24 septembre 2019

En réponse aux stupidités propagées sur l’alarmisme climatique

Un rendez-vous à ne pas manquer

Le 15 mars 2019, il y avait plus de 150 000 étudiantes et étudiants officiellement en grève à travers le Québec.

Le prochain rendez-vous de cette grande mobilisation est le 27 septembre dans le cadre du mouvement Earth Strike (La planète en grève) qui s’organise déjà dans une vingtaine de pays.
   Le 27 septembre, nous vous invitons toutes et tous à marcher : étudiantes et étudiants, travailleuses et travailleurs, citoyennes et citoyens.
   À Montréal, la délégation d'Amnistie internationale vous donne rendez-vous au coin de la rue Duluth et avenue du Parc à 11:15 pour être prêt pour le début de la marche à midi.

Pourquoi se mobiliser?
Parce que protéger l'environnement, c'est protéger l'humanité. En effet, l'urgence climatique menace aujourd'hui le futur de l'humanité et les droits humains les plus élémentaires à l’échelle de la planète. Le droit à la vie, au logement, au travail, à des moyens de subsistances et à des installations sanitaires sont en péril.
   La lutte écologiste n'est pas seulement une lutte sectorielle. Elle concerne tous les secteurs et tous les organismes de l'action communautaire autonome puisque les premières personnes qui seront touchées par les conséquences des dérèglements climatiques sont les personnes qu'on soutient au quotidien.
   La lutte pour le climat doit absolument se faire dans une perspective de justice sociale et les mesures de transition qui seront entreprises ne doivent pas seulement profiter aux riches, mais doivent viser le respect des droits humains et l'amélioration des conditions de vie de tous et toutes.

Un environnement sain c'est un droit!

Trouvez le rassemblement près de chez vous : la liste complète est disponible dans l'événement Facebook

Malheureusement, si les ambitions économiques d’un parti politique sont basées sur la contamination de l'eau et des sols, l’augmentation de la pollution de l'air (GES), la destruction des terres arables, des forêts et des espèces, il est assuré de remporter la victoire.
   La Coalition avenir Québec est fortement orientée sur le capitalisme néolibéral radical, cette solution miracle qui «fait grandir» l’économie, mais qui au final n’enrichit que les grandes entreprises et leurs investisseurs. Tout comme les Trudeau, Scheer et Bernier*, François Legault prétend qu’il est possible d’exploiter le gazoduc GNL Saguenay (un nouveau projet qui va scraper la région à tous les niveaux), cimenteries, alumineries,  minières, gaz naturel sur les rives du Saint-Laurent... et plein d’autres industries émettrices de GES, tout en préservant l’environnement. Qui plus est, les plus grands pollueurs ne seront encouragés à réduire leurs GES, mais pas contraints, en raison de la compétition internationale.
   «Les gouvernements ne veulent pas des gens bien informés, bien éduqués, capables de pensée critique, ils veulent des ouvriers obéissants, des gens qui sont juste assez intelligents pour faire fonctionner des machines et s’occuper de la paperasse. Et juste assez stupides pour accepter ça passivement.» ~ George Carlin

* Le guignol Maxime Bernier ne cesse de rabâcher que la crise climatique n’existe pas, que les écologistes fomentent un complot pour nous empêcher de vivre et nous appauvrir. Au fond, ce guignol ne sert qu’à paver la voie à Andrew Scheer en le faisant paraître «modéré». Il faudra regarder le débat des chefs où il sera présent, comme le chien dans un  jeu de quilles.   

«L'orgueil et la vanité sont les échasses du sot; mais elles ne le grandissent que pour le faire tomber de plus haut.» ~ Jules Petit-Senn (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)

«Quand les gens juchés sur des échasses viennent à choir, un sourire accompagne la pitié que leur chute inspire.» ~ Anne Barratin (Pensées in Oeuvres posthumes, p.218, Alphonse Lemerre, 1920)

Le romancier, poète, chroniqueur et travailleur social David Goudreault n’a pas peur des mots. C’est pour ça qu’on l’aime tant : la dure vérité tantôt parée d’humour, tantôt d’amour.

Les dangers mortels de l’optimisme

David Goudreault La Tribune 1er juin 2019

«Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.» – Mathieu Kassovitz

Mon fils s’est rétamé le faciès sur le plancher de bois franc. Badang! C’est de ma faute. Je me culpabilise chaque fois que son lumineux sourire dévoile l’éclat de palette manquant. Si ce n’était d’un soupçon de procrastination de ma part, mon héritier étalerait encore toute sa dentition. Ma conjointe m’avait pourtant prévenu la veille : «Le petit se monte la jambe sur le bord de la bassinette, faudrait installer son lit.» Une tâche de plus sur ma liste. «C’est noté, chérie, je m’en occupe.» La mission inscrite à l’agenda pour le lendemain, je vaquais à ma surcharge de travail quotidienne. Évidemment, le jour venu, mille petites urgences me détournèrent de la priorité établie. «J’installe le lit tout de suite après sa sieste.» La sieste fut sanglante.

