De l’économie jusqu’à la nausée
Depuis des
décennies, le Québec se vend morceau par morceau pour quelques poignées de dollars
à des groupes corporatifs. Pour que l’économie roule bien, l’argent doit
circuler. Il circule en effet, mais uniquement entre les propriétaires de
multinationales et les paradis fiscaux.
Je suis plus qu’exaspérée d’entendre le baratin électoral de la brigade des chefs
politiques de façade. Leurs discours truffés de «développement économique»
donnent envie de vomir car nous savons qu’ils signifient davantage de
destruction. Il y a des limites à faire rire de soi.
Le Canada entier est un buffet «all you
can buy». Le degré d’irresponsabilité chez les élus fédéraux et provinciaux est
alarmant. D’un côté, ils prônent le passage aux énergies durables (ou vertes), et
de l’autre, ils invitent des investisseurs étrangers «anonymes» à financer les
projets les plus polluants qui existent, quand ils n’y investissent pas eux-mêmes
l’argent des fonds publics. L’ingrédient actif de l’abus de pouvoir est le
maintien de la corruption à la base de notre système socioéconomique mondial.
C’est ça la mondialisation, c’est ça le libre-échange auquel tous les partis politiques
sont à jamais soumis.
La réelle
préservation de l’environnement devrait avoir l’importance qu’elle mérite puisqu’elle
déterminera la survie de notre espèce et de toutes les autres.
Il n’y a pas de pays sur terre où l’on ne
souffre pas des impacts de l’exploitation des carburants fossiles et des
pesticides. Nous savons que ces industries sont par définition extrêmement polluantes
et létales.
L’équation est pourtant simple : plus on
augmente la production, la circulation et l’utilisation de produits toxiques et
dangereux, plus les risques d’accidents et de problèmes de santé augmentent.
– Je ne me
considère pas comme un criminel, votre honneur.
– Comment
appelez-vous ça?
– Je prends
juste l'argent des gens. ...Et je les aide à le dépenser.
– Pourquoi ne
pas vous présenter aux élections?
Le Mamba noir du Canada (pipeline) :
https://artdanstout.blogspot.com/2015/12/le-mamba-noir-du-canada.html
Le Mamba noir du Canada (pipeline) :
Gazoduq/GNL NON MERCI!
Nature Québec
Le projet de l’entreprise GNL Québec* : un gazoduc qui amènera du gaz naturel
de l’Ouest canadien, et une usine de transformation du gaz au Saguenay qui
permettra d’exporter le gaz vers l’Europe et l’Asie. Au total, un projet de 14
milliards de dollars – le plus important investissement
privé de l’histoire du Québec, rien de moins.
«C’est le Trans Mountain de l’Est. C’est le
nouveau Énergie Est», dit le militant Adrien Guibert-Barthez, co-porte-parole
de la Coalition Fjord.
Mais c’est du gaz naturel liquéfié, une
énergie fossile polluante, à la veille d’une campagne électorale qui s’annonce
axée sur l’environnement. Et il y a aussi la crainte d’impact environnemental
sur le béluga.
«On ne peut pas faire une chose et son
contraire : ce n’est pas parce qu’on investit dans les transports en commun
qu’on peut se permettre ce projet-là. Avec l’urgence climatique, on ne
peut plus se permettre d’appuyer sur le frein et l’accélérateur en même temps.
Au final, ce que le projet recherche, c’est trouver de nouveaux marchés pour le
gaz canadien. On ne peut pas augmenter massivement l’offre d’énergie fossile en
espérant avoir un gain environnemental. Ça nous apparaît hérétique.» Christian
Simard, directeur général de Nature Québec
«On est pour le projet, c’est bon pour la
région, ça amène des jobs, ça crée de la richesse. On peut développer
l’expertise, le gaz est en progression constante, la demande est forte, c’est
un projet qu’on a la chance d’avoir chez nous, un projet qui va être plus vert
qu’ailleurs», dit Richard Martel, député conservateur de Chicoutimi-Le Fjord.
