25 décembre 2018

Réflexions sur le végétarisme, la compassion et l’éthique

À moins d’être totalement déconnecté de ses émotions, l’ambiance actuelle, quelque peu apocalyptique, peut miner le moral. Si nous pouvions individuellement cultiver un minimum d’éthique et de bienveillance; si nous réfléchissions avant d’agir impulsivement; si nous pratiquions le principe bouddhique qui recommande d’éviter le plus possible de faire souffrir les êtres sensibles (ce qui inclut les animaux), peut-être qu’il y aurait moins de cruauté, de corruption, de conflits, de désastres et de calamités, peut-être que globalement notre monde deviendrait plus hospitalier.

Vous n’avez peut-être pas viré végé ou végan récemment, soit pour des questions de santé ou d’environnement ou de compassion envers les animaux. Néanmoins si vous éprouvez ne serait-ce qu’un peu de curiosité, explorez, essayez – un ragoût de boulettes végan pas d’pattes par exemple, vu que le temps des Fêtes n’est pas terminé – vous n’en mourrez pas, promis.
   Visitez le site de Jean Philippe Cyr, vous trouverez des recettes appétissantes et faciles à réaliser, et peut-être aurez envie d’acheter son livre La cuisine de Jean Philippe. Accueil https://www.lacuisinedejeanphilippe.com/

 

J’aime son côté pince-sans-rire – «ne nous prenons pas au sérieux».  
Spécial Noël : 7 conseils pour survivre au temps des fêtes en étant végane
Cette semaine on va apprendre comment survivre au temps des fêtes en tant que végane. Bien oui, les temps changent les amis. Y a plus moyen d’aller visiter sa famille sans tomber sur un ou une végane, une personne allergique au gluten, une personne allergique aux pois chiches, une personne allergique aux chats…Et c’est souvent la […]

Ragoût de boulettes végan


Vous êtes végan? Ou vous souhaitez simplement accommoder le fatiguant ou la fatigante qui refuse de manger de la dinde au réveillon? Cette merveilleuse recette vous simplifiera la vie. Oui c’est possible de manger végan et délicieux durant le temps des fêtes. Ces boulettes véganes dans une sauce onctueuse réussiront peut-être même à convaincre votre oncle Jean-Guy, mangeur de charcuteries.

Sauce «gravy» végan


Ma recette de sauce brune végan de type «gravy» arrive à point nommé pour le temps des fêtes! Vos invités seront ravis, encore une fois, lorsque vous servirez cette sauce extraordinaire et très simple à préparer en accompagnement avec des pommes de terre purée, de la tourtière de millet ou du seitan.

Cela fait plus de trente ans que je ne mange pas de chair animale, je me porte très bien et cela ne m’empêche pas d’avoir du plaisir à festoyer quand c’est le temps. À l’époque, on ridiculisait les végétariens, aujourd’hui ce sont les véganes (ou végétaliens) qui passent à la moulinette – il y a quand même progrès, la conscience faisant son petit bonhomme de chemin.

Yourcenar et la compassion envers les animaux
Jean Nakos | Les Cahiers antispécistes, novembre 2010