Ces jours-ci, je pense souvent aux pacifistes optimistes de 1938, aux sceptiques du totalitarisme annoncé, aux crédules du nazisme modéré et autres journalistes qui tendaient leurs micros complaisants à Adolf Hitler. Au pied du Vésuve aussi, ils devaient être légions, les personnages rassurants qui promettaient seulement un peu de lave et quelques cendres sur Pompéi, presque rien, rien de bien grave. J’imagine que ces borgnes clairvoyants prenaient le même ton affecté que nos dirigeants actuels lorsque vient le temps de prioriser systématiquement l’économie au détriment de l’écologie. «Voyons les tatas, ce n’est pas le consensus de quelques dizaines de milliers de scientifiques aux abois qui va remettre en question notre modèle mortifère à la viabilité impossible.» La croissance économique ne saurait tolérer l’évidence scientifique…

Hubert Reeves ne peut être taxé d’alarmisme. Le charismatique astrophysicien penche toujours du côté de l’espérance. Pourtant, il m’avait choqué avec la parution de Mal de terre, en 2003. Reeves y démontrait clairement, chiffres à l’appui, que l’heure était grave; il y a plus de 15 ans, il était déjà trop tard moins quart. La seule issue possible : mobiliser les entreprises, les gouvernements et les environnementalistes pour mettre en place de profondes transformations sociales et commerciales. On s’en éloigne. Les rares engagements, toujours à long terme, ne sont pratiquement jamais respectés par les pays signataires. Demandez à Justin!

Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète et la planète se réchauffe plus rapidement que prévu. Réponse vigoureuse des gouvernements? Contraintes conséquentes aux entreprises polluantes? Non, les émissions mondiales atteignent des niveaux records et on tergiverse toujours! Des millions de citoyens joignent leurs voix à celles de dizaines de milliers d’experts alarmés, mais l’écho de notre inquiétude semble se perdre entre les quatre murs de la Chambre de commerce.

Sauver l’humanité avec une poche de café équitable et un lundi sans viande, une semaine sur deux, ce ne sera pas suffisant. Les écologistes mous, les technocrates patients et autres exaltés de la technologie salvatrice demeurent de précieux alliés pour les pétrolières, les minières, les multinationales et autres principaux émetteurs de gaz à effets de serre. Le positivisme a ses limites; l’effet placebo n’a jamais guéri de cancer en phase terminale.

Cessons de parler de «lutte aux changements climatiques», il n’y a pas de lutte, d’adversaire à vaincre ou à combattre, nous sommes notre propre ennemi, et c’est l’autodestruction que nous devons éviter. Il ne s’agit pas de gagner une lutte, mais d’éviter un suicide collectif. Survivre plutôt que guerroyer; dialectique moins sexy, mais plus fidèle à la réalité.

Et pour survivre, il ne faut pas sous-estimer les bénéfices d’une saine panique. La lucidité et l’espoir peuvent cohabiter. L’avenir du monde est radical, jeune et intransigeant. Je crois en ces manifestants indignés, politisés, inquiets et positifs. Aux quatre coins du globe, elles angoissent avec le sourire, ils capotent en mode festif. Sans se laisser récupérer. À l’ombre de leurs parents résignés, ils sont conscients que le temps n’arrange pas les choses, les choses s’arrangent dans le temps quand on s’en occupe. Et le temps nous manque!

De plus en plus de citoyens éveillés adoptent de nouveaux modes de vie écoresponsables, votent sans allégeance aux partis, bâtissent des alternatives dans la marge, rejettent les carrières aliénantes et les mensonges crasseux de la mondialisation des marchés. Ils ne croient plus à nos modes de vie destructeurs. Et ils ont raison.

L’humanité est sur le point de se rétamer la gueule sur le plancher de notre nonchalance. On remet encore à demain ce qu’on aurait dû corriger hier. Rien n’est moins certain que l’avenir de nos enfants. Admirons-les se révolter, rejoignons-les! On peut participer à une mobilisation extraordinaire pour survivre ensemble à la plus grande menace de notre histoire; on peut aussi se dire qu’il n’est pas trop tard, qu’on a encore du temps pour réagir, choisir l’aveuglement volontaire, demeurer optimiste et retourner faire la sieste.


Vidéo portrait de l’auteur, L'hymne à l'humain, disponible sur le site de La fabrique culturelle 

David Goudreault nous inspire par sa profonde humanité et sa curiosité à comprendre l'autre. Sa trajectoire de vie lui a donné la sensibilité à accepter les failles qui peuvent devenir une réelle force mais aussi parfois se transformer en gouffre.


«L'expression chez l'humain, c'est le meilleur outil pour se nettoyer la psyché, pour régler nos trucs. Il n'y a jamais rien qui est aussi efficace pour apaiser une souffrance que de la savoir reconnue. Pour moi le geste d'écrire déjà porte une part de la guérison.»

«La rue, c'est un milieu où tout se mélange – le meilleur comme le pire. C'est dans la rue qu'on a organisé de grandes manifs qui nous ont permis certains acquis sociaux, mais c'est aussi dans la rue qu'on atterrit à 4 h du matin, entre deux puffs de crack, absolument vulnérable, parmi les loups et les chiens qui sont toujours là pour exploiter la misère humaine.»

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