18 février 2019

Bayer/Monsanto engrange l’oseille

Mise à jour 22.02.2019

La semaine verte – documentaire
Année de production : 2019
Date de diffusion : 2019-02-16

Ingrédient actif du RoundUp de Monsanto, le glyphosate est l'herbicide le plus vendu à travers le monde et l'un des plus controversé. Ce produit, quasi incontournable pour les agriculteurs aujourd'hui, se retrouve au cœur d'un débat très polarisé. Produit miracle ou substance à éviter?


Ou sur tou.tv :

La piste canadienne des Monsanto Papers
Émission Enquête, le 21 février 2019  

Les Monsanto Papers ont fait couler beaucoup d’encre aux États-Unis et en Europe, depuis deux ans, mais bien peu ici au Canada.
   Les Monsanto Papers font référence aux milliers de pages de documents internes du géant agrochimique Monsanto, divulguées dans le cadre de poursuites judiciaires aux Etats-Unis. Ils révèlent des pratiques troublantes pour défendre la réputation de son produit-vedette, le Roundup, dont des allégations de «ghostwriting» d’articles scientifiques.
   Au milieu de cette controverse, Santé Canada vient de renouveler l’homologation du glyphosate pour une durée de 15 ans. Cette situation soulève d’inquiétantes questions sur le processus d'homologation au pays.


Ou sur tou.tv :
 

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CE N'EST PAS
Musulmans contre Juifs – Égypte contre Israël – États-Unis contre Terrorisme – Capitalisme contre Islamisme – Pétrole contre Éolien – Tibet contre Chine – Apple contre Microsoft – BMW contre Mercedes – Real Madrid contre Barça – PS3 contre Xbox – Rap contre Rock

CE N'EST MÊME PAS
Religion contre Philosophie – Science contre Politique – Hommes contre Femmes – Pauvre contre Riche – Maître contre Esclave – Maladie contre Santé – Vérité contre Mensonge – Guerre contre Paix – Mal contre Bien – Eux contre Nous

C'EST SEULEMENT 
PROFIT CONTRE HUMANITÉ
Et vous ne savez toujours pas de quel côté vous situer 

Affiche : un génial auteur inconnu

Inhabitable pour les animaux, inhabitable pour nous! Plus personne sur la planète n’ignore que nous sommes à un point de bascule, sur le bord du gouffre, et que nous ne pouvons pas continuer ainsi INDÉFINIMENT. Nous devons décider si nous voulons faire les changements nécessaires pour rendre la planète  plus viable et hospitalière. Et si oui, pousser les décideurs politiques dans leurs derniers retranchements.


Concernant la citation du photoquote : bien qu’il s’agisse d’un cas américain, le parallèle avec l'agronome Louis Robert est évident – tous les lanceurs d’alerte risquent de ruiner leur propre existence en dénonçant des pratiques frauduleuses.
   Le tournage du court-métrage de Stephen Maing, The Surrender, a débuté en février 2015 et fut diffusé simultanément à l'enquête de Peter Maass, Destroyed by the Espionage Act. Le documentariste suit l'analyste de haut niveau des services de renseignements du département d'État américain, Stephen Kim, dans les jours précédant et suivant son incarcération en vertu de cette loi. Il fut accusé d’avoir révélé des informations classifiées à un journaliste. Le président Obama a poursuivi davantage de personnes pour violation de la Loi sur l'espionnage (Espionage Act) que tout autre président des États-Unis.
Field of Vision / The Intercept
Enquête de Peter Maass :

C’est en entendant un scientifique déboulonner les «chemtrails» que j’ai eu envie d’investiguer la dispersion de poisons chimiques dans l’environnement. Beaucoup de gens croient que les trainées laissées par les avions dans le ciel comportent des substances toxiques délibérément répandues dans l’atmosphère pour nous rendre malades et/ou nous décimer (une sorte de complot). 
   Oublions la théorie du complot et prenons pour acquis les explications scientifiques : Lorsqu’un avion traverse certaines couches atmosphériques, on peut observer l’apparition de trainées de condensation non persistantes appelées contrails. Elles peuvent également se transformer en banc de cirrus. Les facteurs physiques qui peuvent, en pratique, déterminer la formation des trainées de condensation sont : l’apport de noyaux de condensation dans une atmosphère sursaturée, l’apport d’eau sous forme de vapeur et le refroidissement de l’air. Tous les avions sont susceptibles de faire des traînées. Cela dépend essentiellement de la quantité d’humidité et de la température en haute atmosphère.

Néanmoins, il est impossible de croire à la bonne volonté de l'industrie agrochimique Monsanto (maintenant propriété de Bayer AG) quand on examine les multiples dégâts environnementaux, accidents industriels et scandales sanitaires dont cette entreprise est responsable.

– Vous souvenez-vous de l’affreux insecticide DDT, massivement pulvérisé dans les années 50/60? «DDT is good for me!», disait la pub. Plusieurs pays commencèrent à l’interdire après la publication du «Printemps silencieux» de Rachel Carson en 1962.

