Comme si les végétaliens représentaient une
menace pour l’industrie agroalimentaire, on a aussitôt répandu l’idée que le végétarisme/végétalisme
n’était pas à la portée de toutes les bourses – les légumes sont dispendieux, voire
plus cher que la viande.
Il est vrai que les imitations de viande à
base de soya pré-usinées peuvent coûter cher; mais aussi les fruits/légumes bios,
importés de la Californie ou du Mexique (pays honteusement déboisé pour la culture
de l’avocat, notamment pour les Super Bowl). On reproche aux végétaliens de polluer
autant que les carnivores à cause de la culture du soya. On s’entend qu’un kilo
de bœuf coûte beaucoup plus cher à produire qu’un kilo de fèves de soya ou de
légumineuses...
«Meunier tu dors»
Quand
on creuse les fondements de l’agriculture
bio-verte capitaliste on se rend vite compte qu’elle est gérée par les mêmes
groupes d’industriels qui exploitent l’agrobusiness traditionnel (1). Et, les stratégies sont les mêmes : expropriation
et appropriation de terres agricoles, accaparement et détournement de sources d’eau,
monocultures, etc., ainsi que spéculation boursière, compétition et surenchère.
Quand je vois une étiquette «Heinz bio»,
mes petites cellules grises s’agitent : impossible d’y croire. Probable
que Bayer/Monsanto a le nez fourré dans le bio
aussi...
L’idéal est d’acheter directement des producteurs
de fruits/légumes biologiques de sa région, indépendants des multinationales
bios comme Bonduelle; pour notre plus grand malheur, les barons de
l’agrobusiness finissent par avaler les petits maraîchers autonomes.
ICI
Radio-Canada Nouvelles – ...L'Association des producteurs de boeuf en Alberta
craint que les recommandations du nouveau Guide alimentaire présentées par
Santé Canada découragent les Canadiens à consommer de la viande.
Le responsable des relations gouvernementales
au sein de l'Association des producteurs de bœuf de l'Alberta, Tom
Lynch-Staunton, s'inquiète du message que cela envoie, d'autant plus que Santé
Canada recommande aux Canadiens de privilégier les aliments protéinés d'origine
végétale dans leur menu. [Même son de cloche chez les producteurs laitiers.]
«Nous sommes sceptiques quant au fait que
les aliments protéinés à base végétale sont meilleurs que ceux à base animale»,
a déclaré Tom Lynch-Staunton à l'émission de radio Edmonton AM. [...]
Par
contre, l'Association canadienne des médecins pour l'environnement (ACME)
félicite Santé Canada. «Ce guide améliorera la santé des gens et, en même
temps, celle de la planète», a indiqué dans un communiqué la directrice
générale de l'ACME, Kim Perrotta, directrice générale de l'ACME. En augmentant
graduellement la proportion des produits végétaux dans notre assiette, nous
allons réduire notre impact sur la planète.»
Image : Jo Frederiks "J'aime les animaux"
Bref on défend bec et ongles l’exploitation animale tout comme on soutient le pétrole, le climato-négationnisme et la possession d’armes. Tout à fait dans l’idéologie Bible-Balles-Bœuf. Certains mouvements radicaux ont répandu une fausse conception de la liberté qui sous-entend qu’en vertu d’un droit individuel illimité (absolu) le Roi de la Création (l’homme) peut polluer et tout massacrer à sa guise, et au diable les conséquences!
Ne me dites pas quoi faire, un
texte choc où l’auteur parodie cette notion de liberté absolue.
Ne me dites pas quoi faire
Angel
Flinn
Pour
Gentle World*, 2 mars 2013
Je
n'ai aucun problème avec votre mode de vie. Je respecte votre point de vue.
Vous avez droit à votre opinion, et j'ai droit à la mienne.
Ne vous méprenez pas. J'admire les gens qui
ont de fortes valeurs morales. Mais je n'aime pas qu’ils me les enfoncent dans
la gorge.
Moi, par exemple, je ne vois rien de mal à
l'esclavage. Certaines personnes sont nées pour servir les autres. C'est comme
ça, voilà tout. Vous n’êtes pas obligé d’en posséder un, si vous ne voulez pas.
Je n’ai aucun problème avec ça. Mais ne me dites pas que je ne peux pas en
avoir.
Et ne me dites pas que je ne devrais pas
frapper ma femme quand je le dois. Je ne vous dis pas de frapper la vôtre. Ça
ne me dérange pas, d'une façon ou d'une autre. Si vous ne voulez pas frapper
votre femme, c'est votre choix. Mais ne me dites pas que je dois m’en priver.
Je vis ma vie selon mes propres valeurs. Je
comprends que nous voyons les choses différemment, et j'accueille la diversité
qui fait en sorte que les individus sont différents.