(Extrait)
On entend souvent dire que les défenseurs des animaux et des droits de ces derniers sont des citadins sentimentaux, ignorants des réalités de la nature et de la vie rurale. Pourtant il est frappant de constater que trois des plus célèbres défenseurs français des animaux, Albert Schweitzer, Théodore Monod et Marguerite Yourcenar, ont grandi à la campagne et ont passé toute leur existence ou une grande partie de celle-ci à proximité de la nature et des animaux.
   Marguerite Yourcenar reconnaissait volontiers que ses plus forts souvenirs étaient ceux du Mont-Noir, car c'était là qu'elle avait appris à aimer la nature et les animaux :
   «La grande qualité du Mont-Noir, pour moi, c'est la vie à la campagne, la connaissance de la nature. C'est très important pour un enfant d'avoir grandi dans un milieu naturel, d'avoir vécu avec des animaux, d'avoir rencontré quotidiennement des gens de toute espèce.»
   Mais il ne faut pas s'attendre à la voir idéaliser la vie rurale. Lucide, dans plusieurs de ses textes, elle décrit la réalité sans l'embellir. Par exemple :
   «Le riche aliment (le lait) sort d'une bête nourricière, symbole animal de la terre féconde, qui donne aux hommes non seulement son lait, mais plus tard, quand ses pis seront définitivement épuisés, sa maigre chair et finalement son cuir, ses tendons et ses os dont on fera de la colle et du noir animal. Elle mourra d'une mort presque toujours atroce, arrachée aux prés habituels, après le long voyage dans le wagon à bestiaux qui la cahotera vers l'abattoir, souvent meurtrie, privée d'eau, effrayée en tout cas par ces secousses et ces bruits nouveaux pour elle. Ou bien elle sera poussée en plein soleil, le long d'une route, par des hommes qui la piquent de leurs longs aiguillons, la malmènent si elle est rétive ; elle arrivera pantelante au lieu de l'exécution, la corde au cou, parfois l'œil crevé, remise entre les mains de tueurs que brutalise leur misérable métier et qui commenceront peut-être à la dépecer pas toute à fait morte.» [...]
   Marguerite Yourcenar, adversaire de tous les dogmatismes, est donc pour la solidarité et la compassion entre les humains, contre la guerre, contre la torture, contre le racisme, pour le respect et la compassion envers nos frères les animaux, pour le respect envers les végétaux qu'elle appelle créatures végétales ou créatures vertes, pour le respect et la sauvegarde de la nature, contre le nucléaire, contre le productivisme, contre la consommation irresponsable. Elle qualifiait notre société de «société de consommation et de destruction». [...]
   «Il lui déplaisait de digérer des agonies»! Ces sept mots ont fait plus pour le végétarisme éthique que plusieurs longs textes philosophiques ou militants réunis. Et ils ont marqué Théodore Monod.

Réflexions sur l’éthique
Albert Schweitzer  
Les grands penseurs de l’Inde; Payot, 1956  
Chapitre XVI, Coup d’œil rétrospectif, perspectives d’avenir 

«Albert Schweitzer reste un des rares théologiens chrétiens ayant prêché une éthique de pitié pour l'animal et plus généralement du respect de la vie, de toute vie. Beaucoup de violences bafouent l'idéal moral : chasse, corridas, élevage concentrationnaire où l'animal n'est plus un être vivant mais une matière première, abus d'une expérimentation souvent inutile ou cruelle, etc. Il prend soin d'aider l'être en détresse, fut-il ver de terre égaré après la pluie sur le chemin ou l'insecte tombé à l'eau. Schweitzer va jusqu'à affirmer que pour l'homme vraiment moral toute vie est sacrée et même celle qui du seul point de vue humain paraît la plus inférieure...» ~ Théodore Monod (Et si l'aventure humaine devait échouer, 2000)

«Le principe fondamental de l’éthique est le respect de la vie. Nous avons à le pratiquer vis-à-vis de nous-mêmes et des autres êtres. [...]
   Ce que nous appelons amour est, en son essence, le respect de la vie. Toutes les valeurs, matérielles et spirituelles, ne sont des valeurs qu’en tant qu’elles servent au maintien et au développement de la vie au plus haut degré possible.
   En ses exigences et en son extension, l’éthique est sans limite. C’est en prenant conscience de notre solidarité avec tous les êtres, et en la pratiquant, que nous entrons de la seule façon possible en communion active avec l’Être infini en lequel tous les êtres ont leur existence. Ce n’est pas par la connaissance du monde, mais par la connaissance de l’essence et de la portée de l’éthique que nous arrivons à donner un sens à notre vie.
   L’éthique remonte à ce fait essentiel que notre vie est née d’une autre vie et engendre d’autres vies. Nous n’existons pas uniquement pour nous-mêmes. D’autres existences participent à la nôtre, et la nôtre de la leur. L’éthique la plus élémentaire telle qu’on la rencontre non seulement chez l’homme, mais déjà chez les animaux supérieurs, consiste dans ce fait primordial qu’un être prend conscience de la solidarité dans laquelle il se trouve avec d’autres et la met en pratique.
   Quand notre pensée commence à s’occuper de la mystérieuse solidarité qui existe entre nous et d’autres êtres, elle se trouve obligée de s’avouer qu’elle n’arrive pas à en établir les limites. Par delà la famille, elle doit l’étendre au clan, puis à la tribu, puis au peuple et finalement à l’humanité entière. Elle ne peut même pas s’arrêter à la solidarité avec l’homme, mais est obligée de reconnaître qu’il existe un lien entre l’homme et toute créature.
   L’éthique illimitée permet à l’homme de se retrouver lui-même dans tous les êtres. L’éthique, c’est la reconnaissance de notre responsabilité, envers tout ce qui vit.» 