– Comment oublier la dispersion aérienne du défoliant appelé agent orange? Il fut interdit seulement en 1970. L’agent orange fut créé par Monsanto et Dow Chemical pour le département de la Défense des États-Unis. C’est le défoliant le plus connu car il fut largement utilisé au Viêt Nam. L’Académie nationale des sciences des États-Unis estime aujourd'hui que près de 80 millions de litres de ce défoliant ont été déversés. Dans son ouvrage Ecocide, Franz J. Broswimmer écrit que cet épandage a touché 20 % des forêts du Sud Viêt Nam et empoisonné 400 000 hectares de terrain agricole. Encore aujourd’hui, les parcs de bétail sont régulièrement pulvérisés de divers poisons, à l’insu des consommateurs.


– Monsanto créa l’herbicide Roundup à base de glyphosate en 1975. Son usage massif débuta au milieu des années 1990 et se poursuit depuis. Il est utilisé en épandage aérien ou en pulvérisateur manuel. C'est un herbicide non sélectif, d'où le qualificatif d’«herbicide total», dont la substance active (herbicide) est le glyphosate. Son usage massif par les agriculteurs depuis la fin des années 1990 (c'était alors l'herbicide le plus vendu au monde) a conduit à l'apparition de mauvaises herbes résistantes au glyphosate. En terme de toxicité aiguë, le glyphosate seul est réputé très peu toxique pour les animaux à sang chaud; cependant ajouté aux additifs et au surfactant qui composent le Roundup, il forme un produit irritant, toxique et écotoxique. Selon Monsanto le glyphosate serait rapidement dégradé (des bactéries du genre Pseudomonas pourraient dégrader le glyphosate en glycine, en passant par un intermédiaire, la sarcosine CH3 - NH - CH2 -CO2-32). Or ces produits de dégradation, dont l'AMPA, s'accumulent dans les nappes phréatiques en cas d'usage excessif.

– Des apiculteurs de la Caroline du Sud (États-Unis) ont découvert des millions d’abeilles mortes dans leurs exploitations, à la suite d’un épandage aérien de Naled, un pesticide controversé, destiné à éliminer les moustiques porteurs du virus Zika. Le Naled est toxique par ingestion, inhalation et absorption cutanée. Les vapeurs ou fumées du Naled sont corrosives pour les membranes des muqueuses tapissant la bouche, la gorge et les poumons, et l'inhalation peut causer de graves irritations. Une sensation de serrement dans la poitrine et de la toux sont communément ressentis après l'inhalation. Comme avec tous les composés organophosphorés, le Naled est facilement absorbé par la peau. Si la peau a été en contact avec le produit elle doit être lavée immédiatement avec du savon et de l'eau, et tous les vêtements contaminés doivent être retirés. Les personnes qui souffrent de problèmes respiratoires ou hépatiques exposées à des inhibiteurs du cholinestérase présentent un risque accru de problèmes de santé. Le Naled répandu à des températures ambiantes élevées ou à des rayons UV visibles, peut augmenter sa toxicité. L’insecticide est très toxique quel que soit le mode d'exposition.


– Les insecticides néonicotinoïdes, sont plus puissants que le DDT. En 2013, un ‘Bee Summit’ fut organisé par Monsanto et un ‘Bee care centre’ par Bayer AG pour prouver aux dirigeants politiques européens et américains que les fabricants de pesticides sont de bonne volonté et qu’ils prennent les mesures nécessaires afin de protéger les populations d’abeilles. Selon ces entreprises, leurs pesticides ne posent aucun problème. Par contre, les détracteurs déclarent que la science prouve le contraire. Les insectes disparaissent, puis les plantes «normales», puis les oiseaux, et puis... La chaîne se rompt et compromet l’alimentation planétaire au complet. Les insecticides néonicotinoïdes qu’on incorpore aux semences ou vaporise au-dessus des cultures, ont un mode d'action commun : ils affectent le système nerveux central des insectes, provoquant la paralysie et la mort. Les néonicotinoïdes sont parmi les insecticides les plus utilisés à travers le monde. Plusieurs études scientifiques ont souligné l'impact négatif de cette famille sur les abeilles et bourdons en laboratoire et lors de tests en conditions contrôlées; et de nombreux apiculteurs mettent en cause ces molécules pour expliquer le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles. Une étude suggère que les néonicotinoïdes pourraient affecter défavorablement la santé humaine, spécialement le développement du cerveau. Alors que la «production mondiale de néonicotinoïdes augmente toujours» et que «tous les autres pollinisateurs sauvages sont affectés», l’étude recommande d'urgence d'interdire l'usage des néonicotinoïdes et de développer des alternatives aux insecticides qui soient inoffensives pour les pollinisateurs.

Sachant à quel point tous ces poisons sont dangereux pourquoi les gouvernements les autorisent-ils encore? Il semble que les lobbyistes (ceux qui fabriquent, distribuent et vendent ces substances toxiques) ont les mains dans les poches des fonctionnaires. Au diable la chaîne alimentaire, tout ce qui compte c’est le profit.

Faut-il revoir le processus d’homologation du glyphosate?