Le projet créerait jusqu’à 4000 emplois
pendant la construction de l’usine (soit pendant quatre ans), puis 300 emplois
permanents dans une région aux prises avec un déclin démographique.
«La lutte contre les changements
climatiques, c’est l’essence de notre projet», affirme Stéphanie Fortin,
directrice des affaires publiques de GNL Québec. «Ça reste une énergie fossile,
on n’est pas en train de faire de la magie, mais on est moins polluant et plus
efficace [que les autres usines de gaz naturel liquéfié qui sont alimentées par
leur propre gaz naturel]. C’est notre ambition de faire comme l’aluminium vert du Saguenay.»
Vincent
Brousseau-Pouliot | La Presse, 6 septembre 2019 | Article intégral :
https://www.lapresse.ca/affaires/201909/05/01-5240037-saguenay-le-gazoduc-devenu-enjeu-electoral.php
* GNL Québec est une coentreprise de Canada
LNG / Pacific NorthWest LNG géré par le géant énergétique privé Petronas Malaisie œuvrant dans le nord
de la Colombie-Britannique; l’entreprise avait proposé une usine de
liquéfaction de gaz à Kitimat pour faciliter son expédition vers les marchés
asiatiques. PetroChina et Korea Gas étaient prêts à investir ainsi
que d'autres entreprises telles que Royal
Dutch Shell et Mitsubishi. Ces
groupes ne lâcheront pas la poule aux œufs bruns.
Préparons-nous à subir de fortes
pressions de la part de TC Énergie (anciennement Trans Canada). Le promoteur
albertain Duane Lauritsen dirige une nouvelle entreprise Canadian Prosperity Pipelines (ou CP3) incorporée au Québec pour relancer le projet d’oléoduc Énergie Est au
nom de l’unité nationale. C’est pourquoi il établit sa société là où
l’opposition aux pipelines est la plus féroce : au Québec. Pour le dirigeant,
l’établissement prochain du siège social de sa compagnie à Montréal démontre
l’intérêt pour le Québec. Il croit pouvoir
éduquer, informer et convaincre les Québécois de ce qu’il dit être un
projet unificateur de l’Ouest et de l’Est du Canada. La tuyauterie du pipeline Prospérité canadienne est à construire d'un bout à l'autre, soit 4500 km de tuyaux; trois tracés sont à l'étude selon le promoteur. Jason Kenney (AL) et
Blaine Higgs (N.-B.) jubilent!
Vers un projet Énergie Est 2.0 au Québec?
Le point de
vue de quelqu'un qui habite la région.
Les pseudo-retombées économiques
d’Énergie Saguenay
Pierre Dostie, Chicoutimi
Le Devoir 27
juin 2019 | Libre opinion
Notre région
est encore trop dépendante des investisseurs étrangers qui extraient nos
ressources pour les exporter sans leur ajouter de la valeur par la
transformation sur place. Les efforts que les différents acteurs économiques
régionaux déploient depuis plusieurs décennies visent à diversifier notre
économie (nouveaux secteurs, notamment l’immatériel, etc.), à transformer nos
ressources (bois, aluminium, agroalimentaire, etc.), à créer une économie
durable et circulaire, à promouvoir l’entrepreneuriat et à renforcer nos
secteurs d’excellence (culture, tourisme, etc.). Le développement économique ne
peut reposer que sur des retombées sous forme de salaires et de quelques
contrats de sous-traitance, surtout si l’on considère que l’industrie est
appelée à cesser ses activités à plus ou moins brève échéance (ex. 25 ans) en
ne laissant que des installations inutilisables et un environnement détérioré
qu’il faudra restaurer aux frais de la collectivité. Notre économie régionale
souffre d’une structure de dépendance qui empêche son développement.