Albert Schweitzer (1875 -1965) fut médecin, théologien protestant et musicologue; il a reçu le Prix Nobel de la paix en 1954.  

Commentaires sur la vie 
Jiddu Krishnamurti
Éditeur : J'ai Lu (20/10/2008)

«Le moi monte sans cesse et retombe toujours, toujours à la poursuite de quelque chose et toujours frustré, toujours gagnant et perdant toujours. Il essaie sans cesse d'échapper à cette ronde épuisante de futilité. Il s'échappe par les activités extérieures ou par des illusions agréables, par la boisson, le sexe, la radio, les livres, la culture, les plaisirs, et ainsi de suite.»
   «L'attachement à votre travail est votre forme de fuite. Il y a des formes de fuite à tous les niveaux de votre être. Vous fuyez à travers le travail, un autre fuira à travers la boisson, un autre à travers les cérémonies religieuses, un autre à travers le savoir, un autre à travers Dieu et un autre trouvera l'évasion dans les distractions. Toutes les fuites sont semblables, il n'en existe ni de supérieures ni d'inférieures. Dieu et la boisson sont au même niveau aussi longtemps qu'ils sont fuites devant nous-mêmes. Ce n'est que lorsque nous avons conscience de ces fuites que nous pouvons entrevoir notre conditionnement.»
   «Les êtres humains aiment tuer, soit d’autres humains, soit des cerfs aux grands yeux inoffensifs, soit un tigre venant d’attaquer le bétail. On écrase délibérément un serpent sur la route, et dans les pièges posés, un loup ou un coyote se fait toujours prendre. Des gens très bien vêtus et très joyeux s’en vont avec leur précieux fusils tuer des oiseaux qui, l’instant d’avant, chantaient encore. Un jeune garçon tue un geai bleu caquetant avec un revolver à plomb et parmi ses aînés, nul n’a le moindre mot de pitié, et personne ne le gronde; tous, au contraire, le félicitent d’être si fin tireur.
   Tuer au nom d’un prétendu «sport», ou pour la nourriture, au nom de son pays ou de la paix – il n’y a pas grande différence entre tout cela. Toute justification est vaine. Il n’est qu’une règle absolue : ne jamais tuer. Pour l’Occidental, les animaux n’existent qu’en fonction de son estomac, ou de son plaisir de tuer, ou simplement pour la fourrure qu’ils procurent. Et à l’Oriental, on enseigne depuis des siècles, depuis des générations, à ne pas tuer, à avoir pitié et à démontrer de la compassion envers les animaux. Ici les animaux n’ont pas d’âme, on peut les tuer impunément, et là-bas, ils en ont une.
   Alors réfléchissez et laissez votre cœur connaître l’amour. Manger la chair des animaux est considéré dans toute une partie du monde comme normal et naturel, la religion et la publicité nous y encouragent. Et ailleurs, il n’en est pas de même, et les gens réfléchis et religieux n’en mangent pas.
   Mais cela est en train de s’effondrer. En Occident, on a toujours tué au nom de Dieu et de la Patrie et il en est partout ainsi. La tuerie s’étend partout. Presque du jour au lendemain, les anciennes cultures sont balayées et l’efficience, la cruauté et tous les moyens de destruction sont soigneusement alimentés et renforcés. La paix ne dépend ni de l’homme d’État ni de l’homme d’Église non plus que de l’avocat ou du policier. La paix est un état d’esprit indissolublement lié à l’amour.»  

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