J’en ai marre des bien-pensants qui disent
par exemple que c'est mal si des adultes ont des rapports sexuels avec des
mineurs. Vous pensez peut-être que les enfants ne devraient pas être soumis
sexuellement, mais cela ne signifie pas que je dois le voir de cette façon. De
quel droit me dites-vous ce que je devrais et ne devrais pas faire? Qu’y a-t-il de si mauvais dans la sexualité
non consensuelle, de toute façon? Certains peuvent considérer le viol comme
quelque chose de mal, mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Les
non-violeurs ne devraient pas s’attendre à ce que tout le monde vive selon
leurs règles.
Alors, ne me dites pas quoi penser, ou quoi
manger, ou quoi porter, ou comment vivre. Ne m'attaquez avec vos notions de
bien et de mal, de justice et d'injustice... Ces concepts sont sujets à
interprétation, et personne n'a le droit d'imposer sa morale à quiconque.
Occupez-vous de vos affaires... Vivez votre vie comme vous l’entendez.
Vous croyez que nous devrions vivre sans
opprimer les autres animaux. Formidable, tant mieux pour vous.
Vous croyez que nous ne devrions pas obliger
des êtres sensibles à se reproduire dans le but de les exploiter, et qu'il est
immoral d’user de violence pour les plier à notre volonté. Vous croyez que marquer,
castrer et mutiler leurs corps est inexcusable. Vous croyez que c’est mal
d'exploiter le système reproducteur des femelles, d’arracher les nourrissons
aux mères en pleurs et de les abattre tandis que le cordon ombilical est encore
attaché. Vous croyez que manger de la chair et boire du sang sont des pratiques
barbares et dégueulasses, et que la peau écorchée de l’un ne devrait pas servir
à vêtir le corps d’un autre. Vous croyez que ces pratiques sont archaïques et
qu’elles n’existeraient pas dans une société véritablement civilisée.
Vous croyez que les 56 milliards de morts
horribles, à chaque année, sont moralement répréhensibles, d’autant plus que ce
massacre continuel n’a pas d’autre but que de satisfaire l'appétit humain pour
des saveurs et des textures spécifiques. Vous croyez que les désirs et les
préférences d’une personne ne devraient pas se substituer aux droits moraux
fondamentaux d’une autre.
Je vois, je comprends. Je respecte le fait
que vous vivez selon vos principes. Mais vous devez me respecter. Vous ne
pouvez pas imposer vos croyances aux autres. Personne n'est en mesure de
décider ce qui est bien ou mal pour nous, alors pour l’amour du ciel, je vous
en prie... ne me dites pas quoi faire.
Source
: Don’t Tell Me What To Do http://gentleworld.org/dont-tell-me-what-to-do/
* L’objectif
premier de Gentle World est d'aider à créer une société plus pacifique en
expliquant les avantages du végétalisme et en montrant aux gens intéressés
comment faire la transition. L’organisme sans but lucratif partage de
l'information depuis 40 ans.
Description complète : http://gentleworld.org/about/
Les
animaux sont dotés de sensibilité, mais croire que c’est faux fait notre
affaire; ainsi pouvons-nous continuer de les traiter cruellement sans modifier
nos habitudes. Notre propre insensibilité envers les animaux fait en sorte que
nous n’avons aucune considération pour leur vie.
À notre crédit, nous pouvions invoquer notre
ignorance de ce qui se passait en coulisses. Mais aujourd’hui, cette excuse
n’est plus valable – beaucoup de sites exposent le problème sur Internet et publient
des vidéos sur YouTube. Ce sont des outils qui peuvent faciliter un changement
de perception et de comportement.
Si nous n’avons pas spontanément un minimum
de sensibilité et d’empathie envers les animaux, il est tout de même possible
de les développer. Tout s’enseigne, tout s’apprend... Nous sommes invités à
cocréer un monde plus bienveillant et noble. Et ce monde, c’est avec vous et
moi qu’il commence.
~~~
(1)
L’industrialisation du bio : dérive ou
nécessité?
France
Beaudoin, émission La semaine verte
ICI
Radio-Canada | le 24 mars 2018
Près de la moitié des produits
biologiques sont aujourd'hui vendus en grande surface. Une large part vient de
l'étranger : le tiers seulement des aliments bios consommés ici sont produits
localement. A-t-on perdu de vue la philosophie première du bio?
Le bio représente à peine plus de 1 % de
l’ensemble de la production agricole, mais il connaît une croissance
fulgurante, partout sur la planète. Ce
lucratif marché est aujourd’hui évalué à plus de 116 milliards de dollars.
La demande dépasse l’offre.
Les
géants de l’agroalimentaire ont flairé la bonne affaire. La distribution et le
commerce des produits biologiques reposent de plus en plus entre leurs mains.
Et pour répondre aux impératifs
commerciaux de ces multinationales, il faut produire à très grande échelle. Résultat
: le secteur bio entre dans la même logique de production que l’agriculture
conventionnelle, selon l’économiste français Christian Jacquiau.
