et à renforcer nos secteurs d’excellence (culture, tourisme, etc.). Le développement économique ne peut reposer que sur des retombées sous forme de salaires et de quelques contrats de sous-traitance, surtout si l’on considère que l’industrie est appelée à cesser ses activités à plus ou moins brève échéance (ex. 25 ans) en ne laissant que des installations inutilisables et un environnement détérioré qu’il faudra restaurer aux frais de la collectivité. Notre économie régionale souffre d’une structure de dépendance qui empêche son développement.
   Le projet Gazoduq-Énergie Saguenay, non seulement prévoit d’exploiter une ressource controversée (gaz de fracturation), exploitée ailleurs au risque d’endommager irrémédiablement l’environnement, mais ne lui ajoutera aucune valeur (liquéfier le gaz aux seules fins du transport n’est pas un ajout de valeur) et ne fait que passer sur notre territoire pour être exportée ailleurs. En outre, il n’est pas démontré que son usage contribuera à remplacer le charbon ou le mazout, et ce, malgré les prétentions du promoteur. Nous savons par ailleurs que le développement des énergies renouvelables est exponentiel en plus d’être concurrentiel. Cela nous fait douter encore davantage de la pertinence et de l’acceptabilité sociale du projet.

Transition écologique
Ce ne sont pas seulement de retombées économiques, surtout de cette nature, que notre région a besoin. Notre économie régionale a besoin de renforcer ses pôles endogènes et intégrés de développement, d’enraciner celui-ci par du financement et de l’entrepreneuriat local et régional, notamment collectif, et pour appuyer sa créativité. Créer de la richesse ici, par nous, pour nous. La planète entière doit relever l’urgent défi de la transition écologique et économique du XXIe siècle. L’économie de l’avenir repose sur des stratégies qui valorisent les circuits courts, l’économie circulaire, l’économie d’énergie, l’énergie renouvelable, l’achat local, la souveraineté alimentaire, le transport collectif et actif, un urbanisme en fonction des personnes qui habitent nos villes et non en fonction des besoins de l’industrie, notamment automobile, etc.
   C’est l’équivalent de l’électricité nécessaire pour fournir une aluminerie qui est prévue pour l’usine de liquéfaction du gaz naturel. Notre économie régionale a besoin de son hydroélectricité pour appuyer ses efforts de développement autonome, plutôt que pour consolider sa dépendance aux énergies fossiles, aux investisseurs étrangers, à l’extractivisme sans coeur.
   Non, ce ne sont pas les projets de rechange qui manquent, ce qui fait défaut, c’est notre mentalité de soumission et de dépendance au capitalisme sauvage qui nous a conduits à l’urgence climatique. L’opposition grandissante aux projets d’un autre temps est d’abord et avant tout porteuse d’un projet de société basé sur la coopération, le respect de l’environnement, les valeurs collectives et le bien commun, la justice et le partage des richesses.


Le projet GNL Québec doit être rejeté *

En cette ère d’urgence climatique et d’effondrement de la biodiversité, nous estimons que les scientifiques ont le devoir de se prononcer sur les grands projets qui détermineront l’avenir de notre civilisation. C’est dans cet esprit que nous intervenons aujourd’hui dans le débat public sur le projet GNL Québec.
   Ce projet ne contribuerait pas à lutter contre le changement climatique. Il favoriserait l’extraction quotidienne de 44 millions de mètres cubes de gaz naturel dans les Prairies canadiennes, ce qui représente 2,6 fois la consommation quotidienne de l’ensemble du Québec. Le Canada, qui est déjà le 5e exportateur de gaz naturel en importance au monde, verrait ses exportations nettes de gaz naturel grimper de 27 % si ce projet allait de l’avant.
   Selon une analyse du cycle de vie de ce gaz commandée par les promoteurs, de son extraction jusqu’à sa sortie de l’usine de liquéfaction, il engendrerait plus de 7,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) par an. Cela signifie que les émissions totales associées à ce projet au Canada seraient comparables au total des réductions d’émissions de GES au Québec depuis 1990. Une incertitude de taille dans ces calculs concerne la quantité d’émissions fugitives de gaz (fuites) survenant durant son extraction, tout au long de la chaîne de transport et après la fermeture des puits. Comme le gaz naturel est constitué essentiellement de méthane, un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le CO2 sur un horizon de 20 ans, la contribution de ces fuites au réchauffement planétaire est énorme, et il est donc possible que les émissions totales de GES associées à ce projet soient considérablement plus élevées que les meilleures estimations disponibles.
   

