Qui paiera la facture?!
«Tout en écoutant le bruit, j’ai pensé que la vie avait défilé très vite. Je suis ici maintenant. ... Il y a un instant, j’en étais encore au premier acte. Voilà que l’épilogue a commencé. ... La vie n’est pas une affaire de réduction. La vie, au fond, c’est quelque chose de sérieux. Il y a un enjeu, je ne sais pas lequel, mais il faut tout de même croire qu’il existe, et que le sens caché se trouve un cran au-dessus des chèques-cadeaux et des tickets de grattage.»
~ Henning
Mankell (Les chaussures italiennes;
Seuil 2009)
«En cannibalisant la nature, nous sommes en train
de détruire le fruit de 3,8 milliards d’années de vie sur Terre, fruit dont il
ne restera bientôt plus grand-chose. Et bien que la Terre n’ait aucunement
besoin du vivant pour exister (c’est elle qui a permis sa constitution et non l’inverse),
sa présence active lui donne l’occasion de déployer sa prolifique somptuosité.
Survivre
à une nature ravagée replacerait l’humain sur une voie qu’il avait pourtant
choisi d’éviter dès le départ : celle de se retrouver isolé, aux prises avec le
déplaisir de l’angoisse existentielle dans un monde sans aucune autre vie que
la sienne. Est-ce cela que nous voulons?
Mutiler
la Terre, c’est donc beaucoup plus que mettre en péril l’existence de
l’humanité. C’est d’abord nier le sens ultime de notre existence comme témoin
privilégié d’un environnement prodigieux. Vivre sans tenir compte de ce rôle,
ce n’est déjà plus vivre, c’est tenter bêtement de survivre sans aucune raison
d’être.»
~ Pierre
Desjardins, philosophe (Peut-on vivre
sans raison d’être? | La
Presse+ Opinion, 06.12.2015)
«Je vis du
jour à la journée, et me contente d'avoir de quoi suffire aux besoins présents
et ordinaires; aux extraordinaires toutes les provisions du monde n'y sauraient
suffire.» ~ Michel de Montaigne (Essais 1.14, p.121, Folio
n°289)
Nous y voilà, nous y sommes.
«On est
obligés de la faire, la Troisième Révolution? demanderont quelques esprits
réticents et chagrins. Oui. On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne
nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé.»
Charlotte Gainsbourg nous raconte la 3e
Révolution. Ce texte a été écrit par Fred Vargas, en 2008. Depuis, la situation
s'est encore aggravée. Réalisé par Henri Poulain, StoryCircus. Production :
Imagine2050
Le droit au froid
Le combat
d'une femme pour protéger sa culture, l'Arctique et la planète
Sheila
Watt-Cloutier
Éditions
Écosociété; janvier 2019
Préface
de Lisa Koperqualuk | Traduit de l'anglais par Gérald Baril
(The Right to Be
Cold, 2015)
Il [existe] une autre façon de plaider pour la protection de notre planète: exiger de la communauté internationale la reconnaissance du bien-être environnemental comme un droit humain fondamental. Sans la jouissance d’un climat stable et sécuritaire, les peuples ne peuvent exercer leurs droits économiques, sociaux et culturels. Pour les Inuit, comme pour nous tous, c’est ce que j’appelle «le droit au froid».
Cette
formule singulière du «droit au froid» concentre bien tout l’esprit de la lutte
que Sheila Watt-Cloutier a menée durant plus d’une vingtaine d’années sur la scène
internationale pour faire des changements climatiques un enjeu de droits
humains. C’est d’ailleurs sous sa présidence au Conseil circumpolaire inuit
qu’une pétition en ce sens a été déposée en 2005 auprès de la Commission
interaméricaine des droits de l’homme, la première action juridique
internationale du genre. Comme la culture et l’autonomie économique des Inuit
sont tributaires du froid et de la glace, le réchauffement planétaire d’origine
anthropique constitue une négation de leurs droits sociaux, culturels et
sanitaires. «L’impact des changements climatiques sur l’Arctique est un signe
précurseur de ce qui attend le reste du monde», dira-t-elle.
De son
enfance à Kuujjuaq, dans le nord du Québec – à une époque où la culture inuit
traditionnelle du transport en traîneau à chiens et de la chasse sur glace
était encore dominante –, à son engagement pour l’environnement dans les
instances internationales, Le droit au
froid est le récit d’une femme inspirante, devenue un modèle de leadership
pour le XXIe siècle.
En
nomination pour le prix Nobel de la paix en 2007, Sheila Watt-Cloutier fait
partie des personnalités les plus reconnues pour la défense de l’environnement
et des droits humains à l’échelle internationale. Officier de l’Ordre du
Canada, elle est aussi lauréate du prix Champions de la Terre des Nations unies
et du prestigieux prix Sophie norvégien.
Réflexion poétique de Wendell Berry sur son amour pour les arbres, l'eau, la nature et les animaux sauvages
Wendell Berry (né le 5 août 1934 à Henry County) est écrivain, essayiste, paysan, romancier, poète, professeur et critique américain. Il est l'auteur de plus de 40 ouvrages.
For The Future
Planting trees early in spring,
we
make a place for birds to sing
in
time to come. How do we know?
They
are singing here now.
There
is no other guarantee
that
singing will ever be.
Water
I was born in a drought year. That summer
my
mother waited in the house, enclosed
in
the sun and the dry ceaseless wind,
for
the men to come back in the evenings,
bringing
water from a distant spring.
veins
of leaves ran dry, roots shrank.
And
all my life I have dreaded the return
of
that year, sure that it still is
somewhere,
like a dead enemy’s soul.
Fear
of dust in my mouth is always with me,
and
I am the faithful husband of the rain,
I
love the water of wells and springs
and
the taste of roofs in the water of cisterns.
I
am a dry man whose thirst is praise
of
clouds, and whose mind is something of a cup.
My
sweetness is to wake in the night
after
days of dry heat, hearing the rain.
The peace of wild things
When despair grows in me
and
I wake in the middle of the night at the least sound
in
fear of what my life and my children's lives may be,
I
go and lie down where the wood drake
rests
in his beauty on the water, and the great heron feeds.
I
come into the peace of wild things
who
do not tax their lives with forethought
of
grief. I come into the presence of still water.
And
I feel above me the day-blind stars
waiting
for their light. For a time
I
rest in the grace of the world, and am free.
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