Le projet Gazoduq-Énergie Saguenay, non
seulement prévoit d’exploiter une ressource controversée (gaz de fracturation),
exploitée ailleurs au risque d’endommager irrémédiablement l’environnement,
mais ne lui ajoutera aucune valeur (liquéfier le gaz aux seules fins du
transport n’est pas un ajout de valeur) et ne fait que passer sur notre
territoire pour être exportée ailleurs. En outre, il n’est pas démontré que son
usage contribuera à remplacer le charbon ou le mazout, et ce, malgré les
prétentions du promoteur. Nous savons par ailleurs que le développement des
énergies renouvelables est exponentiel en plus d’être concurrentiel. Cela nous
fait douter encore davantage de la pertinence et de l’acceptabilité sociale du
projet.
Transition écologique
Ce ne sont
pas seulement de retombées économiques, surtout de cette nature, que notre
région a besoin. Notre économie régionale a besoin de renforcer ses pôles
endogènes et intégrés de développement, d’enraciner celui-ci par du financement
et de l’entrepreneuriat local et régional, notamment collectif, et pour appuyer
sa créativité. Créer de la richesse ici, par nous, pour nous. La planète
entière doit relever l’urgent défi de la transition écologique et économique du
XXIe siècle. L’économie de l’avenir
repose sur des stratégies qui valorisent les circuits courts, l’économie
circulaire, l’économie d’énergie, l’énergie renouvelable, l’achat local, la
souveraineté alimentaire, le transport collectif et actif, un urbanisme en
fonction des personnes qui habitent nos villes et non en fonction des besoins
de l’industrie, notamment automobile, etc.
C’est l’équivalent de l’électricité
nécessaire pour fournir une aluminerie qui est prévue pour l’usine de
liquéfaction du gaz naturel. Notre économie régionale a besoin de son
hydroélectricité pour appuyer ses efforts de développement autonome, plutôt que
pour consolider sa dépendance aux énergies fossiles, aux investisseurs
étrangers, à l’extractivisme sans coeur.
Non,
ce ne sont pas les projets de rechange qui manquent, ce qui fait défaut, c’est
notre mentalité de soumission et de dépendance au capitalisme sauvage qui nous
a conduits à l’urgence climatique. L’opposition grandissante aux projets d’un
autre temps est d’abord et avant tout porteuse d’un projet de société basé sur
la coopération, le respect de l’environnement, les valeurs collectives et le
bien commun, la justice et le partage des richesses.
Le projet GNL Québec doit être rejeté *
En cette ère d’urgence climatique
et d’effondrement de la biodiversité, nous estimons que les scientifiques ont
le devoir de se prononcer sur les grands projets qui détermineront l’avenir de
notre civilisation. C’est dans cet esprit que nous intervenons aujourd’hui dans
le débat public sur le projet GNL Québec.
Ce projet ne contribuerait pas à lutter contre le changement climatique.
Il favoriserait l’extraction quotidienne de 44 millions de mètres cubes de gaz
naturel dans les Prairies canadiennes, ce qui représente 2,6 fois la
consommation quotidienne de l’ensemble du Québec. Le Canada, qui est déjà le 5e
exportateur de gaz naturel en importance au monde, verrait ses exportations
nettes de gaz naturel grimper de 27 % si ce projet allait de l’avant.
Selon une analyse du cycle de vie de ce gaz commandée par les
promoteurs, de son extraction jusqu’à sa sortie de l’usine de liquéfaction, il engendrerait plus de 7,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) par an.
Cela signifie que les émissions totales associées à ce projet au Canada
seraient comparables au total des réductions d’émissions de GES au Québec
depuis 1990. Une incertitude de taille dans ces calculs concerne
la quantité d’émissions fugitives de gaz (fuites) survenant durant son
extraction, tout au long de la chaîne de transport et après la fermeture des puits.
Comme le gaz naturel est constitué essentiellement de méthane, un gaz à effet
de serre 84 fois plus puissant que le CO2 sur un horizon de 20 ans, la
contribution de ces fuites au réchauffement planétaire est énorme, et il est
donc possible que les émissions totales de GES associées à ce projet soient
considérablement plus élevées que les meilleures estimations disponibles.