Le projet GNL Québec constitue également une menace sérieuse pour la biodiversité. En traversant les milieux naturels du Nord-du-Québec, de l’Abitibi-Témiscamingue au fjord du Saguenay, le pipeline Gazoduq fragmenterait l’habitat de 17 espèces vulnérables, menacées ou en voie de disparition. Il croiserait les bassins versants des rivières Harricana, Nottaway, Moose, Outaouais, Saint-Maurice et Saguenay. Enfin, l’exportation du gaz liquéfié exigerait chaque semaine 6 à 8 passages de super-méthaniers dans le fjord. Le bruit sous-marin assourdissant de ces géants des mers mettrait en péril la survie du béluga du Saint-Laurent dans le seul refuge acoustique protégé dont il dispose encore.
   Pris dans son ensemble, ce projet viendrait donc altérer encore davantage les écosystèmes terrestres et marins dont dépend la vie sur Terre, alors même que les experts mandatés par l’ONU ont récemment confirmé un taux d’extinction des espèces «sans précédent» et qui s’accélère, érodant «les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier».
   Ces faits s’accordent très mal avec la prétention que GNL Québec ferait partie des solutions à l’urgence écologique. Ils indiquent plutôt que ce projet contribuerait à l’aggraver. Nous estimons par conséquent que le projet GNL Québec est incompatible avec la notion de transition énergétique et doit être rejeté.

Jesse Greener et Lucie Sauvé Le Devoir | Libre opinion | 3 juin 2019
* Ce texte est appuyé par environ 150 scientifiques

Pour minimiser l’emprise les plus grands pollueurs de l’industrie pétrochimique et agrochimique, tout ce que nous pouvons faire est de changer nos propres habitudes de consommation et nos comportements. Sinon, ils continueront à détruire la terre sans se faire de souci. Quand on sait, on peut choisir; l’ignorance n’offre aucun choix.

Conclusion : quand les gens ne comprennent ni de la tête ni du cœur (ni d’ailleurs), en dernier ressort, on utilise l’humour et le cynisme.

Les climatologues confirment qu'il est encore temps de faire sauter la terre

The Onion* | 5 octobre 2018

Groupe d'experts intergouvernemental. Photomontage : The Onion

GENÈVE, SUISSE – Avertissant que des millions de personnes mourront de faim dans les rues si les dirigeants mondiaux ne prennent pas des mesures décisives, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ont confirmé lundi qu'il était encore temps de faire sauter la terre avant que le réchauffement climatique irréversible ne condamne l'humanité à une lente extinction. «En détruisant notre planète dans un maelstrom nucléaire maintenant, nous pouvons éviter les souffrances indues qui autrement caractériseront le siècle prochain», a déclaré le président du GIEC, M. Hoesung Lee, ajoutant qu'un millier d'armes nucléaires stratégiquement placées sur des sites géothermiques actifs cruciaux dans le monde pourrait être suffisant pour inonder la planète de magma blanc et chaud, mettant un terme miséricordieux à cette expérience ratée qu'est l'homme. «Nous avons la technologie pour ce faire; mais ce ne sera pas facile et nous devons agir immédiatement. Nous avions cru qu'il nous resterait au moins un siècle de plus pour faire exploser la terre, mais si l'on veut que l'espèce humaine évite une catastrophe écologique, nous devons commencer hier. Pour ma part, je ne veux pas avoir à regarder mes petits-enfants dans les yeux un jour, et à leur dire que j'aurais pu faire exploser le monde infernal où ils sont forcés de vivre, mais que je ne l’ai pas fait. Ce serait le comble de l'égoïsme.» Lee a ensuite présenté une série de maquettes terrifiantes d'images satellitaires illustrant à quoi pourrait ressembler une terre tragiquement intacte en 2040 et au-delà.

* La publication satirique The Onion (publiée depuis 1988) met le doigt sur nos paradoxes et notre crédulité sans ménagement.

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