Le
congédiement de l’agronome Louis Robert par le ministère de l’Agriculture en
est un exemple patent. Le ministre André Lamontagne a présenté quatre
versions contradictoires de l'événement.
Le
Devoir :
«[Son
congédiement], c’est une décision que
j’ai personnellement autorisée à la lumière des informations que j’ai
recueillies, à la lumière des questions que j’ai posées, puis c’est la décision
que j’ai jugé qu’il était important de prendre», a fait valoir le ministre
Lamontagne, ajoutant être «très à l’aise.»
La vie agricole :
La vie agricole :
«La
semaine dernière, j’ai été informé par la direction du MAPAQ de la décision de
congédier l’employé en question. À la lueur des faits qui m’ont été présentés,
j’ai accordé toute ma confiance aux gestionnaires du Ministère. En aucun temps
je n’ai moi-même demandé le congédiement de l’employé.
Je rappelle et j’insiste sur le fait que
cette décision n’est en aucun cas une mesure de représailles contre un lanceur
d’alerte. J’ai démontré depuis mon entrée en fonction une grande accessibilité
pour des employés qui tiendraient à me faire part de leurs inquiétudes. Je les
encourage à dénoncer tout en respectant la procédure prévue dans la Loi.» (André
Lamontagne)
Le ministre de l'Agriculture André Lamontagne
La
Presse, 4 février 2019 :
Le
ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, admet avoir fait «une erreur» en
«prenant sur ses épaules» la responsabilité du congédiement de l'agronome Louis
Robert, qui s'était tourné vers les médias pour dénoncer l'ingérence du privé
dans la recherche publique sur les pesticides. Il demande maintenant à la protectrice du citoyen d'ouvrir une enquête
sur cette affaire, notamment pour
prouver qu'il n'a pas joué de rôle réel dans le licenciement du lanceur
d'alerte.
Midi
info, 4 février 2019 :
«Devant
mon impair, je pense que c’est important de demander une enquête indépendante.»
«Peu importe les mots qui ont été dits, ce
sont les mauvais mots. J’ai pris sur moi le processus administratif, mais
la réalité, c’est qu’un ministre ne congédie pas les fonctionnaires.»
Richard
Perron, président du SPGQ :
«On
n’est pas devant un employé dont l’objectif était de mettre son employeur dans
le pétrin. On parle de quelqu’un qui a d’abord dénoncé à l’interne, qui se
l’est fait reprocher et qui devant la fatalité de voir que rien n’était fait a
décidé de transmettre des informations à des journalistes.»
Photo Radio-Canada. L'agronome Louis Robert
Stéphane
Giroux, président de la FPJQ :
«Plutôt
que d’essayer de régler une situation dénoncée par des employés, le
gouvernement consacre tous ses efforts à se débarrasser de celui qui a osé
dénoncer […] C’est une chasse aux sorcières.»
Pierre
Trudel, professeur titulaire au Centre de recherche en droit public de la
Faculté de droit de l’Université de Montréal :
«Dans
sa forme actuelle, la Loi ne répond pas aux besoins des lanceurs d’alerte. La
Loi vise les gestes illégaux qui sont commis au sein de l’appareil
gouvernemental. Lorsqu’on entend la situation dénoncée par M. Robert, a priori,
il n’y a pas d’acte répréhensible qui a été commis, on parle plutôt d’une
attitude, de façon de faire, de comportements qui sont susceptibles de soulever
des préoccupations, et on voit que cette loi-là, bien, finalement, elle n’est
pas vraiment utile pour protéger les dénonciateurs.»
Pour
une fois qu’un lanceur d’alerte dénonçait les lobbies de pesticides... Si M.
Robert avait suivi la procédure recommandée, c’est-à-dire passer par l’ombudsman,
quand aurions-nous eu accès à l’information? Dans trois ou quatre ans? Peut-être
jamais? Alors, je salue son acte de bravoure, son choix l’honore. C’est le
ministre de l’Agriculture qui devrait être congédié.
Tout
indique que les têtes à CAQ resteront fidèles à l’idéologie du parti : le capital privé avant la protection de la
santé des citoyens et de l’environnement; et comme par hasard, l’une ne va
pas sans l’autre!
Que
faire avec un ancien comptable et sa horde d’affairistes lobbytomisés qui prônent la spéculation, la privatisation, l'utilitarisme et l'économisme au mépris du bien commun et des institutions sociales?
Autre
exemple de leur obsession du «privé» : Nos données les plus privées - NAS, dossier médical, revenus, etc. - seraient directement envoyées dans la gueule du loup, sous prétexte de sécurité accrue - les ministres n'ont pas les yeux vis-à-vis des trous. C'est sans doute pour remplir leur promesse de réduire le nombre de fonctionnaires; ce qui pourtant risque de leur coûter plus cher. J'ai hâte de consulter leurs données personnelles, par exemple en santé mentale, dans le nuage d'Amazon :
Québec confiera le stockage de ses
données informatiques au privé
Actuellement
assuré par 457 centres à travers le Québec, le traitement des données
informatiques gouvernementales sera bientôt confié, pour l’essentiel, au
secteur privé.