Le projet GNL Québec constitue également une menace sérieuse pour la biodiversité. En traversant les milieux naturels du Nord-du-Québec, de l’Abitibi-Témiscamingue au fjord du Saguenay, le pipeline Gazoduq fragmenterait l’habitat de 17 espèces vulnérables, menacées ou en voie de disparition. Il croiserait les bassins versants des rivières Harricana, Nottaway, Moose, Outaouais, Saint-Maurice et Saguenay. Enfin, l’exportation du gaz liquéfié exigerait chaque semaine 6 à 8 passages de super-méthaniers dans le fjord. Le bruit sous-marin assourdissant de ces géants des mers mettrait en péril la survie du béluga du Saint-Laurent dans le seul refuge acoustique protégé dont il dispose encore.
Pris dans son ensemble, ce projet viendrait
donc altérer encore davantage les écosystèmes terrestres et marins dont dépend
la vie sur Terre, alors même que les experts mandatés par l’ONU ont récemment
confirmé un taux d’extinction des espèces «sans précédent» et qui s’accélère,
érodant «les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la
sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier».
Ces faits s’accordent très mal avec la
prétention que GNL Québec ferait partie des solutions à l’urgence écologique.
Ils indiquent plutôt que ce projet contribuerait à l’aggraver. Nous estimons
par conséquent que le projet GNL Québec est incompatible avec la notion de transition
énergétique et doit être rejeté.
Jesse Greener et Lucie Sauvé Le
Devoir | Libre opinion | 3 juin 2019
* Ce texte
est appuyé par environ 150 scientifiques
Pour minimiser
l’emprise les plus grands pollueurs de l’industrie pétrochimique et
agrochimique, tout ce que nous pouvons faire est de changer nos propres
habitudes de consommation et nos comportements. Sinon, ils continueront à
détruire la terre sans se faire de souci. Quand on sait, on peut choisir; l’ignorance
n’offre aucun choix.
Conclusion : quand les gens
ne comprennent ni de la tête ni du cœur (ni d’ailleurs), en dernier ressort, on
utilise l’humour et le cynisme.
Les climatologues confirment qu'il est encore temps
de faire sauter la terre
The Onion* | 5 octobre 2018
Groupe d'experts
intergouvernemental. Photomontage : The Onion
GENÈVE, SUISSE – Avertissant que
des millions de personnes mourront de faim dans les rues si les dirigeants
mondiaux ne prennent pas des mesures décisives, les scientifiques du Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ont confirmé lundi
qu'il était encore temps de faire sauter la terre avant que le réchauffement
climatique irréversible ne condamne l'humanité à une lente extinction. «En détruisant notre planète dans un
maelstrom nucléaire maintenant, nous pouvons éviter les souffrances indues qui
autrement caractériseront le siècle prochain», a déclaré le président du
GIEC, M. Hoesung Lee, ajoutant qu'un
millier d'armes nucléaires stratégiquement placées sur des sites géothermiques
actifs cruciaux dans le monde pourrait être suffisant pour inonder la planète
de magma blanc et chaud, mettant un terme miséricordieux à cette expérience
ratée qu'est l'homme. «Nous avons la technologie pour ce faire; mais ce ne
sera pas facile et nous devons agir immédiatement. Nous avions cru qu'il nous
resterait au moins un siècle de plus pour faire exploser la terre, mais si l'on
veut que l'espèce humaine évite une catastrophe écologique, nous devons
commencer hier. Pour ma part, je ne veux pas avoir à regarder mes
petits-enfants dans les yeux un jour, et à leur dire que j'aurais pu faire
exploser le monde infernal où ils sont forcés de vivre, mais que je ne l’ai pas
fait. Ce serait le comble de l'égoïsme.» Lee a ensuite présenté une série de
maquettes terrifiantes d'images satellitaires illustrant à quoi pourrait
ressembler une terre tragiquement intacte en 2040 et au-delà.
* La publication satirique The
Onion (publiée depuis 1988) met le doigt sur nos paradoxes et notre crédulité
sans ménagement.
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