«Des produits plein les rayons, ça veut
dire, en amont, des gros producteurs», dit-il. Le petit paysan qui est capable
de sortir quelques cagettes d'abricots ou de pêches, ce n'est pas intéressant
pour un grand distributeur. On veut des semi-remorques entières. Et à partir de
là, on encourage un modèle agricole qui ressemble beaucoup au précédent.»
Citrons
bio. (Photo ICI Radio-Canada)
L’Espagne, chef de file du bio en
Europe
Un
exemple de cette industrialisation du bio : l’Espagne, premier pays producteur
bio d’Europe. Les superficies consacrées à la production bio ont doublé ces
dernières années, en Andalousie principalement.
Une véritable mer de plastique s’étend sur
quelque 200 km le long des côtes de la Méditerranée, entre Malaga et Almeria.
Des serres à perte de vue, où les productions bios sont de plus en plus
imposantes.
Les fruits et légumes bios produits dans ces
labyrinthes sans fin et sur les terres environnantes sont essentiellement
destinés à l’exportation, comme l’indique Lidia Chica Gonzalez, de l’organisme
de certification biologique européen CAAE.
«Plus de 90 % de nos produits biologiques
sont exportés, surtout en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, aux États-Unis,
selon les produits, par exemple l’huile d’olive et les amandes»,
explique-t-elle.
[...]
Pour produire massivement des aliments,
conventionnels et bios, les grandes entreprises agricoles comme la sienne
embauchent des travailleurs étrangers, africains, maghrébins et roumains
notamment. Ces migrants, souvent clandestins, représentent une main-d’œuvre bon
marché, souligne Spitou Mendy, porte-parole du Syndicat des ouvriers agricoles,
section Almeria.
«Quand quelqu'un arrive et qu'il est obligé
de rester trois ans sans papiers et qu'il doit manger, se loger, envoyer de
l'argent aux parents, il est prêt à se prostituer, entre guillemets.»
Le syndicat dénonce les abus commis par les
employeurs : non-respect des conventions collectives et des contrats
d’embauche, non-paiement des heures supplémentaires. Dans la région d’Almeria,
les travailleurs agricoles vivent dans des habitations de fortune, de véritables
bidonvilles aménagés au beau milieu des serres.
Avec la concurrence de plus en plus grande
en agriculture, le salaire des migrants reste un des rares postes budgétaires
où les agriculteurs peuvent encore couper. Le dirigeant de Bio Green Food,
Miguel Gomez Armijo, explique que l’arrivée de la grande distribution dans le
marché du bio a contribué à faire chuter les prix.
[...]
Deux
«irréductibles Gauloises» déplorent le côté sombre de cette production
intensive et industrielle qui s’éloigne de l’idéologie qui a donné naissance à
l’agriculture biologique, soit une agriculture de proximité, à échelle humaine,
véhiculant des valeurs sociales.
Zaïda Ruiz-Bonet et sa mère Antonia
cultivent des légumes biologiques depuis huit ans, dans le village de Balerma.
Sur moins d’un hectare, elles produisent une vingtaine de variétés de légumes
qu’elles vendent directement aux consommateurs et dans les marchés des
environs. «Nous ne sommes pas à la recherche du profit, mais bien d'un mode de
vie et d’une qualité de vie qui permettent de s'équilibrer et de vivre.» (Zaïda
Ruiz-Bonet, productrice maraîchère)
Le bio gagne du terrain au Québec
Au
Québec aussi, il y a un terreau fertile pour le bio-business. Le géant français
Bonduelle, qui commercialise la quasi-totalité des légumes surgelés ou en
conserve dans nos magasins d’alimentation, a décidé de faire de la province sa
plaque tournante du légume de transformation biologique. En 2017, Bonduelle a produit 7,7 millions de kilos de légumes de
transformation bios au Québec.
«On a environ 30 % de nos volumes au Québec
dans le surgelé qui sont biologiques. Il faut bien réaliser qu'il y a quelques
années, on en avait zéro», dit Robert Deschamps, le directeur agricole pour le
Québec chez Bonduelle.
Conscients qu’il y a un immense marché à
conquérir, les agriculteurs québécois hésitent moins à faire la transition vers
le bio. Le producteur Gilles Audette, d’Agri-Fusion 2000, a fait le saut en
grandes cultures, puis en légumes de transformation – haricots, maïs sucré, pois,
brocoli et carottes – qu’il vend à la multinationale Bonduelle. Contre toute
attente, la production biologique s’avère beaucoup plus rentable que la
production conventionnelle.
[...]
Le
bio est devenu un véritable bio-business. Au détriment, selon l’économiste
Christian Jacquiau, des petites fermes qui misent sur l’autosuffisance et la
vente de proximité. Mais pour d’autres, une agriculture biologique à grande
échelle devient incontournable.
[...]
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