D’ici trois ans, au moins 80 % des
informations numériques stockées dans tout l’appareil gouvernemental seront
transférées dans des serveurs gérés par des sous-traitants du secteur privé,
comme IBM ou Amazon.
Le reste, soit moins de 20 % du total des
informations, sera bientôt stocké dans seulement deux centres de traitement des
données.
Ainsi, à terme, l’accès aux données
gouvernementales sera assuré par l’intermédiaire de l’infonuagique (cloud computing).
L’annonce a été faite en conférence de
presse, lundi, par le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, et le
ministre responsable de la Transformation numérique, Éric Caire, qui justifient leur geste par une recherche d’efficience
et de sécurité accrue.
«Regardez
la tyrannie du parti – ce qu’on appelle l’allégeance au parti, la loyauté au
parti – un piège inventé par des hommes rusés à des fins égoïstes – et qui
transforme les électeurs en biens-meubles, esclaves, lapins, et pendant tout ce
temps le parti hurle des inepties sur la liberté, l'indépendance, la liberté
d'opinion, la liberté de parole.» ~ Mark Twain; The Character of Man, autobiography
«Maintenant
je suis pas mal certain que souvent, très souvent, en matière de religion et de
politique, la faculté de raisonnement de l’homme ne dépasse pas celle du
singe.» ~ Mark Twain; Eruption
BREF
RAPPEL
Pesticides : un lanceur d'alerte
congédié par le gouvernement du Québec
Thomas
Gerbet
ICI
Radio-Canada Nouvelle, mercredi 30 janvier 2019
Le ministère de l'Agriculture du
Québec a renvoyé un lanceur d'alerte qui avait dénoncé l'ingérence du privé
dans la recherche publique sur les pesticides, a appris Radio-Canada. Le
fonctionnaire a été congédié jeudi dernier pour avoir fourni des renseignements
confidentiels à un média, tandis que deux de ses collègues sont suspendus. Ces représailles suscitent des
questions sur la protection des lanceurs d'alerte au Québec.
Fort
de 32 ans d'expérience au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec (MAPAQ), l'agronome Louis Robert est une sommité dans
son domaine. Le fonctionnaire au bureau de Saint-Hyacinthe avait même fait
l'objet d'un long reportage de l'émission La semaine verte cet automne.
En 2017, le conseiller expert dans le secteur des grains avait osé dénoncer, à
l'interne, l'ingérence du privé dans la recherche publique sur l'utilisation
des pesticides. Insatisfait de l'écoute de ses supérieurs, il s'était
tourné vers Radio-Canada. Le fonctionnaire avait partagé, en toute
confidentialité, des documents accablants.
Article
intégral
Le ministre de l'Agriculture demande
une enquête sur le congédiement du lanceur d'alerte
Thomas
Gerbet / Joëlle Girard
ICI
Radio-Canda Nouvelle, lundi le 4 février 2019
Le ministre de l'Agriculture, André
Lamontagne, demande à la Protectrice du citoyen d'ouvrir une enquête sur le
congédiement du lanceur d'alerte Louis Robert. Elle devra notamment déterminer
si le ministre lui-même a été impliqué ou non dans son renvoi.
André Lamontagne avait soutenu la semaine dernière qu'il avait «personnellement autorisé» le congédiement de l'agronome pour
avoir informé les médias de l'influence des lobbys sur la recherche
scientifique sur les pesticides.
En conférence de presse lundi, le ministre est
revenu sur ses propos, affirmant s'être mal exprimé «dans le feu de
l'action».
La fonction publique derrière
l'agronome congédié
Un
large pan de la fonction publique du Québec, des avocats de l'État jusqu'aux
ingénieurs, se range derrière le lanceur d'alerte Louis Robert. Dans une lettre
ouverte publié tôt ce matin, une coalition de syndicats regrette qu'un ministre
ait autorisé personnellement son renvoi.
Dans cette lettre intitulée «Quand le lanceur
d'alerte devient la cible», on peut lire : «Nous, les syndicats, représentant
l’ensemble des travailleuses et des travailleurs de la fonction publique du
Québec, sommes très préoccupés par ces événements.»
Les auteurs regrettent qu'«une chasse à
l'homme» ait été lancée au ministère de l'Agriculture, plutôt que de se
concentrer sur la problématique de l'indépendance de la recherche publique sur
les pesticides.
Les signataires représentent 73 000
employés de l'État québécois.