Catherine Mercier
ICI Radio-Canada nouvelles, le 18 février 2019

Le glyphosate, c'est la star des herbicides. Même si on le juge moins toxique que d'autres produits qu'il a remplacés, son utilisation à très grande échelle soulève des questions. Le glyphosate est aujourd'hui dans l'eau, dans les aliments que l'on mange et même dans notre urine. Plusieurs voix s'élèvent pour revoir son homologation.

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), déclare le glyphosate «cancérigène probable» pour les humains. La nouvelle provoque une onde de choc. L’Europe, qui est en plein processus de réhomologation du glyphosate, est déchirée.
   Les manifestations se succèdent. Plus d’un million de personnes signent une pétition demandant l’interdiction du produit. Le vote de la Commission européenne est remis à six reprises. Au lieu des 15 ans initialement prévus, les députés européens font preuve de prudence et réautorisent le glyphosate pour 5 ans seulement.
   Au Canada, l’annonce de la réhomologation du produit tombe en avril 2017 : le glyphosate est reconduit pour 15 ans, jusqu’en 2032. Santé Canada conclut que le glyphosate ne pose «probablement pas de risque pour le cancer humain».
   Mais pourquoi une conclusion aussi divergente de celle de l’agence de l’OMS? Pour plusieurs raisons.
   D’abord, parce que le CIRC et Santé Canada n’ont pas regardé les mêmes études. L’agence de l’OMS s’est penchée seulement sur les études publiées dans des journaux scientifiques, des études publiques, révisées par des pairs. Les études financées par les compagnies de pesticides, souvent produites pour obtenir l’homologation d’un produit, ont été écartées.
   Du côté de Santé Canada, on a retenu des centaines d’études confidentielles, qui proviennent principalement de l’industrie. Cette réalité a fait sursauter Louise Vandelac, la directrice du CREPPA, le Collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives. «Quand on s'est mis à regarder attentivement les documents, on s'est dit : “Mais ce sont essentiellement des documents non publiés, des documents secrets, auxquels on n'a pas accès”. Venant d'une industrie qui bénéficie de la décision, c'est quand même un peu anormal.»
   Au chapitre de la santé humaine, 636 études ont été retenues, dont 77 % proviennent de l’industrie, selon Santé Canada. À la direction de la gestion de la réévaluation, Frédéric Bissonnette explique que le Canada n’est pas le seul pays à accorder autant de poids aux études financées par l’industrie.
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    «Quand on procède à une réévaluation, il faut avoir les données les plus récentes de la littérature scientifique pour être en mesure de voir s'il y a des problèmes. C'est rarement l'industrie qui met en évidence les problèmes qui se passent», souligne Louise Vandelac.
[...]  
   Les résultats obtenus il y a 30 ou 40 ans ne peuvent donc pas tenir compte d’enjeux inconnus à l’époque. «Il y a 20 ans, par exemple, on ne se posait pas la question des effets perturbateurs endocriniens parce qu'on ne les connaissait pas ou alors très peu. Maintenant, les nouveaux tests qui doivent être faits doivent aussi prendre en compte ces nouvelles découvertes et étudier les effets sur les hormones pendant le développement, les effets neurologiques. Ce sont des effets qui n'étaient pas forcément bien étudiés il y a 20 ans», explique Robin Mesnage, chercheur au King’s College de Londres.
   Autre différence, Santé Canada et le CIRC ne s’intéressent pas exactement aux mêmes produits. Le CIRC a surtout révisé les impacts des formulations de glyphosate, autrement dit le produit tel qu’il est vendu aux agriculteurs, alors que Santé Canada considère surtout la toxicité du glyphosate. Pourtant, cet ingrédient n’est jamais vendu seul. Dans le Roundup, le principe actif, le glyphosate, ne représente qu’environ 40 % de la formulation. D’autres molécules y sont ajoutées.

«La raison pour laquelle la majorité des études toxicologiques sont sur le principe actif, c’est parce que c'est vraiment la molécule qui est la plus susceptible d'influencer la santé humaine, [de poser] les risques à la santé humaine ou à l'environnement», soutient Frédéric Bissonnette, de Santé Canada.
   Or, ce n’est pas ce que les chercheurs ont découvert. Au King’s College de Londres, le Français Robin Mesnage nous explique qu’il a cherché à connaître les impacts des molécules qui accompagnent le glyphosate. «On a fait des études où on a comparé la toxicité de neuf formulations de glyphosate qui étaient différentes et on a vu que le glyphosate n'était pas l'ingrédient le plus toxique, dit-il. L'ingrédient qui était le plus toxique, c'était un de ces formulants, qui est considéré comme secret industriel, et il était 10 000 fois plus toxique que le glyphosate
[...]  
Pour André Comeau, chercheur pendant plus de 40 ans à Agriculture Canada, il est urgent de revoir tout le processus d’homologation. «On donne une protection à des compagnies pour mettre sur le marché des produits chimiques, et après ça, [...] c'est à la société de faire la preuve que le produit est nocif. Ça devrait être l'inverse. Ça devrait être la compagnie qui est obligée de nous prouver que le produit n'est pas dangereux et devrait le prouver avec preuves à l'appui disponibles. Donc, on inverse le fardeau de la preuve avec les pesticides.»

Article intégral :

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