Article
intégral
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(1)
Nous avons tous été témoins d’attaques perverses à un niveau ou à un autre, que
ce soit dans le couple, dans les familles, dans les entreprises, ou bien dans
la vie politique et sociale. Pourtant, notre société se montre aveugle devant
cette forme de violence indirecte. Sous prétexte de tolérance, on devient
complaisant. La perversion fascine, séduit et fait peur. On envie parfois les
individus pervers, car on les imagine porteurs d’une force supérieure qui leur
permet d’être toujours gagnants. Effectivement, ils savent naturellement manipuler, ce qui semble un atout dans le
monde des affaires ou de la politique. On les craint également car on sait
instinctivement qu’il vaut mieux être avec eux que contre eux. C’est la loi du
plus fort. De toute façon, on fait peu de cas de leurs victimes, qui passent
pour faibles ou pas très malignes, et, sous
prétexte de respecter la liberté d’autrui, on peut être amené à être aveugle
sur des situations graves. Nous avons une indulgence inouïe à l’égard des
mensonges et des manipulations des hommes de pouvoir.
La personnalité narcissique présente au moins cinq des manifestations suivantes :
-
le sujet a un sens grandiose de sa propre importance;
-
est absorbé par les fantaisies de succès illimité, de pouvoir;
-
pense être «spécial» et unique;
- a
un besoin excessif d’être admiré;
-
pense que tout lui est dû;
-
exploite l’autre dans les relations interpersonnelles;
-
manque d’empathie;
-
envie souvent les autres;
-
fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants.
La mégalomanie
Les
pervers narcissiques sont des individus mégalomanes qui se posent comme
référents de la vérité, de la rectitude. On leur attribue souvent un air
supérieur, distant. Ils présentent une absence totale d’intérêt et d’empathie
pour les autres, mais ils souhaitent que les autres s’intéressent à eux. Tout
leur dû. Ils n’admettent aucune mise en cause et aucun reproche. Les pervers
entrent en relation avec les autres pour les séduire; on les décrit souvent
comme des personnes séduisantes et brillantes.
Dans la logique perverse, il n’existe pas de
notion de respect de l’autre. Autrui n’existe pas, il n’est pas vu, pas
entendu. Il est seulement «utile». La force des pervers est leur insensibilité.
Ils ne connaissent aucun scrupule d’ordre moral. Ils ne souffrent pas. Ils
attaquent en toute impunité car même si en retour les autres utilisent des
défenses perverses, ils ont justement été choisis pour leur incapacité
d’atteindre à la virtuosité qui les protègerait. Quand le pervers ressent une
blessure narcissique (défaite, rejet), il éprouve un désir illimité d’obtenir
une revanche; c’est une rancune inflexible à laquelle il applique toutes ses
capacités de raisonnement. L’efficacité de ses attaques tient au fait que la
victime ou l’observateur extérieur n’imagine pas qu’on puisse être à ce point
dépourvu de sollicitude ou de compassion envers autrui.
L’irresponsabilité
Les
pervers se considèrent comme irresponsables parce qu’ils n’ont pas de
d’objectivité véritable. Absents à eux-mêmes, ils le sont tout autant aux
autres. Au fond, quand ils accusent les autres d’être responsables de ce qui
leur arrive, ils n’accusent pas, ils constatent : puisque eux-mêmes ne peuvent
pas être responsables, il faut bien que ce soit l’autre. Jamais responsables,
jamais coupables : tout ce qui va mal est toujours de la faute des autres. Ils
se défendent par des mécanismes de projection en portant au crédit d’autrui
toutes leurs difficultés et leurs échecs. Ils se défendent aussi en déniant la
réalité.
La paranoïa
Les
pervers narcissiques tendent à se présenter comme des moralisateurs : ils
donnent des leçons de probité aux autres. En cela ils sont proches des
personnalités paranoïaques.
La personnalité du paranoïaque se caractérise par :
-
l’hypertrophie du moi : orgueil, sentiment de supériorité;
-
la psychorigidité : obstination, intolérance, rationalité froide, difficulté à
montrer des émotions positives, mépris d’autrui, sarcasme;
-
la méfiance : crainte exagérée de l’agressivité d’autrui, sentiment d’être
victime de la malveillance de l’autre, suspicion, jalousie;
-
la fausseté de jugement : elle interprète des évènements neutres comme étant
dirigés contre elle.
Cependant, à la différence du paranoïaque,
le pervers, s’il connait bien les lois et les règles de la vie en société, se
joue de ces règles pour mieux les contourner. Le propre du pervers est de
défier les lois. Son but est de dérouter l’interlocuteur en lui montrant que
son système de valeurs ne fonctionne pas, et ainsi de l’amener à une éthique
perverse.
La prise de pouvoir des paranoïaques se
fait par la force tandis que celle du pervers se fait par la séduction – mais
quand la séduction ne marche plus, il peut recourir à la force. La phase de
violence est en elle-même un processus de décompensation paranoïaque : l’autre
doit être détruit parce qu’il est dangereux. Il faut attaquer avant d’être
soi-même attaqué.
Extrait
de :
Le harcèlement moral; la violence
perverse au quotidien
Marie-France
Hirigoyen (médecin, psychanalyste, psychothérapeute familiale)
Pocket
1998
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